18h50 soit en retard de dix minutes. Il pourrait même l'être d'une heure qu'il ne culpabiliserait pas pour le moins du monde et ce, peu importe de qui il peut s'agir : il n'accorde de privilège à personne. Alors qu'il devrait plutôt presser le pas et faire marcher ses neurones pour une éventuelle excuse, il préfère s'égarer dans une boutique de vêtement où il jette un œil sur quelques grosses écharpes. - mais il déchante vite lorsqu'il se souvient qu'il n'a toujours pas un rond sur lui. « Bordel, je savais que je n'aurais pas dû m'acheter ces guirlandes lumineuses alors que je n'ai rien pour les accrocher dans ma chambre. » c'est ça.

Il aperçoit finalement Dante à travers la vitrine du café et s'empresse de le rejoindre, un grand sourire aux lèvres. Il retire les mains des poches de sa doudoune pour venir encercler - étouffer - le jeune homme de ses bras. « DANTE !! Tu vas bien ? » puis il se débarrasse de la veste qu'il suspend sur la chaise afin de s'installer confortablement. « Ça me fait plaisir de te revoir. Tu es charmant ce soir, c'est fait exprès ? » dit-il en faisant danser ses sourcils. c'est surtout Matisse qui s'est bien apprêté. Le coude posé sur la table, le menton sur la paume de sa main il le regarde de la même manière qu'il l'a regardé la première fois. Dante est beau, gentil, parfois beaucoup trop même mais il a vraiment tout pour lui. Le problème c'est Matisse, qui n'en perd pas une à la moindre faille. Il y a quelque mois il lui avait dit non et aujourd'hui il cède à nouveau. Une petite ouverture et Matisse y pénètre comme le vent. « Ah oui, pardon du retard. » parce qu'il vient d'y penser. parce qu'apparemment le respect est une option chez lui. et apparemment, pas d'excuses bidon pour cette fois : rien. Peut-être qu'il se réserve pour la suite. Alors il enchaîne tout naturellement, comme s'il ne s'est jamais rien passé. « Je suis content de cette invitation... C'est bien une invitation n'est-ce pas ? J'ai voulu te faire la proposition mais tu as été plus rapide que moi mais le principal c'est que toi et moi on ait pensé la même chose, enfin, se voir quoi. J'ai pensé à toi toute la journée et donc forcément que j'allais te proposer d'aller boire un verre mais tu as été... plus rapide... je... l'ai déjà dit ça non? » il s'emmêle ou sa mémoire lui fait réellement défaut. c'est que sur le moment non, il n'a jamais pensé à l'inviter à sortir ou peut-être plus tard, mais puisque Dante lui a tendu la perche...  « Ok alors Dante laisse moi te dire que tu fais partie des meilleures personnes que j'ai rencontré dans ma vie. Si je devais choisir entre sauver ma mère ou te sauver pendant une attaque de zombie, sois sûr que je sauverais ton cul. Même face à un chaton, pourtant c'est mignon un chaton mais je te choisirais toujours Dante. » il croise les jambes. « Alors, t'as les cinq rabbits ? » Matisse, ou plus communément appelé : le culot ou l'audace.

Il le voit, qu'il vient de flatter son égo. La gestuelle ne trompe pas, le sourire et les mots qu'il utilise pour se lancer des fleurs non plus. Matisse remarque que beaucoup réagissent de la sorte quand il les complimente : souvent parce qu'ils sont mal à l'aise, et ne sachant pas s'il faut le remercier ou non, ils préfèrent répondre avec un cocktail d'humour et de faux airs de prétention - ou alors, ils se mettent à rire. Un parfait mélange pour cacher leur embarras. Mais pas sûr que Dante soit gêné de la situation : premièrement parce que ça n'est pas la première fois que le rose le complimente. Deuxièmement, parce que Dante est du genre à aimer avoir l'attention sur lui, et aime donc tout aussi bien les flatteries à son égard. Et ça Matisse l'a bien vu.
Sinon il n'en jouerait pas.

Le visage de Dante est soudainement plus terne, le sourire qui illuminait son visage disparait aussitôt qu'il mentionne un sujet tabou : enfin, un sujet qui le devient toujours lorsqu'on apprend comment fonctionne Matisse - ou pas d'ailleurs - ; l'argent. Et là, question piège. « Quoi ?! Donc tu me demandes de choisir entre l'amour de ma vie et l'amour de ma vie ? » il faut que j'utilise le plus de balles possibles pour atteindre son cœur et faire bang bang se dit Matisse. il faut surtout pas que je ne répondes sérieusement à cette question, bon c'est pas comme si elle l'était aussi.  « Et si je te retournais la question ? Déjà même entre l'argent infinie et un chaton, ou je sais pas moi ou rencontrer ton acteur ou actrice préférés, va pas me dire que tu choisirais pas l'argent me dis pas ça Dante surtout surtout pas j'aime pas la mauvaise foi. Oh là là j'aime pas ça. J'aime pas j'aime pas j'aime pas. » l'imaginer dire l'inverse l'insupporte à tel point qu'il semble déjà s'énerver tout seul. Le serveur vient les interrompre pour prendre commande. « Je vais prendre une bière... quoique non j'ai envie de quelque chose de chaud euh, un chocolat chaud peut-être ? Non attendez, un café NON ATTENDS MONSIEUR. je vais prendre.................. » il fixe l'étudiant. si Dante était une boisson chaude, qu'est-ce qu'il serait ? « Je vais prendre un chocolat chaud vienois. » il attend que Dante passe sa commande puis il ajoute. « Tu devineras jamais pourquoi j'ai commandé un chocolat chaud vienois. C'est parce que c'est doux, comme toi Dante, c'est ce que tu m'évoques: tu es la crème de ma vie. En vrai pour t'expliquer, ça dépend de qui j'ai en face, une fois j'étais avec quelqu'un et, je me suis tellement fait chier que quand je l'ai regardé j'ai voulu commander de l'eau plate. Ouais, plate plate plate, comme son existence. » il éclate de rire. apparemment fier de comparer les personnes qu'il côtoie à des boissons. « bon prochaine fois tu m'amènes dans un bar et je commanderai un sex on the beach. »
plus de balles pour la recharge.

Un champagne de luxe ? voilà qu'il vient bien le séduire. Il est très satisfait de sa comparaison et ça se voit : il adopte une pseudo attitude gêné en se donnant des airs mignon lorsqu'il hausse les épaules. Quel comédien. « Arrrrrête... tu le penses vraiment ? » comme si l'entendre une fois ne suffisait pas. Il aime ça Matisse, qu'on le flatte pour en redemander après. « J'avoue que je n'aime pas spécialement le champagne, mais un champagne de luxe a de la valeur tout comme moi donc ça me va. » cependant, ce qu'il entend par la suite le fait bien vite déchanter. Il se redresse, cessant ses fausses manières. « Quoi ? » il pouffe. « Dante, je n'y crois pas une seule seconde. C'est impossible. N'importe qui répondrait comme moi. » on voit que l'argent est un sujet très sérieux pour certains. pas pour d'autres, et ça Matisse refuse d'y croire. « Dante je t'adore, tu es formidable vraiment mais je pense que tu te voiles la face ou que tu essaies juste de te donner des airs. » c'est l'hôpital qui se fout de la charité. « C'est bon, c'est dépassé l'époque du scrogneugneu l'argent ne fait pas le bonheur où tout le monde sortait des hypocrisies de la bouche pour faire semblant alors que ça tapait une crise pour avoir le dernier sac louis vuitton. Tu peux dire la vérité Dante, il n'y a aucune honte et aucun mal à préférer l'argent du reste. » à tout moment, Matisse était prêt à l'attraper par le col et le menacer pour qu'il aille dans son sens. « Tu vas me dire que t'es heureux avec les quelques rabbits qu'on nous donne en argent de poche ? J'ai une tête à avoir douze ans pour de l'argent de poches moi ?» sentant que le ton de sa voix change, Matisse reprend ses esprits lorsque le serveur revient pour déposer les tasses à leur table. « ....Je veux dire, tu ne peux pas dire que tu en as rien à foutre. Tu peux dire que c'est pas le plus important peut-être, mais pas que tu n'en as rien à foutre, non ? » il ajoute le sucre et fais plonger la cuillère dans la crème. « Et donc... pour te reprendre, tu me veux moi, Dante ? Tu me veux plus que l'argent ? » question piège. Si Dante ne croit pas en Matisse - ce qui est pas si étonnant -, pourquoi Matisse devrait croire en Dante ? Qui abandonnerait l'argent pour Matisse ? Qui voudrait sincèrement de lui ? Ça ne le dérange pas de mentir aux autres - mais qu'on ose lui mentir, ça, hors de question. Matisse ne lâche jamais le morceau tant qu'il n'en extrait pas la vérité.

Ça se tient, ce qu'il dit est vrai. Mais tout prend un autre sens maintenant qu'il a développé un peu plus le fond de sa pensée. Il ne voulait pas réellement Matisse, mais plutôt la relation qu'ils avaient. C'est différent. Cela ne l'empêche cependant pas de ne pas croire en sa sincérité. Quelle ironie, ne pas croire en celui qui est le plus honnête des deux, à savoir le Brésilien. Il l'entend soupirer et le rose lui offre un sourire plutôt forcé, car il est déjà agacé par ce début de conversation qu'il a du mal à contrôler. « Tu es presque convainquant Dante. C'est vrai que l'argent ne peut pas remplacer quelqu'un, mais par contre une personne peut en remplacer une autre. Une relation peut t'en faire oublier une autre ? Donc si l'argent ne le fait pas, quelqu'un peut le faire. Donc si n'importe qui peut me remplacer, c'est que je n'ai pas de valeur, que je ne suis pas unique. Donc, je vaux moins que de l'argent, donc l'argent est plus important que ma personne, puisque je suis remplaçable, tout le monde est remplaçable. Tu comprends ça ? » c'est à en donner des maux de tête. Il reste buter dans ce qui lui semble parfaitement logique : est-ce réellement étonnant venant d'un personnage comme Matisse, qui ne jure que par sa triste obsession ? Il se rabaisserait pour mettre un bout de papier vert sur un piédestal. « Si je t'obsède au point de t'en rendre malade, là je serais d'accord, mais c'est pas le cas non ? » La question est presque comme une pique lancée. pour lui, le débat doit s'arrêter là : il a raison, Dante a tort. Il fait nerveusement tourner sa cuillère dans son chocolat chaud et ne regarde même plus l'étudiant dans les yeux. Du moins, jusqu'à ce qu'il le surprenne quand il hausse le son. C'est la première fois qu'il le voit ainsi.

La cuillère dans sa main finalement immobile, le regard levé de nouveau vers Dante, Matisse finit par pouffer de rire après un court silence. « Qu'est-ce que tu racontes Dante ? » il pose sa main sur la sienne. Notre souffrance ? De quelle souffrance tu parles ? » il lui caresse le dos de la main, comme pour le calmer - mais il ne tarderait pas à mettre de l'huile sur le feu. Tu en as souffert, toi ? J'savais pas. Tu m'as jamais rien dit, je suis censé deviner comment ? Tu sais, mon alice n'a rien avoir avec la télépathie. » jamais il ne s'est montré aussi désagréable envers Dante, mais ce dernier vient de lui balancer une vérité qu'il n'avait pas forcément envie d'entendre - en plus, il n'a toujours pas récupéré ses cinq rabbits qui sont toujours à l'autre bout de la table, ce qui le frustre encore le plus. Alors, il se calme à son tour. « Je suis désolé, c'était pas mon but. J'ai pas disparu, c'était pas ce que je voulais te faire croire. J'ai juste pris des distances pour certaines raisons mais... je ne t'ai jamais oublié !! Si on est là ensemble aujourd'hui, c'est pas pour rien ? J'aime toujours autant passer du temps avec toi. » il évite étrangement bien le sujet des rabbits sur ce coup là. Il retire doucement sa main. « Je ne dis pas qu'on retrouvera la relation qu'on avait mais... on laisse les choses se faire naturellement ? » toutes ses paroles ne sont pas fausses, mais loin d'être vraies non plus.

Il continue de faire tourner sa cuillère dans la tasse. Cette conversation l'irrite. Matisse est irrité. encore plus lorsque Dante lui dit qu'il est irremplaçable, qu'il est unique, bref tout un orchestre que lui-même pourrait sortir. Il lève un instant les yeux vers lui, pour finalement recentrer son attention dans ce tourbillon de chocolat. comme si, ce qu'il vient de dire n'avait ni queue ni tête, de simples paroles en l'air pour Matisse apparemment. « haha. » il essaie de le déstabiliser ? lui rendre la monnaie de sa pièce en lui faisant croire de choses iréelles, à son tour ? Bien qu'il apprécie dans le fond ce qu'il entend car ça reste flatteur, il ne peut croire qu'on l'apprécie réellement pour ce qu'il est. Car il n'est rien, tout simplement. Il n'existe que pour son obsession. Il sait, qu'il ne peut pas être réellement aimé. Qu'on finit toujours par être abandonné et oublié.
Il le sait et il l'a vécu.
Sinon, il ne serait pas ici.
On ne l'aurait pas jeté aussi facilement.

Il s'accroche sur quelque chose qui lui fera jamais de mal. Quelque chose qui ne pourra pas l'aimer en retour certes, mais qu'il chérira et qui le rendra heureux. Le silence se fait maintenant trop long et lorsqu'il relève de nouveau les yeux, il remarque que ceux de Dante sont humides. Il ne comprend pas pourquoi. et il comprend encore moins lorsqu'il l'insulte et lui déferle toute sa haine en pleine figure. c'est qu'il en avait des choses à dire. il découvre un côté de Dante qu'il ne connaissait pas et qu'il n'apprécie pas non plus. Matisse n'arrive plus à tout assimiler pour pouvoir contredire ses propos - en réalité, il n'en avait même pas la force. Pour le coup, le manque d'envie bat sa fierté. ou simplement parce qu'il dit la vérité. mais ses dernières paroles sont trop violentes pour Matisse, qui se retient de lui sauter à la gorge. on ne lui a jamais réellement pointé le problème du doigt. on ne lui a jamais réellement dit la vérité. on ne lui a jamais parlé de ce qu'il aime comme un réel problème.

« J'vais rester poli et sympa parce que c'est toi Dante et crois moi j'ai pas pour habitude de me mesurer quand on m'énerve. Je t'apprécie même si tu crois que j'en ai rien à foutre de ta gueule mais : t'es en train de me gonfler. » il observe le porte feuille vulgairement jeté sur la table par son propriétaire. Il serre le poing puis vexé, se lève brusquement, observant Dante droit dans les yeux, l'index pointé vers lui, menaçant. « J'suis peut-être un obsédé qui pense qu'à sa gueule si tu veux mais tu me jettes pas ça comme si j'étais un chien. Range le ton argent je m'en torche le cul j'irais voir ailleurs tu crois que t'es le milliardaire de l'académie ou quoi !! Ça te donne aucun droit de me traiter de cette manière parce que je t'assure que si tu veux jouer à ça j'me lâche mais crois-moi que t'iras chialer sous les jupes de tes copines. et ne prétends pas me connaitre. » il se saisit du portefeuille et le fait glisser à l'autre bout de la table. puis se rassoit. « Tu attends quoi de ma part, des excuses ? J'ai pas d'excuses à te faire parce que j'vois toujours pas où est le problème si tu m'acceptes pas comme je suis. » il affronte le brésilien du regard, lui démontrant qu'il n'a toujours aucun regret de ses actes et de ses paroles. va t-il quitter la table et partir ? Sans doute. mais après ça, il n'en a plus rien à faire.