quatre-vingt-dix secondes à vivre à la dérive c'est le temps maximum que l'on peut passer sans combinaison dans les grands vides avant de mourir - c'est des mensonges.
moi je  ne compte plus
les minutes les heures les jours
en apesanteur le souffle court à observer
les levers de lune puis de soleil et ça ne cesse jamais.
jamais on ne dit c'est fini Caprice
tu peux te poser désormais
fermer les yeux maintenant - non.
obéissant au principe d'inertie les trajectoires sont infinies et dépouillent petit à petit les ciels. au col des chemises toujours autant d'étoiles et puis un astre filant qu'on porte faussement fier, tout ça pour voir les constellations se défaire et l'on brille chacun dans son coin et il n'y a plus rien, rien que de la matière noire qui fait manquer d'air
regretter l'atmosphère
des autres, manquer d'eux
ils me manquent.

on voudrait rire et mordre mais ils ont limé les dents on voudrait hurler et s'arracher la peau mais ils ont émoussé les ongles - on n'a plus de prise. oh ça vaut mieux, il vaut mieux ça que risquer d'entraîner dans l'ascension - on ne voudrait pas partager ces vertiges là ils ont de sales noms qui collent à la peau
balance, traînée, vendu, un tas de jolis mots
qui ne valent pas la peine d'être entendus.

est-ce mal d'approcher quand même ?
à me traîner ce vacarme j'ai l'impression d'avoir le chaos sur les talons qui suit comme une ombre et c'est sûrement égoïste de venir à ta rencontre mais à distance suffisante peut-être que les tumultes ne suivront pas jusque là
jusqu'à toi Faith je ne sais pas
je sais bien que l'on s'est dit toujours
est-ce que cela inclus aujourd'hui encore ?
au grand jour je n'oserais pas
je n'ose plus venir aux yeux de tous, alors
patiemment j'attends
que les regards s'éparpillent.

qu'ils partent tous à la fin des réunions du club de robotique. la porte du laboratoire tout juste franchie je m'adosse au mur bordant la sortie sans croiser la moindre œillade - comme dans la foule à l'heure bleue, Faith
c'est la tienne que je veux
mais je ne sais pas
si j'ai le droit.

et lorsqu'il ne reste plus que toi et moi je ne me permets pas de m'en emparer tout de suite - au cas où elle se changerait en éclipse - l'air de rien je dis tout haut.comme si l'on ne s'était jamais dit au revoir
comme s'il ne s'était pas produit un tas de cauchemars
depuis les dernières danses.

tutoyer le ciel ★
au dehors, la nuit tombait.
et en dedans, je tombais avec elle.


Cela fait quelque temps que les risettes de Faith ont cessé d’éclairer les couloirs. Un moment qu’elle se contente simplement de froncer les sourcils. Elle fonctionne comme cela, dès que quelque chose la contrarie, elle se laisse glisser dans un mutisme empli de réflexion.
Cependant, elle ne s’arrête pas pour autant, Faith continue de suivre sa routine et sa propre conduite, mais elle n’entend plus.
Elle écoute seulement.
Les chuchotis.
Et surtout, la cacophonie des conversations entre machines et de celles entre humains. Par moment elle voudrait simplement que tout le monde se taise. Pour les objets électroniques, c’est facile, elle a un bouton, mais pour les gens…
Faith observe, l’œil critique et le cœur triste.
La décadence du monde.
Elle a fait des listes, qu’elle a comparés entre elles et plus rien ne va. Ce n’est pas tant NOVA le problème en ce moment, mais plutôt qui a rejoint NOVA. Presque tout le Conseil des Élèves, une bonne partie des Délégués, des Représentants de Classe et ne parlons pas des Princesses Fleurs… Grand nombre de personnes à déjà avoir dû pouvoir au sein de l’Académie et qui n’en ont que plus aujourd’hui.
Bien sûr, elle sait Faith que ce n’est pas n’importe quel premier une étoile qui pourrait intégrer NOVA, mais elle osait espérait qu’elle ne se sentirait pas si seule à être contre dans « les hautes sphères ».

L’esprit volatile et les doigts qui s’agitent sur le clavier de Joël, quand soudain, on pose une main sur son épaule.
Faith relève les yeux.
Les autres s’en vont… le temps de club est fini visiblement, mais juste à côté de la porte elle te voit Caprice et la boule dans son ventre se fait plus lourde.

▬ Je vais rester un petit moment encore.

Pendant que tout le monde sort du laboratoire, Faith enregistre ce qu’elle faisait et éteint l’ordinateur, soupirant légèrement.
Il n’y a plus que toi et elle.
Elle se lève de son siège et son regard percute le tien Caprice. Il glisse lentement jusqu’à la broche en étoile filante… elle y pense, ça t’irait bien, si seulement ça n’était pas un symbole si douteux en ce bas lieu.
Lentement, elle s’approche.
Faith hausse des épaules.

▬ Je n’ai rien à faire de particulier.

Elle veut te demander pourquoi Caprice.
Elle voudrait te hurler dessus, peut-être même te balancer ce tournevis qui traîne, mais c’est trop dur… pas avec tous ce qui se repend dans les couloirs. Pas avec tous ces mots trop durs que tu entends tous les jours.
Faith fait un pas de plus.

▬ Peut-être que toi, tu avais quelque chose à me demander ?

Tu sais Caprice, elle n’a rien dit, mais elle était là au réfectoire. Faith a vu la scène et le moment où tu as punis ton frère… Au début, elle a cru que tu avais rejoint NOVA pour protéger ceux que tu aimes ; maintenant elle doute.
Et elle ne veut pas douter de toi.
Parce qu’elle a toujours eu confiance Caprice.
Doucement, elle tend le bras Faith, elle touche du bout de ses doigts l’étoile filante épingler sur ton torse. Sa main retombe et saisie une des tiennes.
Les commissures de ses lèvres se haussent.
Sourire fébrile.

▬ J’ai dis toujours. Toujours, c’est autant la nuit que le jour, c’est aussi maintenant et après.

Un rappel.
Pour elle, pour toi.
Tu vois Caprice, les dernières danses ne sont pas si loin… peut-être qu’on aurait juste pas dû arrêter de danser.

premier mouvement prend la main c'est comme ça que tout a commencé ce soir là il avait suffit que les doigts forment des entrelacs pour que leur effervescence à tous paraisse futile tout à coup et qu'on aie l'urgence de partir loin d'eux
loin d'ici c'était aussi simple que ça mais c'est fini Faith on n'entend plus de musique où qu'on aille c'est assourdissant les bruits de couloir comme des serpents qui rampent dissonant
et en voyant ta main dans la mienne - enfin - je réalise
que je n'ai nulle part de paisible où t'emmener.
je crois que je viens te demander
pardon.pardon de venir cueillir tes sourires ce sont des oasis au cœur des déserts de patience épuisée - les autres n'en ont plus je les comprends -
mais toi toujours, tu dis toujours
encore. enfin j'essayemême si l'insigne à la chemise affirme le contraire et que les lueurs d'étoile filante clament que je mens, sûrement qu'elles sont convaincantes
parfois j'en viens à les croire - elles sont charmantes et font punir ceux que j'aime. pas toi Faith je ne voudrais pas que tu te mettes à les écouter et qu'à ton tour tu coupes les fils fragiles qui relient
au lever des yeux je vérifie, tend doucement la main libre pour chasser les mèches sombres encadrant le ciel du visage
voir si à la périphérie de celui-ci
Saturne brille toujours.
elle est bien là
et l'on respire un peu mieux.

et si tu restes un peu ça tombe bien car dehors de jour ce n'est pas assez serein - rien qu'ici c'est incertain les risettes esquissées en réponse aux tiennes, faussées par la mine hautaine elles fondent comme neige au soleil,
du mal à sourire c'est un peu froid
pour éviter de faire frémir je laisse partir
lâche ta main et puis tes regards - c'est étrange quand ce n'est pas hostile en ce moment on n'a plus l'habitude. que tu allais bien - et si ça ne va pas tu peux me dire, Faith
j'ai vraiment un moyen d'agir désormais
(je crois).

tutoyer le ciel ★
au dehors, la nuit tombait.
et en dedans, je tombais avec elle.


Des excuses… pourquoi ?
Au fond elle sait.
Faith baisse le regard.
Cependant, elle les acceptes Caprice.
Et tu lui dit que tu essayes.
C’est déjà bien tu sais.
Beaucoup auraient abandonnés.

▬ C’est pas… trop grave.

Ses sourcils se froncent légèrement.
Faith espère que ce n’est pas trop grave.
Que ça va aller mieux.
Comme si on avait déjà touché le fond.
Elle voit toujours le verre plus plein que vide, même quand celui-ci est quasiment à sec ; l’optimisme à en crever.
La foi.
Son regard se relève vers le tiens.
Et tes doigts viennent frôler ses cheveux de jais, découvrir Saturne qui trône à son oreille. Faith a le sourire plus assuré soudainement ; elle te l’a dit Caprice : toujours.
Tes sourires à toi aussi ils sont fébriles.
Et tes doigts glissent des siens.
Sa risette s’étiole.
Et la boule dans son ventre pèse encore un peu plus… Faith s’écarte. Tu es venu pour savoir si tout allait bien, elle pourrait en rire, mais elle se tait. Saisissant le tournevis qui traînait, elle le fait rouler entre ses doigts.
En ce moment, Faith est un peu à l’image d’un vase trop plein d’eau et dont la pression manque de faire craquer le contenant à tout moment.

▬ Comment tu veux que ça aille bien quand tu fais cette tête à longueur de journée ?

Le ton n’est pas différent de d’habitude, pourtant il y a quelque chose dans sa voix… on hésite entre le bouillonnant et le glacial.
A mis chemin entre les deux.
Faith se tourne à nouveau vers toi.
Elle plante son regard dans le tiens.
Il n’est pas dur, ou peut-être que si, mais il brille trop pour que cela soit perceptible.

▬ Tu as pris une décision pour, j’ose espérer, protéger les gens à qui tu tiens, mais personnes ne le comprends. J’avoue, j’ai été septiques, mais je crois en toi. Parce que c’est pas grave si tu foires Caprice. La vie est faite comme ça : on fait des choix, judicieux ou non, qu’importe, on avance et on apprend quand même.

Faith est certaine que ça partait d’une bonne intention et même si l’Enfer lui-même en est pavé, ce n’est pas grave.
Elle a foi en toi Caprice.
Au fond elle n’a pas le choix.
Si quelqu’un sait tout d’elle ici, c’est bien toi. Tout ce qu’elle peut faire et fait qui est à la limite du règlement, tu le sais Caprice. Faith n’a pas de secrets pour toi… à un ou deux près.

▬ Je serais là, toujours. Elle repose le tournevis. Essayes de prouver aux autres que tu te trompe pas, essayes d’appliquer ce que tu penses à la réalité de la situation… si ça peut t’aider à aller mieux.

Parce que moi je crèves de te voir comme ça.
Faith croises les bras.
Comme pour se retenir d’imploser.

cœur en fusion sous la surface des traits à la désillusion tranquille, Faith toi aussi tu es en colère sous les voiles paisible ? décidément c'est un phénomène courant depuis la pluie d'étoiles filantes on fait le vœux de ne plus les voir
de ne plus me voir avec cette figure-là que je me traîne et qui déborde sur la nuit - j'en suis à parfois surprendre les dormeurs à survivre. comment veux-tu que ça aille bien quand moi-même je n'en sais rien ? j'ai hâte d'en découdre et comme le temps est long quand on est affairé je veux le répit d'avoir trop fait tout en sachant que ce ne sera jamais assez. c'est confus pas vrai ? je crois que depuis le début je veux juste que tout se passe bien mais que ce soit en famille ou entre amis systématiquement ça dégénère
ça m'échappe - j'ai oublié ce que je faisais là
je suis venu pour voir si ça allait mais ça ne va pas et
personne ne comprend
pourquoi.

si ce n'est pas pour les autres - pourquoi ?
les autres ou rien, et si tous s'en vont
alors toi au moins ?ou agnostique tu attends d'assister aux miracles avant d'avoir foi pour de bon ? la religion de la crainte c'est la pire de toute tu sais je connais bien le partage des secrets on n'a appris à vivre que comme ça à la maison et depuis c'est toujours des échanges de bons procédés,
des deals de morceaux d'univers, ceux qu'on me confie j'en prends soin
tu le vois, non ?tu oses espérer les bonnes intentions comme si ça allait à l'encontre de la réalité et comment être certain de ce qui est vrai, Faith, quand on ne reconnaît pas son propre reflet. on se regarde les yeux dans les yeux et comment faire
pour te prouver que c'est bien Caprice.
haussement d'épaules. peut-être que vous avez raison.après tout encore aujourd'hui on oscille entre je t'aime et je te hais avec Colline on n'a pas su choisir et appliquer ce que je pense ça n'a jamais corrigé les déséquilibres.
si ça chancèle toi et moi Faith je ne veux pas
penser tout le contraire - maisdésignant d'un mouvement de tête le tournevis laissé à coté de toi, entre tes doigts il y a quelques secondes encore - la preuve par l'absurde tandis qu'à l'identique je croise les bras. on aurait juré bien faire jusque maintenant et pourtant et pourtant
on se dévisage et ça ne va pas.entraîner dans la chute
c'est tout l'inverse des dernières danses
mais elles n'empêchent pas d'être sceptique, visiblement.

tutoyer le ciel ★
au dehors, la nuit tombait.
et en dedans, je tombais avec elle.


… tu me fais confiance Faith ?
La question la trouble un instant.
Est-ce le ton de ta voix Caprice ?
Il y a un changement d’atmosphère, ou alors elle n’en prend vraiment conscience que maintenant, mais c’est comme si le vent venait de tourner ; en faveur de la tempête.
Elle voulait dire « oui. », mais tu as été plus rapide.
Et telle la déferlante, tu t’es abattu.
Coups après coups elle a encaissé et ils étaient tous plus durs les uns que les autres. Chaque mots fût une torture, tout comme les regards et les haussements d’épaules. Le plus infime mouvement avait des allures de flèches qui visait juste.
Faith est restée un instant interdite.
Presque sidérée par la situation.
Le souffle qui se fait compliqué.
Et les yeux qui clignent enfin…
Deux larmes roulent.
Elle pose une main sur la table la plus proche, cherchant un soutiens pour ne pas chanceler.

▬ On ne s’est pas compris.

Un murmure qui a du mal à se frayer un chemin jusqu’à toi Caprice. Elle voudrait avoir la force de te hurler dessus, ou au moins de te parler comme tu viens de le faire, mais c’est trop dur ; ça brise le cœur.
La boule du ventre est remontée dans la gorge et c’est compliqué de parler, pourtant elle essaye, malgré la pluie de ses yeux qui n’arrête pas de couler sans un sanglot.

▬ J’ai été maladroite, je suis désolée. C’est pas du tout ça que je voulais exprimer, je…

Peut-être que c’est toi Caprice qui n’entend plus ? Peut-être qu’à trop entendre des horreurs, tu n’es plus habitué à entendre d’autres mots.
C’est sa plus grosse crainte à Faith, que même maintenant, alors que l’orage lui semble toujours gronder au-dessus de vous, tu n’entendes pas.
Elle essaye de se reprendre.
Elle sèche ses yeux, avant de les relever vers toi et ils brillent toujours, mais pas question de flancher : cette fois-ci, Faith va essayer d’être plus claire.

▬ Caprice, j’ai toujours eu confiance en toi. C’est pas parce que tu portes un pins à deux balles que ça va s’arrêter. Elle essaye de se donner du courage. Et non je… Je comprends pas comment t’as pu penser que je pouvais avoir cette image de toi ? Je ne suis pas les autres Caprice. Ce que tu dépeins là, c’est pas toi et je le sais.

Doucement, elle s’approche.
Une fois assez près, elle pince les lèvres et lèves ses mains qu’elle pose sur tes deux joues. Faith essaye d’esquisser un sourire, mais c’est un peu un échec.

▬ Je sais que tu ne peux pas voir ton propre reflet, mais crois-moi, la tête que tu tire en ce moment, c’est pas celle que tu fais quand tu es heureux Caprice. Les traits tirés par la tristesse elle poursuit : Et j’arrive pas à être heureuse quand t’es pas heureux, c’est pour ça que ça va pas en ce moment.

Ses doigts glissent et elle laisse retomber ses bras le long de son corps, alors que son regard croise l’étoile filante en se baissant.
Cherchant toujours son souffle, la trouille au ventre que tu tournes les talons Caprice, Faith prend une nouvelle inspiration

▬ J’ai jamais été douée pour exprimer bien les choses, surtout quand il est question de sentiments ou de ressenties, mais vraiment, je serais toujours là pour toi Caprice. Je doute pas, j’ai confiance en toi et je… Elle hésite, tordant ses doigts entre eux. Je t’aime.

à force de tailler dans le prisme au travers duquel on voit le monde je ne sais plus
je ne sais pas
ce qui est sempiternel et même
si quoi que ce soit dure vraiment et
c'est peut-être moi qui discerne mal les détails,
qui déforme même ce que j'entends -
les maudits regards trop acérés
ils aiguisent jusqu'aux mots.

tranchent net Faith à cœur ouvert ça fait saigner les yeux, trouble tes prunelles et coupable on se mord la langue aussitôt regrettant les répliques au venin. c'est qu'on s'appelle Caprice et non Colline et qu'on est incapable de rattraper les grains des sabliers - ces iris qui ne servent à rien si ce n'est admirer ton chagrin et tous ses détails je les sacrifierai bien pour remonter le temps, Faith - non
non laisse couler l'amertume ou bien rend la moi promis
ce n'était pas pour toi - pardon
pardon pardon
tu dis désolée la première et je me tais, imbécile.

et les doigts effleurant le visage c'est comme les passer doucement sur l'eau plane pour en troubler l'ondée - froisser les traits, les sourcils se froncent une seconde et les regards tombent contrariés - pardon encore pardon les sourires dorment dans le lit des torrents de pensées sombres
et une ombre passe sur les tiens
toi tu me crois
toi tu me vois
tu le vois comme j'ai honte Faith et pourtant
en harmonie, tu persistes
cherche le diapason jusqu'à t'accorder à mes humeurs discordantes. tu mérites tellement plus joli comme mélodie - pardon c'est sans fin les trajectoires des satellites tu sais et tu ne devrais pas leur emboîter le pas, tu ferais mieux d'abandonner Saturne pour de bon que je n'y revienne plus car le temps est long entre chaque révolution et c'est toujours trop de mois passés dans le noir Faith
si tu me suis et qu'on ne finit nulle part
si ce n'est d'où l'on vient
car c'est ce que font cycliques
les exocomètes dans mon genre
alors à quoi bon.
à quoi bon si tu ne souris pas parce que je ne souris pas alors je n'ai pas envie de sourire non plus et l'on ne sortira jamais de cette circonvolution là - c'est un infini
dont personne n'a envie
tu dis que tu veux quand même
y croire sans douter quitte à frémir
face au pourquoi tu réponds
parce que
tu m'aimes.

rétablis les trajectoires elles filent droit (au cœur) impact perce fulgurant provoque l'hémorragie de sentiments ils montent aux joues et glissent des étoiles sous les paupières qui papillonnent tandis qu'on regarde en bas - le sol entre toi et moi brouillé des mots qui résonnent encore
qui disent qu'on aime même malheureux. précieux et beaux à en faire mal est-ce égoïste de vouloir garder toujours au creux des paumes ? on n'a jamais peur de ces entailles les éclats des autres je voudrais conserver jusqu'à la fin de mes jours et en prendre soin - surtout les tiens Faith je ne sais pas pourquoi ils me bouleversent à ce point, peut-être parce qu'ils tremblent si particulièrement de se mêler au monde alors qu'ils sont si touchants ça me peinerait que tu penses que c'est offert aux trous noirs
jetés à mes silences alors
que c'est un vacarme en dedans
je te vois faire et la gorge se serre.
pourquoi tu noues tes doigts comme ça... il ne faut pas - je tends les miens pour délier ce chaos, entremêler nos mains plutôt et serrer doucement un peu plus fort qu'avant - ... pardon Faith. je suis un idiot qui comprend tout de travers. celle qui voit le plus clair ici c'est toi.

je suis un idiot qui ne sourit que maintenant - et encore, approximativement - pourquoi c'est triste ce moment alors que c'est si grandiose ce que tu confies ? un pas tout en soulevant la prise de tes doigts pour l'abandonner à mes épaules comme à l'heure bleue des dernières danses et mes bras je sais bien qu'ils ne sont pas sensés se refermer autour de toi mais ce n'est pas une valse là maintenant - lancinant, c'est l'étreinte pour dire je suis toujours là. les risettes s'estompent et à la tempe de Saturne on murmure.
tu n'as pas à dire désolée, c'est moi, c'est l'idée que tu t'en ailles qui m'a fait dire n'importe quoi...
comme si la rumeur de la tête contre la tienne pouvait chasser toutes les peurs - j'aimerais tellement que tu ne pleures plus jamais Faith, comment faire ?
je sais que tu n'es pas les autres. j'aimerais tellement
que tu te vois comme je te vois, Faith.
on te tient fort comme on tient à toi.
au bout des lèvres et effrayé l'on y plante les dents alors que les supernovas voudraient répondre en écho - mais avec toi je ne peux qu'être trop sincère
je t'aime aussi...
même si le monde affirme souvent que ces mots venant de moi ne valent rien
tant ils sonnent
universels
je dis quand même -

ils brillent sûrement bien moins que les tiens.

tutoyer le ciel ★
au dehors, la nuit tombait.
et en dedans, je tombais avec elle.


Ses doigts qui s’emmêlent entre eux.
Le regard qui n’ose plus croiser le tiens.
Et ça résonne toujours.
Je t’aime, c’est fort.
Ainsi que terriblement insuffisant.
Les deux à la fois.
Ça désarçonne.
Faith hésite et pourtant, timide, elle relève les yeux vers toi Caprice. Elle voit le rose sur tes joues et comme le reflet dans le miroir, ses pommettes roussissent aussi.
Et le silence perdure.
Il s’installe sans savoir s’il est pesant ou reposant et les doigts de Faith se tordent toujours, à la recherche des mots qui manquent pour exprimer ce qu’on a dans le cœur. Tu les dénouent Caprice, sous son regard surpris et vos doigts s’enlacent entre eux. Faith aussi elle serre doucement, la peur sourde que tu finisse par la lâcher.
Elle dodeline négativement quand tu te qualifie d’idiot et en même temps elle répond à ton sourire Caprice. Il est beaucoup plus assuré que le précédent et toujours aussi doux. Faith veut croire que si tu l’a fait sourire, peut-être que elle aussi elle peut te faire sourire à toi…
Délicatement, elle suit le mouvement.
Faith laisse glisser ses mains jusqu’à ta nuque, alors que tes bras se referment sur elle. Son menton se calant sur ton épaule et vos têtes l’une contre l’autre.
Elle t’écoute.
Elle t’entends.

▬ Ce n’est pas grave, moi aussi j’avais peur que tu partes.

Et j’ai toujours peur.
Un murmure à ton oreille.
Parce qu’elle n’a jamais vraiment été enlacée ainsi tu sais.
Et aussi parce que c’est toi Caprice.
Si seulement elle savait t’exprimer à quel point tu comptes, à quel point avec toi c’est si différent d’avec tout les autres.
Faith aussi elle voudrait que tu te vois avec ses yeux à elle.
Et toi aussi tu dis « je t’aime ».
Tu ne le vois pas, mais ses joues se teintent à nouveau de rouge et peut-être que ça tu le sens, son cœur qui bat un peu plus fort. Ça compte, même si elle voudrait trouver des mots plus forts et moins impersonnel.
Ça compte.
Beaucoup.
Faith aussi elle t’enlace un peu plus fort.
Et elle sourit, un peu plus sereine.

▬ Caprice, comment est-ce que tu me vois ?

Curieuse et à la fois, elle le vit comme un besoin.
Peut-être que si toi tu as les mots, elle réussira à trouver les siens pour tout te dire Caprice.
Le peu que tu ignores encore.
Le regard qui se perd sur l’extérieur, là où le soleil s’éteint et la nuit qui tombe lentement ; les genoux un peu tremblants de Faith, à l’idée de chuter avec elle.

l'univers en suspens toutes les planètes nous attendent pour continuer de tourner tourner tourner jusqu'à filer de nouveaux vertiges mais ne les écoute pas Faith ne les regarde pas Faith ferme les yeux tant que tu es là elles peuvent bien patienter encore un peu. encore longtemps, je voudrais. c'est tellement vagues les frontières - la faute aux yeux qui voient trop bien, on n'a jamais vu trop loin car ce serait risquer de devenir fou, vriller pour de bon - j'ai du mal à imaginer que les choses puissent avoir une fin. les départs comme les trous noirs, ils sont invisibles jusqu'à ce qu'on les frôle et qu'ils nous dévorent. et quand une étoile s'effondre sur elle-même pour disparaître on est toujours pris au dépourvu - on avait rien vu venir.

et paradoxalement on respire mieux tandis que tu resserres l'étreinte de tes bras Faith à l'identique je noue plus encore les miens autour de toi, ça veut dire qu'il y a encore une éternité avant le dernier acte. je sais bien qu'il en existe pleins, des infinis, il y en a de zéro à mille, de zéro à un, il y en a des grandioses comme des infimes - si toi et moi en sommes un Faith, peu importe de zéro à combien, ça me va.
tu demandes, comment je te vois
et la question fait s'échouer des sourires au creux de ton cou.

et le jour peut tomber paisible, de nuit les contours seront tout aussi aiguisé. plus encore car sans bruit parasite c'est moins éprouvant d'ouvrir les yeux sans occulter au travers des persiennes des cils.

je préfère, quand on se voit le soir Faith, les rayons de lune te vont bien. en attendant qu'ils éclairent tes regards le mien reste bas, détaille la cascade de cheveux sombres qui dévale jusqu'au creux de ton dos, où sont posées les mains - à leur portée, et les doigts viennent emprisonner quelques mèches obscures. elles sont toujours irisées de bleu.

jamais vus ailleurs, et pourtant, tout juste aperçu la première fois qu'on s'est vu j'ai aussitôt voulu y être attentif, y faire attention. peut-être parce qu'on s'est d'abord envoyé des messages comme d'un bout à l'autre d'une galaxie, et les voyages jusqu'à toi semblaient alors tout de suite plus évident. aujourd'hui j'exècre trop de distance.

que tu n'aies plus peur tout court, jamais. les iris se lèvent aux dernières lueurs le temps d'un silence. on y dilue un souffle rieur.


ça aussi c'est toi Faith, et on le voit. doucement l'on se redresse, sans te lâcher, tes regards à l'air libre on les voit eux aussi, un peu égarés ils semblent se demander si tout ça risque de s'éteindre, tomber pour de bon. ça n'arrivera pas, je te tiens, Faith. viens déposer les lèvres sur ton front clair.

toujours on se comprend -
alors il ne faut pas s'en faire.

tutoyer le ciel ★
au dehors, la nuit tombait.
et en dedans, je tombais avec elle.


Les sourires, on n’a pas besoin de les voir pour savoir qu’ils s’étirent.
Ils se ressentent aussi, comme si le rehaussement des pommettes faisait suffisamment frictionner l’air pour que cela soit perceptible.
Faith a senti ta risette Caprice.
Et comme l’écho, elle a sourit aussi.
Oh oui elle sait très bien, avec toi la mise au point est particulière : trop flou ou trop parfaite, pas de demi mesure.

▬ C’est ce qui fait ton charme.

Murmure échoué à la naissance de ta nuque Caprice, parce que le chaos a forcément quelque chose de beau.
La nuit revêt son manteau et vous enveloppes, pendant un instant, Faith ferme les paupières. Elle n’est plus pensive, se laissant simplement aller dans tes bras et écoutant le silence de étoiles qui commencent à briller doucement.
Les cils s’agitent quand tes doigts emprisonnent quelques mèches de ses cheveux et c’est maintenant ta voix qui la berce Caprice.
Des mots si touchants.
A ton image.
La couleur, c’est parce que c’est faux, le monde n’est pas composé de nuances de gris. Pourquoi est-ce qu’on ne parlerait qu’en noir et blanc ? Alors qu’on peut être rouge colère, ou passion. Bleu nuit et bleu ciel à la fois. On peut être vif ou bien pastel, néon aussi c’est bien…
Néon, c’est peut-être un peu vous.
Brillants une fois dans la pénombre.
Toi-même tu le dis Caprice.
T’es brillante Faith.
C’est aussi ton cas.
Es-tu vraiment un satellite ? Parce que tu tiens plus des étoiles quand on sait te regarder.
Son cœur bat si fort.
Elle te fait sourire Caprice et ça, c’est tellement important. Ton bonheur, il résonne avec le siens et c’est rassurant, de savoir qu’on est pas seul au fond.
Ses iris bleutés croisent les tiens.
Les pommettes toujours plus roses qu’à l’accoutumé, elle ne baisse pas le regard, soutiens le tiens.
Un léger rire lui échappe.
Faith trouve ça gênant quand elle ne trouve plus ses mots, quand elle est submergée par ce qu’elle cherche à exprimer, surtout quand c’est avec toi.
Mais d’un baiser sur le front, tu lui dis que ça aussi tu l’aimes, son langage des signes. Son sourire se fait plus intense, l’amour grondant sur le bord de ses lèvres et elle ferme les yeux.

▬ Merci.

Nouveau murmure.
Elle t’a entendu, autant les mots que les silences, tout ce que tu n’as pas dit et pensé tellement fort, ça lui a tapé directement en plein cœur.
Délicatement, elle recule.
Faith fait glisser ses doigts jusqu’à la base de ta mâchoire Caprice, son regard détaillant tes traits avant de se perdre dans tes prunelles.

▬ As-tu consciences de ta valeur Caprice ? D’à quel point tu es magnifique ? Les joues deviennent plus rouge. Je ne parle pas que physiquement, mais au dedans… à quel point ton cœur est précieux.

Ses doigts glissent avec douceur sur tes joues et avec une grande douceur, ses mains retournes s’enlacer derrière ta nuque Caprice.
Sourire éclatant qui fend son visage.
Elle ne t’a pas quitté des yeux.

▬ Je brillerais, c’est promis. Je brillerais jusqu’à en éblouir tellement les autres qu’ils ne pourront plus jamais s’en prendre à toi. Comme ça, toi aussi tu pourras briller… parce que ta lumière intérieure elle est si douce et touchante Caprice.

On a tellement à dire encore.
Mais c’est compliqué de s’organiser, de savoir par quoi commencer, alors elle marque des pauses, pas pour réfléchir, mais pour aligner les mots.
Ce que tu as dis Caprice, c’était trop beau.
Trop beau pour qu’elle reste silencieuse.

▬ J-Je… moi aussi je suis inquiètes pour toi quand on n’est pas ensembles, mais je sais que tu n’es jamais loin, parce que depuis le début, il y a comme un lien invisible entre toi et moi. Il me suffit de le suivre pour te trouver. Pour la première fois, depuis plusieurs minutes, son regard se baisse. Tu sais, tu es la première personne qui m’a vraiment regardé telle que j’étais, peut-être même la seule, qui a tout pris sans juger et c’est pour ça que toi et moi, j’espère que c’est une infinité. Sans début précis et surtout, sans fin.

On tord les doigts contre ta nuque.
On inspire et on expire.
Le regard se relève.
Et timidement on s’approche, basculement des paupières et du buste.
Ses lèvres effleurent les tiennes.
Je t’aime à en faire peur aux étoiles.

c'est si peu de matière précieuse sous la surface Faith tu sais, les cœurs des corps célestes on suppose qu'ils renferment fer, nickel, silicium et soufre, et l'on ne fait rien de très beau avec tout ça, mais toi
toi rien qu'en effleurant la peau blanche tu parles d'un millier de couleurs et déjà le rouge s'esquisse où tu as passé les doigts. inverse les pôles, nos rôles, c'est moi qui t'entoure et pourtant tu dis que vents et marrées n'interrompront jamais notre magnétique car tu as l'intention de rayonner, passer de lune à soleil pour irradier tous ceux qui voudront faire de l'ombre. la nuit qui tombe, et les sourires au grand jour. c'est plus immense encore qu'être une étoile filante et l'on ne doute pas que tu seras grandiose Faith. alors d'accord. d'accord si c'est ce que tu veux, si c'est ce qui fait étinceler les sourires jusque dans tes yeux à cet instant, d'accord mais
à soi-même qu'on se l'est promis à l'instant où l'on a vu tes premiers éclats dans un coin du champs de vision - c'était la naissance des fils d'argent. ceux qui lient une âme à l'autre et qui font qu'on n'a pas peur des années-lumières Faith, tes regards pour horizon c'est le seul paysage qu'on admire là tout de suite, comme le soleil ils s'inclinent.

et t'entendre dire à haute voix que tu pries les infinis tout bas je voudrais répondre qu'on ne voit que ça, pour toi et moi, à l'infini tes doigts qui se tordent contre ma nuque et dans les miens je voudrais garder toujours les mèches douces, rayons de Saturne entourant ton visage. Faith, Faith encore une fois, encore et encore toi
il fait nuit - embrasse moi.

contact à faire trembler les astres, embrase les iris sous le rideau des cils, les yeux fermés l'on te voit mieux encore, comme tu viens cueillir fébrile - on saisit au vol. c'est sans un mot mais c'est comme déposer du bout des lèvres un millier de compliments. et le sempiternel, on veut aussi - des moments comme ça qui ne s'achève pas, ce serait ne plus jamais toucher terre. une paume au creux du dos, l'autre vient se poser à la naissance de la mâchoire de Faith et les baisers y dérivent à leur tour. les étoiles il faut bien que quelqu'un les découvre sinon, on ne saura jamais si elles rayonnaient vraiment, avant qu'on leur donne un nom. et fini la dérive des satellites, cyclique, ils reviennent retrouver du souffle à ton cou.qu'ils gravitent le plus loin possible, on n'a pas hâte de retrouver leur trajectoire, Faith, restons un peu là - toi dans mes bras, hors de tous les espace-temps, le petit jour c'est dans longtemps.

tutoyer le ciel ★
au dehors, la nuit tombait.
et en dedans, je tombais avec elle.


Laisse-moi faire attention à toi aussi…
Ça résonne et ça fait bim bam boom.
En plein dans sa poitrine.
Et ça ne l’arrête pas, au contraire, ça lui donne le courage de te dire combien tu comptes Caprice, combien tu es important à ses yeux et à son cœur.
Combien elle espère que toi et elle, c’est un infini.
Faith chancelle et ses lèvres frôlent les tiennes Caprice, tu les rattrapent au vol.
C’est un peu comme goûter l’Univers.
Et constater ce goût de « nous » qu’il a.
Le souffle qui se coupe et ses doigts qui plongent timidement dans tes cheveux, comme s’ils cherchaient à s’agripper aux étoiles.
C’est le premier.
Son tout premier baiser.
Et il est parfait, parce que c’est toi.
Ta main sur sa peau et même si tes lèvres quittent les siennes, Faith se demande si elle sait encore respirer.
Ses paupières papillonnent un instant au rythme de tes mots et elle se mord la lèvre inférieure, tout en refermant les yeux.
C’est loin d’être habituel de vibrer ainsi, mais ça lui plaît.
De vibrer avec toi Caprice.
Je brille si tu brilles.
Promis.
Les baisers s’arrêtent et ton souffle dans son cou fait frissonner sa peau ; Faith ouvre à nouveau les yeux, le regard qui s’égare sur la nuit, tout en t’écoutant, inlassablement.
Elle sourit, encore.
La risette toujours plus grande.
Toujours plus douce.

▬ Ça m’atteindra forcément si ça te touche aussi, mais ce n’est pas grave Caprice. Ce n’est pas grave, parce qu’à deux on est obligatoirement plus fort.

Doucement, elle recule un peu, faisant glisser ses mains pour saisir ton visage entre ses longs doigts.
Elle veut voir ton regard.
Tout en restant dans tes bras.
Toujours le sourire aux lèvres, qui s’élargit au contact de vos prunelles respectives se reflétant dans la pénombre.

▬ J’exclue l’idée de pouvoir être un point faible pour toi Cap, je serais ta force si tu le veux bien.

Faith est si sincère.
Elle a cette connexion parfaite entre son esprit et son cœur, un peu comme les jeunes enfants, tout en ayant l’expérience des adultes avec leur œil critique.
Cette fois-ci, avec plus d’assurance, elle dépose ses lèvres sur les tiennes, t’embrassant une nouvelle-fois… ce rappelant que c’était bien réel.
Elle sourit et t’enserre dans ses bras.
Priant que le jour ne se lève jamais.