- Aller Oli, crache le morceau!

- On sait que t'as quelqu'un en tête, nous on t'as dit qui c'était donc pourquoi pas toi?

- Mais c'est que...

Avoir quelqu'un en tête? C'est vrai que depuis quelques temps maintenant, Olivia avait quelqu'un à qui elle pensait plus que d'habitude. Elle n'osait pas parler d'amour, car elle ne pensait pas y avoir droit. Comment aimer quelqu'un d'autre quand on avait du mal à s'aimer soi-même? Il était gentil avec tous, avait un physique agréable à regarder et avait ce je-ne-sais-quoi qui faisait en sorte qu'elle avait du mal à détacher son regard de lui quand elle le croisait. Ils avaient parlé quelques fois, mais ils n'étaient aucunement proches ou même amis. Amour était un bien grand mot, mais c'est vrai qu'elle l'appréciait.

- Hmm, si je devais le dire ce serait...

Elle continuait d'hésiter alors que le vent soulevait ses mèches de blé sous le ciel bleu. Ciel d'espoir et de saison changeante, elle se sentait presque bien dans la météo agréable qui régnait sur l'académie. Elle souriait doucement, soufflant le nom tout bas, pour ne pas que le vent ne porte ses paroles vers des oreilles indiscrètes.

- Anton?

La blonde l'avait dit, elle avait avoué et maintenant il fallait seulement attendre que ce sentiment disparaisse tranquillement avant qu'elle ne commence à espérer quelque chose dont elle se refusait le droit. Satisfaites, ses amies s'en allèrent chercher quelque chose à boire et lui firent promettre de tout leur dire quand elles reviendront. Elles était là, toute seule et ignorante de ce que le destin lui réservait. Seule, sous le soleil d'après-midi, elle se demandait si elle devrait étudier ce soir ou répéter ses pas de ballet en écoutant les notes de Tchaikovsky. Qu'est-ce qui pourrait venir troubler une après-midi si paisible?

sous la lueur du soleil ployant sous son propre poids, anton se balade naïvement dans le verdure bientôt rougeoyante. ça sent la poussière de l'automne et les feuilles sèches écrasées sous les semelles des élèves. ça sent les saveurs citrouille et les derniers pollens naturels - il veut en inhaler la flagrance particulière. anton, ignare dans les amours, ne se doutait pas d'entendre tel secret en extirpant une demi-heure de sa journée à l'honneur d'une balade solitaire.
non il n'imaginait pas - quand il s'arrête instinctivement. les voix sont distinctes et il se surprend à épier secrètement, au loin. le souffle coincé au bord des lèvres, il retient sa respiration quand il entend son prénom, et prend un temps pour digérer l'information. qu'est-il censé faire ?
à travers la rangée d'arbres, il voit les demoiselles s'éloigner peu à peu en pépiant à son propos.

il ne reste plus qu'olivia qu'il connaît de vue. c'est une gentille fille, il le sait du fond du coeur - et il n'a que seize ans et pas grand chose à perdre si ça peut lui faire plaisir. il rebrousse le chemin et en prend un autre pour faire face à olivia assise sur un banc. il ne se met pas à ses côtés pour ne pas l'oppresser dans son intimité. salut euh... je viens d'entendre ce que vous venez de dire... il montre son oreille pour bien souligner le fait, il n'a rien d'agressif ni de moqueur. anton se contente de son plus simple apparat : sa maladresse et sa tendresse. tu veux qu'on en parle..? parce qu'il peut céder son coeur sans rien craindre pour elle.

Olivia n'avait fermé les yeux pendant seulement quelques minutes pour profiter du soleil sur sa peau, donc elle ne le vit pas arriver tout de suite.

Anton.

Elle ne put s'empêcher de rougir en le voyant, surtout après tout ce qu'elle avait dit à l'instant, c'était trop embarrassant de le voir si vite et de si près! La blonde était plus du genre à admirer de loin et soupirer, mais la proximité était trop soudaine pour être agréable.


- A-a-anton! Qu'est-ce que je peux faire pour toi?

Son sourire gêné fut très vite remplacé par de grands yeux alors qu'il confirmait les doutes qu'elles n'osait émettre plus tôt. Si elle pouvait, elle voudrait disparaître, mais c'est comme si ses membres s'étaient transformés en pierre. Pourquoi? Pourquoi maintenant? Que le ciel lui tombe sur la tête et l'empêche de devoir continuer cette conversation.

- E-en parler? Mon dieu, e-eh bien, je crois que tu as déjà tout entendu, donc il n'y a pas grand-chose à rajouter non? Je suis juste...vraiment gênée pardon.

La blonde n'était pas la plus loquace en ce moment alors qu'elle posait ses mains sur ses joues enflammées par la passion mise à nue. Ce n'était pas supposé se passer comme ça, ses sentiments étaient supposés se faner sans faire d'histoire avant que l'espoir de quelque chose auquel elle n'avait pas droit ne fasse son apparition.

- Qu'est-ce que ta réponse serait?

Qu'il achève son amour passager d'un coup sec et qu'ils puissent tous les deux tourner la page.

les joues rouges d'olivia ne le fait pas reculer : il entend le coeur de la demoiselle accélérer, mais n'en fait pas une formalité. elle semble perlée de la rosée du matin, gouttant délicatement sur les bourgeons à peine éclos - mais anton n'est pas du genre à déclamer des mignonne allons voir si la rose. non il y a une simplicité touchante dans l'existence même de ce garçon et peut-être est-ce cela qui a touché notre énamourée.
il appose sur elle un regard tendre, éclatant d'une lueur de bienveillance ; il est un peu intimidé en réalité lui aussi par l'idée. il tripote nerveusement le bout d'une de ses manches, dans sa belle avec olivia. je... t'inquiète vraiment c'est pas grave hein ! qu'il ait perçu cela. ça m'arrive tu sais souvent de tout entendre. avec euh mes oreilles. quoi d'autre ? il lui sourit tout doucement et naturellement.

je voudrais pas que ça te mette mal à l'aise... il reste debout et n'avance pas, la tête baissée pour bien voir le minois de la blonde assombrie par sa silhouette à lui - il dissimule le soleil avec son corps. ça me ferait plaisir tu sais, de sortir avec toi. on pourra euh... apprendre à se connaître je suppose ? il parle très fort comme à son habitude, un peu bourru. il bute sur des mots, met du temps à se prononcer non pas parce qu'il le fait à contrecoeur mais parce qu'il cherche le mot juste.
il ne veut qu'embellir le jour d'olivia s'il le peut.

Non, ça n'allait pas, Anton n'était pas en train de suivre le plan et il lui disait exactement ce qu'Olivia avait envie d'entendre. Elle ne voulait pas croire en un signe que lui envoyait la vie, mais elle sentait ses défenses faiblir. Il y avait quelque chose d'attendrissant dans la façon de faire d'Anton qui avait été sûrement l'un des facteurs qui avait fait fondre le coeur de la jeune russe.

- Ça doit être pratique d'entendre avec ses oreilles.

Elle rit un peu de la remarque. Ça la détend un peu et ses épaules se sont un peu décrispée et elle arrive même à sourire un peu. Pour le regarder dans les yeux, ça en prendra encore un peu pour qu'elle ai ce type de courage, mais il faudra bien qu'elle l'ai bientôt...non?

- Ce...ce serait avec plaisir Anton, j'aimerais beaucoup.

Elle lève les yeux...encore un peu....on y est presque...et c'est bon elle a réussi a établir un contact visuel avec son copain(?) mesdames et messieurs! Elle sourit, se laisse aller à son doux sentiment de joie qui semble remplir son petit coeur. À ses risques et périls, Olivia se laisse aller à la chaleur de l'amour naissant.

- Merci Anton, vraiment.

Est-ce que c'est vraiment des larmes qui perle au coin de ses yeux? Oui, mais pour une rare fois c'est de la joie.

lui aussi se met à rougir un peu quand elle le taquine sur ses phrases maladroits. il en rit parce qu'il ne sait pas quoi en faire, et il voudrait pas croire qu'elle l'embête avec quelques taquineries : anton les prend toujours bien, il ne sait juste pas jongler avec. il est content qu'elle se sente assez bien pour le taquiner et élargit donc son sourire à l'occasion ; quel bonheur de savoir qu'il peut combler la personne en face de lui !

il ne chasse pas ses yeux quand elle les lève vers lui, et donc leurs iris se rencontrent. dans ceux d'anton, il y a toujours cette même gentillesse inchangeable peu importe ce qu'elle dira. au-delà d'être de la clémence, c'est déjà un peu d'affection alors qu'ils se connaissent à peine. de rien, ça me dérange pas vraiment ! il est toujours heureux de rendre les autres satisfaits d'exister.

quand il aperçoit qu'olivia a des perles de larme sur le bord de ses yeux, il écarquille grand les siens. oh non je - il ne sait pas vraiment quoi faire face à des prunelles brillantes d'émotion, et regarde vaguement autour de lui. comment est-il censé faire exactement ? comment est-il censé réagir ? euh... il ne veut pas la forcer à faire quelque chose dont elle ne veut pas, et ne sait pas s'il doit s’asseoir à côté d'elle pour lui frotter le dos. il tend un peu les bras en déposant maladroitement une main sur un de ses avant-bras. tu veux un câlin..? je suis désolé...

Elle était heureuse et ses larmes mettaient visiblement Anton mal à l'aise et elle se devait d'y remédier. Douce affection et pensées heureuses, Olivia ne savait pas comment réagir, mais elle n'eut pas à réfléchir bien longtemps qu'on lui fit une des plus douces propositions qu'on lui avait faite depuis longtemps.

- Un câlin...? Je...

Elle était choquée (dans le bon sens) d'entendre ça. Allait-elle finir par s'abandonner complètement à ses désirs terrestres? La porte de son coeur s'était entrouverte et la bouille si mignonne d'Anton avait fini de l'achever, comme pourrait-elle dire non?

- Oui, s'il te plaît.

Cette embrassade fut tellement douce, tellement apaisante qu'elle aurait voulu rester comme ça pour toujours. La tête posée contre le torse de son nouvel amour, elle aurait pu se laisser bercée par les battements de son coeur tandis que le sien était en paix. Était-ce donc ça l'amour?

- Pas besoin de t'excuser, c'est juste moi qui est trop émotive.

Pourquoi est-ce qu'un Alice manipulant le temps ne pouvait influer sur le temps? Vraiment, pourquoi Dieu était aussi cruel? Ce seul regret en tête, elle levait la tête vers les prunelles plus sombres de son partenaire. Rougissante et balbutiante.

- Qu-qu'est-ce que l'on est supposés faire maintenant?

C'était sa première fois dans une étreinte aussi sécurisante et aimante, que devait-elle faire dans l'amour des grands? Quels étaient les bonnes actions à poser? Tant d'hésitations et de questions qu'elle n'osait pas formulé. Qu'était-ce que l'amour quand on s'est enfermé derrière les portes d'un coeur effrayé? Devait-elle dire...je t'aime?

En tout cas...elle le pensait.

anton referme doucement ses bras autour d'olivia. il sait comment faire pour ce genre de choses car il en a l'habitude. il la berce tout contre lui, venant déposer gentiment une main sur ses cheveux à elle pour la maintenant délicatement contre lui. il observe la tête blonde un peu plus bas et dessine des légers cercles avec sa main pour l'apaiser. il espère que ça puisse l'aider, au moins un peu.
c'est normal. d'être désolé qu'elle pleure, c'est normal de lui porter tant d'importance après tout. anton n'a rien contre les gens émotifs, au contraire, il préfère ceux qui expriment leurs sentiments sans honte. c'est plus simple de venir cueillir leurs tristesses et leurs joies.

il finit par l'écarter sans la brusquer pour regarder son visage. elle est jolie mais son coeur ne bat pas la chamade quand il la voit - il ne s'en préoccupe pas vraiment de ce sentiment de quiétude anormale quand on commence à sortir avec quelqu'un. anton a toujours fonctionné comme ça.
je sais pas trop... échanger nos numéros peut-être ? se parler par sms tard le soir ? il pouffe un peu, c'est ce qu'il lit un peu partout sur les nouveaux couples. lui a toujours suivi le mouvement, il ne prend jamais les rênes de la relation.

Elle aurait bien aimé rester dans cette position plus longtemps, mais toute bonne chose à une fin malheureusement.

- En effet, ce serait un bon début!

Se reculant doucement d'Anton, elle sorti son téléphone de sa veste. Pas grand monde l'appelait ou lui envoyait des messages donc elle ne connaissait pas encore bien son numéro qui date d'il y a quelques mois.

- Alors mon numéro est le...

Elle le récita un peu nerveusement alors qu'elle regardait fixement son écran, encore un peu sous le choc de la situation actuelle tant elle paraissait surréaliste. S'envoyer des sms tard le soir? Jamais Olivia n'aurait cru avoir hâte à la nuit de cette façon.

- Avant ça, est-ce que ça te dirait de...marcher un peu?

Ringard un peu, mais elle ne savait pas quoi faire d'autre sur le moment. Elle avait comme figé sur place, s'attendant à ce qu'Anton se moque de sa proposition, mais elle savait qu'il ne ferait pas ça, il est trop gentil pour ça.

- À moins que tu sois occupé bien sûr, je comprendrais.

Regardant ses pieds, elle ne savait pas pourquoi elle faisait ça. Elle était si nerveuse, encore plus qu'avec les autres. Elle ne comprenait plus rien du tout.

il récupère maladroitement son téléphone dans sa propre poche pour s'apprêter à rentrer le numéro de celui d'olivia. il n'éprouve aucune gêne et se contente de l'écouter attentivement, répétant à voix basse les numéros qu'elle prononce.
marcher un peu ? l'idée lui semble dangereuse - en réalité il pense qu'elle risque d'être mal  à l'aise et peut-être peiner à se remettre de ses émotions après qu'elle ait pleuré. anton est davantage enclin à la laisser tranquille au moins un temps, et reprendre des nouvelles plus tard - voire manger en sa compagnie durant le souper. oui il ne faut précipiter trop les choses, cela serait brusquer le coeur de sa nouvelle copine.

je euh...
il réfléchit à comment lui dire et pose gentiment une main sur son épaule pour la réconforter une dernière fois.
si tu veux plutôt on mange ensemble ce soir, j'ai des choses à faire. attends-moi devant le réfectoire, d'accord ? je te laisserai un sms. toujours beaucoup de douceur quand il lui sourit.