Cela faisait quelques mois que tu étais arrivé à l'école Ace, et même si ta famille ne te manquait pas, tu avais encore la rage que tes parents n'aient pas insisté ne serait-ce qu'un peu pour te garder avec eux à la maison. Tu étais vraiment seul et c'était tant mieux car les autres enfants ne t'inspiraient pas confiance. Tu les haïssais d'avoir l'air aussi heureux, avec cette impression constante qu'ils le faisaient juste pour t'énerver. Dans ce monde ou tout ne semblait qu'une vaste blague, tu te sentais piégé entre les pages d'un roman que tu lisais petit dans ton lit, sans savoir comment en sortir.

Les coutumes de l'académie privilégiaient les rapports sociaux et toi tu détestais ça. Pourquoi les adultes forçaient autant pour que vous soyez tous amis ?
Tu avais atteint les trois étoiles très rapidement, et tu ne voulais pas en perdre une seule, vu que le seul endroit ou te sentais bien c'était dans ta chambre quand tu pouvais réfléchir au calme et ne voir personne.

Evidemment, ce n'était qu'une carapace. Car de loin, tu observais quelques enfants en jalousant leurs aptitudes à se lier aussi facilement. Alors le jour de la Saint-Valentin, tu étais assis à ta table, la tête accoudée sur le pupitre et le regard noir. Et à côté de toi se tenait ton seul et meilleur ami, Maximilien de Monaco, le seul autre trois étoiles qui pouvait te comprendre dans la classe. Et si toi tu semblais mépriser cette histoire de chocolat et de filles, lui semblait plutôt timide et réservé, à ne pas refuser pour ne pas blesser.

Plusieurs filles étaient venu vers toi, avant de faire demi-tour sans même t'adresser la parole, leurs chocolats cachés dans leur poches sous ton regard fulgurant.
Mais alors que tu soupirais, à deux doigt de trouver une cachette pour la journée, une autre fille avait finalement trouvé son courage pour te saluer. Tu étais prêt à la fusiller aussi à son tour mais tu t'étais perdu à la détailler de la tête aux pieds sans rien répondre.

Elle s'était présenté et tu avais répondu sobrement, comme si ça t'arrachait la bouche.

— « Gabrielle hein... »

Elle te tendit des chocolats et tu n'avais pas bougé d'un pouce, contemplant le petit paquet avec un mépris profond. Fallait pas t'en vouloir, à dix ans t'étais totalement paumé, et surement le pire garnement de la classe. Aucun respect on aurait pu croire mais tu préférais qu'elle les garde pour quelqu'un qui en vaille la peine pour elle.

— « T'as même pas dix ans et t'es déjà du genre à offrir des chocolats au premier garçon venu sans même le connaitre ? Bah bravo Gabrielle. »

Alors que tu t'attendais (persuadé) qu'elle repartirait en chouinant comme une fille, elle ne s'était pas démonté. Ça t'amusait plus que ce que tu aurais voulu l'admettre. Elle était mignonne et marrante. Mais tu ne voulais pas perdre ton temps pour autant. (Ou au contraire, tu voulais voir jusqu'ou elle serait prête à aller pour te refiler ses chocolats).

— « Eh mais je t'ai rien demandé moi- »

Mais avant que tu finisses ta phrase, elle te prend de court et te demande si d'autres filles sont venus t'offrir des paquets. D'un air tempétueux, tu ne bouges pas d'un poil mais lui montre des yeux une petite pile de paquets entassés sur votre table à toi et Maximilien.
Tu ne sais pas si tu les mangerais, par peur qu'ils soient trafiqués. Les filles de primaire étaient les plus folles de toutes.

— « Un défi ? Du coup si tu le réalises pas, tu vas passer pour quoi ? »

Le jeu était lancé, tu voulais la faire galérer un peu. Par sadisme ou par ennui, toi même tu n'avais pas la réponse. Mais à ce qu'elle ajouta ensuite, c'en était trop. Tu l'avais attrapé par le lacet de son uniforme pour la tirer vers toi, posant tes lèvres contre les siennes sans qu'il n'y ait de réel bisous. La relâchant en t'essuyant les lèvres, tu agites la main comme pour lui dire de disposer.

— « Maintenant laisse moi tranquille. »

Tu lui avais épargné un vrai baiser pour ne pas lui voler son premier, mais d'apparence tu avais joué le jeu pour que la classe s'arrête de vivre et la regarde comme si elle avait dead ça.

A sa réaction tu avais plissé les yeux, comme pour lui faire comprendre que si elle allait trop loin, tu lui ferais payer de t'avoir ennuyé devant toute la classe.
D'un ton agacé et dédaigneux, mais toujours en gardant cette peudo distance qui semblait vouloir dire que tu étais au dessus de tout ça, tu te pinces la lèvre en la toisant.

— « C'est toi qui voulait un bisou et c'est moi l'obsédé ? T'assume juste pas que les garçons te donnent ce que tu veux. »

Elle t'insulte maintenant.. Décidément les filles étaient super bêtes et chiantes. Agacé et piqué dans ton estime, tu rétorques d'un mépris encore jamais atteint.

— « C'est toi l'idiote. Idiote, idiote, idiote. »

Elle te jette les chocolats sur les genoux et là c'est le drame. Jamais de la vie tu mangeras les chocolats d'une idiote, et tu t'assureras bien qu'elle en offre à personne d'autre. Malgré les restrictions et surtout parce que tu t'en fichais de celles-ci, tu claques des doigts et congèle le paquet sur place, avant de shooter dans le glaçon du bout de tes doigts. Il s'éclata alors au sol en mille morceaux.

— « Tant mieux parce je veux pas me marier avec une moche en plus d'une idiote. »

La guerre de la Saint-Valentin était lancée.

Elle te provoque encore et vous étiez vraiment parti dans un duel puérile. Ta réputation était désormais entachée, c'était trop tard... cette fille avait vraiment ruiné ta couverture de garçon intouchable, pour t'avoir fait sortir de tes gongs.

— « Gentille ? J'ai pas besoin de ta pitié. Va retrouver ton harem alors. »

Mais ce que tu n'avais pas prévu, c'est qu'elle se mette à chialer comme une madeleine. Un instant pris de compassion, tu l'avais observé écraser ses chocolats en milliers de morceaux de glace qui n'allaient pas tarder à fondre et créer une flaque sur le sol.

— « Moi je suis méchant ?! Tu vas rien offrir du tout, car je transformerais tout tes chocolats en glaçon pour te ruiner tout tes plans de drague nuls ! »

Et alors qu'elle s'avance vers toi pour te voler le même bisou que tu lui avais fait juste avant, tu avais écarquillé les yeux, figé et choqué de ce qu'elle avait osé faire. Elle hurlait maintenant, hystérique en parlant des différents types de baiser. Cette fille était folle.

— « Maintenant que tu m'as embrassé, je suis vraiment ton premier baiser! Idiote, t'es vraiment idiote! »

Tu gonfles les joues et déchire les paquets de chocolat ds autres filles pour les foutre dans ta bouche et les manger. C'était pas bon, mais tu avais un honneur à défendre, même si elle était déjà partie avec ses copines après ça.