Et ça fait boum boum
Le son ça traverse la chaire, ça fait battre ton cœur au rythme des basses, on sent de l'intérieur les percussions et ça fait boum boum. Putain que c'est bon quand ça fait boum boum. Marée noire humaine, elle saute en cœur, se bouscule joyeusement, se casse la voix sur des chansons. On pourrait être gênée à l'idée de croiser des têtes connues, des têtes qui pourraient juger ta présence en ces lieux mais ce n'est pas le cas. Ce ne sera jamais le cas. Pas dans une ambiance comme celle-là. Ici personne n'en a rien à foutre de savoir qui est son voisin. On danse juste, on chante juste et on a beau être venu seul ou à cinq qu'est-ce qu'on s'en fout. Tous perdu dans la foule on se casse la voix. Comment dire qu'on est en train de vivre actuellement sa meilleure vie, Aglaé ?

On pourrait être dégoûtée d'être trempée de sueur, d'avoir les cheveux qui collent au front tant on se bouge. On pourrait être dégoûtée par le mal de gorge qui pointe, par les vêtements qui semblent liés à la peau, par les muscles douloureux et l'odeur étouffante d'une foule qui se laisse aller à son enthousiasme le plus bestial mais ce n'est pas le cas. Ça faisait des lustres que tu ne t'étais pas autant lâchée Aglaé. L'ivresse de la fête c'était toujours quelque chose, mais celle de la musique surpassait tout. Transe que seul les passionnés connaissent, on entre dans un autre monde et chaque note résonne comme la dernière. On se sent libre et vivant, la meilleure des drogues c'est celle de l'euphorie provoquée par le son.

Et putain que c'est bon. On se soûle avec le bruit, on est putain d'ivre Aglaé mais on en a plus rien à foutre de rien. Et quand y a ta silhouette qui s'avance, son nom crié dans la foule, elle se retourne en dansant, ça voit ton visage et ça sent piquée d'une nouvelle dose d'hilarité. Tu brilles on dirait une commette. Sobre, elle aurait pu se foutre de ta gueule mais c'est tellement la joie, ici, qu'on ne peut que siffler d'admiration..

« VALERYYYYYYYYYYYY J’SAVAIS PAS TU VENAIS ! TU BRILLES MEC ! »

La folie c’est encore mieux à deux et dans ce genre de moment débrider on ne fait même plus attention aux gens qu’on voit en face. Juste voir quelqu’un c’est énorme. Juste sentir la joie de l’autre c’est énorme. C’est un torrent d’euphorie, on se lâche et on devient fou au rythme des basses. Qui a besoin de se farcir une gueule de bois qu’on on pouvait se farcir du Lady Gaga ?

Et on te propose des paillettes, Aglaé, et t’es tellement bien. Tellement l’envie de retomber enfance, d’en avoir rien foutre, de juste bouger sans pression. Des paillettes tu vas t’en étaler partout, Aglaé et tant pis pour le reste. Ce soir c’est la fête.

« GRAVE GRAVE PASSE ! »

Tu tends la joue pour te faire tartiner le visage d’une traînée de poussière d’étoile. Tu glousses comme une gamine, c’est juste trop bon d’être euphorique. T’en rêve de ces moment-là. Si tu sors d’ici, t’iras jour et nuit trouver cette sensation-là. C’était trop bon d’être vivant. C’est meilleur que le sexe et la boisson, meilleur que toutes les seringues dont se pique les gens paumés. C’est meilleur que tout. La musique, putain, c’est meilleur que tout.

« VAS Y DESSINE MOI CE QUE TU VEUX OU TU VEUX ! JE TE FERAIS UN TRUC AUSSI ET PROMIS CE SERA PAS UNE TEUB ! »

 

@Valéry Anastopoulos + LADY GAGA + Octobre 2019

« VAS Y FAIT MOI BELLE ! »

Hilarité, Aglaé. La joue tendue pour que ta main experte vienne la maquiller. Ferme les yeux et tape du pied au rythme des basses alors qu’on sent le feutre glisser, chatouiller la peau. Elle n’a aucune putain d’idée de ce que tu vas lui dessiner mais ce n’est pas grave, qu’est-ce qu’on s’en fout, ce n’est qu’un détail. Pulsion de joie beaucoup trop forte pour être contenue, pour laisser les pensées fugaces alourdir un peu plus l’atmosphère et plonger l’esprit et le cœur dans la valse nauséabonde de l’angoisse. On lâche prise, sans qu’on en est plus rien à faire de rien. Plus d’étoiles au-dessus de têtes, plus de visage qui obnubile les pensées, juste la musique, le souffle de la liberté et l’envie de s’exploser voix et tympans sur des paroles qui sonnent plus qu’elles n’ont de sens.

Glousse quand ça remonte au coin des yeux, vient presque sentir ton souffle chatouiller sa peau Aglaé et c’est bon de te sentir, Valéry. Aussi barge l’un que l’autre, aussi réceptif à l’euphorie l’un que l’autre. Rigole davantage quand tu proposes de tatouer son bras au doux prénom de son copain. Ça aurait été de très mauvais goût il y a quelques semaines, plus aujourd’hui.

« GRAVE ATTENDS LIMITE ON LUI FAIT UN SELFIE ! »

Dégaine son téléphone bien au-dessus de sa tête, t’attrape par l’épaule pour te garder près d’elle avant de placer sa main dans un semblant de moitié de cœur, attendre que fasses de même pour prendre la photo et ajouter la légende qui s’impose. On est trop hilare pour se rendre compte qu’on est con.

Son tour de prendre le feutre qui marque pour te marquer la peau. Sourit, espiègle parce qu’elle a l’idée de reprendre ton inspiration première.

« ATTENDS JE VAIS ESSAYER DE TE DESSINER TON CRUSH ! COMME CA TU POURRAS PEUT-ETRE LUI DIRE QUE TU VEUX DE LUI ! »

S’applique à tracer sur ton bras une silhouette, pas très bonne en dessin, Aglaé, mais elle mise tout sur les cheveux pour qu’on puisse reconnaître l’identité de l’heureux élu de ton cœur.

« IL A LES CHEVEUX BOUCLES C’EST CA ? »

 

@Valéry Anastopoulos + LADY GAGA + Octobre 2019