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Les enceintes crachotent un bon son sur lequel on danse chill avec Anton et pratiquement Vega et Callista en même temps, tant elles sont proches de nous. J'ignore où sont Rouge et Phin, l'une sûrement en train de bouger avec un des Devray et l'autre… Peut-être en train de pirater la bouffe sur le buffet ? En fait, pas vraiment besoin de se poser la question, c'est forcément ça. Je partage un sourire avec la petite lionne et me concentre un peu plus sur mon cavaliebro de la soirée. Est-ce que j'ai honte de danser avec une grande tige de presque deux mètres et de sexe masculin, qui plus est ? Je me suis pointé habillé en super-héros sur le café TECH et j'ai joué un elfe sylvain à la pièce des PHY, pourquoi j'aurais honte de danser avec un de mes meilleurs potes ? Au contraire, c'est fun et ça me fait plaisir de partager un truc en plus avec Anton.

Soudain, la musique change, l'éclairage aussi. On passe à un truc carrément plus… Wow ? Et la voix dans le micro grésillant annonce la dernière danse. Mes yeux s'agrandissent et mon coeur palpite sous l'effroi. Je regarde à droite, puis à gauche et je cherche un coin où me terrer parce que je veux pas la faire cette danse. Pas avec Anton en tout cas, déso bro mais t'es sûrement destiné à quelqu'un d'autre que moi.

Je fais mine de me barrer en catimini mais c'est sans compter le grand dadet pas dur de la feuille de me projeter littéralement sur Callista. Je me débrouille comme je peux pour ne pas la renverser et l'écraser sous mon maigre poids et réussis même à la rattraper dans mes bras; tout juste avant qu'elle aussi ne se viande sur le sol. Je la regarde elle, puis lui, puis Vega. Ces deux-là échangent un regard complice et s'en vont comme des fleurs bien loin de nous deux. Je fais quoi maintenant ? Je panique très fort ? Je roule en boule à terre en pleurant ma môman ? Je fais quoi hein ?

J'ai trouvé la solution à cette situation très épineuse où je tiens Callie contre moi. Callie pour qui j'ai réalisé que j'avais des sentiments alors que je croyais dur comme fer que je la considérais juste comme ma meilleure amie d'enfance et que ce qu'on faisait, c'était normal. Mon cul ouais. T'offres pas un bijou à ta meilleure amie pour qu'elle le porte à un bal. Tu lui fais pas des papouilles dans les cheveux en souriant comme un benêt. Tu dors pas avec elle en hiver parce qu'elle caille dans sa chambre. Même si t'es capable de rester stoïque quand elle est à côté de toi dans ta propre chambre. Ca, ça s'appelle le déni. Et quand j'ai compris ça, ça m'a retourné. Ma propre connerie m'a fait un gros kabedon avec le smirk le plus sassy que j'ai jamais connu.

Alors je rougis. Jusqu'aux oreilles et au cou. Je le sens sur mon visage, ça brûle, ça bout, ça s'enflamme jusqu'au bout des doigts. Je balbutie quelques mots maladroits. « Je… Euh… Je t'ai pas dit mais ta robe est cool. » Et là, j'ai envie de me frapper très fort le front et tout ce qui est frappable. Coup de tête, balayette et pied dans les côtes façon Zidane VS Materazzi. C'est quoi cette intro de merde ? « Nan, jolie, pas cool. Jolie, ok ? »

Puis c'est comme une réponse de mon corps face au rythme languissant de la musique. Tous les ans, j'oublie que la dernière danse doit être romantique parce que je n'en suis jamais l'acteur mais cette année, c'est différent. Artiste malgré moi, j'attrape la taille de Callista et je commence à danser, toujours aussi rouge. « Tu me frappes ou tu cours si t'as pas envie de danser hein ? Je t'en voudrais pas. » Nouveau kabedon dans ma tête. Mais je ne peux pas la forcer à danser avec moi, après tout. Par contre, je lui en voudrais vraiment pas mais je risque de me retrouver en PLS assez longtemps après ça si elle s'enfuit. Mon ego d'amoureux pour la première fois va plonger en flèche si ça arrive.

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Je suis incapable de répondre quand elle me rend mon compliment et me contente d'un rire très nerveux et coincé. Pourquoi j'ai pas l'assurance des mecs dans les films américains quand ils dansent au bal de promo ? Bon, ok, je peux être un de ces mecs mais plutôt le looser dans le fond de la salle qui se fait jamais inviter à danser. Donc, pas d'assurance. Même si je suis pétrifié à l'intérieur, mon corps réagit automatiquement à la musique et notre habitude de danser ensemble. Je me frappe intérieurement de toutes mes réflexions à la con mais Callie met le poing final à tout ça, le tout en me regardant droit dans les yeux quand elle pose sa question. Ca sonne comme un reproche et elle a carrément le droit.

Au moins, elle m'a pas frappé pour de vrai et elle s'est pas enfuie, ça répond au moins à mon inquiétude.

« Je sais pas ? Sûrement mon caractère de lavette qui fait que j'ai encore pas osé ? » Pour le coup, je ne sais même pas si je dois la regarder ou non parce que je suis cuisant de honte, d'être mis devant le fait accompli. « J'veux pas mentir alors j'vais être honnête, hein. Quand Anton m'a invité, j'étais content parce qu'on est bros mais on partage moins de trucs qu'avec Phin alors j'ai dit oui direct. Et après j'ai pensé à toi et je m'en suis carrément voulu mais j'savais pas comment dire non à Anton après avoir accepté alors… Voilà. »

Super excuse, n'est-ce pas ? Si j'avais dû parier à l'époque sur le moment où j'allais me prendre une gifle, ça aurait sûrement été pile à cet instant. Mais j'essaie tout de même de me rattraper comme je peux.

« Désolé d'être nul. Mais j'suis content qu'on ait des potes qui nous poussent l'un sur l'autre façon catch pour la dernière danse. » Autrement dit, de manière moins stupide et après reprise de ma bêtise : « C'que je veux dire, c'est que je… J'suis heureux qu'on fasse la dernière danse toi et moi. »

J'ignore si j'ai l'air d'un couillon, si je parais convaincant ou juste pathétique mais c'est à peu près dit correctement. Malgré mon blabla presque incessant, j'ai continué d'être en rythme avec la mélodie et j'entraîne Callie à ma suite, attendant le reste de ma sentence pour ce soir. Ca me ferait chier de finir sur une dispute entre elle et moi, vraiment. Parce que ce serait très mauvais pour ma confiance en moi et tout ce qui en découle et surtout parce que… Parce que je l'aime et un rateau, c'est super efficace sur un puceau.

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Je danse tellement par réflexe et par habitude que j'ignore si ma nervosité se sent mais moi, je sais qu'elle est là, bien ancrée dans mes tripes. Je me pose un tas de questions, Aglaé me l'a déjà bien fait comprendre alors là, c'est pire encore. Ca défile dans ma tête à vitesse grand V et je crois que je ne profite pas vraiment du moment. Pourtant, Callie est contre moi pour la dernière danse mais j'ai juste l'impression que je vais défaillir à tout moment à cause d'un trop plein de stress. Celui-ci s'évapore un peu cependant quand elle avoue ne pas m'en vouloir, comme un poids qu'elle aurait ôté de mes épaules. Son sourire illuminant son visage quand je lui dis être heureux aussi m'allège un peu plus et je me permets de rire.

« Nan, moi non plus j'aurais pas fait la dernière danse avec Anton. »

De toute façon, si c'était pas Callie, c'était personne d'autre. Je me suis finalement rendu compte de mes sentiments et j'accorde quand même pas mal d'importance à la symbolique donc même si Rouge, Aglaé ou toute autre pote féminine m'avait proposé la dernière danse, j'aurais dit non directement. Je suis même pas avec elle que je commence la fidélité…

Je sens qu'elle galère tout autant que moi à trouver ses mots alors je me tais pour éviter de dire une bêtise et je l'encourage du regard avec un sourire doux (débile ?) J'attends avec impatience ce qu'elle veut dire parce qu'une demoiselle aussi confiante habituellement qui ne sait pas comment s'exprimer, on l'écoute religieusement. Surtout quand ça me concerne. Mais plus elle parle, plus je rougis et plus mon coeur s'accélère.

Oh merde, oh merde, oh merde, oh merde. C'est pas bon pour mon palpitant ça, tout ce débordement sur une musique pareille. Alors pour cacher mon embarras, je me dois de sortir quelque chose d'intelligent.

« Mercure ? Ou alors carrément une tempête solaire, on peut pas faire plus proche. Mais j'ai pas vraiment une gueule de tempête j'crois. »

Par contre dans ma tête, ça y va le maelström. Je sais même plus quoi ajouter après ça. Puis je me rappelle d'une chose importante, que je m'étais promis de faire pendant le bal. Ce geste commence par la rose accrochée à ma veste, que je décroche tant bien que mal d'une main, l'autre tenant toujours Callie contre moi puis je lui tends. J'ai déjà fait mon croisement mais la nature prend du temps alors je ne lui offre qu'une simple rose rouge délicatement ouverte.

« Je l'ai choisie moi-même parce que… Euh… Tu mérites le meilleur. » Donc, pas moi. Je m'arrête un instant pour me rendre compte de la nullité de la chose. Ca ne sonne pas naturel mais mes joues enflammées, elles, le sont tout à fait. « Tu sais que j'aime les fleurs et » Toi aussi, mais ça, ça ne sort pas comme je le veux « toi t'es mon soleil, alors les deux ensemble, ça fait mon petit paradis sur Terre. »

Bordel, elle va croire que j'ai pompé un roman à l'eau de rose et que je recrache toute ma leçon apprise par coeur.

« C'est sincère hein. Promis j'ai pas bouffé un poète ou Edward Cullen avant de venir, c'est juste que… » Allez, prouve que t'en as dans le bide. « Je t'aime et putain je me sens trop con à dire tout ça. Mais voilà, je t'aime Callie. » J'ai tout un tas de choses qui me viennent à l'esprit, nombreuses paroles qui se bousculent au bord de mes lèvres mais je n'attends plus qu'une réaction de sa part. Ca bout sous mon torse, mes mains sont tremblantes, moites et glacées à la fois et j'ai qu'une seule envie : m'enfoncer dans un trou et ne plus en bouger du tout. C'est la confession la plus nulle qui m'ait été donnée de voir et c'est la mienne.

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Oh merde. Quelle connerie j'ai fait encore à avouer mes sentiments à Callie ? Elle se stoppe net malgré la musique qui continue en arrière-plan. Seulement, je l'entends même plus la musique, elle est devenue bien secondaire, très lointaine. C'est comme si j'étais dans une bulle, coincé entre l'embarras qui me donne envie de fuir et le besoin de rester et d'entendre une réponse. Je décide de rester parce que j'ai pris mon courage à deux mains pour tout balancer, c'est pas pour rien. Je m'arrête moi aussi, pour lui laisser le temps de digérer l'information. Sa réponse n'est pas celle que j'attends mais je ricane, très moqueur envers nous deux.

« Une belle paire de débiles ouais. Pourtant, toi t'es brillante. »

Dans tous les sens du terme, mais Callie est humaine aussi, malgré ma vision d'elle sur un piédestal. Parfaitement bourrée de défauts, comme nous tous. Mais sur l'instant, je lui en veux un peu de me laisser poireauter. Je suis un gosse impatient, stressé. Je profite de notre arrêt pour essuyer discrètement mes mains moites sur mon pantalon et souris, crispé. Non Callie, c'est pas trop simple de répéter mais cette simple affirmation fait naître les fameux papillons que j'ai jamais vraiment connu, là, tout au fond de mon ventre. Mes lèvres tremblent parce que j'ordonne à mon cerveau d'empêcher mon sourire de trop s'agrandir, alors que mon coeur veut tout donner. Même des larmes de joie.

« Tu… » Crois, je veux dire. Je déglutis lourdement mais elle enchaîne sans me laisser le temps, avec une détermination qui me souffle. Alors c'est à ça que ressemble une confession romantique lors des bals de promo, comme dans les films ? Sauf que dans les films, le héros est viril et il ne se met pas à chialer et rire en même temps. J'essuie rapidement les larmes qui viennent perler au coin de mes yeux, pas très loin de mon bridge que j'ai gardé même pour la grande occasion.

« T'inquiète pas, j'ai mis du temps à réaliser aussi. Mais je crois que tout le monde avait pris les paris sur nous, de ce que j'ai compris. Je… »

Moi aussi, je me fige l'espace d'une seconde, juste le temps de la réflexion. Qui dure finalement un peu plus longtemps. Les connexions s'opèrent dans mon petit cerveau de puceau, qui ne pense pas au grand saut mais juste au premier pas. C'est à ce moment-là que je dois l'embrasser, non ? C'est exactement la question qui traverse mon esprit alors que je la regarde, ignorant toujours la musique. J'ose pas. Et si je lui faisais mal avec mes snake bites ? Je me maudis d'avoir gardé toute ma quincaillerie sur la tronche mais je fais avec et inspire un coup pour me donner une bouffée de courage, en plus de celle d'oxygène.

J'attrape doucement les épaules dorées de ma lionne, me penche vers son visage et pose peut-être un peu trop brutalement mes lèvres sur les siennes, me contrefoutant des regards qui peuvent se poser sur nous. C'est notre moment à nous et les autres peuvent bien aller se faire voir. Ou nous regarder, on reste toujours sur le champ lexical de la vision hein.

C'est court, je ne veux pas la gêner devant les autres et parce que je pourrais être nul pour embrasser. Mais je reste en contact avec elle et l'entraîne doucement contre moi, au rythme de la musique, mon front collé au sien et un immense sourire bienheureux scotché sur les lèvres. Celles qui venaient de se poser sur celles de Callista...

« J'en reviens pas… Désolé si j'ai été trop brut hein. Va falloir que je m'habitue à tout ça… »

Une question stupide traverse cependant mon esprit.

« Du coup euh… Ca veut dire que je suis ton petit copain ? »

Je retombe de nouveau en enfance, à tressauter d'impatience comme un gosse assis sur un coussin d'orties. Mais je manque de confiance en moi, je ne peux pas m'empêcher de demander une confirmation.