dans le carcan de son enfance elle avait trouvé un amour familial inébranlable - papa diplomate et maman architecte, les aimaient, elle et son frère, Charlie. De cet amour pourtant ils avaient semé de trop nombreuses heures d'absence, et à y repenser maintenant, elle leur en voulait.
gabrielle, ce putain de cliché ambulant de la fille à maman bien née avec la cuillère en argent dans la bouche - mais contrairement à toutes ces autres petits filles riches, elle avait laissé fleurir une gentillesse absolue et une pureté de coeur qui la rendait hermétique aux attaques extérieures.
le monde alentour ne pouvait pas les atteindre, les enfants choyés, couvés, surprotégés dans leur tour de verre. et l'enfer pourtant s'est gangrénée de l'intérieur, a pourri son insouciance et volé les années juvéniles sans qu'elle n'ait pu l'anticiper - comment contrôler quoi que ce soit à huit ans. le dégoût et la honte ont putréfié le beau cadre familial et laissé pour cendres son corps abîmé entre les murs froids d'une maison qui avait perdu toute sa chaleur.
et la vérité se dévoile enfin - elle le sent, au creux de son ventre, que les intentions sont mauvaises ; elle ressent l'avidité malsaine et les désirs pervers sous les jeux enfantins ; et elle ne veut toujours par le croire, pour toute l'affection qui avaient pu se jouer entre elle et son frère, à la fois preux chevalier et méchant sorcier.
elle n'avait rien dit et pourtant on l'avait arraché, presque un an plus tard -
enfin.
elle a enfoui et mis sous silence puis sous clé les actes odieux et terré dans son jardin secret en décomposition les actes odieux et la trahison. la seule ombre au tableau parfait d'une existence dorée et une famille modèle sous tout rapport.
dans un mutisme ordonné elle n'avait pas hurlé quand ses parents l'avaient laissé être emmenée après avoir bafouillé des explications sans queue ni tête pour une enfant, à lui suggérer que certains d'entre eux n'étaient simplement
pas comme les autres. sa petite valise à côté d'elle, gabrielle avait simplement fait un geste de la main après les étreintes pour dire
au revoir - elle ne l'avait pas choisi, ça non plus.
et dans ce nouveau cadre, cette vie neuve et lavée de toute infamie, elle force sa propre reconstruction - des cendres elle avait l'ardeur de vivre.
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✕ née dans une famille bourgeoise irlandaise, d'une mère architecte et d'un père diplomate, le seul à posséder une alice en dehors de gabrielle. elle a un frère de quatre ans son aîné, Charlie. les premières années de sa vie sont douces et insouciantes, et elle grandit choyée et protégée malgré l'absence grandissante de ses parents en raison de leurs vies professionnelles chargées.
✕ elle développe une relation fusionnelle avec son frère, jusqu'à ses huit ans, âge auquel les abus débutent.
✕ elle ne dit rien des attouchements qu'elle subit à ses parents, mais ses nuits sont jonchées de terreurs nocturnes que personne ne semble s'expliquer.
✕ à cet âge, gabrielle commence à s'exprimer sur les mensonges qu'elle sait malgré les sourires et les façades «
tu mens maman ».
Non c'est faux.
✕ à neuf ans à peine, les autorités viennent la chercher pour l'Académie Alice, et se sent libérée du poids familial, inconsciente du fait qu'elle ne reverra jamais l'un des siens. si son père oppose une résistance minime, sa mère garde le silence - son frère est absent.