boys on film

Florence ne regrettait pas. Pas la moindre seconde. Pas la moindre respiration.

Ses pensées refluaient pourtant vers un évènement passé. Sous les lumières aussi chaudes qu’artificielles du magasin, une silencieuse tempête se jouait à guichet fermé. Les rouges à lèvres n’émoustillaient aucune émotion. Il l’attendait quand même. Le crépitement de l’imagination, des idées processionnant dans son esprit. Alors que des notes de musc, de pamplemousse et de cyprès s’éparpillaient dans l’air en ce milieu d’après-midi, il se sentait trahi. Muse capricieuse, amoureuse boudeuse. Sourde à ses invocations, elle le mettait au pied du mur, le surveillait en train de se débattre.

Une injure à sa fidélité sans faille.
Une injure à la personne bien réelle à ses côtés.

Florence enroula un bras autour de la taille de Dante. Drapé dans l’habitude et la familiarité des gestes, tout allait déjà mieux.

— Une idée pour un prochain maquillage ?

Toujours ce ton paisible dont ne transpirait aucun de ses émois. Masque placide, main gauche à peine baladeuse. Ses doigts pianotaient distraitement sur la hanche du jeune homme, alors que des libres, il s’emparait d’une palette de fards à paupières. Combien en avait-il dans sa chambre ? Sûrement beaucoup trop selon certaines personnes. Elles avaient raison, sauf que la lésinerie dessert l’amour. Mais il faudrait plus que des Rabbits pour séduire Muse.

Elle lui rappelait que la passion est l’autoroute de la souffrance.

Florence humecta ses lèvres. Dodelina de la tête sur un rythme imaginaire.

— Je voudrais filmer une de tes transformations…

Voix traînante et pensée fugace.
Trouver refuge auprès des Muses d’os et de chair.