Tu sais Colline, il essaie de s’habituer Merlin.
Lui qui ne voulait prendre l’apparence de personne.
Lui qui ne voulait déranger, être de trop.
Il vagabonde maintenant, d’un corps à l’autre.
Il s’accapare les morceaux de vous, pour rassembler les morceaux de lui.
Et au détour des couloirs, il y a encore des pardons lorsqu’on se heurte aux autres.
Pardon.
Pardon de t’avoir bousculé Colline.
Pardon, pardon, pardon.
Pardon d’avoir vu.
Pardon, pardon, pardon.
C’est tout ce qui a traversé l’esprit, en boucle.
Tout ce qui a envahi sa tête, quand la douleur a envahi son corps.
Le tien.
A cette instant c'était le vôtre.
Et il a hurlé si fort ton corps Colline, qu’il a eut mal Merlin.
Comme jamais encore.

Le poid sur la poitrine, on a eut tant de mal à le porter, jamais ca n’a été un tel soulagement de prendre l’apparence de quelqu’un. Tant que c'était celle de quelqu’un d’autre.
N’importe qui.
Mais tout sauf toi.

Et même en arborant les traits de personnes différentes. Il y a eut l’ombre de toi. Incrustée. Cicatrice mal résorbé. Et l’on a fuit, par peur de subir encore une fois, la douleur.
Une nouvelle fois, on a esquivé les reflets.
Comment tu fais Colline, comment tu fais pour vivre avec ça.
Lui il n’a pas tenu plus de trente minute.
Lui il a eut l’impression d'être cloué au sol.
Qu’on lui arrachait tous les membres. En même temps.
Plus jamais, plus jamais.
Promesse que l’on se fait, par peur de ne pas tenir, un deuxième round.

Alors quand on t’aperçoit au réfectoire. Merlin se fige. L’envie de faire demi tour, immédiatement. Le plateau coincé entre les mains qui n’arrivent à se desserrer. Les yeux qui cherchent les possibilités d’ailleurs. Loin de toi. La bouche et les lèvres serrées, pour qu’aucun mot ne te parvienne.

Quand enfin on se remet en route, c’est pour se poser à l'opposé. Et les murs qui vous abritent alors tous les deux ont l’aspect d’une cage. Coupant jusqu'à l’envie de manger, tant on se prépare à partir d’ici. En urgence.