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heart of glass •• jones (fin)
Henrietta Jones
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Henrietta Jones

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MessageSujet: heart of glass •• jones (fin)   heart of glass •• jones (fin) EmptyDim 29 Mar - 1:38


Il y a cette curieuse cérémonie sociale, universelle et incompréhensible. Le piétinement mou, le rythme irrégulier des petits pas, la légère rumeur du hall de banque. La personne qui s’avance au guichet libre, qui baisse le ton, mais qui sait que toute la file est à portée et alerte. Et cette dernière qui contrefait l’ignorance, la surdité.

Les élèves viennent pour beaucoup par grappes, leurs groupes s’organisent en conversations soufflées et messages envoyés. Ils se montrent leur téléphone en enfouissant leurs rires. Les autres poursuivent le mouvement horloger de leur pouce sur leurs fils d’actualité respectifs.

Henrietta se tenait raide comme un piquet et ne songeait pas à tuer le temps. Elle a de l’expérience dans ce domaine précis. On ne compte plus les heures passées à attendre debout, dans la file du réfectoire, devant la salle de classe, en pause entre les cours ou le matin quand on prend trop d’avance. Douze ans passés à vivre dans les intervalles de vide.

Elle avait les yeux rivés quelque part, ou peut-être plutôt perdus dans rien du tout. Ses yeux brumeux et clairs comme un matin d’hiver, où le souffle épaissit dans l’air déjà opaque. Ses yeux comme la rosée gelée qui transforme l’herbe grasse en dards tranchants. Ces yeux froids et troubles dont on ne savait jamais quelle était la pensée derrière, ni s’il y en avait une.

Elle avait faussé compagnie plus tôt à Nancy et Alma qui s’étaient retrouvé dans un café au centre-ville. Son oreille assourdie par les rires et les fracas des bruits de porcelaine avait capté qu’elles allaient rejoindre d’autres gens. Le reste était un script déjà connu et représenté à maintes reprises : elle se lève, règle sa part et salue la table. Puis elle passait à la poste, à la banque, faisait un tour à la librairie et rentrait. Avec un peu de chance, il ferait beau et elle pourrait rentrer à l’académie à pied. Elle aurait moins de chances de croiser des gens qu’elle connaissait.

Son agacement, son impatience sociale, elle les haïssait autant qu’elle était nerveuse et inconfortable en public. Elle se demande depuis quand date cette amertume. Elle se demande si elle a déjà eu un autre goût en bouche.

A la sortie de la banque, son regard en croise un autre. Tout aussi perdu que le sien, mais - comment pouvait-on le décrire ? - plus profond, plus large, plus lumineux, et plus expressif aussi. Elle s’y confond un instant. C’est Cole.

« Tu risques de perdre ton temps si tu comptes faire la queue. » Elle ne sait même pas pourquoi elle a commencé à parler. Elle le regrette déjà un peu. « Je viens d'y passer une heure. »

Jones Cole
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MessageSujet: Re: heart of glass •• jones (fin)   heart of glass •• jones (fin) EmptyMer 1 Avr - 17:41

trente-cinq euros. c'est ce que lui lâche l'avilissant système au mois. ils sont chargés sur son compte sous la forme de rabbits, ou lapins, ou conejos, tous ces noms qu'ils frappent sur des billets qui ressemblent à des blagues tristes. c'est brillant. on joue on monopoly. prend ton rabbit et va t'acheter une glace.

jones se souvient de ses deux cartes. la gold et la black. crédit et débit. la dernière fois qu'il s'en était servi, c'était au bancomer de puerto escondido, après que santiago aie volé la porsche de son père pour qu'ils partent à la plage. ils avaient oublié leurs permis alors ils durent demander à la police si cinq mille pesos suffiraient à ce qu'ils ne préviennent pas leurs parents. ils se mirent d'accord sur sept ou huit mille, il ne se souvient plus. à ce guichet devant le port il y avait un clochard beurré qui répétait, que votre volonté soit faite et pas la mienne, que votre volonté soit faite et pas la mienne.

debout sur son hoverboard, jones n'observe pas la file agglutinée et son mouvement horloger. ses yeux sévères, ses mains croisées devant sa face dans un air d'intense réflexion défient le soleil et le capital. ses jambes minutieusement positionnées fléchissent d'un ou deux degrés vers l'avant pour que les senseurs directionnels s'activent, puis avec son bassin il donne une impulsion vers la gauche de manière à exercer un mouvement de pivot.

au milieu des rangs rectilignes il commence à tourner sur lui-même.

et il lui semble que le monde tourne avec lui. le monde entier tourne avec stupeur. cela donne au cœur de jones l'élan nécessaire à tourbillonner plus vite, plus vite, plus vite. il étend les bras et, dans une t-pose désespérée, lève le menton au ciel, spiralant pour ce dieu qui ne lui a probablement jamais accordé un signe. dieu sait pourtant que jones n'est pas venu ici pour attendre qu'une machine lui crache son solde - il est là pour faire le pitre.

bien entendu des grappes d'étudiants se retournent incrédules. d'autres dégagent un périmètre à son alentour. certains soupirent. le voyant lumineux du hoverboard s'emballe sous les air max blanches de jones, qui pile net alors qu'une paire d'yeux vagues se heurtent aux brisants des siens.

pris de vertiges induits par son retour à l'immobilité soudaine il peine à contenir sa nausée. c'est jones. pas lui, jones. la vraie jones.

elle lui dit quelque chose qu'il écoute aux trois quarts parce qu'il est occupé à observer la froideur polaire de son visage, cristallisée jusqu'au bout de ses cils dont le design est probablement celui d'un être divin. il imagine que ses joues sont glacées et qu'elles lui brûleraient les lèvres s'il lui faisait la bise - alors en descendant de sa planche il se tient droit.

- jones... j'ai plus un rond. un sourire d'imbécile étire sa bouche aux deux pôles. mais du temps j'en ai plein.

il s'approche avec une sorte de brusquerie mesurée qui lui fait balancer les épaules d'un côté puis de l'autre.

- t'as mangé ? nan t'as pas mangé t'es en pleine hypoglycémie là. la dernière fois je suis allé me chercher un banh mi c'était une frappe j'ai juré. c'est juste derrière la rue là ils font ça bien. ça dit quoi ?

derrière lui son hoverboard ne s'est pas mis en veille. il enclenche visiblement seul une procédure d'entrée en mode hyper vitesse ou quelque chose qui y ressemble. en quatre secondes il fuse à mag 2 et dans un vrombissement cruel vers une file de troisième année qui le voient trop tard.

quelques un tombent sous le choc. jones est trop occupé à mimer la taille idéale d'un sandwich vietnamien sans coriandre.

Henrietta Jones
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MessageSujet: Re: heart of glass •• jones (fin)   heart of glass •• jones (fin) EmptySam 4 Avr - 16:46

Henrietta n’est pas superstitieuse. Elle ne fait pas de voeu devant les fontaines ou les étoiles filantes. Le chiffre 13 est juste un nombre premier. Elle lit les horoscopes avec indifférence et mépris. Car les superstitions existent pour maîtriser les esprits faibles et impressionnables. Et miss Jones ne fléchit jamais.

Mais Jones, l’autre, est une autre paire de manches. Son arrivée est beaucoup plus explicite que celle d’une floquée entière de pies, nombre pair ou pas, à gauche ou à droite de la route. Ce n’est pas de la divination, c’est du bon sens. Le chaos et le désordre, voilà ce qu’il sème.

Elle le sait bien, pour avoir observé de biais sa bande, ses habitués. Avachis, hagards, les yeux rougis et fatigués, doués d’une hilarité artificielle et triste. C’est ça, les apôtres de Jones. Une bande d’adolescents abrutis par son alice.

« On ferait mieux de dégager. Des novas pourraient débarquer. » Elle le tire par sa manche, l’exhortant à laisser agoniser son destrier moderne. Elle sait qu’il en recouvrira un en moins de deux jours, son pote mexicain pourra lui en dupliquer un. Jones, ça elle le sait aussi, obtient toujours ce qu’il veut. C’est le magnétisme des gens étincelants comme lui.

Pendant qu’elle foule le pavé de ses talons, elle repense à son expression. Sa dégaine, ses mouvements éthérés, extraterrestres. Tout ce persona qui fait rire les gens. Sa chemise à palmiers qui flotte. Que trouvent-ils de drôle ? Elle le trouve misérable, pathétique. Ses yeux de chien triste ont imprimé sa rétine au fer. Son sourire béat et stupide aussi. Il ne mérite pas la sympathie massive qu’on lui accorde, mais de la pitié, juste ça. Elle en pleurerait.
Elle se retourne brusquement. On dirait qu’elle est en colère.

« Cole, tu ne sais t’attirer que des ennuis. »

Elle est en colère contre elle-même.
D’habitude, elle observe son naufrage de loin, contourne ses signaux de détresse, met ses œillères quand elle l’entend.
Elle s’était promis qu’elle ne sombrerait pas.

Ses doigts tendent un billet lisse et brillant, du bout de l’index et du pouce.

« Il vaut probablement mieux que tu ailles manger. Dans le café là-bas y a Nancy et Alma. Et le type qui traîne avec elles parfois. »

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MessageSujet: Re: heart of glass •• jones (fin)   heart of glass •• jones (fin) EmptyMar 7 Avr - 17:19

l'homme est l'unique animal à savoir qu'il est seul.

il cherche l'autre avec appétit et constance sans trop savoir pourquoi. souvent il le trouve. après il se perd.

on se perd quand on trouve l'autre, on se perd dans l'autre, on se perd avec l'autre. les possibilités sont nombreuses. la vérité qui en ressort c'est que la solitude est le fond ultime de la condition humaine. jones le saurait s'il avait lu octavio paz. mais le seul labyrinthe de la solitude qu'il connaisse, c'est le sien.

non, pas même le sien. jones a depuis longtemps calfeutré tous les chemins du labyrinthe pour ne pas avoir à y entrer. évidemment sans y entrer il ne peut pas en sortir. alors à la place il erre dans le néant.

il erre dans le néant jusqu'à ce qu'henrietta le prenne par la manche et l'emmène avec lui. elle marche au devant des autres qui l'entourent et le distancient.

évidemment jones rigole, parce qu'il est très bon à ca ; rire alors qu'on l'entraîne vers une péripétie dont l'issue va le confondre et le projeter par terre. évidemment jones sourit, parce que sa bouche ouverte donne sur un trou noir, où s'échoueront toutes les substances constitutives d'un rêve qui se gonflera dans son ventre et finira par éclater. évidemment jones hilare se laisse emporter.

et puis henrietta se retourne et son visage n'est pas celui des autres. il n'est pas celui qu'il se figure le soir seul dans son lit. il est celui qui voit, dans le rire branque, les yeux torves, comment et par qui a été fabriquée cette pantalonnade. il voit dans l'opacité de la tristesse qui se fait passer pour une foire. il voit que c'est l'espace propice à la fermentation du désespoir.

tu ne sais que t'attirer des ennuis, cole. le visage d'henrietta est le seul qui apparaisse sans qu'il ne l'aie cherché.

elle se tient face à lui dans ce qui n'est pas la ville étudiante mais le labyrinthe de la solitude. voilà, il a forcé la porte. maintenant il se trouve en son centre et tout près se déploient des millions de passages. tout est de sa faute. devant elle il est nu. son ventre se serre alors qu'elle lui tend le billet et il lui en veut terriblement. cependant il ne le sait pas lui-même. ce ressentiment qui se terre et fore un trou en lui est sédaté depuis longtemps par un long roulement de tambour. le spectacle doit continuer, il doit reprendre. jones fait tout pour appliquer la loi du comme si de rien n'était.

- me propose pas de rabbits, tu sais que je te les rendrai jamais.

il tend la main comme pour se saisir du papier luisant. il se saisit plutôt de son poignet.

- non t'as pas capté. je voulais t'inviter. ils m'aiment trop là-bas tu sais ils me font des sandwichs à l'œil.

rien ne semble pouvoir faire déserter ce sourire banane.

- si je rejoins les autres je vais me faire fumer... je leurs dois trop de thune.

il la lâche - il serrait un peu fort et des marques blanches s'éternisent sur la peau d'henrietta.


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MessageSujet: Re: heart of glass •• jones (fin)   heart of glass •• jones (fin) EmptyVen 10 Avr - 0:56

La consternation a complètement chassé l’irritation. Elle ne s’attendait pas à ce que la main de Jones soit si glacée. Le contact la brûle et l’incendie remonte à ses joues.
Le mouvement est d’une violence inouïe pour elle ; elle qui avait toujours vécu à travers un voile, hors de portée des autres, dans une chaise à porteurs immobile. Quelqu’un vient de l’en faire tomber.
Elle a comme un mouvement de recul, celui qui est instantané et instinctif. Quand il la lache, elle est encore marquée au fer, sonnée par sa prise d’initiative où elle croit voir de l’agressivité.

A la lisière de ses yeux célestes, elle devine une ombre effroyable, un lac souterrain sans rides et sans bulles, une immense flaque de pétrole opaque et nauséabonde. Henrietta sait que Jones n’est pas celui qui est dépeint sur son masque grotesque. Elle a deviné la grimace qui gît en dessous, qu’aucun archéologue ne peut mettre à jour sans y perdre une partie de soi.

Elle avait vu une amie être dévastée par ce type. Elle l’avait vue se ternir, perdre ses pétales et ses sourires. Elle l’avait vue se gangréner de l’intérieur à cause de sa relation avec Jones. Quelle lune de miel, plutôt une soucoupe de vin aigre.

Et si Nancy la solaire, Nancy la rayonnante, Nancy qui avait réussi à se loger dans son coeur aride à elle, n’avait pas réussi à le sauver, personne ne le peut, pense-t-elle.

Henry n’est pas qualifiée pour ça. Ses compétences sociales ne couvrent même pas les bases des interactions conventionnelles. Elle a des lacunes irrattrapables, comme ces enfants sauvages qui grandissent dans les bois. Quelqu’un comme elle ne pourrait jamais être le tuteur de l’âme difforme de Jones.

« Tu m’excuseras. Je n’avais pas compris ça. »

Henry rempoche son billet et acquiesce de la tête.

Elle déteste ce sentiment désagréable ; c’est un tendre mélange de honte et frustration. Elle voudrait tout lui dire là, tout de suite, j’ai des sentiments pour toi que j’essaie de réprimer, elle le regarderait droit dans les yeux, mais je pense qu’ils sont déraisonnables, elle ne cillerait pas, passons à autre chose, et elle lui tendrait la main, comme pour conclure un contrat de vente. Elle est sur le point de le dire, elle inspire.

« Je n’ai jamais mangé de banh mi. Je ne sais même pas quel goût ça a. »

L’idée floue d’un sourire parcourt ses lèvres. Elle a les yeux qui rient.

L’échoppe est à deux pas, on y entend une télé qui récite le top des clips musicaux du moment et des machines à piler des glaçons. Il faut la prévenir que ça peut être épicé, elle n'a pas l'habitude.

@Jones Cole

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MessageSujet: Re: heart of glass •• jones (fin)   heart of glass •• jones (fin) EmptyLun 13 Avr - 4:54

rien ne saurait justifier ce qui se passe en lui.
il regardait les mains d'henrietta se retirer brutalement, comme s'il les avait empoisonnées en les prenant dans les siennes. il se sentait bête et contrit devant sa réticence et, s'il n'avait pas l'esprit aussi clair (fait rare), il les aurait aussitôt reprises pour l'entraîner dans une sorte de bootleg de salsa.

mais cela n' importait pas. son geste avait suffi à inoculer de lui à elle ce virus innommable qui attendait patiemment d'avoir quelque chose à parasiter.

jones, en cet instant, sentait que tout ce qui agitait sa couenne était inacceptable et idiot. il sentait qu'il avait perdu les rênes et les rêves qui tenaient à carreau son insupportable caractère. il ne pourrait s'empêcher de faire le beau, de briller comme cent soleils, de brûler avec une hardiesse merveilleuse tout ce qu'henrietta lui présentait d'infranchissable. il s'en savait capable, et plus encore, il savait que c'était son rôle, son destin.

elle remballa ses rabbits et lui montra son désarroi. il ne pouvait que lui sourire en pur crétin. parce qu'en dépit de tout ce qu'elle lui présentait, la froideur désolée, le front plissé, les yeux défaits, il la trouvait si démesurément mignonne. il ne pouvait plus faire attention à ce qu'elle lui faisait subir à propos de lui-même. il ne pouvait plus la tenir responsable de tous les coups qui pleuvaient au fond de son ventre. sans avoir à l'exprimer il éprouvait une étrange tendresse pour ce châtiment qu'elle lui infligeait. elle n'avait même pas besoin de lever la main ou la voix... s'il n'était pas si occupé à regarder le mouvement de ses lèvres qui se déliaient à grand peine, il se serait mis à genoux devant elle avec enthousiasme.

- donc tu ne sais pas encore à quel point la vie vaut la peine d'être vécue.

rien ne pouvait naturellement porter un organisme comme celui d'henrietta vers jones. autour de lui se formait un microclimat qu'elle détestait par essence. autour d'elle se formait une gangue protectrice annulant tout type d'effusion comme un coagulant. mais jones était un agent de fluidification si efficace qu'il lui était possible de la toucher au niveau du poignet, et peut-être aussi du regard, et d'y faire circuler des choses ; car à présent ses yeux étaient presque rieurs. mais est-ce qu'il pouvait les faire eux aussi pleurer ?

il ne voulait pas le savoir. il ne voulait pas. il se rengorgea devant son expression qui était une promesse aussi bien qu'un avertissement. une nausée lui remontait dans la gorge rien qu'en pensant à certaines choses - d'autres choses - et il se demanda comment il pourrait réprimer son haut le cœur tout en paraissant encore séduisant.

jones comprit qu'il n'avait jamais paru séduisant aux yeux d'henrietta et que précisément pour cela elle l'accompagnerait manger un banh mi ce midi. en continuant de marcher vers le magasin il ne se retourna pas pour s'assurer qu'elle le suivait toujours.

ce n'était pas parce qu'il était sexiste ou cavalier, mais bien parce qu'il était servile, qu'il commanderait pour elle.

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MessageSujet: Re: heart of glass •• jones (fin)   heart of glass •• jones (fin) EmptyDim 19 Avr - 2:06

La glace ne se brise pas. Mais Henrietta la voit suinter, et à travers, le dos de Jones qui s’éloigne comme un mirage.

Sa phrase résonne encore en sa tête.

donc tu ne sais pas encore à quel point la vie vaut la peine d'être vécue.

Henrietta se jauge et voit rétrospectivement une demi-vie, un immense monologue dont elle ne voit plus le commencement. C’est pourtant la voie qu’elle s’était choisie délibérément et elle n’éprouve aucun regret. Elle commence à énumérer toutes les raisons pour lesquelles elle avait décidé de vivre sur la parallèle, comme des psaumes redondants pour se protéger de la tentation.

Mais la liste est finie, et elle la trouve soudainement ridicule. Elle n’a plus envie d’obéir à ce règlement intérieur. Elle n’a plus envie d’être sur son perchoir, à observer les autres sans s’y mêler. Elle n’a plus envie d’esquiver et de fuir. Elle comprend qu’en se protégeant de la souffrance, elle se préserve aussi de la béatitude. Et toute l’intensité ambivalente qu’elle a cherché à ne pas ressentir se fait désirable.

Ce sentiment vertigineux s’empare d’elle comme une vague puissante, contre laquelle elle ne lutte plus. L’anxiété est écrasante, mais elle a une boussole en main ; c’est Jones et la chaleur qu’il dégage.

Elle ignore tout alors de ce qu’elle ressent, mais elle a assez lu et vu pour savoir qu’on rencontre parfois des gens comme ça, des oasis inexplicables, des phares dans la nuit, et qu’il ne faut pas les perdre de vue.

Elle décide de lui emboîter le pas.

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