orion n'est pas roi du festival. il y a certes un peu de lui, des morceaux éparpillés ici et là de son âme et de son coeur mais il ne prétendrait jamais à tel titre ; la royauté de ce festival est dans les mains des élèves assidus qui ont cédé de leur temps au bon fonctionnement de cette machine infernale.

quelle satisfaction !

au-delà d'être président du conseil il est aussi ancien représentant des PSY, et PSY tout court, donc évidemment que sa passion se penche d'un côté de la balance et que ses pas l'amènent toujours à revenir à son chez-lui. présence rassurante, ombre vaquant pour discuter avec les étrangers de l'école ou bien ses élèves, il se fatigue dans une inlassable danse sociale - sans jamais regretter son choix. s'il finit exténué c'est une bonne chose car cela veut dire qu'il aura bien fait son travail et qu'il n'aurait pu en faire plus.

toutefois, il n'attendait pas de l'apercevoir ici. son regard agrippe involontairement celui de daisy, et voilà que son myocarde se tord d'une incompréhensible manière - voilà qu'il serre ses doigts contre sa paume et qu'il est à la fois réticent à l'idée de lui parler et épris d'une envie folle de voir son visage de plus prêt.

tiraillé par ces étranges sentiments dont il ne connaît pas la nature, il prend une respiration calculée pour faire baisser la montée d'émotions et finit par lever sa main à son tour, tout naturellement.
orion n'a jamais eu l'occasion de se rapprocher de daisy, au combien même l'aurait-il voulu ; s'il n'identifie pas totalement ce qu'il ressent, il en a une idée vague et il en connaît la teneur interdite. elle a poinçonné son coeur encore adolescent avec ce charme des filles qui sont en réalité femmes, et quand il l'aperçoit, il ne peut pas s'empêcher de la suivre du regard.

ils finissent par se retrouver l'un à côté de l'autre et orion garde le regard sur l'élève qui vole. quand elle commence à parler, il détourne un peu son nez vers elle par politesse et convenance. bonjour madame marshall. oui les élèves sont d'un sérieux exemplaire, j'espère que c'est pareil de votre côté. parce qu'orion est bon joueur jusqu'à l'annonce des résultats.

il aimerait lui dire que lui aussi voudrait voler, mais ça serait mentir - l'attrait de dissimuler la vérité leur permettrait d'avoir un point commun alléchant : celui du rêveur. toutefois orion a dans son sang une lucidité vaine qui l'empêche de s'épancher dans ce genre d'illusions, comme celle de l'impossible. pas vraiment, c'est trop douloureux de rêver de ce qu'on atteindra jamais. sa gorge se serre quand il dit ça parce qu'en présence de daisy, il y a un double sens étrange qu'elle-même ne pourra pas saisir. si vous voulez je vous paye un tour de vol, et vous me payerez quelque chose à vos stands. il sourit un rien mais ne la regarde jamais franchement pour ne pas se trahir.

orion ne comprend pas tout de suite l'agitation de daisy ; il laisse planer une mine circonspecte face à son refus bredouillement et est un peu peiné par son empressement à rejeter son offre. ce n'est pas quelques rabbits qui vont changer la face du monde et il lui aurait bien offert volontiers. il serait toutefois malvenu d'insister et malgré le trou creusé par ce mini-rejet, il ne flanche pas dans un excès dramatique.

il est question de mettre des distances parce qu'ils sont différents non pas par leur âme mais par leur statut - et les règles qu'on leur impose pour ne pas mêler leur vie au jeu troublant des sentiments existent bien. alors orion s'y plie silencieusement pour l'instant et fait attention à ne pas trop s'attacher aux mots et aux sourires, comme il l'a toujours fait.
pourtant les regards et les oreilles finissent toujours à s'attarder à tout cela ; les petits détails, les hésitations et les élévations attachantes qui rendent son discours humain et atteignable malgré qu'elle soit adulte.

c'est vrai qu'il la voit bien cheerleader bien qu'il ne se rappelle pas du temps où elle le fut ; c'est trop ancien et à l'époque ce n'était qu'un enfant attaché à son propre univers - celui des gens de son âge.

la question des chiffres revient toujours.

il la chasse pour mieux sourire en sa présence.

dites-le tout de suite si vous ne souhaitez pas financer les stands PSY. il se permet la petite boutade. si elle a refusé une valse, elle lui en propose une autre qu'elle dirige d'elle-même et c'est sûrement mieux parce que le disciple ne doit s'élever au-dessus du maître avec trop de vigueur dans les convenances : encore une fois, orion accepte bien gentiment son rôle si cela lui permet de rester un peu plus avec daisy. oui je la connais. faith est une figure familière. j'étais curieux à propos des grigris, ils sont fabriqués à partir d'un alice en particulier ? il est prêt à se mettre en marche, il attend simplement de savoir quelle direction prendre en la compagnie de la muse.

troublé par le silence à peine remarquable de daisy, orion se demande s'il a fait quelque chose de reprochable. peut-être ne devait-il pas se permettre une familiarité telle que la taquinerie. oui sûrement était-ce déplacé mais si orion devait choisir une personne avec qui il voudrait se rapprocher, cela serait sûrement daisy. il ne peut pas le dire, il ne peut même pas faire effleurer l'idée et ses lèvres ensemble.

alors il se contente de regarder, et est très heureux qu'elle effrite son propre rôle pour lui. ou peut-être alors, même en tant que professeure, elle se permet de telles confessions ?
c'est difficile d'estimer la limite qu'instaure daisy puisqu'il la connaît si peu. il l'apprécie tout doucement de loin d'habitude, et ne conçoit même pas l'idée de quelques temps passés ensemble - mais maintenant que l'occasion est trouvée pour le faire, il ne va pas cracher dessus.

quand elle lui demande ce qu'il peut lui proposer, il se retrouve confronté à devoir prendre un choix. il ne panique pas et réfléchit simplement de la manière la plus logique possible. la maison hantée est envisageable - il ne voit que ça dans l'absolu. et le service de transport. le premier peut donner l'air de vouloir se rapprocher un peu trop et le deuxième - est un peu simple. je doute que des conseils en amour vous intéresse... je vous proposerais bien la maison hantée mais je ne voudrais pas vous mettre dans une position inconfortable. il est difficile d'avoir peur devant des élèves. sinon il y a plus simplement les transports rapides pour aller aux stands tech. très peu original, mais bon. concernant miel, je ne sais pas trop... je connais bien son frère et je pense qu'ils sont... comment dire... dans leur bulle je suppose ? je ne sais pas s'il faut vraiment interférer dans leur équilibre. j'irai peut-être la voir tout seul, j'avoue que si je dépense une centaine de rabbits dans un stand tech devant la professeure responsable j'aurais l'impression de trahir ma nation. il sourit un peu et hausse les sourcils, se sentant soudainement audacieux - toutefois sa folie est toujours dans les règles du festival. vous comptez aller à un concert ? j'aimerais bien voir ça avec vous. avec vous, c'est cela la partie à retenir du discours.

l'idée même de la transcendance que cause l'amour possédant le coeur de daisy déclenche en lui une profonde mélancolie. ses yeux sont vagues et il se demande : se pourrait-il ? puisse-t-il même espérer un seul regard ? il n'est pas idiot chevaleresque s'avançant pour sauver sa princesse - daisy n'est pas une princesse à sauver -, il n'est pas non plus à se conter toutes les issues possibles à s'il ose un jour ce on-ne-sait-quoi qu'il ne veut pas prononcer, non il envisage tout simplement s'il s'avère que c'est possible, comment ?

pas comme ça. ça lui ferait trop mal de voir qu'il n'y a rien, pas de fil : non pas qu'il croit que les sentiments profonds se mêlent forcément à l'idée même d'âme-soeur, mais il préfère ne pas voir autre chose que la fête de la réalisation que par sa fenêtre. il ne veut pas prendre le risque d'essayer de s'y incruster et se faire recaler à l'entrée. il ne fait donc pas de commentaire sur la remarque de la TECH.

il n'a même pas songé à l'idée du stand de la vérité car il n'aurait pas osé imposer cela à une supérieure hiérarchique. c'est joli, quand elle rit. orion ne prend pas souvent la peine d'apprécier le bonheur des autres - à vrai dire il place l'euphorie très bas dans l'échelle des choses à ressentir. il finit par lui répondre après avoir établi un plan rapide dans sa tête des événements, méditant sur les possibilités diverses du déroulement de la suite.
ça me va de vous faire cracher quelques vérités, et inversement. ce n'est pas trop son genre - lady gaga, je suis curieux. ce n'est pas son genre mais ce n'est pas son genre non plus de porter un tel intérêt à quelqu'un sans plus de raison spécifique que celle d'apprécier sa présence. il commence à se diriger naturellement vers ledit stand.

le ton change entre l'intimité à deux et face à l'autre élève. orion le remarque. ce n'est pas la personne la plus évidente avec qui converser, il en est conscient, et espère que la professeure n'est pas gênée par son silence durant la marche.
il est ce genre d'individus qui ne se laissent pas perturber par le "rien" dans les conversations, mais qui, pour une fois, se demande bien ce que daisy peut bien penser de lui. il ne change pas pour autant son comportement, par peur que cela sonne trop faux par rapport au début de la balade.
alors voilà, tout se mêle, mais le plus important semble être qu'ils soient arrivés à bon port. après que daisy parle il adresse un salut de la tête poli à sa camarade. re-bonjour gabrielle, j'espère que tout se passe tout aussi bien. il serait naïf de penser qu'orion n'est pas passé par ici il y a quelques temps pour acquérir les dernières nouveautés et l'avancé du stand. il sort son porte-monnaie et dépose à son tour une pièce qu'il fait glisser sur le comptoir, tout naturellement.

il se doute bien que ce qui sera dit ici sera tenu d'être secret pour gabrielle, et il compte, au fond, se lâcher. il aurait pu lui poser une question gamine à propos d'elle mais il a l'égoïsme de vouloir questionner eux-deux, bien qu'ils ne se connaissent pas vraiment.
il fixe daisy dans les yeux et sourit, pris lui aussi dans le besoin du défi. madame marshall... est-ce que vous avez déjà souhaité qu'on se rapproche ou qu'on se connaisse davantage ? la question est vague volontairement pour ne pas paraître trop précis. il n'a d'yeux que pour elle et ne regarde pas vraiment le détecteur de mensonges à leurs côtés.

vous contournez la question, madame. orion n'a aucun mouvement de recul face à daisy et se contente de garder ses yeux ancrés dans les siens. lui-même se serait plié au jeu le plus sérieusement possible s'il avait été le premier interrogé, peu importe si cela pouvait compromettre une quelconque chose dans son intégrité.
alors même s'il reste digne et flegme, il y a ce rien du tout qui s'active au fond de son coeur : daisy l'interdit de s'immiscer de trop dans son univers. d'abord en faisant taire la sainte vérité puis en réduisant les éventualités d'un quelconque lien à l'obligation professionnelle de fermeture intime. il adresse un regard plein de remerciement à gabrielle et revient aussitôt sur la professeure.

sa position change pour ne pas créer le malaise. il n'abandonnera pas, elle a juré de répondre à la question qu'il poserait. si vous préférez, si nous étions de la même génération, auriez voulu qu'on soit proches ? orion lui laisse une issue morale - elle n peut la refuser, ça serait manquer à sa parole.