aujourd’hui comme hier, l’anglais l’emmerde. anaël, peu intéressé à revoir les bases grammaticales de sa langue. yes no do did does begin began begun. ok, il exagère. ce n’est pas si basique dans la classe e. mais aujourd’hui comme hier, l’anglais l’emmerde. pas besoin de savoir que la littérature a donné de si grands noms, ça va, qu’est-ce que ça change dans sa vie ? alors anaël, poli, anaël qui aime les discussions mutuelles, rend bien son ennui au prof. sûrement la seule matière où il excelle en insultant l’instance académique. paye tes morts le dôme.

cette fois, les nouvelles. roule des yeux comme son père le faisait sur les récits d’edgar allan poe. pitié, protégez-moi contre l'ennui de son style, que le cerveau pense. tandis que ça râle la matière en avant, anaël avec un trombone à papier s’amuse. le tord dans tous les sens, gestes automatistes. il en vient à créer un petit bonhomme métallique, jambes écartées, un bras droit et l’autre plié. anaël sourit, l’aime bien. alors il prend un morceau de ruban adhésif, le passe autour de la tête ; surface transparente sur laquelle, d’un feutre noir, anaël trace une bouche et deux yeux, l’un plus gros que l’autre. et quand il sent qu’on s’adresse à lui, range le petit bonhomme dans la poche de son pantalon.

ça demande au prof ce qu’on lui veut. ça rage un peu. et puis la fin du cours.

ça emprunte les couloirs pour se rendre illico dans sa chambre. pas envie de socialiser, anaël aujourd’hui d’humeur introvertie. il a la série de witcher à écouter.

puis sa voix en écho. sa voix qui se rapproche alors qu’il arrive à un tournant. et le visage soudain s’éclaire, les pétards allumés dans ses yeux malices. le sourire qui s’étire, anaël ayant tourné pour prendre le couloir vers les dortoirs. anaël la voit en pleine discussion, la chevelure rose et les gestes somptueux.

yingyue si célèbre, yingyue si fabuleuse. une instababe en fureur.
witcher pourra attendre un peu.

anaël poursuit son chemin, l’air de rien. arrive près du groupe, yingyue radieuse et les autres ternes, passe derrière elle et

YING. WASSUP BESTIE ?? oh c’quoi que t’as aux oreilles ?? des nouvelles boucles ? on dirait des pissenlits fanés, t’es triste ying ??? oh nooooon

un bras passé autour de son cou, anaël qui s’appuie contre elle et lance son sourire éclatant au petit groupe.

hoche la tête par petits coups. avec mon ami eh eh bah oui c’est lui les girls et boys que son regard et son sourire imbécile disent. que son index pointé vers son torse dit. le pote, eh oui de oui ! les regarder partir, anaël, en faisant un petit signe de la main, celle contre l’épaule de yingyue.

ouvre les yeux de surprise au con, se repointe du doigt. ah oui ? moi ? jette un coup d’œil derrière lui. sait-on jamais. mais non ; personne. hoche la tête à la question, hausse les épaules parce qu’il y a tout de même des jours, il faut avouer, où anaël quinn ne se supporte pas lui-même. c’est tout à fait compréhensible, il confirme par expérience.

mais c’est bien toi, aujourd’hui, qu’on avait envie de voir. à l’instant où il t’a aperçue dans le couloir, évidemment que c’est à toi qu’on voulait parler. alors d’un petit geste, ramener yingyue – re-engloutir la petite distance avec un

ah mais no soucy bestie. je m’ennuie absolument pas. contrairement à toi, j’ai si peu de choses à faire. ce qui veut dire que j’ai toute la journée à remplir. ça en fait d’la tâche. can’t be bored. oh ! d’ailleurs

retire son bras – enfin – index levé qui demande d’attendre un peu, yingyue. ramène son sac devant lui, fouille. ah non. pas là. fouille encore,

alors, j’espère t’as un peu de temps malgré tout, bestie, ‘cauz j’ai un truc à t’montrer. mais you’ve got time ‘cauz you’re still here. ok, attends, où j’l’ai foutu ? sinon le business ça roule ?

décidément, pas dans son sac.
alors anaël fouille ses poches.

c'tait qui just now ? ton fanclub ?