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strobelite •• jones
Henrietta Jones
DEUX ÉTOILES
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Henrietta Jones

Messages : 88
Classe : universitaire, biologie

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MessageSujet: strobelite •• jones   strobelite •• jones EmptyDim 10 Mai - 0:21

momentary pain
can be pleasure lain


Elle se réveille seule au milieu du lit défait, dans la lumière orangée du soleil qui brûle à l’horizon. Dans le Nevada, il n’y a pas de couchers de soleil ; le ciel s’embrase pour laisser voir la vraie lumière, celle des néons et des fontaines. La chaleur étouffante se change en une tiédeur enveloppante, anesthésiante, qui inhibe de la tristesse ou de l’inquiétude. Elle a encore la tête qui tourne. Mais elle est habituée maintenant.

Ses pas la mènent à la penderie où ses robes fraîchement nettoyées par le room service s’alignent, enveloppées des sacs transparents du pressing comme des cocons de chenille dormants. On devine sous le cellophane bleuté des sequins, des broderies dorées, du velours de soie satiné. C’est une garde-robes de fêtes. C’est ce qu’il faut pour accompagner Jones. Sa main erratique les caresse du bout des doigts et déchire l’une des enveloppes avec un mouvement violent.

C’est bizarrement dans le faste de Vegas qu’Henrietta avait trouvé ce qui se rapprochait superficiellement le plus du bonheur. Cette non-existence dans les lobbys d’hôtels est celle qui lui convenait le mieux. On ne vit pas à Vegas, on fait des rêves éveillés, éclairés par les lustres des salles de jeux et les lasers des clubs.

Les autres non plus n’existent pas vraiment. Ils sont comme elle, entre deux eaux, piégés dans un monde qui n’est pas réel. Elle a le sentiment de voyager dans l’âme humaine ; son empathie grandit au fur que l’alcool se densifie dans son sang. On dirait qu’enfin elle est plongée dans le grand bain de l’existence ; finalement elle voit l’humanité des gens quand ils sont le plus dépossédé de leurs apparences triviales. Et dans tout ça, la conclusion, c’est qu’elle les aime bien.


En foulant la moquette épaisse elle reconnaît son dos qui se profile à une table de jeu, un peu voûté, déjà fatigué, avec ces soubresauts de joie instantanés que la chance commande. Elle le regarde quelques minutes, un verre de gin tonic à la main. Elle s’approche et s’arrête derrière lui, l’entoure de ses bras, pose sa joue contre sa tempe.

« Tu gagnes, j’espère » est toujours la première chose qu’elle lui dit dans la journée.

Elle ne lui voit pas de verre. Elle se demande s’il est en train d’utiliser son alice.

Henrietta a toujours su quelque part qu’elle voulait passer la vie avec lui. Mais l’ultime dessein de son sacerdoce est d’assister à sa mort, car il est certain qu’il mourra avant elle, au firmament de sa trajectoire. Comme une prêtresse dévouée qui recueillera le sang de son messie, comme les pleureuses qu’on payait autrefois à s’arracher les cheveux pour donner de la splendeur au deuil, elle se tient prête à recueillir ses larmes.

« Tu me manquais déjà. » Elle force un accent précieux, rare, s’assoit à côté de lui ; son visage dépeint une assurance, une radiance qui crissent comme une corde de violon qui se casse ; il est défiguré par tout le fard et toute la laque dont elle empeste.
Henrietta n’est pas elle-même, au mieux est-elle une déclinaison vulgaire et premier prix d’elle - ironique, considérant qu’elle n’avait jamais été mieux parée. On dirait un portrait grotesque peint par un singe.

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