c'est étrange ce flot de nouvelles sensations, pas refoulées non, mais jusque là inconnues. ça l'empare de partout, le rend un peu nerveux et un peu ailleurs de savoir qu'elle est loin. cette crépitation, cette petite flamme qui s'est allumée, ça dégage un peu d'angoisse et le rend taciturne : car c'est un peu ça que font les amours secrets. pour le coup ce n'est pas un secret de polichinelle - non personne ne sait, personne ne doit être au courant. ils risquent tant ! tant pour ce brasier.

alors oui, ça serait un immense mensonge de croire qu'orion est serein : qu'il n'a pas fait le tour de sa chambre plusieurs fois, qu'il n'a pas changé deux fois entre un tee-shirt noir et une chemise - qu'il ne s'est pas regardé à plusieurs reprises dans le miroir. finalement il a enfilé un pull au-dessus d'un tee-shirt simple, comme ça ça ne le rajeunit pas dès le premier abord, mais ça ne fait pas trop coincé non plus.
il regarde la switch posée sagement sur sa table de chevet, dans sa pochette. doit-il la prendre ? il ne veut pas faire trop gamin - mais c'est qu'il n'en est pas vraiment un, et que daisy est une adulte - mais pas totalement non plus. ils sont dans cette tranche d'âge étrange de la fin de l'adolescence pour lui et de la vingtaine tranquille pour elle.
alors au pire - il peut bien la glisser dans sa sacoche en cuir et si l'ambiance n'est pas au just dance (qu'il a acheté pour jouer avec les quelques boules d'énergie de son groupe d'amis), elle n'aura qu'à rester là.

à ses yeux ce n'est pas grand chose mais il a aussi une petite boite avec un bracelet dedans - elle aussi au fond du sac. il traverse le couloir, descend les escaliers assez vides à cause des sorties des élèves, et traverse le froid nocturne de l'hiver. brouillard. il se fie aux indications données précédemment à daisy pour éviter de devoir à quiconque la direction de l'appartement de sa bien-aimée.
il reste devant la porte sans rien faire quelques secondes, ignorant la politesse qui exige d'arriver soit à l'heure, soit un peu en retard pour ne pas mettre dans un embarras l'hôte qui n'a sûrement pas fini de préparer le rendez-vous. mais voilà, il toque et il lui sourit, bien heureux de la voir enfin en face à face. salut. il n'ose pas descendre les yeux car il voit bien la main avec les vêtements - et les épaules dénudées - et la possibilité qu'elle soit donc encore à moitié dénudée. il s'empresse de rester stoïque pour ne pas la mettre mal à l'aise, et prend un petit temps pour réagir et s'engouffrer à sa suite dans la tanière. oui je comprends. à défaut de la regarder quand elle ferme la porte, ses yeux glissent partout : sur les murs, sur le sol, sur le canapé. ça lui ressemble.
ça le fait sourire.

et cette petite remarque aussi, daisiesque, à propos de l'alcool - le fait sourire encore plus. si je devais contrôler la vie de chaque personne que je fréquente ce serait compliqué tu sais. bien qu'il s'efforce à y être attentif. c'est au cri d'horreur qu'il comprend qu'elle a compris, et qu'il en profite pour rougir un peu le temps qu'elle ne soit pas là et s'installer sur le canapé qu'elle lui a désigné. il dépose son manteau sur une chaise et son sac près du canapé, s'asseyant sagement, le dos bien droit contre le dossier et les jambes serrées. ton appartement te ressemble beaucoup. alors il lui plaît, bien qu'il s'éloigne de sa chambre à lui - c'est étonnamment plaisant. je ne savais pas qu'ils livraient ! il la bouffe du regard car il n'en a jamais l'occasion vous comprenez - et il ne sait pas s'il a le droit de se pencher pour l'embrasser. alors il se contente d'un petit. tu es ravissante. évidemment sincère. ça s'est bien passé ton début de soirée ?

orion suit du regard daisy, se retenant de la suivre de près pour ne pas être trop collant : les moments à deux sont précieux et c'est bien la première fois qu'il ressent le besoin imminent d'un rapprochement physique entre lui et quelqu'un.
s'il s'écoutait il resterait dans ses bras toute la soirée pour profiter des heures de tranquillité avant le semblant de séparation qui menace chaque fois - car c'est ainsi, ils ne peuvent pas trop se regarder, pas même discuter en face à face aussi facilement que s'ils avaient le même statut dans l'académie. il range ses mains en les tenant l'une dans l'autre, sans s'arrêter de sourire, le bonheur flagrant d'être à deux dans cet appartement. je veux bien s'il te plaît. l'excitation ingénue de passer un moment avec daisy lui fait oublier la bouche pâteuse causée par un stress de rien du tout. tant que tu ne tombes pas malade. allusion au froid qu'elle décrit, il boit son verre cul sec à son tour, le déposant sur la table basse. merci à toi.
il le pense sincèrement car orion ne s'engage jamais dans la démonstration gratuite, jurant sur sa sincérité quand il est question de ses sentiments à l'égard d'autrui. il observe daisy sans trop savoir quoi faire, se retenant d'être tactile, toujours pour les mêmes raisons.

toutefois c'est elle qui brise le mur qui s'est dressé seulement pendant quelques minutes. ses lèvres viennent avidement chercher celles de daisy à son tour, se mettant en travers du canapé, pour que ce soit plus confortable. il s'arrête un instant pour l'observer quelques secondes et reprend un baiser quémandeur, ses mains montant dans ses cheveux et dans son dos. il la tient tout contre elle, maintenant cette position assez longtemps pour pouvoir se rappeler de son odeur et de sa douceur quand il sera à nouveau esseulé par leurs responsabilités. les cheveux mouillés viennent chatouiller son visage, laissant des traînées humides sur ses joues. il glisse ses doigts entre les mèches à l'arrière de la tête de daisy avant de se redresser un peu sous elle pour observer son visage en souriant. je suis tellement chanceux de t'avoir. il pèse ses mots, puis se laisse surprendre par la sonnette, la laissant se dégager pour ouvrir. je te laisse ouvrir je suppose. il élargit sa risette et se rassied correctement, se levant quand daisy est occupée à récupérer la commande pour se glisser dans le salle de bain. avant de manger je vais te sécher les cheveux, tu vas attraper froid. puis comme ça tu peux mettre à réchauffer les plats. tu fouilles d'un regard pour choper ledit sèche-cheveux et une brosse et les emmener dans le salon. installe-toi sur une chaise et laisse le professionnel s'en occuper. la vérité est qu'il n'a jamais séché les cheveux d'une femme mais que ça ne paraît pas difficile. il branche l'objet et l'allume pas trop fort pour qu'ils puissent s'entendre au-dessus du soufflement, attendant qu'elle soit bien installée pour commencer à sécher la tignasse blonde, y allant délicatement pour ne pas lui faire mal. il laisse le sèche cheveux dans sa main dans un premier temps quand il passe devant elle, venant saisir son visage d'une main pour déposer ses lèvres furtivement sur les siennes. il veut faire ressentir à daisy à quel point elle est précieuse pour lui - prendre soin d'elle dans les détails s'il le peut, rendre le moment important même dans les gestes anodins.

tu étais comment, plus jeune ? il questionne sincèrement tout en se concentrant sur la tâche.

orion rit un peu. c'est toujours avec une douceur extrême, et lui-même s'étonne de ses propres éclats car ce n'est pas si fréquent. ça ne rythme pas son quotidien et il le vit bien, ne rechigne pas car ces instants ça les rend juste meilleurs. inoubliables.
appelle-moi daddy alors. étrange remarque au vue de leur différence d'âge, mais ça le fait sourire lui-même. il ne se lasse pas de passer ses mains dans ses cheveux ainsi que la brosse, chouchoutant sa bien-aimée avec plaisir. il l'écoute en opinant, divague à la pensée d'une daisy plus jeune, toute aussi insouciante, toute aussi brillante : ça lui plaît comme image mais orion ne vit pas dans le passé. il apprécie ce qu'il voit à l'instant-même et ne chasse pas les figures du passé comme des proies. et puis à un moment, quelque chose échappe ; il y a un moment où il se passe quelque chose, un déclic troublant pour l'un comme pour l'autre - et daisy se métamorphose sans qu'il ait le temps de prononcer ses pensées. il éteint le sèche-cheveux, se penche un peu ça v- il ne peut finir. elle est déjà partie.

il l'observe accourir jusqu'aux toilettes et va à sa suite pour tenir ses cheveux sans rechigner, caressant son dos avec inquiétude tandis qu'elle continue de vomir. il n'est pas dégoûté par ce genre de choses et continue d'être affectueux pour montrer qu'il est toujours là - qu'il ne fuit pas. il penche un peu son visage pour observer celui de daisy, puis détourne les yeux pour ne pas la déranger. prend ton temps, on a toute la soirée. dit-il, espérant détendre l'atmosphère. et quand c'est bon, il relâche sa tignasse pour la laisser rincer son visage, chopant une serviette pour la tendre. il lui dit en regardant dans le miroir, derrière elle, pour qu'elle le voit. bon je gère à partir de maintenant, va te mettre dans le canapé ok ? un bisou dans sa nuque. il va prendre soin d'elle le reste de la soirée.

et tout se passera bien, car rien ne les arrêtera.