l'impatience à la vue des coroles dont il manque la moitié jasmin redoute que ça ne l'attende pas pour faner - pourtant
pourtant il change l'eau tous les jours et remplit le vase à moitié
c'est maman qui lui a apprit
pourtant les tiges sont coupées comme il faut, mieux qu'il ne savait faire avant cet après-midi
"en biseau"
ce ce qu'olivia a dit. mais ça fait quatre jours et quatre jours ça fait long
c'est beaucoup à attendre que les regards trop curieux l'oublient suffisamment pour échapper aux opinions. au milieu des garçons jaja n'ose pas
après les cours il calque ses pas à la cadence de ceux des autres louveteaux et persiste à jouer les loubards
de ces garnements qui s'en fichent des plantes et qui s'amusent de piquer les feuilles au bout des branches quand on est assez grand pour les saisir.
mais jasmin s'ennuie de jouer dans les vagues ces temps-ci
effrayé que la houle ne batte trop pour qu'on puisse revenir aux plages sages il ne voudrait pas que ça lui fasse perdre de vue certains rivages où il y a de la promesse.
dans le sable une grande étoile, à accrocher au col de l'uniforme
et puis une autre plus discrète, au doux nom d'olivia qui attend qu'on se rejoigne.
fini d'hésiter, jaja sort de l'eau.
quitte les torrents turbulents pour des ruisseaux plus tranquilles, à la fin d'après-midi il s'est éclipsé des fleurs dans les bras
les tiges encore gorgées d'eau ça tâche le veston mais il baisse à peine les yeux sur le détail
il y a les serres au loin qui attendent, tant pis si des copains ricanent.
et c'est à l'abris des regards que jaja s'engouffre dans l'une des serres
ouvre timidement la porte, l'atmosphère végétale l'accueille comme une amie ravie de le voir
ça saisit au visage ça embrasse les deux joues
ça dévoile du spectacle rien que pour soi.
des réminiscence d'auparavant, dans le salon
toujours dans le salon, jaja connaissait trop peu le dehors pour se souvenir
il est sûr
sûr qu'on avait ces mélodies là sur des vinyles à la maison.
olivia ?
la petite voix derrière des hellébores
surgit alors jaja au milieu du vert tendre
il s'arrête net et se tait en voyant valser les plantes et toi, les cils papillonnent avant de s'abaisser pour chasser le regard au sol à ses pieds
comme s'il avait assisté à de jolis secrets.
je savais pas
que tu dansais - peut-être que c'est quelque chose que tu veux garder pour toi.
je savais que tu serais là mais j'ai pas prévenu désolé
on s'était pas donné d'heure ou de jour l'autre fois alors
je passais comme ça.
comme promis.

vermillon
fleurit à l'orée des pommettes d'olivia, ce sont des camaïeux qu'il provoque si peu chez les autres, jasmin. du rouge, il en a souvent pleins les mains. et c'est ni délicat ni soigneux comme peut l'être la botanique, plutôt maladroit et chaotique. alors
olivia, la surprise teintée de carmin qui réhausse les joues
dis pas pardon, y a rien dans le règlement qui dit qu'on a pas le droit de danser dans les serres.
jaja a de l'embarras car
je-j-..
c'est la première fois qu'il fait rougir une fille.
j'aime bien la musique.
pas une de son âge ni une à qui il pourrait tenir la main nan rien de tout ça - une fille tout simplement et toute la douceur que ça implique
et ce n'est pas tomber amoureux qui se produit là tout de suite mais jaja réalise quand même quelque chose. quelque chose d'important lorsqu'on devient grand.
les filles qu'elles soient des amies ou des sœurs, les filles
et toutes les fleurs en fait quand on y réfléchit
un rien les emporte et il faut avoir de la prudence.
on doit faire attention et en prendre bien soin, parce que ce n'est que comme cela que l'on se voit offert de vivre des moments d'une pureté pareille.
ça allume une petite flamme au creux des os de jasmin, une étincelle qui éclaire, montre qu'aujourd'hui
il a prit le bon chemin
pas le même que les copains mais le bon quand même.
je t'accompagne. pour voir ou
ou même pour t'aider si tu veux.
le minois aux airs décidés, jaja se faufile au milieu des spécimens, diversité du végétal infini réuni là dans les bras de verre des serres
il y a du romarin qui lui effleure les cheveux lorsqu'il te rejoint, jaja a de la petite fragrance d'aromate en plus d'un air gentiment farouche.
faut bien que je m'y essaye un peu si j'veux m'inscrire au club pour de bon.
jaja
joue la jeunesse oscillante
il tient pourtant bien la moitié de bouquet dans les bras.

les doigts avaient tremblé sur la poignée de la porte donnant sur le palais des serres car il faut l'avouer
sous les airs désinvoltes qu'on n'atteint pas tant que ça jaja se faisait des nœuds à l'estomac à l'idée qu'on ne l'attende pas vraiment. il n'a jamais connu, les invitations
élevé dans des prisons inquiètes - et puis plus rien
même si tu parles d'un coup de main
tu dis "bienvenue" olivia et jaja entend ce mot pour la première fois.
après bienvenue parfois il y a "chez toi"
et c'est presque ça lorsqu'il voit qu'on avait tout préparé comme si c'est sûr qu'il avait sa place
qu'il suffisait de pointer le bout du net pour s'y installer.
en attendant il y a le vase pour garder la moitié du bouquet les pieds dans l'eau et jaja l'y place sans un mot
avant de s'arrêter net en voyant que dans tes mains olivia il y a deux brumatiseurs
un pour toi
un pour lui
il était l'heure d'être là

pour donner le bain au fleur.
et à onze ans on pourrait rechigner cent fois face aux corvées mais jaja prend ça comme une garantie qu'il est au bon endroit
sans lui - sans lui on n'aura pas terminé aussi tôt
sans lui olivia peut-être que tu n'aurais pas vu les derniers rayons de soleil au moment de quitter les serres. alors jaja s'empare du petit objet faiseur de brume, les cils qui s'abattent sur les regards ébène lorsqu'il a de quoi faire des miracles entre les doigts.
je savais pas, qu'on faisait ça. t'es vraiment patiente pour le faire à toutes les plantes de la serre.
alors on va s'y mettre et comme il faut
investi d'une mission et l'âme un peu fuyante, jaja étoile filante
passe à coté de toi pour te rejoindre auprès des jardinières patientes
hésite une seconde avant de saisir délicatement les premières corolles vert tendre des succulents pour y faire tomber la rosée
comme ça, ça va ?
c'est bien, ça va
ça sent bon la nature heureuse qu'on s'occupe d'elle
la terre meuble qui accueille les ondées a des fragrances de vie.
et tandis qu'on donne de son temps pour des êtres plus petits et fragiles que soi, jaja ose troubler le silence
car il se questionne beaucoup sur olivia.
pourquoi tu..
si t'aimes autant danser qu'est-ce que tu fais au club de botanique ? tu serais pas mieux au club de danse plutôt ?
jaja oublie, oublie tous les tracas d'aujourd'hui et pense à peine à ceux de demain
préfère prendre le temps d'être jaja avec olivia
on est bien
à l'abri sous les serres avec toi.

rien ne se perd tout se transforme et il aime bien l'idée
acquiesce d'un hochement de tête
il met de coté les feuilles qui ont trop vécu - c'est souvent recroquevillé comme si ça avait honte de ne plus être aussi joli qu'avant mais
ça ne l'empêche pas d'être délicat, jaja. les plantes c'est comme avec les gens si l'on est attentif et patient on a des chances de voir fleurir
des vérités. la vérité c'est qu'olivia fièrement gracile a des craintes de trop montrer ça surprend un peu alors qu'on la connait pleine de dévotion -
c'est fou comme les plus grands ont peur. des terreurs d'enfant de son âge déformées par le temps on se dit que c'est plus grave avec les années mais c'est désespérément identique
olivia qui rechigne à danser et jaja qui trouve que ça ne fait pas assez mec de faire de la botanique. ça le dépite, jaja, sur le coup
même si l'ainée est persuadée d'avoir raison
jaja trouve pas - trouve que c'est dommage de garder pour soi
c'est comme les bouquets
olivia et la musique au cœur des serres à quoi bon si c'est secret, hors de la vue de tous ? et ça fait éclore des roses sur les joues de jasmin car c'est un peu révoltant qu'on contredise la joliesse des choses
c'est comme si tu lui avais dit que les fleurs ne valaient jamais vraiment la peine d'être offertes.
bah moi j'ai pas trouvé ça ridicule
ceux qui se moquent c'est juste des idiots frustrés parce qu'ils ont pas le courage de faire c'qu'ils aiment devant les autres.
et peut-être
peut-être que jaja était un idiot parfois lui aussi. à ricaner avec les copains quand il y en a un qui se fait plus sensible que les autres alors qu'il aimerait bien vivre à cœur ouvert
il y a des jours oh de ces jours où il a envie de pleurer à chaudes larmes - pisser le sang des yeux parce que c'est des coups de couteau d'entendre
les vannes sur les darronnes
puis que les fleurs c'est vraiment une lubie de lavette tapette fragile.
et tout le corps se raidit
car olivia a beau être plus grande elle use aussi des pourquoi un peu comme jaja qui veut toujours en prononcer mille
là il en suffit d'un seul pour désemparer jaja
pourquoi les bouquets
parce que
jaja la mauviette jaja la fillette
tous ces sales mots à la terminaison diminutive qui rabaissent
olivia dit
c'est un beau talent.
...
attentif et patiente
comme avec les plantes.
tu trouves ?
c'est pas très utile...
le regard qui se perd dans les jungles vert tendre c'est comme se réfugier au milieu des lianes que de regarder dans les végétaux
plutôt que dans les yeux d'olivia. pourtant d'habitude on n'a pas peur des œillades quelles que soient leur hauteur
mais
c'est le première fois qu'on demande pourquoi.
alors c'est au tour de jasmin d'être vrai
oli toi tu ne te moqueras pas - il pense
il est presque sûr.
j'aime bien ça j-hm
depuis toujours je crois. on en avait tout le temps à la maison c'est ma mère qui les composait parce que.
je sortais pas beaucoup. elle me laissait pas vraiment sortir elle pense que dehors je survis pas cinq minutes parce qu'elle est trop inquiète et un peu folle des fois. alors les bouquets c'était pour dire pardon puis à chaque fois elle m'expliquait où elle a trouvé telle ou telle fleur puis ce que ça veut dire alors ça allait tout de suite mieux d'écouter ses histoires.
les doigts ont cessé de piquer les feuilles fanées dans les bosquets miniatures jaja
a baissé la tête et triture distraitement une tige jaunie, réduit en charpie sans trop faire attention c'est pour garder des airs désinvoltes.
du coup ouais...
un peu comme toi ça me rappelle la maison.
la pensée furtive et les petits morceaux de nature malmenés par les mains de jasmin sont vites éclipsés, mis de coté ça ira au compost
et jaja finit de baigner les plantes, s'applique pour avoir l'air occupé tandis que c'est très sérieux tout à coup.
si tu vas comme il faut au club de danse je viendrai ici, mais sinon nan.
de la musique et des fleurs
les serres
ça pourrait être chez nous.

jasmin ne sait pas bien dans les souvenirs c'est incertain
il parle des fleurs offertes sans trop savoir si l'on célébrait la vie ou bien le mortifère - parfois
il avait l'impression que l'on remplissait le foyer de bouquets comme on le ferait dans les cimetières
les étreintes de maman et la maison (qu'on ne quittait jamais) pour cercueil.

c'est maman et
ça a des allures de monstre à certains moments
mais toi olivia même dans les ombres effrayantes tu décèles les contours d'une mère aimante.
c'était les mots qui manquaient à jasmin.
ça fait repartir des jardins qui avaient manqué de soleil, assoiffés de lueurs bienveillantes - il mourrait d'envie qu'on lui dise
ta maman t'aime.
c'était des vérités rares depuis qu'on grandissait entre les murs
et parler de quand on sortira d'ici fait un peu moins peur - oui
on offrira des fleurs
du talent t'en as aussi hm.
bredouillé car c'est un âge où l'on oublie souvent comment dire merci
et puis c'est comme demander
tu m'aideras à les choisir ?
jasmin se dit que sur les photos
tu seras forcément là aussi olivia
et comme la signification des bouquets il expliquera qui tu es et toute ta symbolique - tout ce que tu as fait pour lui
et comment on a grandi ensemble.

comment tu as des gestes de grande sœur qui rend les petits frères farouches - parce qu'on s'attache sous les airs renfrognés. la pichenette sur le nez froisse le visage une seconde
on se dit promis.
t'as intérêt à y aller hin ! je vérifierai je le saurai la prochaine fois qu'on se verra.
quand on viendra s'inscrire pour de bon au club de botanique
auprès de toi (le retour évident maintenant). on fait semblant de douter mais on est déjà certain.

et ce sont des pivoines qui fleurissent sur les pommettes lorsqu'on propose
de donner la main - jaja veut dire pas besoin
on est assez grand pour avancer tout seul on tient bon sur les deux pieds depuis un moment déjà et puis
de toute manière il a sûrement de la terre et du végétal sur les doigts tu ne voudrais vraiment pas glisser ta paume au creux de celle là olivia
vraiment
ils sont tant à rechigner d'approcher jaja ou bien à se moquer
alors
qu'on voudrait venir voir les fleurs éclorent
hm
qu'on voudrait
tenir la main de quelqu'un de plus grand.
c'est hésitant - ça n'a jamais su trop faire
mais sous la révolte c'est l'enfant qui gagne
et c'est l'air désabusé que jasmin hoche tout à coup la tête, tend les doigts pour saisir les tiens comme si c'était trois fois rien
alors que
tu le rattrapes en plein vol olivia si tu savais.
ouais
et puis y a les bouquets à assembler aussi faut pas oublier.
heureusement
heureusement que les trajectoires chancelantes de jasmin croisent les tiennes
il était temps.

tu as croisé sur le cœur et trébuché maladroitement olivia
et jaja ne peut pas s'empêcher de baisser toutes les gardes
alors qu'il voulait rester sérieux de peur que tu penses qu'il se moque ou qu'il mérite qu'on ricane de lui
au milieu des allées de végétal il laisse fleurir des rires tout à coup
retrouve des éclats de son âge
se marre en écho avec toi
ça éclot comme sous les camélias.
comment tu tiens mal debout comme ça alors que t'es niveau danseuse étoile olivia ??
risette espiègle, levée vers toi,
peut-être parce qu'il manque un peu de musique, le volume trop bas tu entends mal les tempo
mais ça ne fait rien, on s'en amuse
jaja est encore plus fier que tu le comptes parmi ses amis même s'il n'est pas bien grand.
et tandis qu'on arrive il reporte son regard sur les plantes,
cherche où poser les prunelles au creux du vert tendre il y en a un tout particulier
qui paye pas de mine, minuscule encore on se dit que ça doit pas être capable de spectacle incroyable tant c'est immature
mais tu dis regarde
alors jasmin accorde toute son attention
si tu le dis c'est que c'est un événement important.
et l'on s'est arrêté mais il tient ta main, inconsciemment c'est inconcevablement de lâcher tout de suite on a trop besoin de prise
on est perdu ces derniers temps, olivia.
mais comme au milieu des serres tu guides,
ouvre la voie pour trouver des instants au paisible précieux
là où on ne se douterait pas.
oh - ça commence t'as vu ??
sous les premières lueurs de lune même si le jour est loin
tout à coup les corolles timides se risquent à se faire fleur
sous les yeux de jasmin et olivia, rien que les leurs.
...
c'est joli.
les fleurs de cactus c'est les plus belles
capables de fleurir au sein de toutes les épines
désormais c'est sûrement celles que jaja préfère.
t'avais raison - c'est vraiment beau.
marre de nier qu'on aime les bouquets, même si ça fait gamine,
désormais jaja s'en fiche
qu'on le traite de fragile ou bien de fille
en te voyant olivia on trouve qu'il y a pas plus balèze et forte qu'elles.
merci...
pour ce moment-là.

oui
puis même si on les connait pas tous, ses secrets, je trouve ça trop beau quand même...
chuchoté aussi, soufflé dans une risette
accroupi à l'ombre des camélias à vouloir se faire petit tout petit
jasmin se dit qu'on serait bien ici à vivre au milieu des fleurs
il se demande parfois pourquoi pour venir sur terre on a choisi de lui filer des os des artères et un cœur
pourquoi pas des feuilles et de la chlorophylle
dans une autre vie on était végétal, c'est sûr
la précédente forcément
la suivante on espère.
penser à ça aux cotés d'olivia le rassure tout à coup
après tout rien ne fane jamais vraiment
parfois c'est juste pour hiberner sous la surface un temps
et puis si ça meurt pour de bon
on servira de fertilisant pour les bosquets.

jasmin pense
qu'il aimerait bien qu'on l'enterre sous les parterres
où l'on s'est rencontré olivia
(si jamais il lui arrivait quoi que ce soit en grandissant trop violemment
tu leur diras que c'est là qu'on a envie de reposer ?)

le regard perdu dans les feuillages, jaja égaré dans des pensées trop grandes pour lui
c'est souvent, depuis qu'on est au courant des dates limites
limitées d'alice
ça ne fait plus peur mais c'est tout de même sombre comme songes
et toujours la main dans celle d'olivia
elle fait revenir auprès d'elle rien qu'à la voix
des fraises ??
relever la tête avec un air bien vivant tout à coup et des éclaircies dans les prunelles sombres de jasmin
qui dévisage olivia avant d'éclairer le regard de lueurs complices.
... si on en trouve sur les fraisier on pourra les manger tu crois ?
sourire en coin d'enfant de son âge
qui manque encore d'étoiles pour pouvoir s'acheter tous les fruits qu'on voudrait
oh allez olivia, avant les bouquets
on a le droit - personne n'en saura rien
jaja sait garder les secrets.

les lèvres ourlées de secret elles se pincent dans un sourire qui dit d'accord, d'accord l'honnêteté d'accord les œillades complices, toi et lui sans artifices Olivia
d'accord, promis.
et c'est tout ce qu'il faut à jaja
trop petit encore pour l'immense comédie
que c'est de grandir et faire semblant d'aimer ça.

comme les papillons on a l'âge d'aimer le sucre et les fleurs, de s'arrêter à ce stade là de la vie sans tourner la tête en direction de ce qui fane, de ce qui meurt. quelques plantes ont passé la saison des fruits pour ployer sous le poids des heures, il y en a qui se sont éteintes en silence quelque part dans les serres et Jasmin n'est pas bien sûr de vouloir voir ce que ça donne
ces spectacles-là
il préfère
les petits miracles.

ceux que tu l'emmènes admirer comme un coin de paradis dans ces jardins dissimulés, où il naît
des couleurs inédites.
il s'était arrêté à son tour et
même si c'était évident
avait dit tout haut.
oh mais elles sont bleues !!
comme pour être certains que lui et toi
assistiez au même extraordinaire.

et ça le fait sourire, avant même d'avoir goûté
car on était heureux aujourd'hui d'avoir la confirmation que rien ne finit jamais vraiment. qu'on n'en finit jamais ni d'apprendre ni de découvrir, qu'il reste encore un millier de choses à savoir sur la faune et la flore, les choses et les gens -
sur toi aussi Olivia
qui tend les fraises couleur d'un autre monde à Jaja
c'était comme offrir des petits morceaux de ciel à manger.
merci...
il prend comme un présent précieux et observe un instant, se dit, rien qu'une seconde que c'était dommage de les manger car elles étaient vraiment jolies, et puis, parce qu'il n'a pas encore douze ans et qu'il est gourmand,
mange finalement les fruits cueillis.

on aurait trois étoiles qu'on ne goûterait jamais rien d'aussi bon, Olivia. il en ferme les yeux une seconde
hoche vivement la tête après ça
tandis que ses yeux sombres te reviennent.
trop trop trop bon, je crois c'est même meilleur que les rouges !
ça laisse comme de l'encre sur les doigts et il les essuie à même le veston de l'uniforme - il y a déjà de la terre alors on n'est plus à ça près.
on peut- ... on peut en prendre d'autres tu crois ? ou non il faut en laisser pour le club de cuisine...
pensif, tandis qu'il avait reporté le regard sur les plants frêles tout droit empruntés à la forêt bleue.
... je me dis juste... c'est tellement rare, ça se trouve on aura plus jamais l'occasion d'en manger.
enfin toi peut-être Olivia, après tout
tu es la responsable du club.
et sûrement que jasmin a l'âge où l'on aime trop les découvertes,
les premières fois, elles rappellent
qu'un jour il y aura la dernière.