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le festin nu - yingyue
Pia Sorrentini
TROIS ÉTOILES
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Pia Sorrentini

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MessageSujet: le festin nu - yingyue   le festin nu - yingyue EmptyLun 23 Déc - 4:21


elle n'a rien à lui proposer de plus que ce qu'elle a déjà, et elle a déjà tout, les fleurs, le sucre, l'or et l'ambroisie, les baisers que l'on envoie et qu'il faut rattraper, les genoux à terre et les portières ouvertes ; les mains, les bras sur la taille, autour et en dessous, les yeux qui n'ont qu'un seul regard et qui s'en satisfont. non vraiment elle n'a rien, tout est à son cou comme les perles dont on lui a fait des colliers.

s'il faut réfléchir à plus nouveau ou à plus désirable, il se produit dans les synapses de blythe un phénomène rationnel mais singulier qui porte son cerveau à un état proche de l'ébullition. car lorsque l'on en vient à yingyue, il n'est pas question de réfléchir, jamais. les choses se déroulent seules et il faut s'en satisfaire, car elles le font selon le plan.

alors si elle n'a pas à lui proposer ce qu'elle a déjà, ce n'est pas grave. elle lui donnera ce qu'elle n'aura jamais.

la moquette est en velours et les lustres sont en cristal. au plafond il y a une fresque, une reproduction de l'apothéose d'hercule.
à sa table il y a les couverts, le pain et le sel. devant elle et par ordre de grandeur sont disposées plusieurs petites boulettes de mie si rigoureusement sphériques qu'elles semblent avoir été moulées en porcelaine. car il faut bien qu'elle s'occupe, en attendant que tu te pointes, et tu le sais.

les mains crispées sur son quignon, les jambes entortillées et le regard droit, elle est si peu attentive à la circulation des serveurs qu'aucun d'entre eux ne lui adresse la parole. au premier qui a essayé elle a demandé si ici ils avaient d'autres viandes que de la volaille, du gibier, du porc, du bœuf ou du mouton. il a brusquement reculé, répondu qu'il partait se renseigner en cuisine, et n'est pas réapparu.

ceux qui sont ses voisins n'ont pas son âge. cela se voit et surtout cela se sent. dans l'assemblée il n'y a que des hommes vieux, blancs, habillés, avec des ports et des maintiens cavaliers proches de l'effritement. leurs costumes ont mille ans et les manières qu'ils ont de poser les doigts sur les anses ouvragées aussi. ils expirent un air plus froid que celui qu'ils ont respiré et tous, absolument tous, sauf peut-être ce notable aveugle et cette petite vieille qui a l'air cliniquement morte, la regardent, la considèrent - et unanimement la désapprouvent, très indisposés.

ils ont raison.

mais ils n'en feront rien. ils n'en feront rien comme personne ici ne fait jamais rien, se refuse à la rupture dans la normalité, continue à croiser l'adversaire dans la feinte indifférence. blythe le sait, et c'est ce qui la sauve, la préserve dans l'horreur ; la comédie du statu quo.

pourtant blythe est atrocement fagotée, sent la liqueur épaisse et joue avec la nourriture. elle fait des manèges avec ses couverts et il y a même du sang sur sa serviette. puisque comme je te l'ai dit, c'est toi qu'elle attend. et tu la sauveras.

car en cuisine, le serveur discute avec son supérieur du fait de la mettre à la porte ou non. ici il s'agit tout de même du restaurant le plus réputé de la ville. il ne faut pas qu'une pouilleuse mette à mal ce standing.
mais il paraît qu'elle ne vient pas seule.
elle a dit attendre quelqu'un.

alors décision est prise de laisser ce quelqu'un arriver, et de voir s'il sera comme elle ou non, du même genre, de la même race, la race de ceux qui ont le cheveu gras et encore humide, la peau blafarde et puante, les ongles rongés jusqu'à la pulpe, et les cicatrices, et l'air d'être un chien sorti d'une poubelle.
c'est là que réside toute la subtilité, et tout l'humour du fait qu'ils ne pourront jamais la comprendre : ils ne savent pas qu'elle n'est pas un chien sorti d'une poubelle, mais une mouche née d'une décharge.

alors, yingyue.
ne me fais pas languir davantage. c'est pour toi que j'ai réservé.

ton âme me connait et nous nous entendons bien. ensemble nous avons fait un marché : je la nourrirais de tout ce qu'elle voudra de plus noir, et en échange, tu me la donneras. mais tu me la donneras entière, intégrale. comme l'ange convaincu qui quitte le ciel, séduit par le démon.



Yingyue Jiang
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Yingyue Jiang

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MessageSujet: Re: le festin nu - yingyue   le festin nu - yingyue EmptyLun 27 Jan - 17:10




– I like candies, sweets, and
All kinds of fruit
But then I found a spoonful of spice
That would bring us together



Ses ongles longs cliquètent le long de la vitre luisante, insignifiant fracas – lorsqu’elle pousse la porte du restaurant. Elle observe un temps le raide défilé des silhouettes en noir, surmontées par-dessus tête d’assiettes rutilantes au centre desquelles se ramassent de tous petits monceaux de couleurs fades.

« Je rejoins quelqu’un » elle ne dit pas amie, ou même copine – Blythe n’en est pas vraiment une. Elle est beaucoup plus répugnante que ça.

Elle attire tous les regards, bien entendu – ramassée sur sa chaise, l’air parfaitement à l’aise au milieu des étoffes précieuses et mornes, des cliquetis aigus d’argenterie, elle promène ses paumes sur la nappe impeccablement livide ; l’image grouillante d’une colonie de fourmis à l'assaut d'une miette oubliée vient immédiatement à l’esprit de Yingyue.

Elle s’assoit en face d’elle, sans dire bonjour, ni merci pour l’invitation – mais elle ôte son manteau en laine rose, et l’accroche au dossier de sa chaise, lissant un instant les plis autour du col. Elle fait semblant de ne pas remarquer les regards persistants qu’on jette en direction de leur tablée, avec juste assez de candeur pour que l'on constate bien qu’elle fait exprès de s'en soucier – le nez baissé vers son assiette, mimant la honte pudique et la pitié péremptoire, elle agrippe les pans de sa jupe avec une crispation parfaitement étudiée, et balaie de temps en temps la salle d’œillades mollement apeurées – tout ceci, dans le fond, la fait bien rire. C’est ce qu’elle aime beaucoup chez Blythe – elle lui offre un répugnant prétexte pour jouer la comédie, et rehausse pour elle les teintes ingénues de sa fraîcheur rosie. Yingyue n’a rien d’autre à faire que de s’asseoir face à elle, à la table de ce restaurant luxueux, et le public fera le reste. Elle sourit à l’ombre de sa paume.

« regarde-moi ce bazar » elle soulève du bout de ses griffes mauves la serviette maculée de sang et ricane discrètement. « je t’ai déjà dit de ne pas te ronger les ongles, c’est dégoûtant ! Tu auras des infections un de ces jours, et peut-être que tu vas perdre un doigt. Remarque, tu t’en fiches un peu, les mouches ont pas de doigts, il me semble » Yingyue est apaisée. Elle se sent si sereine en la présence de Blythe – d’un calme lourd et sans ambiguïté. « Alors qu’est-ce qu’on va manger ? » elle apostrophe un serveur, qui lui tend la carte, en restant à bonne distance de Blythe, déployant même beaucoup d’efforts pour l’ignorer tout comme on essaye d’ignorer la présence d'une cohorte de rats jaillissant d’une poubelle. Ça fait sourire Yingyue, encore « Qu’est-ce que tu me conseilles de prendre ? J’ai super faim » ce n’est pas vrai. « puisqu’on est là je veux un truc classe... »
Elle entortille avec vigueur ses doigts dans l’étoffe de sa jupe – mais son sourire est entendu, averti. Elle sait pertinemment que Blythe va la régaler.





hrp : je suis tellement mais tellement désolée pour le temps monumental que j'ai pris pour te répondre promis les réponses suivantes seront BEAUCOUP plus rapides vraiment désolée hhh et si jamais quoique ce soit ne va pas dis-moi et je modifierais fissa ;;;;;;;

Pia Sorrentini
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MessageSujet: Re: le festin nu - yingyue   le festin nu - yingyue EmptyJeu 2 Avr - 20:07


c’est merveilleux d’être là.
elle exulte comme aux premières loges du pavillon d'honneur.
quand yinguye fait irruption elle ne bronche pas, ne pipe pas mot. ses jambes évidemment font des ronds sous la table, les pieds mi-déchaussés se superposent. la porte se referme et son regard se fait plus fin, comme les barreaux d'une cage ; la silhouette tant désirée prend sa place et il se fait plus fin encore, comme le fond d'une passoire ; la silhouette enfin devient son invitée, son ange, puis élève la voix, et il se fait si fin, si fin que ses yeux sont à présent des tamis.

elle écoute sa petite plainte de petite princesse. elle se repaît diligemment de ses remarques claquées sous la langue. et elle éclate d'un petit rire torrentueux qui dynamite ce qui restait encore de calme feint dans la pièce.

- tu sais bien que je peux vraiment, vraiment, vraiment pas m'en empêcher elle se frotte les mains avec une frénésie toute crue et ne lâche pas yinguye de son regard multiple. ce qu'elle voit lui plaît, la rassasie. elle est belle. elle est délicieuse. elle la mangerait si on la lui amenait sous cloche.

alors pour cet instant elle peut bien oublier le tracas qu'elle lui a causé de part son outrecuidant retard.

- c'est triste ici non ? c'est le style du client, tu vois. les tapis sont très laids. ils sont antidérapants, pour éviter qu'un vieux n'y glisse et se pète le col du fémur.

elle ne parle ni trop fort ni trop bas. le volume est propice à parvenir aux systèmes auditifs de tous les mangeurs environnants. elle n'accorde pas d'attention aux visages, à leurs volte-face exécrés quand elle passe ses mains crades derrière sa tête aux cheveux filasse pour jouer au balancier entre sa chaise, la table et son genou.

- je leur ai ai déjà demandé ce qu'ils ont de plus spécial. je crois qu'ils étudient la question.

la stupeur des convives alentour se devine sur leurs tronches. sur leurs doigts qui époussettent des cols et des visages suants. on marche en richelieu ou en aiguilles qui crèvent les carpettes. certains parlent et d’autres observent. certains charment ou sont charmés. on se sourit autant que faire se peut mais il n'y a pas de pitié, il n'y a pas de respect. et bien sûr pour ne rien respecter avec classe il y a des règles. des règles que blythe a écrit sur sa serviette, ses boules de mie de pain, avec son sang. parce qu'elle ne s'exprime jamais qu'avec ça. et ce sang, quand yinguye lui demande son opinion, se hisse jusqu'aux plus petites pulpes de ses lèvres pour jaillir quand elle les mord avidement.

- c'est moi qui invite. elle la regarde comme un amant sa favorite. c'est à dire avec folie, perversion. on va commencer par le vin. tu vas commander le plus cher.

tout est un jeu de codes. dès que tu les oublies tu as perdu. tu ne vaux pas mieux que la plèbe qui aujourd'hui t'encense et demain te condamne. les parfums qui flottent sont plus lourds encore que ceux qui les portent - ils montent avant le champagne et le reste au cerveau de ces vieux princes, si vieux qu'ils sont sur le point de mourir d'un avc charmant.
mais le parfum de yinyue l'enivre autrement.

- ensuite tu vas demander à ce qu'on nous fasse une entrée et un plat sur mesure. les meilleures pièces. le meilleur chef.

grisée par ses propres mots, dont elle délecte sa petite poupée comme un nectar ancien, elle se prend au jeu des gestes de ducs et duchesses, ces titres de noblesse qui n’existent même plus. ici ils sont vieux mêmes s’ils sont jeunes. ils pleurent au fond de leurs cadillacs, essuient leurs larmes dans du coco chanel. pourtant leur exubérance millimétrée peine à emplir leur vide, leur obsolescence. mais ce n'est, pour l'une ni l'autre, pas le cas.

elles sont de ces exceptions qui non seulement infirment la règle mais la mettent au plus mal.

cependant blythe spevak reste égale à elle-même. et elle veut de yinguye jiang, sa yinguye, au moins pour ce soir, qu'elle le reste également.

- pour le dessert - je vais te laisser choisir.

elle arrête son mouvement de balancier et brusquement se projette sur la table. son visage est aussi proche qu'il le peut de celui de son hôte adorable - si proche qu'elle est à deux centimètres de la baiser passionnément. mais elle recouvre le calme et se contente d'un sourire ; le sourire altier et fourbe du laquais qui se sait plus rusé que le maître.

son visage est de retour dans sa paume et elle susurre.

- hèle le serveur. moi il m'écoute pas.



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