Shut up and dance with me (dernière danse)

Shut up and
~~now kiss~~ dance

feat. Elliot

La soirée passe beaucoup trop vite. Tu ne t'es pas encore remis du trophée de roi d'Alice et devant tout le monde il faut maintenant se faire couronner. Par chance tu es d'excellente humeur. Y'a pas de stress, pas de peur. Tu rayonnes, Valéry, et ça n'a rien à voir avec une quelconque couronne.

Merci, merci... J'aimerais remercier mon père, ma mère et NON JE RIGOLE. Merci à tous ceux qui sont venus sur le stand! Bravo à tous! Surtout toi Gaby t'es la plus belle!

Mais pas le temps de niaiser t'es venu pour danser! La soirée passe comme un film en accéléré. T'as décidé d'apprendre à Elliot à danser au ralenti, c'est moins fatiguant après tout, et vous improvisez une chorégraphie en slow motion pendant que tout le monde se déchaîne sur du Britney Spears. Du grand art. T'as sorti ta plus belle paire de lunettes pour l'occasion (les rouges), que tu poses solennellement sur le nez d'Elliot pour le couronner roi lui aussi, roi du dancefloor (dans ton coeur). Et soudain la dernière danse est annoncée, et c'est comme si le film reprenait son rythme normal.

Pause.

Comme le veut la tradition, c'est au roi et à la reine de choisir leurs cavaliers en premier. Tu as beau avoir joué et rejoué la scène dans ta tête depuis cet après-midi, tu te sens fébrile d'un coup et c'est pas les regards sur toi qui font ça. Alors tu fais ce que tu sais faire le mieux, Valéry.

Tu remontes sur scène, tu t'empares du micro et tu pointes le doigt sur la foule.

J'invite mon cavalier, Elliot! Lui là! C'est le plus beau oké?

Tu lâches le micro pour rejoindre l'intéressé, que tu viens d'afficher le plus naturellement du monde. De toute façon c'est vraiment le plus beau ici, il serait temps que tout le monde puisse s'en rendre compte.

T'as deux secondes de doute, quand même, pendant lesquelles tu te demandes s'il ne va pas refuser.

Statistiquement y'a quand même 0.001% de chance que ça arrive, mais comme t'as un trop bon karma récemment, ça peut monter à 10% pour compenser, on sait jamais.

Alors arrivé devant lui tu t'arrêtes, et tu l'interroges du regard. Tu préférerais qu'il refuse plutôt qu'il se force s'il n'a pas envie d'y aller.

Même si t'as quand même vachement envie qu'il ait envie d'y aller.

Invité

Queen and King

Festival Culturel Octobre 2019 - Bal - Valéry

On rêve du bal comme on rêve une danse ou une chanson tendre. Le cœur battant, on avait longtemps observé cette fête en tant que spectateur. On dessinait, les couples sur demande, on crayonnait les éclats des joies. Observer, sans cesse observer. Bien sûr, on y a déjà participé quelques fois. On a déjà dansé maladroitement au bras d’une fille qui ne prenait que pour elle les sourires, il avait joué les sons de la dernière danse avec quelques élues, mais jamais on n’avait vu la prophétie amoureuse se réaliser ensuite. Et ce n’était pas de leur faute, elles étaient aussi charmantes les unes que les autres. Seulement, Elliot avait été insensible à l’amour dont elles irradiaient. Des princesses, elles l’étaient toutes, des reines jamais. Elliot ne pouvait pas donner ce qu’il ne possédait pas. Il aurait aimé pourtant, parce que c’était toujours triste de voir leur sourire s’éteindre et comprendre qu’il ne se passerait jamais rien. Que le petit prince resterait un rêve éphémère dont il n’avait aucune conscience lui-même. Pourtant avec toi, Val, c’est bien réel.

On redécouvre la fête sous un nouvel angle, on n'est plus spectateur avec toi, Val. C'est étrange, il lui semble que c'est la première fois qu'il s'amuse autant. Le cœur avait joué du tambour depuis le café, des maracas depuis la pièce et depuis qu'il avait passé son costume et son nœud papillon, il lui semblait que c'était tout un orchestre de percussion qui jouait. On avait profité de chaque instant sans mettre réellement de mot sur ce qu'il se passait. Pour Elliot, il n'y avait pas de définition claire de ce qu'était votre relation. Si on lui demandait, il n'oserait pas dire que tu es un ami, parce que ce serait mentir. On n'attarde pas son regard sur le corps d'un simple copain, on ne désire pas les lèvres d'un compagnon, on ne se sent pas remplit de la chaleur unique quand on est simplement ami. Elliot comprend que si tu n'es en rien comparable avec le reste de son monde, c'est que tu es bel et bien spécial. Il ne sait juste pas… Ou n'ose pas mettre le véritable mot. Pas avant que toi, tu ne le fasses.

On avait passé la soirée à danser, il n'est pas très bon danseur, Elliot. On ne lui a jamais appris à bouger librement dans son corps. Mais toi tu lui as appris. Pour cacher la gêne, ça avait été des pas lents, on avait été idiots ensemble et ça avait fait un bien fou, Valéry. Elliot il avait fini par en rire tellement c'était bon. Le regard des autres n'avait que peu d'importance quand on était dans sa bulle, à décortiquer les pas, faire semblant d'être au ralenti comparé au reste de la piste. Il avait ri davantage quand tu étais venu poser la paire de lunettes sur son nez. Puis il a fallu que tu montes sur scène et il en avait profité pour aller prendre un verre d'eau. Il n'avait pas l'habitude de bouger autant.

Il n'avait pas non plus l'habitude qu'on bouscule son cœur autant. Tu chamboules tout, Val, à chaque fois. C'est presque devenu habituel qu'il s'étouffe quand que tu le surprends. Quand tu le désignes de la scène il a déjà viré au rouge, il aime croire que c'est parce qu'il a avalé de travers, la vérité c'est parce que tu le désignes comme ton cavalier. Le tien. Pas celui d'un autre. Tu n'as aucune honte à dire qu'on est ensemble ce soir, juste tous les deux et il ne sait pas comment gérer les papillons dans le ventre et le cœur qui bat les tempes. Comment tu fais pour le foutre dans des états pareils ? Il aimerait bien le savoir, Elliot. Et quand tu descends le rejoindre, alors qu'on essaye de reprendre son souffle, qu'on triture les lunettes du roi de la piste on ne peut s'empêcher de t'accorder un regard timide.

Un regard.
Puis un sourire.
Ca ne peut pas parler.
Mais ça peut te le dire autrement.
La main qui se tend, qui attrape la tienne.
Un petit hochement de tête.
Mille fois oui, Valéry.

by emme

Shut up and
~~now kiss~~ dance

feat. Elliot

Rétrospectivement c'est très long de descendre de la scène pour retrouver son cavalier, surtout après avoir attiré toute l'attention sur vous. Tu fends la foule comme ton prince charmant intérieur, le prince en carton qui tue des dragons avec le sourire Colgate parce que c'est dans le script. Tu souris Val mais intérieurement tu trembles un peu. Ça ne dure que quelques secondes mais il peut se passer tellement de choses dans la tête. Ça tourne sans s'arrêter dans la tienne et t'es incapable de te fixer sur une seule pensée. Et s'il refuse? Et si t'en as fait trop? Et si, et si... Et puis y'a ce sourire qui réduit la distance en un millième de secondes et annihile tous les dragons.

Ce sourire il veut dire oui.

Mais il veut dire tellement plus de choses aussi.

Elliot ne va pas refuser. Ouais, peut-être que t'en fais un peu trop, mais t'as peut-être pas besoin de t'inquiéter pour ça. T'as peut-être pas besoin de te poser toutes ces questions. Elliot prend ta main et tu jures Valéry que ton cœur a fait une mini crise cardiaque; t'as serré ses doigts dans un réflexe de survie. Parce que ce oui veut dire tellement plus pour toi, trop de choses pour que tu oses les nommer à haute voix. Si Elliot accepte ta demande débile, il t'accepte peut-être aussi comme tu es, avec tes milliards de questions qui n'osent pas franchir tes lèvres, avec tes insécurités et avec tes doutes à la con, parce que oui, il faut être con pour penser qu'un garçon qui te regarde comme ça pourrait refuser de danser avec toi.

Exactement comme toi tu le regardes, lui.

Alors le reste ne compte pas puisque quand tu l'entraînes sur la piste tu ne regardes que lui, et lui que toi. Ce n'est plus stressant s'il n'y a que lui et toi. Et danser au ralenti c'était pas si bête quand on y pense, parce que le rythme est exactement le même maintenant, juste les pas qui changent, et celui de ton cœur aussi. Ça devrait battre à la folie, mais étrangement ça s'apaise.

T'as beau être à ton aise sur la piste, en ce moment précis tu n'es plus dans ton monde mais dans celui d'Elliot. La musique commence mais c'est le silence, et c'est bien. Tu ne lâches pas sa main. Ton autre bras enlace timidement sa taille, avant de remonter dans son dos. C'est toi qui mène la danse. Alors pourquoi t'as l'impression de tout lâcher d'un coup? Tu souris. T'as envie de dire mille choses, merci de me faire confiance, merci d'accepter, juste merci. Mais c'est pas le bon moment pour parler. T'as pas envie de briser ce qui se passe là, juste de te laisser aller au rythme de la musique et d'entraîner Elliot avec toi. Ta main serre un peu trop fort la sienne, peut-être que ça suffira pour communiquer l'intensité de ce que tu ressens.

Tu ne le quittes pas une seconde des yeux et tu souris en remarquant un détail qui t'avait échappé auparavant; Elliot te dépasse un peu. Il doit n'y avoir que quelques centimètres entre vous deux, mais tu ne sais pas pourquoi ça ne te frappe que maintenant. Il est évident qu'Elliot est grand, bien plus grand que toi. Parce que si toi tu es un prince, Elliot est un roi. Et tu souris, Valéry, tu souris parce que tu commences à peine, du bout des doigts, à toucher la chance que tu as.

Invité

Queen and King

Festival Culturel Octobre 2019 - Bal - Valéry

Entraîne au milieu des gens sans avoir conscience de leur présence. On s’est tenu la main pour danser la dernière danse du roi et il rayonne, Elliot. Le sentiment privilégié d’être privilégié au milieu d’un événement privilégié. Des dernières danses il en a déjà eu, Elliot. Il avait dit oui à des filles rayonnantes pour leur faire plaisir, parce qu’il n’y avait rien de plus délicieux, à ses yeux, que de donner quelque chose qui compte, qui sert, qui a du sens. Mais cette danse-là que tu lui accordes, Valéry, elle n’a pas d’égal. Il lui semble que tous les pas qu’il a fait avant n’avaient rien de dansant comparé aux tiens. Et c’est peut-être parce qu’en plus du corps, il y a le cœur qui danse aussi. Et c’est si nouveau, si grisant pour lui. La sensation de caresser un rêve du bout des doigts depuis cette fois-là au café. Il ne sait plus trop où se positionner ou mettre les pieds, mais ce n’est pas effrayant de se perdre avec toi, bien au contraire même. Lui qui n’a jamais été très aventureux se découvre une passion pour l’exploration, la vrai, pas celle qu’on dessine, celle que l’on créer. Une main dans la tienne, l’autre sur ton épaule, ça ne détache pas son regard du tien, pas même une seule seconde.

Et ça ne sait pas trop quoi dire, ça se demande même s’il y avait quelque chose à dire de votre situation. Ta main sur son dos qui le fait frissonner, la berceuse mélodie qui ne résonne que partiellement à ses oreilles parce qu’il y a ton cœur et le sien à écouter d’abord. Et il se demande, Elliot, toujours les lunettes fixées sur son nez quel est le mot derrière tout ça. Qu’est-ce que ça signifie d’être à deux, ce soir, d’avoir été à deux le jour de la pièce, à deux le jour du café. Qu’est-ce que ça signifiait de s’être embrassé et tenu la main, comme ça. On avait choisi de ne pas mettre de définition sur cette relation, parce qu’on ne sait pas trop ce qu’elle signifie. Et il se demande, Elliot, si tu aurais été capable de danser cette dernière danse avec quelqu’un d’autre. Il lui semble que lui n’aurait pas pu.

« V-Va-Val. M-Me-M-r-Mer-c-ci d-de m-m’a-v-vo-oir ch-choi-s-sit. »

Pour la danse.
Parce que te voir le désigner devant le reste de son monde ça avait quelque chose de fabuleux qu’il ne saisit pas très bien. Il aurait aimé tourner la phrase autrement mais n’ose pas se lancer dans de long discours quand les mots sont si traites dans sa bouche. Et il ne veut pas quitter ta main. Pour rien au monde. Tant pis pour l’écrit. Pour toi on peut parler même si c’est difficile. Presse un peu plus ta main, sers un peu plus ton épaule. Il espère que ça se voit sur son visage qu’il y a plus qu’un merci dans ses yeux. C’était dur de transmettre tout ce qu’on pouvait ressentir par des mots. Mais il y a tant à dire, tant à te montrer. Si tu savais comment ça danse dans sa tête, comment ça danse dans son cœur. Mais comment te dire. Comment te montrer. Peut-être comme ça. Profite du fait d’être un peu plus grand que toi pour déposer ses lèvres contre ton front. Ça fourmille dans tout le corps, comme au café, il a peur de se rendre compte qu’il devient ivre de toi, Elliot. Ouvre les yeux pour se rendre compte qu’il y a des gens autour, du monde. Pique un fard pour se sentir un peu con.

« P-pa-r-par-d-on ! Y Y-a d-du m-mo-m-on-d-de t-tu v-ve-eux p-pe-eux ê-t-tr-tre p-pas … ? »

by emme

Shut up and
~~now kiss~~ dance

feat. Elliot

Ça ne devrait pas être lui qui te remercie. Ça devrait être toi, Valéry, pour cette vague de reconnaissance et de confiance qui te submerge en retour. Ces sentiments qui rassurent ton cœur et réconfortent tes peurs. Elliot n'a pas idée de ce que ses mots, même brefs, signifient pour toi. Ce n'est pas tant leur signification qui te touche, c'est leur intensité. Elliot parle peu, mais qu'il te dise ça, à toi, ça leur donne encore plus d'importance. Et tu es conscient de l'effort qu'il fait, à chaque fois. Vraiment, tu veux dire merci. Tu te sens privilégié. Tu réalises à peine la chance que tu as. Mais tu as eu le temps d'y penser et, même si elle semble encore irréaliste, tu l'acceptes volontiers. Tu l'acceptes tout entier, Elliot, même si ça te fait flipper. Au milieu des doutes incessants il arrive toujours à trouver les bons gestes et les bons mots et à t'apaiser. Et tout le reste n'a pas d'importance.
Alors même si vous dansez devant tout le monde, même si tu souris jusqu'aux oreilles, et que tu rougis probablement plus que tu ne voudrais l'avouer, t'es heureux. C'est fou de rayonner en pleine nuit, Elliot. Tout ça, c'est grâce à lui.

Merci de m'avoir accepté.

Pas juste la danse. Tout le reste. Le café, la pièce de théâtre, les messages échangés. Il s'est passé tellement de choses en si peu de temps. Ça semble irréaliste et pourtant quand tu es là c'est tellement vrai. Comment ne pas y croire? Tu as envie d'y croire, Valéry, et tu veux croire qu'Elliot aussi. C'est pas possible que tu sois en train de rêver, t'as pas assez d'imagination pour anticiper tous ses mots, tous ses sourires, toutes ses nuances et tout ce qu'elles font à ton petit cœur qui bat. Il bat tellement fort pour Elliot que tu te sens idiot de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. C'est pas juste un crush.

Tu le sentais venir mais t'en es certain maintenant. C'est pas juste un crush et t'es fichu, Valéry. Depuis ce premier baiser dans la réserve, t'es fichu. T'en perds complètement les moyens quand il embrasse ton front, y'a un pas qui se perd à contre-temps- heureusement tu reprends instinctivement le rythme. Tu danses mais t'es pas vraiment en train de penser à danser. C'est très automatique ce qu'il se passe au niveau des pieds, toute ton attention focalisée sur Elliot. La musique pourrait changer que tu ne remarquerais même pas la différence. Tu restes muet, parce que littéralement t'as plus de voix. Probablement l'émotion mais t'arrives pas à répondre à ça. Et puis d'un coup- ça coupe. Elliot s'excuse, tu clignes des yeux et t'es de retour dans la réalité.

C'est vrai qu'il y a du monde. Personne ne vous regarde, probablement que tous ceux qui dansent sont concentrés sur leurs partenaires respectifs, mais oui. Vous êtes seuls au milieu de la foule. Pour être franc, t'aurais pas osé initier un tel rapprochement, parce que tu ne voulais pas mettre Elliot mal à l'aise. Ça te touche qu'il ait pensé à la même chose et tu souris. Comment dire?

Si, si, je veux.

La franchise te paraît appropriée à ce moment, même s'il y a des façons plus subtiles de le dire. Tu pourrais être encore plus direct. Oui Elliot, je veux que tu m'embrasses devant tout le monde. Un peu de romantisme, quand même... Tu n'as pas besoin de réfléchir à une telle question, tu sais ce que tu veux, mais vous n'avez pas encore eu cette discussion. C'est logique de se poser ce genre de questions. Toi-même, t'es pas sûr de ce qu'Elliot veut à ce niveau. Se tenir la main et se faire des bisous, oui clairement, il en a envie autant que toi, mais est-ce que c'est officiel? Est-ce qu'il veut s'embarquer là-dedans avec toi? Et ce serait quoi, exactement? T'es pas sûr que ce soit le meilleur moment pour avoir cette discussion, mais tant pis. Tu réfléchis soigneusement à ta formulation:

Si ça te dérange pas, ça me dérange pas non plus. J'ai pas envie de me cacher pour t'embrasser. Et j'aimerais bien qu'on passe du temps ensemble comme au festival, même maintenant que c'est fini. J'ai pas envie que ce soit juste... juste passager. Mais je comprendrais aussi si tu préfères autre chose. C'est... c'est peut-être pas le bon moment pour en parler mais... mais on devrait discuter de ça à un moment donné.

T'es bien placé pour comprendre la peur de s'engager, et tu forcerais jamais Elliot à s'impliquer dans quelque chose qui le dépasse, mais t'es aussi décidé à ne pas laisser les choses en l'état. C'est pas forcément aussi clair pour toi que pour lui, et les sous-entendus et les non-dits, ça n'amène rien de bon. Autant que vous sachiez tous les deux ce qu'il en est, même si sa réponse pourrait ne pas te plaire. Tu préfères prendre ce risque maintenant que regretter bien plus tard. Parce que maintenant, t'as encore un minimum de discernement. Si tu t'embarques plus loin, Valéry, t'es pas sûr de retenir tes sentiments.

Invité

Queen and King

Festival Culturel Octobre 2019 - Bal - Valéry

Fusille le cœur alors que tu le tiens en joug, Valéry. Elliot emporté par l'impulsion de ta peau, Elliot désireux de te montrer tout ce que quelques pas avec toi lui fait faire. Il n'avait pas anticipé les choses comme cela, il n'y avait pas pensé tu sais ? L'espace d'une seconde on avait oublié les gens, la musique, la foule, et il n'y avait plus que toi. Toi et toi seul et c'était nouveaux de ne voir que toi. D'oublier sa galaxie pour ne fixer qu'une seule étoile. Et le pire dans tout ça c'est qu'il n'a pas été dérangé, Elliot. Il n'a pas eu peur une seule seconde de ne voir que ton regard, de ne vouloir voir rien d'autre surtout. Il s'est laissé emporter par l'envie de te marquer, une pulsion du cœur qu'il ne peut pas et ne veut pas maîtriser. C'est trop intense, on a trop besoin de te sentir, de te vouloir. Chaque parcelle de ta peau sur la sienne c'est un feu d'artifice dont il ne se lasse pas. Alors il s'est laissé aller Elliot, embrasse ton front comme on cueille le nectar divin avant de se rendre compte qu'il y a un monde autour, qu'il y avait toi et que tu ne voulais sans doute pas ça.

Mais tu veux, Valéry, tu veux et tu le dis. Et Elliot il sent le tambour battre plus fort, incapable de te quitter du regard. Il n’avait jamais remarqué avant comment tes yeux ils étaient brillants, comment on pouvait s’y perdre sans regret encore. Et quand tes mots débordent c’est un nouveau feu d’artifice qui s’enclenche. Comment on qualifie ça Valéry ? Comment appelle-t-on cette sensation ? Comment nomme-t-on ces éclats de couleurs vivent qui parcellent le cœur ?

Tu as envie de le revoir, de faire du rêve quelque chose de continu et ça le rassure sans comprendre pourquoi. Comprends au creux de ta main qu’il y aurait pu avoir une fin, une fin qu’il n’avait pas envisagée parce qu’il y avait des envies d’après avec toi qu’il ne savait pas expliquer. Comprends que te voir partir n’était plus une option et qu’il n’aurait probablement pas supporté de voir cette danse être la dernière quand il en rêvait des milliers. Alors il secoue frénétiquement la tête, Elliot, il n’est pas d’accord, il ne veut pas entendre qu’il y a une fin possible. Non. Prends ta main cachée dans son dos pour la poser sur son cœur. Elliot ne danse plus. Elliot ne rigole plus. Te fixe avec son plus grand sérieux alors que sa peau écarlate chauffe. Serre ton autre paume plus fort. Tu sens comment ça bat, là ? Comment ça ne palpite rien que pour toi. Ce battement particulier il n’y a qu’avec toi que ça le fait et s’il ne comprend pas tout, Elliot n’a pas envie de voir ce battement se tarir.

« C-Ca b-bat f-fo-ort. E-Et j-je c-co-on-com-p-pr-prend p-pas t-t-o-tout m-mais j-je v-veux p-pas qu-que ç-ça s’-s’a-r-rr-ête. »

Bute sur les mots et ça la frustre, parce que y a des millions de choses qui se bousculent, ça fait tourner la tête on voudrait tout dire mais on en est incapable. On bute sur les mots c'est insupportable. Le peu qu'on peut dire ne représenter rien. Et tout ce que tu dis Valéry ça lui fait battre le cœur ça fait mal. Panique un peu parce qu'on sent que c'est important et qu'on n'est pas bien sûr de pouvoir te transmettre tout ce que l'on voudrait. Tellement de choses à te dire alors qu'on ne sait pas parler. Panique un peu plus Elliot, ça devient tellement urgent et pressant qu'il ne sait plus quoi penser. Alors il arrête, stop la roulette russe de ses idées d'un coup sec, tombe au hasard sur la seule impulsion qui gronde, cette impulsion de grand qu'il ne comprend pas, qui le fait culpabiliser, mais c'est si fort comment résister ? Alors ça plaque ses lèvres sur les tiennes, cueille ta bouche en serrant tes mains. On veut te dire tellement de choses, Val. On veut te dire que ça fait peur, que devenir grand angoisse, mais qu'on a envie de te tenir la main, de t'embrasser aussi, qu'on a envie de faire ça tous les jours et qu'on ne veut pas se cacher.

Et si tu as un nom pour cette envie-là, il est prêt à l’entendre.

by emme

Shut up and
~~now kiss~~ dance

feat. Elliot

Si tu étais un peu plus objectif, ou un peu plus loin d'Elliot, tu te dirais que ce n'est pas le bon moment pour en parler. Mais ça fait plusieurs jours qu'il est au centre de la galaxie, Elliot. Il a plusieurs étoiles dans son univers, jamais il ne se rend compte qu'il est celle qui brille le plus fort? C'est impossible de s'éloigner de son centre de gravité maintenant, toi t'es qu'une petite étoile parmi tant d'autres, lui c'est un soleil. Alors non, t'es pas objectif. Mais est-ce qu'on peut te le reprocher quand ça fait plusieurs jours maintenant que tu ne penses qu'à lui? Quand tout ce que tu souhaites depuis votre premier baiser, c'est de ne jamais arrêter. Tu avais beau éviter le sujet dans ta tête, tu sais que c'est important d'en parler. C'est important de poser les limites, sans cela tu ne sais pas où vous allez. Et Elliot, il pourrait te guider n'importe où dans le noir, mais est-ce qu'au final ce n'est pas lui qui le regrettera? T'as peur qu'il réalise d'un coup que ce n'est pas ce qu'il veut. Qu'il a trop de sourires à donner aux autres pour t'en consacrer autant, tout le temps. Parce que toi, t'es égoïste Valéry. Elliot, tu le veux tout entier.

Oh, tu serais pas jaloux si c'était impossible. T'as jamais été jaloux. Mais tu lui en as voulu. Est-ce que tu peux l'avouer, maintenant? Tu lui en as voulu pour la même raison qui te pousse à lui sourire aujourd'hui. Parce qu'Elliot dit toujours ce que l'on veut entendre. Et dans sa grande gentillesse tu n'as jamais su y lire la sincérité. Mais il te semble qu'en prenant ta main et en hochant la tête comme il le fait, c'est sa spontanéité qui parle. Et ça, c'est toujours sincère, n'est-ce pas? Ça ne peut pas mentir comme les mots le font parfois, écrits ou dits tout haut. Ça ne peut pas mentir, un cœur qui bat comme ça. C'est à toi que tu en veux maintenant, Valéry. D'avoir douté. C'est aussi sincère que ce jour-là. La peau aussi brûlante que dans la réserve, le regard qui te fixe intensément derrière tes lunettes aux verres colorés; ce serait drôle si ce n'était pas aussi sérieux, et t'as pas envie de rire. Quand Elliot bute sur les mots, toi tu sais juste pas comment y répondre. C'est très simplement formulé, je veux pas que ça s'arrête, pourtant c'est vrai et spontané, ça lui ressemble. T'aimerais l'entendre le redire encore, pas parce que t'as pas compris, mais parce que ces mots, ils te rassurent. Alors même si Elliot bégaye, c'est pas grave, tu voudrais les entendre encore et encore. Ce serait trop égoïste à demander, quand il est aussi nerveux que toi, et qu'il a visiblement du mal à dire plus. Alors tu soutiens simplement ce regard, parce que ce regard qui est échangé, là, est presque aussi intense que ces battements de cœur. Ta main se serre instinctivement. C'est peut-être le seul moyen pour toi de dire que tu comprends. Que chez toi aussi, ça bat fort, et ça n'a pas envie de s'arrêter. Si c'est tout ce qu'il veut, tu l'acceptes volontiers. Mais, Elliot, qu'est-ce que tu feras le jour où ton cœur ne battra plus comme ça? Ta main s'accroche à la chemise et serre fort. Parce que t'as pas envie d'avoir cette réponse là. Jamais.

C'est un peu ce que tu lui dis quand il t'embrasse. Ses mains serrent les tiennes et toi, tu t'accroches à lui. Elliot, moi non plus, j'ai pas envie que ça s'arrête. Toi non plus, tu veux pas savoir ce que ça signifierait, s'il y avait une fin à tout ça. Cette fin-là, on va la chasser, très loin. Alors tu lâches tout, tu prends son visage entre tes mains et tu l'embrasses comme si c'était ta dernière chance de le faire. C'est pas la fin, bien au contraire. C'est ta réponse à toi. Je veux tout ça, Elliot. Tout ça.

T'as pas oublié les gens autour, non; t'as juste décidé qu'ils étaient comme la fin. Très loin. Et quand vraiment tu dois reprendre ton souffle, tu restes contre lui, immobile. Tant pis si c'est pas très raccord avec la dernière danse. Tu cacheras ton sourire dans son cou.

Le mien aussi, il bat fort.

Ça faisait longtemps, tu sais? qu'il n'avait pas battu aussi fort. Tu passes tes mains dans son dos et tu le serres contre toi.

J'espère que tu l'entends aussi.

Invité

Queen and King

Festival Culturel Octobre 2019 - Bal - Valéry

Sursaut quand tu quittes le refuge de ses mains pour agripper sa peau, tenir son visage, comme-ci on avait peur de perdre la tête tellement ça tourne. Un baisé aux mille nuances, mille nuances dont Elliot ne savait rien. C’était à la fois grisant et enivrant de faire l’expérience de la palette de sensation qui tourne autour de deux lèvres qui se scellent, on étouffe tout en voulant s’asphyxier tant le manque d’air fait battre tout en vitesse accélérée. On ne peut pas parler pourtant on n'a jamais autant l’impression d’en dire. Et ça bat Valéry, ça bat fort et vite.

Et tes mots, les tiens, ceux que tu ne peux pas dire parce qu’il semble que notre langue manque de vocabulaire pour vous décrire, sont beaux. Il avait eu peur que l’impulsion soit mal venue, il avait peur de te voir fuir parce qu’il n’était plus question de cocon dans le noir d’une réserve cette fois-ci. Et s’il ouvrait les yeux, s’il prenait le temps d’écouter et observer, sans doute qu’il paniquerait. Paniquerait à l’idée de te voir l’embrasé tout entier devant autant de monde. Seulement il n’y a personne, il n’y a plus que toi. On n’entend plus ni murmures, ni musiques, juste ton souffle, juste ton cœur et c’est un son si fort qu’il écarte tout le reste, Valéry.

Elliot le cœur au bord des lèvres, ferme les yeux, agrippe les bords de ton costume, Elliot ivre pour la première fois de sa vie sans avoir bu une goutte d’alcool. Elliot qui sent son cœur se tordre, mais ce n’est pas inquiétant, ça ne finira pas à l’hôpital cette fois. Et on se demande, on se demande pourquoi le baiser de cette fille, ce jour-là, avait autant dégoûté, quand les tiens étaient une drogue dont on avait du mal à se passer. Pourquoi il n’avait rien ressenti de positif ce jour-là, quand on est en fête quand c’est toi. Il lui semble entendre dans le fond de son crâne, que tu lui dis des choses qu’il n’a jamais dit à personne. Il lui semble entendre une promesse, celle qu’on ne va pas se quitter après ce soir, qu’il y aura d’autres baisers, rien que pour lui, rien que pour toi. Avait-il bien entendu, Valéry ?

Et quand on rompt le contact, les poumons se remplissent enfin. Ta tête dans le creux du cou, tes mains dans son dos alors qu’il te sert à ton tour, la gorge nouée sans savoir pourquoi. On respire mais on a le souffle coupé. Ça bat fort pour toi. Ça bat fort pour lui. Alors on serre un peu plus. Niche son nez contre ton épaule par pudeur. Ça bat fort et il est ému sans comprendre pourquoi. L’envie de pleurer d’un coup mais on n'est pas triste alors on ne comprend pas pourquoi. Dis Valéry ? Comment on appelle ça ?

« J-j’ent-t-end. »

C’est la première fois. On voudrait rester comme ça.

« R-Re-es-Res-t-te. »

by emme

Shut up and
~~now kiss~~ dance

feat. Elliot

Le bal se termine. Au milieu de la foule qui tourne sur les dernières notes, vous êtes là, immobiles. Et ça n'a pas le goût de la fin. Au contraire. Dans les bras d'Elliot qui te rend ton étreinte, c'est une autre mélodie qui se joue. Familière et timide à la fois, prélude de ce qui pourrait être une symphonie nouvelle.

Fin de la chanson sur la piste, mais dans la coeur ça a envie de danser, encore. Jusqu'au bout de la nuit, ça ne veut pas s'arrêter. Tu serres Elliot contre toi. Lui aussi, il l'entend. La chanson de vos deux coeurs à l'unisson. À regrets tu te recules, sans le lâcher, juste assez pour voir son visage quand tu réponds, qu'il y lise ta sincérité et en soit assuré.

Reste.

Autant que tu voudras.

La demande et la réponse en écho à ces premiers baisers, cachés dans la réserve de son stand. Ta réponse est toujours la même et elle ne changera pas. Ce n'est pas juste pour quelques minutes volées d'une pause bien méritée, ce n'est pas seulement pour profiter ensemble du festival ou pour ne pas danser seul au bal. Et tu répéteras autant qu'il le voudra. S'il n'est pas sûr de bien l'entendre, s'il doute, si un jour il l'oublie, ou simplement si comme toi il a envie de se le dire en boucle, encore et encore:

Toi et moi, Elliot.

Tout ça, toujours, tant que tu le voudras.

Les danseurs se séparent et vous êtes toujours enlacés. En ce qui te concerne, tu pourrais rester là toute la nuit, mais à un moment donné on va bien vous demander de vous en aller. Ou pire, d'aider à ranger. Et c'est pas comme ça que tu imagines ta fin de soirée. Il y a là le feu de camp, l'éclairage festif et la forêt bleue baignée d'une clarté lunaire et féérique.

Tu parles tout bas. Sans la musique, sans la foule, tu te sens très exposé tout à coup:

Tu aimerais qu'on se promène un peu? J'ai pas encore envie de rentrer.

Tu ne cherches pas à fuir ou te cacher, mais cette soirée, tu ne la veux que pour vous. Tu prends ses mains pour l'en assurer:

Pas sans toi, en tout cas.

C'est juste la fin du bal, pas de la chanson.

Invité

Queen and King

Festival Culturel Octobre 2019 - Bal - Valéry

Une étreinte qu’on voudrait voir éternelle même s’il n’y a plus de chanson pour l’accompagner. Vrai que sans la foule autour, c’est tout de suite plus impressionnant d’être l’un contre l’autre. La bulle semble se faire plus fragile, on reprend peu à peu conscience de l’environnement autour, Valéry, mais ce n’est pas pour autant qu’on veut te voir partir.

Il s’accroche au tissu de ton costume, Elliot. Tu sais, il ne lui manque que peu de choses pour te demander de l’embrasser de nouveau. Sensation dont on ne mesure que le plaisir immédiat, poison qui petit à petit enivre, un goût de bonbon sur tes lèvres, Valéry, un parfum de glace, de thé, le sucré d’un bouillon de ramen. On voudrait goûter ça encore, avec toi. Il n’y a plus l’urgence du service ce soir-là, la seule urgence c’est vous et il le comprend bien, Elliot. Ce soir, on peut être se dire au-revoir mais ce n’est pas obligatoire, ce soir on peut légitimement continuer de se serrer l’un l’autre n’est-ce pas ? C’est ce que tu lui glisses quand tu proposes qu’on se retrouve encore un peu, qu’on quitte la piste pour poursuivre la route sur des chemins qui ne sont que pour vous. Et il est hoche la tête, Elliot, parce qu’il refuse de te quitter maintenant. Le cœur bat trop vite pour comprendre, mais on sait que ça porte ton nom, que c’est tout pour toi et que ça ne peut pas être une fin. Besoin de s’accrocher à toi, de te sentir là. Ça frisonne à l’intérieur, pulsion électrique qui traverse le corps, ce n’est pas une sensation douce, c’est une sensation… Autrement plus excitante. Ne sait pas comment la définir, Elliot. Mais qu’importe. On sait qu’on veut rester avec toi.

S’éclipse de la fête, des derniers danseurs qui se tiennent, se regardent, s’apprivoisent, quitte la piste et tout le reste pour s’enfoncer dans les bois. Ta main dans la sienne, on se détourne du dortoir car il n’est pas question de rentrer pour le moment, l’intimité d’une chambre ne lui vient pas tout de suite à l’esprit, c’est de lieu enchanteur qu’il veut parler, Elliot. Ça veut te contempler dans la clarté des étoiles, au chant des lucioles. Il a tellement exploré ses bois contre avis médical, Elliot. Tu sais, ça lui a même coûté presque la vie certaines fois. Mais ce n’est pas grave, parce qu’il connaît les moindres recoins merveilleux. Il avait appris, petit, qu’il n’y avait pas besoin d’aller dans les cieux jusqu’à l’étoile du pays imaginaire pour avoir les yeux qui brillent. T’entraînes dans une petite clairière, même s’il fait un peu froid ça n’arrête pas. Ici tout est calme, on entend le bruit de la rivière au loin. Ici y a des lumières qui dansent, un petit cocon lumineux dans la pénombre, les étoiles pour témoins, ça sers ta main.

« O-on v-vo-voit b-bi-en l-les é-ét-toi-l-les i-ici. »

Et tu sembles si beau dans la lueur céleste qu’il se sent encore parcourir de cette électricité déroutante, Elliot. Reste stupéfait quelques secondes, juste le temps qu’il faut pour croiser ton regard. On perd le contrôle.

« J-j’ai ja-jam-mais re-ressen-t-ti ç-ça a-av-vant. T-tu m-m-em-br-bou-ouille m-mai-mais j-je cr-crois qu-que c-c’e-est p-pas u-une mau-mauv-ai-aise ch-cho-chose. C-c’-est pa-pas s-sale. »

Rougit un peu plus parce qu’on est déjà trop ivre de toi.

« J-je c-crois j-je v-vou-voudr-ais q-qu’on r-re-refa-fass-se co-com-comme à l-la ré-réser-ve. T-tou-toute l-la n-nui-nuit. J-je v-veux p-pas qu-que t-tu pa-par-te. »

by emme

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