Le rendez-vous avait été donné. Son coeur était léger et battait au rythme des pensées qui tournoyaient dans sa tête. Elle s'était fait belle et avait même emprunté un peu de parfum pour souligner l'évènement. Le bleu du ciel semblait encore plus bleu et tout sembler briller un peu plus fort alors qu'elle portait un regard teinté de rose sur le monde. Ce serait une journée parfaite.

Odeur de thé et arômes de café, tout semblait meilleur qu'hier, comme si l'amour pouvait rendre le monde meilleur et plus beau. Ces trois dernières semaines avaient été presque magiques et elle repensait à tous les moments qui resteraient gravé dans sa mémoire décousue. Assise à sa table, elle l'attends, un sourire niais au visage. Tout sera parfait, après sa sortie avec Valéry et tout ces beaux moments au stand, Olivia avait de bon espoirs pour son...rendez-vous? Peu importe le nom que ça portait, elle n'arrivait pas à s'y habituer, mais c'était une bonne chose, non?

anton est habillé simplement. tee-shirt et pantalon, avec une veste évidemment pour ne pas attraper froid. il fait honte à la beauté d'olivia - et démarque profondément ce qu'on attend de la gente masculine et féminine. il avait les doigts rouges à force de se les tordre, et la crainte au coeur. il l'aperçoit déjà assise et se maudit de ne pas être arrivé plus en avance. il traverse les rangées de tables un peu maladroitement et sourit timidement en arrivant. coucou liv. il a un petit signe de main et s'assoit en face d'elle. je vais pas te mentir je viens avec quelque chose à euh... te dire... il la regarde même pas dans les yeux, et fait une petite moue.
tu veux commander quelque chose avant..? c'est important de le faire. pour ne pas qu'elle souffre de trop. c’est silas qui lui a dit et il doit avoir raison… silas a toujours raison.

Elle lui fait un petit signe de la main alors qu'elle l'apperçoit. Il avait l'air quelque peu nerveux, mais Olivia ne savait jamais comment le lire et deviner ses états d'âmes donc comment savoir? Une petite pique de doute se logea dans un coin de son coeur qu'elle essaya d'ignorer.

Coucou Anton, ça va?

L'amour a beau rendre aveugle, mais n'avait pas privé Liv de ses yeux qui voyaient bien que ceux de son partenaire évitaient les siens tandis que l'épine glacée dans sa poitrine prenait de l'expansion. Qu'est-ce qui se passait? Elle ne comprenait pas. Mais elle hoche la tête avant de demandé un chai latte au premier qui pouvait l'aider.

Est-ce que j'ai fait quelque chose?

Son coeur bat un peu plus vite et ses prunelles océans s'assombrissent quelque peu alors que son inquiétude y prenait place. Hésitante, elle place sa main sur la table entre eux, exposant sa peau au froid.

Dis-moi ce qu'il se passe.

Ce qui pourrait sonner comme une commande sonne presque comme une supplique pour qu'il fasse enfin baisser les tensions qui montaient entre eux.

il ne doit pas faire durer le supplice, ça serait cruel - il n'y a pas de place pour les lamentations, il n'en veut pas... ça lui fait déjà mal de voir olivia ainsi mais il aborde le sujet avec un grand détachement pour se préserver, et il faut savoir qu'il ne rompt jamais, il les laisse toujours partir une à une. oui il les laisse toujours s'en aller quand elles en ont assez de ses bras qui ne font que saisir sans passion, il ne dit rien et les observe s'éloigner. non ce n'est pas tragique, non il n'en pleure pas la nuit - c'est juste ainsi.

alors une fois de plus, pour la protéger - pour ne pas lui promettre monts et merveilles avec la dernière danse. je pense que ça serait mieux qu'on s'arrête là... il dit ça d'une traite, les mains rangées sous la table et fixant une rayure sur la surface de cette dernière.

Olivia ne savait pas ce qu'elle espérait. Elle aurait dû s'en douter que ça se terminerai ainsi, mais avais laissé l'espoir l'aveugler, pensant que cette fois ça pourrait être différent et malheureusement elle s'était trompée. son coeur de verre semblait s'être brisé alors qu'elle enregistrait l'information.

Je vois...

Ne pas pleurer, ne pas pleurer, ne pas pleurer, ne pas pleurer. Elle se répétait se mantra intérieur pour éviter de créer une scène et de plomber l'ambiance pour tout le monde qui était venu passer un bon temps. Ça fait mal d'entendre ça, mais encore plus de se rendre compte que les sentiments n'étaient pas aussi forts des deux côtés.

Je comprends, peut-être que c'est mieux ainsi.

Prenant son thé entre ses main qui semblaient ne pas trembler, Olivia sourit et se demande pourquoi c'était plus douloureux que d'habitude de feindre ses sentiments.

Pourquoi? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à te détester?

Ces quelques semaines avec toi on été agréables, merci d'avoir pris de ton temps pour le passer avec moi.

Elle ne suppliera pas, ne demandera pas que la décision soit repensée, car il était impossible que quelqu'un l'aime. Elle, la sorcière qui avait du sang sur les mains et la fuyarde ingrate qui avait abandonné sa famille. Comment l'aimer, elle qui n'a que des défauts à ses propres yeux? Malgré tout, il fallait continuer à sourire et attendre que le soir ne vienne pour maudire la vie et les larmes.

Merci de ne pas l'avoir fait par texto.

olivia est d'une douceur infinie et ils furent nombreux à bénir leur couple - mais s'il n'y a pas d'amour. pas d'amour des côtés, pas la réciprocité de cette violence sentimentale - de ce sucre béni et recherché par tous les adolescents. anton aurait aimé l'adorer, pouvoir la chérir correctement, pouvoir la sauver même de cet abandon qu'elle ressent peut-être à l'académie. il aurait aimé être l'unique, la bonté incarnée, celui vers qui on se tourne quand les larmes menacent.

mais non il ne peut pas car il n'a que seize ans et que ses inclinations se développent pour d'autres. pour des personnes qui ne le voient qu'à moitié sûrement et bien impossibles à viser. il relève un peu ses yeux pour observer la candeur de son visage encore rond, ses longs cheveux blonds - qu'elle est belle ! sûrement trop pour lui. il ne la mérite pas. il ne l'a sûrement jamais méritée.
je suis désolé olivia vraiment... merci pour tout tu... tu mérites vraiment le meilleur. j'aurais aimé être mieux pour toi...
il boit cul sec sa boisson et s'affaire à se lever maladroitement. je vais peut-être y aller pour ne pas te déranger, sauf si tu as quelque chose à dire...

Elle continue de sourire le plus brillant possible pour éclipser son envie de verser des larmes. Elle ne devait pas, pas maintenant.

Toi aussi tu mérites le meilleur Anton, peut-être qu'on était juste pas fait pour marcher, c'est tout.

Essaye de trouver des explications rationnelles, mais tu ne sais pas pourquoi tout ceux à quoi tu tiens semblent te filer entre les doigts et ça t'effraie. Es-tu vraiment interdite par le destin d'aimer et d'être aimée en retour? Elle ne sait pas quoi faire, comment faire sens de ce qu'il se passait?

Tu me dérange pas et j'ai rien à dire, mais si tu veux y aller je ne t'empêcherais pas.

Montre-lui la triste vérité, montre lui ce que c'est de voir ce à quoi on tenait s'éloigner de soi, comme si c'était écrit d'avance? La vérité a toujours été dure à accepter, mais encore plus maintenant.

Ne t'en fais pas pour moi Anton, je m'en remettrais je suis plus solide que j'en ai l'air.

Si seulement c'était vrai, mais il fallait bien prétendre un peu pour que ce soit convainquant, non?

et il s'efforce de sourire - encore, car ça fait un peu mal tout de même. et même s'il n'est pas doué avec les sentiments, il peut bien voir à quel point les mots d'olivia sont chargés d'émotions - du moins c'est dans l'ordre des choses.
il se sent un peu mal, toujours.
il a honte, encore.
je suis désolé olivia.
encore.

il lui semble qu'il ne le dira jamais assez car il ne trouve pas d'autres mots pour dire ce qu'il a là, dans le coeur : et c'est bien le plus simple, bien le plus juste qu'il connaisse. il gratte un peu l'arrière de son crâne et regarde ailleurs, agitant doucement sa main avec une maladresse tendre. passe une bonne euh... journée je suppose. c'est le temps des adieux.
il se détourne.