Stanis, il est né quelque part dans un trou perdu au milieu de la campagne polonaise. On ne sait pas vraiment où, mais on s'en fiche un peu. De toute façon, personne ne serait capable de vous lire ce nom-là.

Et qu'est-ce qu'il reste d'avant ? Rien. Est-ce que ça existe même, avant ? Pas vraiment. La vie commence quand on a trois ans, visiblement.

On lui dit que ses parents n'étaient pas comme lui. On lui dit qu'ils l'ont cédé sans faire d'histoires peu de temps après son troisième anniversaire : après avoir constaté les faits. Souvent, quand Stanis a le sommeil qui fuit, qu'il se tourne et retourne dans son lit, il y pense. Il y pense même s'il sait que ça ne sert à rien, qu'il ne devrait pas.
Il se demande si c'est vrai ou si c'est faux. Il se demande si à leur place, il aurait fait la même chose.


L'ennui, c'est d'ignorer ce qu'il s'est promis de savoir. Le paradoxe, c'est d'aimer cet endroit qui lui a tout donné, mais de ne jamais avoir assez. Le problème, c'est de ne pas vouloir désirer, mais désirer quand même, en silence.

C'est un ado' gentil à l'alice un peu turbulent, Stanis. Il rend son monde et celui des autres plus coloré et fantastique de toutes les manières possibles. Ici, c'est comme un pays imaginaire. Il s'est créé ses repères tout seul. Le prince sur son cheval blanc, les sorcières, les princesses, les animaux qui parlent : ça fait toujours vibrer quelque chose à l'intérieur. Pas populaire. Pas impopulaire. Il a des plans par centaines. Il a l'excitation d'apprendre et de s'apprendre encore.

Vous le voyez souvent traîner avec un vieux baladeur vissé dans les oreilles, et vous vous dites qu'il vient d'un autre monde ; un peu une apparition, un peu un fantôme.