Ce matin, la vie est belle.
La jeune Moïra, qui allait bientôt être un tout petit peu moins jeune, s'était habillée de ses vêtements préférés, fait sa plus belle coiffure, même si on est loin du résultat d'un coiffeur professionnel, avouons le. Peu importe ! Elle avait même osé se faire un petit maquillage léger, histoire d'assumer son entrée dans cette nouvelle année d'existence ! Gambadant, elle se rendit vers le réfectoire, puis ses premières heures de cours ! Tout le monde semblait beau, adorable, sympathique. Elle saluait tous ceux qu'elle croisait, aujourd'hui, le monde souriait.

Mais ne nous attardons pas sur ces moments sans importance, les cours, les repas, ce n'est pas ce qui motivait notre petite brune à sautiller dans tous les sens aujourd'hui. Bien sûr les messages de ses amis lui faisaient plaisir ! Bien sûr, le déjeuner en compagnie d'Aline la remplissait de joie ! Oui, même le moment où sa meilleure amie avait (encore) renversé un verre sur l'assiette de notre star du jour. Mais un message l'avait particulièrement intriguée. Dès le matin, Stanis lui avait donné rendez-vous dans la salle de danse. Et dès le matin, elle avait imaginé quelle pouvait bien être la mission que son ami s'était donné !

Une fois arrivée au lieu de la convocation, Moïra se mit à faire quelques étirements, autant profiter de la salle de danse non ? Et puis... Il est toujours temps de s'entraîner, vous croyez quoi ? Que le grand écart vient tout seul ?

Hum... Oui, du coup, Stanis...
Est-ce qu'il va arriver avec une énorme bande de pote pour faire une petite chorée d'anniversaire à Moïra ? Bon, elle les aurait peut-être déjà remarqué... Ou bien il va lui offrir une jolie plante ? Ah nan c'est vrai qu'elle en a déjà plein dans la serre... Ou alors peut-être qu'il va l'inviter au resto ce soir, pour un petit dîner aux chandelles. Ah ouai non, ça pourrait porter à confusion, vu que c'est aussi la Saint Valentin. Franchement, je sais pas qui a eu l'idée de caler cette fête sur son anniversaire, mais c'était une idée débile. Pas moyen de faire une soirée tranquille entre potes quoi.

Un petit regard vers sa montre, l'impatience au bord de ses lèvres souriantes. Elle s'adosse contre le mur.

- Je suis prête ! murmura-t-elle pour elle-même.

Quelques minutes d'attente, une certaine impatience d'adolescente qui provoque plusieurs regards pressés sur l'heure qui tournait.

Connaissant son ami, notre petite Moïra l'imaginait presque déjà courir dans le couloirs pour la rejoindre parce que, eh, c'est l'heure là, faudrait faire gaffe à ne pas être en retard !
C'est donc sans surprise, mais pas sans sursaut, qu'elle le vit faire irruption avec fracas dans la salle de danse. Comme tout le monde dans la pièce, la petite brune se retourna vivement vers la porte pour apercevoir un genre de missile qui lui fonçait dessus bien trop rapidement.

Heureusement qu'elle avait des réflexes. De très bons réflexes.
Dans une pirouette habile, elle évita l'énorme paquet qui semblait l'avoir prise pour cible avant de comprendre. C'est mon cadeau !!
Se retournant vers Stanis, elle se mit à rire sur sa superbe phrase d'introduction. Loin d'être étonnée, elle avait appris à ne plus être déconcertées face aux réactions du jeune homme.
En un sens, il se ressemblaient pas mal, aussi impulsifs, aussi insouciants, la jeunesse imprudente à l'état pur quoi.

- Si tu pouvais éviter de me tuer le jour de mon anniversaire, ce serait cool tu sais ! articula-t-elle dans un petit rire.

Mais devant l'insistance de son ami, elle se pressa de rejoindre son cadeau. Loin d'elle l'envie de le voir vider sa vessie en plein milieu de la salle.
Que pouvait-il bien y avoir dans une boîte aussi grosse ? AU fond d'elle, elle espérait que Stanis n'avait pas dépensé tout son argent pour ça, elle en aurait été plus que gênée.

Elle défit alors l'emballage pour découvrir ce qui semblait être un immense amas de tissu.Quelque peu perplexe, elle tenta d'en sortir le plus possible. C'était plein de couleurs, on aurait dit un genre de costume de scène. Elle nota directement la matière, qui était plus qu'agréable.

- Wow, c'est trop beau ! C'est quoi ?

Pour danser ? Pour danser !
Il ne fallait pas plus que ces deux mots pour faire apparaître un grand sourire sur le visage de Moïra. Stanis avait dû se creuser la tête pour trouver un cadeau original et arriver à ce résultat, ce qui ne manquait pas de toucher l'adolescente, elle qui n'attendait pas forcément de cadeaux. Elle avait toujours eu tendance à se contenter de peu, appréciant simplement la présence ce ceux qui lui sont cher. Retournant le tissu dans ses mains, elle observait les couleurs chatoyantes du costume, tout en écoutant les explications de son ami.

Il semblait vraiment bien la connaître, même si toutes les danses trouvaient grâce à ses yeux, elle appréciait tout particulièrement la danse contemporaine. C'est certainement celle qui permet de raconter le plus d'histoires, de montrer et faire ressentir le plus d'émotions. Un geste suffit à captiver une audience, voilà ce qu'elle aimait le plus.
Alors lorsqu'il l'aida à déplier ce cadeau sur le sol, Moïra sentait monter l'excitation, elle avait envie de l'essayer, de se mettre à danser, d'exprimer toute sa joie.

C'est alors qu'il la compara à une fleur.
Un compliment qui la toucha bien plus que n'importe quelle flatterie insipide que certaines personnes pouvaient lui sortir. Elle qui aimait tant les fleurs, les plantes, leurs mouvement harmonieux lorsqu'elles se retrouvent soulevées par les vents. Elle espérait souvent égaler ce rendu lors de ses chorégraphies. Elle jeta un petit regard complice à son ami.

- Oh, c'est tellement gentil ! Bien sûr que ça me plait, c'est sublime ! Et puis, Loïe Fuller ?! C'est trop génial ! Ses chorégraphies son tellement gracieuses, limite féeriques ! C'est tellement cool !

Elle avait presque du mal à y croire et très vite, l'envie de le porter et d’essayer quelques mouvements l'envahit. Elle enleva son haut pour être plus confortable en brassière et commença à fouiller à travers le tissu.

- Oh oui, je veux l'essayer tout de suite ! C'est dans quel sens ??

Elle releva alors l'étoffe, tentant tant bien que mal de trouver une sortie à ce labyrinthe drapé. Elle s'imaginait déjà sur scène avec ce nouvel accessoire, auquel elle voulait absolument faire honneur.