Climat anxiogène, atmosphère pesante. T’as beau regarder d’un côté, tu trouves toujours un soucis de l’autre.
Pour beaucoup, la Corée ça vend du rêve. À cette heure-ci, on est plutôt couleur cauchemar. Ceux qui vous rappellent de mauvais souvenirs, l’impression de voir des cages partout où l’on va.
Et plus on tente d’aller loin, plus on se rend compte de la taille de celle-ci. Au début c’était quoi, un petit village, puis une académie? Maintenant c’était une putain de métropole.

Les moindres gestes épiées, des yeux électriques à tous les coins de rue, tandis qu’un énième symbole, de je ne sais quel religion, étaient peint sur les murs.
Et l’attente longue des informations, qui n’arrivent toujours pas, alors on s’impatiente.

”-Fait chier, j’reste pas à attendre sur cette place sans rien faire plus longtemps…, je reviens, je vais me chercher des clopes.”

Je me lève alors du banc sur lequel on est assis, dans un de ces espaces fumeurs qui abritent au moins de la pluie, sortant mon portefeuille, vérifier la monnaie qu’on a à l’intérieur. à peine 10000 Won qui traînent au milieu du reste.
Amplement suffisant pour acheter deux paquets.
Allez, on regarde un peu, on pose un pied sur le sol trempé, à l’abri du regard de la caméra, pour disparaître un court instant dans un bureau de tabac, récupérer un paquet de blonde.

Évidemment, impossible de trouver la marque habituelle, alors je me rabats sur une autre marque au hasard, sans trop savoir, en m’adressant à la vendeuse dans un coréen approximatif, puis basculer sur l’anglais, car après tout, pourquoi est ce que je m’embêterais à essayer?

Et une fois achetée, je retourne d’où je venais, sortant une des cigarettes fraîchement achetée du paquet, pour la caler entre mes lèvres et l’allumer. Et finalement se rendre compte qu’il s’agit de Kretek, alors il y a un goût de clou de girofle qui s’ajoute derrière celui du tabac. C’est pas désagréable, mais ça surprend.

“-Alors? L’employeur a envoyé les détails du contrat pendant que j’étais pas là? Au passage, t’en veux une?”

Disais-je, alors que je tendais le paquet et le briquet à Felix. Le simple fait que j’étais ici me foutait mal à l’aise, alors plus vite on s’occupait de ça, plus vite on déguerpit, et mieux je me porterais.