Ça aurait pu être comme toutes les fois. Le même lit, les mêmes draps, les mêmes murs et la même sensation d’avoir été trop loin. Ça aurait pu être comme toutes les fois, à regretter la fierté mal placée, à se demander à quoi bon se lancer des défis si c’était pour finir clouée au sol ensuite. Ça aurait pu être comme toutes les fois. Non, ça aurait dû être comme toutes les fois.
Ça aurait dû être Le même lit Les mêmes draps Les mêmes murs La même sensation
Ça aurait dû Ça ne l’est certainement pas.
Elle entend les pas autrement plus pressés dans les couloirs, elle observe les traits autrement plus tirés du personnel qui vient s’enquérir de son état. Peach est plutôt coutumière des allés retours dans les draps de l’Hôpital, tant est si bien qu’elle y avait pensée à s’y installer définitivement. Ce n’était pas tant la faute de sa maladresse que de sa fierté. L’envie de franchir les limites, de se faire entendre, de se faire voir, de leur faire voir. Une envie qui, couplée à un don inexplicable pour s’attirer des ennuis, la menait souvent s’essuyer de nombreuses bosses. Pas extrêmement douillette, Peach, quand ça fait crac, quand ça fait boum, elle ne scille qu’en de rares occasions. On l’a dit parfois courageuse, elle se pense totalement inconsciente. Elle aime dire, qu’à force, c’est le métier qui rentre. Aujourd’hui encore c’est plus par habitude que par réel besoin qu’elle s’est retrouvée assise sur ce même lit blanc, au cœur de ces mêmes murs, pour se faire inspecter l’épaisse bosse qui trône à l’arrière de son crâne.
« A force, vous allez vraiment finir par vous rompre le cou. »
Peach ne dit rien, il y a des tapis au club des Cheer quand on tente les grands sauts. Certes, ça n’empêche pas toujours les bobos, mais ça empêche le décès, ce qu’elle considère comme déjà pas si mal, en fait.
Nan, décidément, ce n’est pas comme ça devrait être. Depuis l’incident, rien n’est plus comme il devrait l’être.
Une pensée amère pour l’autorité maternelle, pour Maman et Grand-mère. Si tu savais, maman, comme elle est belle ta putain d’académie. Le plus laid des paradis et le plus beau des enfers.
« Et voilà, comme d’habitude, pas de geste brusque, on arrête les cabrioles une semaine et si vous avez le moindre sig- » « Je connais le chemin, ne vous en faites pas. J’ai l’habitude. » « Quelqu’un pour vous raccompagner ? » « J’ai appelé une amie. » Peut-être pas la bonne, ceci-dit. C’est seulement après t’avoir appelée, qu’on s’est souvenue avoir promis de ne plus recommencer.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Mar 18 Fév - 14:13
i see fire
on reçoit l'appel, on s'énerve, on panique, le corps se tord d'angoisse, on ressent la peur, encore une nouvelle fois, comme si celle de la terrible nuit n'avait pas suffit, comme si on n'avait pas encore assez joué avec tes nerfs, avec ton coeur.
on court, on traverse l'établissement pour se rendre à l'infirmerie, parce que c'est Peach, parce que c'est elle et qu'à chaque fois qu'elle se blesse c'est un peu comme si on transperçait ta propre chair.
et quitte à choisir, tu préférerais qu'on abîme ton propre épiderme, plutôt qu'elle.
tu la retrouves là, à l'entrée de l'hôpital, les gestes doux mais le regard sévère. Tu interpelles un infirmier, tu demandes ce qu'il s'est passé et comment elle va. Si Peach le disait d'elle-même, tu ne l'écouterais qu'à peine; parce que c'est pas la première fois, et c'est certainement pas la dernière.
tu te tournes vers elle, d'un air désabusée, comme si tout cela te dépassait ―alors que tu comprends mieux que personne ce qu'elle est en train de faire.
― une semaine ils ont dit. Une putain de semaine. c'est qu'une semaine, c'est long, parce qu'on n'a pas de temps à perdre quand on veut montrer au monde entier tout ce qu'on peut faire, on n'a jamais assez de temps pour montrer qu'on en vaut la peine.
tu t'emballes un peu, parce que c'est toujours fort de la voir dans cet endroit; ― mais ça t'arrives de réfléchir un peu ?! t'es pas toute seule ici putain !
c'est que tu voudrais lui balancer pleins d'autres trucs encore, des mots plus durs, des mots plus beaux, mais ce n'est ni l'endroit ni le moment.
alors tu t'adoucis, le ton plus calme, plus bas, mais toujours aussi lourd d'émotions qu'il faut contenir; ― t'avais dit que tu ferais plus attention...
t'avais dit ceci, t'avais dit cela, toujours plus facile à dire qu'à faire hein ? Toujours "faites ce que je dis pas ce que je fais". Et tu voudrais la serrer dans tes bras, mais t'es bien trop fière pour le faire. Alors tu cours à sa rencontre, puis tu râles, parce que c'est ce que tu sais le mieux faire; la rejoindre à l'autre bout du monde s'il le fallait juste pour un sermon.
― tu veux qu'on passe la soirée ensemble ? y'a quelque chose que tu veux faire ? j'ai pas envie de passer ma soirée à t'engueuler, on vaut mieux que ça.
surtout toi Peach, tu vaux largement mieux que toutes ces conneries.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Mar 18 Fév - 15:38
&
And if the night is burning I will cover my eyes
Pour ne pas voir
qu'on brûle
ft. altaïr
C’est paradoxal l’effet que ça fait tes engueulades. C’est paradoxal comme pas mal de choses, en vrai. Elle pourrait grogner sous le poids de ton instinct maternel. Elle pourrait te sortir les grandes tirades de, comme quoi, qu’on est plus gamins. Elle pourrait te répliquer des tonnes de choses, s’offusquer sur tout un tas de trucs et pourtant. C’est vraiment étrange, tu sais, cette manie qu’elle a d’aimer follement les contraires. Ça lui rappelle Maman, l’époque où l’on jouait devant les grands et les caméras. Tu sais, cette époque où tout était calculé, millimétré. Peach ne pouvait pas faire un pas, un saut, un geste, sans affoler la fine silhouette de sa mère. Trop précieuse pour se faire mal… Trop rentable surtout. Mais ça, c’est un concept dont on a pris seulement conscience passé les portes de l’adolescence. Ouais, elle pourrait sacrément t’en vouloir de la ramener à cette époque où l’infantilisation était roi, où elle ne s’appartenait pas. Pourtant, il n’y a qu’un sourire faussement désolé qui peint son visage, un peu comme-ci, quelque part, on aimait l’idée d’être assez précieuse pour que tu t’énerves de nos blessures.
« J’avais pas prévue de me fracasser le crâne contre le sol, tu sais ? »
Un léger haussement d’épaule, on pourrait s’excuser d’être une enfant aussi têtue et turbulente. On n’en fera rien. Tu sais, cette bosse, comme toutes les autres, on ne les regrette pas. Quelque part, on ne se sent réellement vivante qu’en fonctionnant comme ça. Prendre ce risque un peu fou, se dire qu’on fait quelque chose d’utile, pour sois, pour les autres aussi. Parce qu’il y a toujours un peu des autres dans la logique de notre fonctionnement. Le résultat n’était peut-être pas aussi spectaculaire que prévu, mais si le voyage avait pu faire disparaître le voile sombre des regards qu’on observe depuis l’accident, alors ça valait la peine. C’était notre fierté personnelle. On sait que tu peux le comprendre, Alex, sans doute mieux que personne. La valorisation par le devoir, par le regard d’autrui. C’était là notre rôle de capitaine, mais surtout, c’était là le rôle qu’on avait décidé de s’octroyer tout court.
« Je voulais monter une nouvelle choré au club. Un truc un peu plus ambitieux que d’habitude, pour changer un peu les idées des gens. Tu sais, depuis l’accident, c’est plus comme avant. C’est pesant les regards des autres, on se croyait tous à un enterrement, c’est déprimant. »
Essaye d’être désinvolte même si la peur tord un peu le ventre. Le nouveau système, l’attaque, si depuis le lycée la vision de l’académie était devenue plus grise, les couleurs tiraient beaucoup plus sur le sombre depuis quelques semaines. Il y avait, tu sais, un arrière-goût d’injustice, de révolte. Comme-ci il y avait un bug dans le système et qu’on s’offusquait de ne voir personne le pointer du doigt. Depuis l’incident, on ne savait plus si on devait soutenir ou décrier l’académie. On était loin d’être seule, depuis quelques semaines, c’est dans tous les regards que Peach avait surpris cette dualité.
« Je voulais pas t’inquiéter… »
Ça sort un peu tout seul, l’expression penaude n’est plus fausse.
« Mais je suis d’accord, plutôt que de s’engueuler, tu voudrais pas aller manger un bout ? »
Tu sais, se fracasser le crâne dans l’espoir d’être autre chose qu’une petite merde c’est un sport qui creuse.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Mar 18 Fév - 21:15
i see fire
tu le sais que c'est pas à toi de l'engueuler, tu le sais mais ça ne t'empêche pas de le faire. Parce que si tu le fais, c'est que ça vient du plus profond de toi, quand tu grognes, c'est ton coeur qui grogne. Quand elle se blesse, c'est ton coeur qui se blesse, tes poumons qui se remplissent et se vident plus rapidement, tes pensées qui s'emêlent et s'accélèrent. C'est pas à toi de l'engueuler, mais c'est juste que tes émotions sont trop lourdes pour en pas être extérioriser.
― je sais que tu ne voulais pas m'inquiéter; et moi, je voulais pas m'énerver, je suis désolée.
1m50 vs 1m70; tu te penches et lui donnes un petit coup de tête, même si t'as l'air bizarre, t'as pas peur de ce qu'elle peut penser de toi. T'aimes bien faire ça, donner un léger coup de tête dans la sienne, comme si t'allais remettre ses pensées en place, ou qu'elle allait recevoir tes propres pensées dans sa boite crânnienne; évidemment ça ne change rien, mais tu continues de parfois le faire; un vieux réflexe sans doute, qui sait.
― c'est vrai qu'ils ont l'air chiants dans ton club, ils savent pas s'adapter et arrêter de te regarder comme si t'étais complètement timbrée. C'est peut-être vrai sur les bords, qui sait, mais ils pourraient au moins faire semblant d'être contents d'être là; tu termines par autant pas venir sinon.
il n'y a rien de vexant dans ton "peut-être que t'es timbrée qui sait", au contraire, tu détestes le jugement qu'il peut y avoir envers ceux comme Peach qui peuvent être différents; puis sans mentir, c'est vrai que t'aimes pas trop quand on regarde mal celle que tu veux protéger, surtout que t'as tendance à la considérer comme ton propre sang sur les bords. Quoi de pire que de lire sur le visage de ces tocardes et tocards le malaise que peut provoquer quelqu'un que t'affectionnes ?
― je te soutiens pour ta choré, je sais que tu peux y arriver, mais par pitié fais attention à tes mouvements, et essaie d'avoir toujours des gens autour de toi, juste pendant l'entraînement, tant que t'es pas cent pourcent sûre de tes mouvements; juste ça.
si tu avais les capacités de venir la sécuriser toi-même, tu le ferais. Tout ou rien, on l'avait dit, tu te souviens ? Mais c'est pas le cas, tu es trop frêle et trop peu sûre de tes mouvements toi-même pour te permettre le moindre écart; à sa place, tu te ferais aussi mal qu'elle.
― Dieu merci oui, rien de meilleur au monde que d'aller manger plutôt que de s'engueuler, c'est une de tes meilleures idées aujourd'hui.
piquante mais pas trop, parce que tu ne veux que la chérir malgré ses conneries; tu ne sais que trop ce désir de vouloir être vu pour ce que l'on sait faire, pour ce que l'on est. Élan d'affection, tu caresses doucement sa petite tête.
― et je sais que j'force mais si j'apprends une mauvaise nouvelle de la part des infirmiers, c'est moi qui viens te casser la tête.
et ça venant d'Alex, c'est presque une déclaration, pour te dire qu'elle t'aime.
vous pouvez partir, Alex te suivra là où tu iras ―qu'importe l'endroit.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Ven 21 Fév - 19:14
&
And if the night is burning I will cover my eyes
Pour ne pas voir
qu'on brûle
ft. altaïr
Front contre front, comme pour bousculer la peur et remettre les idées en place. Peach ce n’est pas une fragile tu sais, c’est pas tes coups qui vont lui faire peur, la faire frissonner. Dans le fond, tu sais, on préfère les coups aux insultes. On préfère les plaies béantes sur la peau que celles qui sont sur le cœur. On se sent capable d’affronter tout, sauf les mots, sauf le silence. La sensation étrange que rien ne va, la paranoïa qui guette à chaque instant parce que chaque instant on est seul ou du moins on pense l’être. Alors front contre front on se fiche d’avoir une bosse sur l’avant du crâne un plus d’une derrière. On en sourit presque.
« T’sais, on n’est pas pote, on n’est pas une famille, on est probablement tous que dalle les uns pour les autres. Mais, pendant ce petit laps de temps que dure le club, on est une équipe. Et rien que pour ça, ils sont loin d’être chiants. » Et on ajoute dans un souffle. « Je les trouvent même géniaux. »
T’aurais vu la pression que ça avait été d’être nommée capitaine, Alex. Quand on a vécu sous les projecteurs, retourner en coulisse est sans doute l’expérience la plus effrayante qui soit. Mais retourner sur le devant de la scène, ça, c’était bien plus effrayant encore. Longtemps elle avait craint de ne pas être à la hauteur, trop maladroite, pas assez voluptueuse, pas assez scandaleuse pour être ce visage fort qui prend la responsabilité pour tout un groupe. Elle en avait peur encore, tu sais, l’envie de ne pas décevoir, de ne pas se décevoir, l’envie d’avoir, ça corrompt tout. Et pourtant, elle s’était surprise à aimer porter cette nouvelle casquette. Elle aimait cette idée d’être guide, d’être référant. Elle aimait l’idée d’être épanouie, d’épanouir les autres. Ça ne durait que quelques heures, tu sais, un club ce n’est pas grand-chose. Et pourtant, pourtant c’était aussi tout. Se rendre compte qu’on pouvait construire quelque chose de stable qui apportant autant à soi qu’à l’autre, avoir la sensation d’appartenir à quelque chose de spéciale, ça n’avait pas de prix. Est-ce que tu as connue, toi aussi, la souffle de vie qui s’empare de toi quand tu reçois ce petit signe qui dit « Tu as bien fait », « Tu es spéciale, tu fais quelque chose de spéciale, je t’aime ». Tu sais, Alex, on pourrait mourir pour ça. Se sentir entière, c’était tout ce qu’on espérait, et le club donnait des miettes de ça.
« Ils ont tous peur de voir que ça changent. Moi aussi j’ai peur. En vrai, je suis terrifiée. » Un peu plus que ça même. « Peut-être que me noyer dans le sport et les études pour rester dans le déni, ça fait de moi une timbrée. Mais, je ne sais pas, j’ai la sensation que si j’arrête d’être active, si je prends une pause, alors je commencerai à comprendre quelque chose que j’ai surtout pas envie d’affronter. »
Ne pas prendre parti. Rester sage. Ne pas faire de vague. Tout détruire. Imposer sa liberté. Vivre dans l’outrance. Aimer Maman. Détester Maman. Respecter Grand-mère. Envoyer se faire foutre Grand-Mère. On n’est pas sûr de savoir accepter ce qu’on est. De savoir accepter tous ces paradoxes, toutes ces envies brûlantes qui font peur, qui font qu’on est laid et destructeur dans les pires moments.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Dim 23 Fév - 21:51
i see fire
ton coup de tête la fait sourire; ça te rassure, parce que c'est décidément ton meilleur mode de communication.
tu l'écoutes, attentivement, tu bois chacune des paroles tout en analysant, c'est que tu lui portes de l'importance, et ça se sent dans ta façon de te taire et de la regarder. On pourrait peut-être te dire que t'as l'air amoureuse du monde entier tellement ton regard est lumineux, mais ce n'est que mal te connaître.
tu chéris plus que tout tes frères et soeurs enfermés ici, même si tu préfères perdre un bras que de le dire. Tu les chéris du plus profond de ton être, quitte à les mettre sur un piédestal, à les regarder comme s'ils étaient des merveilles, et à les écouter comme si leur paroles valait tout l'or du monde. Ça fait partie du jeu, quand on est Alex.
― si tu les trouves géniaux, je retire ce que j'ai dit, je veux pas qualifier de chiant ce et ceux qui t'animent.
parce que respectueuse envers Peach, tu es. Se prendre pour une grande-soeur, ce n'est pas qu'engueuler ou mettre au pied du mur, c'est aussi écouter, s'adapter, savoir retirer ses paroles, et aimer, très fort, même sans dire je t'aime.
tu voudrais lui dire qu'elle n'a pas de raison d'être terrifiée, parce que c'est ça de vivre, c'est de subir toutes les évolutions, tous les changements indésirés qui s'opèrent, c'est avancer d'un pas et reculer de trois parfois, tu voudrais lui dire que c'est normal d'avoir peur. Tu voudrais lui dire mais tu comprends et tu sais que ça sert à rien, que tes paroles ne seront que vent.
― je sais que t'as peur. c'est ton coeur qui se resserre alors que c'est elle qui est terrifiée.
― si j'pouvais te faire comprendre que tout ce que tu ressens est normal, j'le ferais. une pause, inspiration, expiration, tu devras forcément affronter les choses un jour, je pense que tu le sais. et ce jour-là, je serai là pour tenir tes mains tremblantes, ton corps fébrile, si tes genoux se brisent je te relèverai, je ne faillirai plus à la tâche, pas encore, plus une seule fois.
― mais tant que t'es pas prête, c'est pas important, donne-toi à fond si tu le sens comme ça, j'irai jamais contre ce que ton coeur te dicte. parce que c'est comme ça qu'on apprend le plus vite, et se prenant nos murs, nos chutes, et en se relevant coûte que coûte.
― donne-toi à fond mais si tu te brises le cou j'te jure que j'reviens te chercher d'entre les morts pour t'engueuler.
un mince sourire sur tes lèvres, on en revient toujours à la menace right ?
― promets pour de vrai. tu tends ton petit doigt, en attendant le sien, encore une promesse entre vous.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Lun 24 Fév - 18:21
&
And if the night is burning I will cover my eyes
Pour ne pas voir
qu'on brûle
ft. altaïr
On le sait et pourtant le reflet dans le miroir terrifie. C’est peut-être aussi pour ça que, très rapidement, on a gommé sur le visage nos imperfections. Sur la peau on avait étalé le masque couleur chair du fond de teint, sur les yeux on avait allongé nos cils, ravivé l’éclat et l’intensité du regard pour forcer les autres à ne se focaliser que sur une seule et même parcelle de notre être. On avait habillé le corps de couleurs et d’accessoires pour se faire plus grande et plus respectable. On se forçait à se sentir belle pour ne pas se sentir laide et pourtant. Pourtant, il y avait cette peur qui tors le ventre à l’idée de se regarder et de voir, qu’en face, on est détestable. Peur de se rendre compte que l’apparence ne sauve plus rien et que tu puisses voir, qu’elle puisse voir, ce qu’elle ne supporte pas. Voir qu’elle aime mal, voir qu’elle donne mal. Voir que toutes ces années dans le bras de Maman l’avait rendue inapte à la vie en communauté, voir que les regards des autres avaient tellement tout bouleversé que plus rien ne pourrait être repéré. Elle avait peur, tu vois, de constater que malgré toute sa bonne volonté, rien ne pourrait finir bien. Parce qu’on ne peut pas demander aux autres de porter nos craintes et nos espérances, parce qu’on ne peut pas demander aux autres de nous redonner la confiance qui nous manque. Elle avait peur, tu vois, de réaliser qu’elle était trop brisée et détraquée. Elle avait peur, tu vois, de se retrouver devant ce miroir et de baisser les bras.
Il y avait cette chanson, tu sais, elle l’aime bien celle-là. Quand on entend le titre on se dit qu’elle doit être belle et pourtant dans ses paroles elle se fait dérangeante. Peach s’y reconnaît, quelque part les mots la touche, comme un écho à cette masse grouillante de sentiment pour elle-même à qui elle ne peut pas donner de nom. Pitié ou dégoût, amour ou espoir, comme pour les autres l’opinion qu’elle a d’elle est tout aussi paradoxale. Alors quand Peach pousse le volume de Take me to Church elle ne peut s’empêcher de fredonner le petit couplet : No masters or kings when the ritual begins There is no sweeter innocence than our gentle sin In the madness and soil of that sad earthly scene Only then I am human Only then I am clean
« Je sais. Mais j’ai pas envie. »
Pas envie de voir. Pas envie d’entendre. Pas envie de côtoyer le vide. Dis, est-ce qu’on peut se mentir encore un peu ? Se sentir moins pire qu’on est ? Juste encore un peu, se persuadé qu’on n’est pas si mal ? Et ensuite, promis, on se regardera en face. Ensuite, promis, on affrontera le reflet et on s’excusera d’être aussi sale.
« Pour le moment, je crois que j’ai juste envie de fuir encore un peu. »
Les couleurs du tableau sont troubles mais pas ragoutante. Avant de lever le voile qui fausse tout, elle veut se contempler ces couleurs fossés par son désamour pour elle-même et se dire que ce n’est déjà pas mal, que c’est déjà bien, que ces couleurs là on pourrait continuer de vivre avec avant que tout ne vole en éclat.
On a peur de voir, que l’accident à commencer à écailler la couche de peinture qu’ont apposé sur la réalité.
« J’ai pas envie de voir l’académie comme une décharge à ciel ouvert. Je n’ai pas envie de voir ce que je penserai voir si j’arrêtai de me mentir. Je n’ai pas non plus envie de voir les autres changer de regard. L’avantage des illusions c’est qu’on peut voir ce qu’on y veut. J’aimerai continuer encore un peu. » J’aimerai continuer tout court en vrai.
Un léger sourire, ne t’en fais pas, se faire mal on a essayé mais on n’a jamais réussi à aller jusqu’au bout. Les marques ça se voit et malgré la masse grouillante de ressentit et de sensation qu’on arrive pas à trier convenablement, on sait qu’on n’a pas envie de te blesser, de vous blesser. Plus que n’importe qui d’autre vous maintenez, vous les élus, l’illusion si chère à son cœur, le mensonge si parfait avec lequel elle s’habille, l’arnaque qui devient presque à un espoir un peu fou à ce stade : l’espoir un peu fou qu’on pourrait, peut-être, un jour, devenir seins et ne jamais lâcher vos mains.
« Je promets. »
Enserre ton doigt avec le sien, comme au début. C’est toi qui lui a appris que dans le vrai monde on scellait les promesses comme ça. Avant toi, Peach pensait que tout se signait par contrat. Elle avait beaucoup aimé, tu sais, l’idée qu’on puisse signer avec sa peau et un sourire.
« Et toi ? Tu respectes ta promesse au moins ? »
Tu sais, celle qui dit que tu ne devais plus tout prendre sur toi, que tu devais parler s’il y avait quoi que ce soit. Ironique, tu sais, quand vous deux vous préférez vous taire que de dire en public que ça fait mal en dedans.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Jeu 27 Fév - 17:50
i see fire
comment fait-on comprendre aux gens qu'on aime, qu'on les aime, tout en sachant qu'on pourrait dire tous les mots du monde, faire toutes les plus belles actions, et que ça ne fonctionnerait pas ? Comment on fait comprendre aux gens qu'on aime qu'on les aime alors qu'ils ne sont certainement pas prêts à prendre les mains qu'on tend, pas prêts à tout affronter ?
tu pourrais lui donner bien plus que ta main, tu pourrais lui tendre le bras, jusqu'à l'épaule, et même offrir le second bras. Mais à quoi bon le faire, si elle n'est pas prête à les prendre et à s'y accrocher ? On attend, on donne tout ce qu'on a pour rester droits, et on continue de tendre les mains, jusqu'au moment où elle acceptera de les prendre.
tant qu'elle n'en a pas envie, on se tient droit, et on se rend infaillible. On restera debout sans tanguer durant quelques années, si il le faut.
― je vais pas te mentir, je trouve ça naïf. aussi direct et dérangeant que cela puisse être; tu portes une importance capitale à ne pas mentir.
― faut voir à quel point on est terribles pour pouvoir devenir meilleur. et ça, t'en savais quelque chose. Parce que t'as touché le fond avant de devenir l'énervée et la têtue que t'es aujourd'hui. Tu t'es vu sauter dans le vide, avant de pouvoir relever les genoux et de te dire que tu peux t'améliorer, être mieux que ce que t'étais.
― mais qu'importe le temps que ça te prendra à toi Peach, quand tu feras ton saut dans le vide, je serai au fond pour t'amortir.
tu tiens son doigt comme elle tient le tien, et tu souris simplement.
― tu sais très bien ce qu'il en est, tu sais qu'on est merdiques pour tenir nos promesses.
mais on a le mérite d'essayer. tu sais bien que Peach se fera encore mal. tout comme elle sait que tu continueras de la retenir par le bout des doigts.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Dim 1 Mar - 17:25
&
And if the night is burning I will cover my eyes
Pour ne pas voir
qu'on brûle
ft. altaïr
T’as le don d’accueillir le mal et d’en faire quelque chose de beau. T’as le pouvoir de regarder la monstruosité en face et d’y trouver quelque chose d’esthétique, d’agréable. T’arrives à contempler le plus mauvais des hommes et à la dire « Bro, c’est ok. ». Très franchement, elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas pourquoi. Elle ne comprend pas comment. Est-ce que c’était une simple question de dureté ? D’intransigeance ? Vrai qu’elle avait toujours attendue beaucoup d’elle-même, vrai qu’elle attendait beaucoup des autres, aussi. Un autre de ses côtés paradoxaux, tu sais. Elle prône la simplicité tout en voulant l’exceptionnel. Elle veut l’unique tout en souhaitant le commun. Elle pourrait se dire hypocrite mais elle n’y croit pas elle-même. Le plus terrible, tu vois, c’est qu’elle rêve vraiment au plus simple et tranquille, Peach de l’ambition sur tout un tas de choses mais pas sur les autres. La célébrité, la crédibilité, ça n’avait que peu de valeur si ce n’était pas dans vos yeux que ça brillaient. Peach voulait se sentir aimée, elle voulait quelque chose de sain, de doux, de tranquille, elle se tuait chaque jour que Dieu faisait pour atteindre cet objectif. Et pourtant, il suffisait qu’on place un mot, qu’on lui dise qu’on partageait quelque chose de spéciale pour qu’elle s’attende à vivre quelque chose de spécial, de privilégié, d’unique. Alors elle se donnait, elle se donnait de la plus franche des façons. Elle criait son amour, elle s’épuisait à le faire entendre, elle s’épuisait à vouloir faire durer cette petite étincelle, cette chose si spéciale qui faisait qu’on était spécial pour quelqu’un. Elle voulait pour dire, pouvoir vivre le fait que ça allait bien. Puis, comme à chaque fois, ça finissait mal. On était plus spécial, on n’était plus rien. Elle contemplait alors un mal qu’elle n’avait pas conscience de faire, elle se détestait, elle souffrait, incapable d’en vouloir à l’autre c’est contre elle qu’elle tournait son dégout. Parfois, une étincelle de survie la forçait à haïr les cendres de ces ex-entités si chère à son cœur. Elle n’avait juste pour ça qu’à les voir, qu’à les lire et elle se disait « C’est à cause de toi, tu souffres pas, moi si et c’est injuste ». Elle se dit « Tout ce que je voulais c’était qu’on s’aime et toi t’as fui, tu m’as laissé dans le brouillard alors que tu savais que ça me faisait mal ». Elle cherchait des coupables, des réponses à ses pourquoi. Peach incapable de considérer sa laideur comme quelque chose qui pouvait être beau. Peach implacable, qui n’avait aucune pitié pour elle-même, mais des tonnes pour le reste. Elle n’avait pas ton pouvoir, sans doute qu’elle ne l’aurait jamais. Peach, elle s’enfonçait et naviguait entre colère et désespoir de vouloir juste être bien et, d’au final, toujours finir par se sentir aussi mal. Peach, tu vois, si elle ne se détestait pas, ce serait le monde entier qu’elle détesterait.
« Je me vois terrible, mais je ne me vois pas meilleur. C’est là tout le souci. »
Un sourire pour elle-même.
« J’ai toujours été douée pour être drama queen. »
Terrible, tu sais, d’en crever d’envie mais d’être incapable d’être épanouie. Terrible, tu sais, d’en crever de besoin mais d’être incapable d’être bien. Terrible, tu vois, de garder rancune des autres, d’être amer de tout. Terrible, tu vois, de pas vouloir cette amertume et de tout retourner vers soi.
« On fait la paire. »
Mais au moins, tu vois, quand t’es devant le miroir avec moi, c’est tout de suite plus supportable.
Sujet: Re: I see Fire ♛ Alexandra Dim 1 Mar - 23:22
i see fire
on est encore vivantes, et c'est déjà pas mal, c'est déjà beaucoup. Respirer, c'est un effort constant, un effort tout le temps. On sourit parce que c'est tout ce qu'on sait faire, sourire en faisant des promesses qu'on tient même pas même si on essaie.
et on s'aime, en silence, tout le temps; on s'aime à travers les mensonges, à travers nos solitudes qu'on se partage sans vraiment le dire. Ensemble, on est toujours un peu moins seules, parce qu'Alexandra et Peach, c'est quelque chose pour toi, c'est être seule mais à deux; et seule à deux, c'est être ensemble. Ça veut pas dire grand-chose, mais c'est comme ça que tu le ressens. Peach, c'est l'âme seule que tu aimes parce que t'es aussi seule et abandonnée qu'elle, même si t'en dis rien, même si tu caches encore plus profondément.
Peach c'est celle que tu voudrais serrer fort pour recoller tous les morceaux, en sachant très bien que c'est pas comme ça que ça marche. Mais tu t'en fous, tu la serres fort dans tes bras parce que là, tu le sens comme ça.
― tu seras meilleure, je te le jure, et si j'mens j't'autorise à me casser la gueule.
tu desserres l'étreinte, Dieu sait à quel point t'as mal là, à quel point tu te sens vide, comme un trou noir. Une enveloppe corporelle dans laquelle il n'y a rien. Tu souris doucement, parce que c'est tout ce que vous êtes capables de vraiment faire, tu te rappelles ?
c'est que tu voudrais lui dire à quel point tu ressens sa peur, à quel point la voir comme ça ça te transperces de part en part, mais lui dire ça reviendrait à lui faire peur, ou la faire culpabiliser, tu sais pas comment ça pourrait être perçu, alors t'évites.
quand tu l'écoutes, c'est un peu comme si tu t'entendais. Tu passes ton bras autour de son épaule, comme ton père le faisait avec toi quand ça n'allait pas.
― j'trouve qu'on trime un peu trop dans ce monde, on mérite grave de faire une soirée pyjama et faire des trucs qui nous font du bien, tu penses pas ?
on continue de vivre, on continue d'avancer, un pas en avant puis deux en arrière, mais on continue quand même.