à l'heure bleue
la dernière danse
se fait ceinture de météores -
tous les corps s'y percutent dans des chaos cruor.

le monde pris de frénésie les harmonies s'affolent - la musique plus forte encore - et le paysage défile et balance sa lueur crue sur les visages anonymes j'ai perdu de vue ceux de Miel et Percy et Pryam et Colline et de tant d'autres j'en cherche un rien qu'un seul qui me parle mais on n'entend rien
là
maintenant
tous les indices du monde se regardent se confient se racontent
des histoires d'amour
la nuit quand elle décide à venir tomber, elle fait s'enlacer chaudement sa face cachée de Terre
on entend des gens s'aimer de l'autre coté, il suffirait
de creuser un peu la roche pour voir gigoter les vers,
s'embrasser les amoureux.
regrets
gigantesques
d'avoir voulu décrocher les étoiles,
cesser de compter les années lumières pour ces univers,
de s'être risqué près des soleils
près du soleil, un peu plus
près de lui
je me disais
que l'air serait pur sous ses atmosphères
qu'il ferait bon vivre tout là-haut quand on exècre le jour j'avais le manque immense de cette lumière-là
sous les lampions du bal on aurait pu lever tous les voiles des éthers
et puis même
même si on n'avait pas résolu tous les mystères on est venu c'est bien la preuve qu'on a sa place dans le ciel
(donne moi un nom, même insensé fait de lettres et de chiffres comme celui des exoplanètes mineures dont on se fiche ça m'irait ça m'irait)
la preuve qu'on attend d'être découvert -
rejetée.

il est violent l'atterrissage
après Céleste (et Saada)
dont on voit les détails de la valse.

une fraction de seconde et le regard tombe
j'ai envie d'exister partout sauf ici
plutôt nulle part alors - n'importe où plutôt qu'au cœur de la foule où personne n'est reconnaissable c'est tout à coup une masse informe effrayante de matière noire qui dévore
on s'est éclipsé.

les trajectoires déviées de comètes vacillantes et tristes
quittant les circonvolutions
se percutent
j'ai heurté ton épaule en laissant la cohue loin derrière c'est pas évident de bien regarder devant soi quand on garde les iris cloués au sol - si je les regarde tous c'est trop je verrai flou c'est certain -
la collision
qui arrache des torpeurs

e-excuse-moi..

éclat argenté en périphérie de la vision sous les cheveux que tu as relevé - je crois ? - j'en identifie la couleur et puis cette lueur-là me dit quelque chose, si ce n'est pas toi je ne sais pas si l'on me pardonnera l'erreur mais je suis presque sûr. à l'orée de la forêt (bleue elle aussi) debout face à toi je tends la main pour ramener une mèche sombre derrière l'oreille
c'est là que ça luit dans la nuit - je reconnais le bijou porté
c'est Saturne

c'est toi Faith ?

et j'ose regarder dans les yeux.
les miens sont troubles ça ne fait rien et les tiens les tiens ils sont bien là  
ta robe est si belle le blanc te va bien
tes yeux qu'est-ce qu'ils font là sous les miens ?

qu'est-ce que tu fais là ?
tu ne danses pas ?

comme tous les autres
sauf toi et moi.

l'heure bleue ★ et la nuit,
il se passe des choses que le jour ne comprend pas.


Elle a un peu mentit Faith.
C’est faux qu’elle n’aime pas danser.
C’était faux quand elle a dit qu’elle revenait.
Elle n’est pas une adoratrice de la piste de danse, c’est certain, mais elle sait gérer un slow, une valse et peut-être même un rock. Tout le monde le sait, elle n’a pas pu résister à l’idée de se trémousser avec Hope sur la piste, pour un ou deux morceaux, histoire de dire…
Le temps s’est égrainé, comme toujours, car le temps n’attend pas et la soirée est passée. Quelques picorages sur le buffet, des sourires profonds et sincères, quelques crises de fous rire et enfin, l’heure fatidique.
La Dernière Danse.
Mythique.
« Je reviens. »
C’est ce qu’elle a dit.
Délicatesse, comme une ombre blanche, elle s’est écartée de la foule et des regards amicaux qui pouvaient l’attendre.
Les sentiments, Faith ne sait pas les gérer.
Alors elle s’écarte, poliment.
Dans la robe blanche, qu’elle a customisée en commençant par la couper, car il aurait été dommage de masquer ses longues jambes ; elle tangue à l’orée de la forêt.
Sur ses baskets blanches aux pieds.
Soudain, comme un coup de fouet, tu la percute.
Pas brusquée pour un sous.
Elle reconnaît ta voix Caprice, avant même de poser le regard sur toi et de sentir ses lèvres s’étirer en ce sourire doux qu’elle a prêt de toi.
Tu lui semblais perdu.
Ce qui ne l’étonna pas plus que cela.
La foule du bal devait t’être insupportable.
Faith allait te saluer, mais ton geste l’a stoppé.
Quand tu as passé une mèche de ses cheveux derrière son oreille, mais elle a vite comprit ce que tu cherchait à faire Caprice.
Elle t’a rassurer sans attendre.

▬ Oui, c’est bien moi.

Sa voix avait un côté enjoué.
Ce qui trancha avec ce qu’elle trouva dans ton regard Caprice. Un trouble qu’elle n’aurait su décrire et qu’elle n’aurait pas voulu voir dans le fond de tes yeux.
Et les questions ont roulées sur ta langue.
La réponse de Faith ne s’est pas faite attendre.
Un rire dans la gorge.

▬ Haha non je ne danse pas !

Il y avait comme un faux contact.
Son regard bleu t’observe Caprice.
Elle cherche à comprendre le tourment qui trouble tes si jolies prunelles.
Et comme une évidence, sans vraiment oser te demander, elle s’avance et tente une première approche ; timide.

▬ Et toi ? Tu n’as pas l’air d’aller bien Caprice…

Saturne drapée d'ivoire
répond enjouée - c'est bien moi
elle imprime les rayons au fond des prunelles - je m'accroche à tes yeux. ce sont les astres blancs qui brillent le plus fort, de l'ordre d'un millième de la luminosité solaire, tu sais Faith certains d'entre eux
dépassent les cent milles degrés Kelvins. peut-être pour ça qu'il fait si bon auprès de tes rires, ils consument l'amertume de leur douceur.

comment ça tu ne danses pas ? tu devrais. je suis sûr, je suis certain que tu danses bien.

les arythmies dans le cœur font crever d'envie de suivre les tempos de quelqu'un, je voudrais -
je pourrais me caler sur le métronome du tiens, j'essaye, avec les harmonies de ta voix si je me concentre assez fort j'oublierai le reste il suffit
que tu me confies ce qui te déplaît, si c'est la musique ou bien ceux qui s'y accordent, l'aura des lieux qui n'est peut-être pas à ton goût à toi non plus - oh moi
je crois que je sens de la rancœur poindre pour toutes ces couleurs, Faith, et je ne voudrais pas que ça empiète sur tes sourires. mais tu sais lire. mon propre visage je ne le reconnais pas, et c'est souvent les autres qui en déchiffrent les lignes à ma place. toi tu discernes entre celles-ci, tu devines les mots qu'on n'a pas prononcé, la prédiction de paragraphes moroses. atterré ça rase le sol -

c'est la foule
et le bruit. j'ai promis de revenir.

quel imbécile j'aurais du dire - je pars et loin - mais j'ai juré de graviter encore un peu autour de certains,
pas tout de suite pas encore -
rien qu'un peu de répit avant d'autres collisions, je respire
mal.

je danse pas non plus je veux prendre l'air d'abord.
toi tu t'en vas ? viens, on fait le chemin, je te raccompagne.

c'est dommage Faith
tu es si jolie ce soir et en basket c'est idéal pour toutes les chorégraphies,
si jolie tu ne peux pas quitter les regards dès maintenant -
ne t'effondre pas toi aussi. exit la matière dégénérée on conservera un état quantique équilibré ensemble
je prends ta main. je ne sais pas si c'est pour éviter de t'égarer  ou de finir de me perdre mais je t'entraîne, j'avance, je veux juste laisser les phénomènes troublants derrière nous.
on marche sur les sentiers et je parle au rythme des pas je refais partir les synapses

c'est dommage Faith
on se serait croisé plus tôt j'aurais bien voulu danser avec toi.

dans le cortex la carte du ciel réalise qu'on lui a arraché des constellations, les connexions dysfonctionnent, le faux contact t'avais raison et
sur le visage page blanche les larmes épellent "je t'aime" en braille
j'aurais voulu qu'on danse
j'aurais voulu lui dire

pardon Faith ça déborde quand même.

l'heure bleue ★ et la nuit,
il se passe des choses que le jour ne comprend pas.


Un nouveau rire lui échappe.
Plus étroit.
Il faut quelqu’un pour danser.
Danser seul, c’est un peu triste.
Surtout a un bal.
Faith se contente de hausser des épaules.
Elle ne voit que ce trouble dans ton regard.
C’est ce qui l’importe dès à présent.
Et timidement, elle t’a demandé Caprice.
Bien que l’azur de son regard cherchait à décrypter ce que pouvait bien cacher les doux traits de ton visage.
C’est là que tu as répondu :
J’ai promis de revenir.
Un sourire triste s’est glissé sur le visage de Faith.
Elle savait que c’était un mensonge, car elle a étrangement formulé exactement le même ; au fond, elle trouva cela amusant.
Ridiculement amusant.
En périphérie de la foule dansante, elle entend ton souffle qui se fait plus dur ; ça lui serre le cœur Caprice.
Pourquoi tout le monde ne peut-il pas sourire ?
Elle aurait voulu penser « heureux ».
Sourire c’est plus facile.
C’est parfois un mensonge.
Faith t’écoute Caprice.
Elle approuve d’un mouvement positif de la tête, prendre l’air c’était une bonne idée. C’est ce qu’elle faisait elle aussi.
Et tu lui as demandé si elle partait.
Au fond, elle n’en était pas sûre, mais comme tu t’es proposé de l’accompagner, elle a enlacé ses doigts aux tiens… comme si vous marchiez toujours ainsi, côtes à côtes.
C’est dommage Faith.
Elle relève toujours la tête à tes mots.
Son regard cherche le tiens et soudainement, elle s’arrête. Elle ne veut pas aller plus loin. Faith allait répondre, puis elle a vu les larmes sur ton visage et elle a eu à nouveau, ce sourire triste.
Doucement, elle s’est approchée.
De sa main libre, du bout de ses doigts, elle a essuyé la pluie qui glissait de tes yeux sur tes joues.

▬ Caprice… ne pleure pas, sinon je vais pleurer aussi.

Elle est comme ça Faith.
Les êtres qui pleurent la font pleurer.
Elle est une éponge émotionnelle.
Son sourire se fait plus profond, alors que son regard ne saurait quitter le tiens.

▬ J’aurais bien voulu danser avec toi, moi aussi… et je crois que rien ne nous empêches de danser ?

Fallait-il de la musique pour danser ?
Est-ce que le souffle du vent à la cime des arbres n’était pas suffisant ? Il donnerait un bon tempo à la mélodie pas si régulière de deux cœurs qui battent à l’unissons.
Les spectateurs sont-ils vraiment indispensables ? Il suffit de lever les yeux pour voir les milliard d’étoiles qui vous observent.
Ses pommettes ont légèrement rougis.
Ses doigts fins ont serrés un peu plus fort les tiens.

▬ Tu veux bien danser avec moi Caprice ? Faith a marqué une courte pause. Ici et maintenant ?

Ici et nulle part.
A des années lumières du bal.
Dans un lieu de ce monde, à part de ce même monde.

pardon,

désolé, pardon -

ces maudits aérolithes sont si perfides (quand ça sommeille depuis trop longtemps le spleen ne fait pas un bruit). une pluie d'étoiles filantes
c'est toujours silencieux - je suis le dernier à les observer
à comprendre
pourquoi tu conjures de ne pas pleurer.
mes expressions ne me disent jamais rien elles font des secrets elles aussi.

j'avais pas vu.

encore une fois. décidément.
ce soir je crois que j'ai vraiment la haine contre l'invisible.

je pleure pas, pleure pas non plus, sinon on s'en sortira jamais ce sera sans fin.

infini -
je brille si tu brilles.

oublie, oublie ça Faith c'est pas grand chose, à l'échelle de l'univers c'est trois fois rien et comme à toutes les révolutions ce sera dévoré par demain matin - oh, efface
les larmes et la mémoire qu'on pourrait se faire d'elles, assèche la bruine de chagrin, il tombe pas encore des cordes, le soleil passera facilement au travers
à travers les embruns je vois ton sourire. c'est mon étoile du berger - tu portes Saturne à l'oreille et Vénus ourle tes lèvres.
fou, comme tu te fais souvent système, comme tous les cataclysmes ne suffiraient pas à perturber la régularité de tes risettes,
et ils ne t'interdiront jamais de danser non plus, tu l'assures presque, ta paume cherche la mienne tu la serres, tu me demandes,
si l'on veut bien oublier que demain nous attend.
Faith perpétuelle, rien ne nous empêche tu as raison

ici et maintenant ça me va. et puis ce soir -

et toutes les nuits même lorsqu'on parle des heures sans se voir

ce soir tu es trop belle pour t'éclipser sans avoir dansé.

j'ai raté trop de choses aujourd'hui - je l'ai raté lui - et si toi aussi, je ne me le pardonnerais pas.

les nébuleuses de tes sourires appellent les miens j'en esquisse un, va pour désapprendre les accords discordants le temps d'une valse, suivre nos cadences même momentanément alors que je me mens (au lever du jour tout sera obscur) mais on se persuadera rien qu'un instant qu'on est capable d'eurythmie pleine d'harmonie.

et ce n'est pas
à toi d'étreindre ma main comme tu le fais (si bien) si j'ai osé faire le premier pas il y a des tours de soleil de cela c'est parce que je voulais être capable d'entourer tes doigts (si frêles) des miens
à la dérive - tu pourras t'agripper à mon épaule et j'entourerai ta taille en promettant de ne pas te lâcher tant que tu le veux -
sans musique Faith c'est encore mieux, ils ont la leur au loin et la notre recouvre les quelques notes qui parviennent jusqu'aux confins de notre petite galaxie - approche-toi et suis mes pas, les yeux fermés (les mieux sont clos, je sens les rumeurs de tes cheveux contre ma joue).
danser avec toi
ça me rappelle l'enfance et ses galas - je préfère
la contre-soirée que l'on s'accorde - nos crépuscules pour adoucir l'amertume.

...
rien que pour ça je suis quand même heureux d'être venu.

au bal
à toi
en général
il y a longtemps et puis ici et maintenant.

l'heure bleue ★ et la nuit,
il se passe des choses que le jour ne comprend pas.


Ne t’excuse pas Caprice.
Pourquoi être désolé de pleurer ?
Si tu es trop plein de larmes, c’est normal de déborder.
Faith a toujours ce même sourire.
Celui qui reste aux coins des lèvres.
Ce sera sans fin.
Infini.
Il y a quelque chose de magique dans cette idée ; comme s’il existait quelque part une chose qui ne s’arrête jamais, qui dure éternellement.
Son regard s’est levé vers le ciel.
Faith a toujours préféré la nuit.
Il y fait peut être sombre, mais étrangement, on y voit souvent plus clair. La nuit dévoile ce que le jour nous cache, le soleil nous aveugle, alors que la lune nous éclaire avec douceur, nous guidant sous la nuée d’étoiles.
Faith te demande Caprice, si tu veux danser.
Là, et nul part à la fois.
Maintenant.
Tu réponds par l’affirmative.
Faith sent le feu sur ses joues s’embrasser.
Tes formules sont touchantes Caprice.
Elle ne l’oublie pas, mais son regard est happé par ton sourire, peut-être bien le premier. Faith te préfère quand tu souris, elle cet amour pour le bonheur et la joie ; même fugace.
Doucement, elle posée une main sur ton épaule.
Elle t’a laissé poser la tienne sur sa hanche.
Et avec lenteur, Faith a suivie tes pas.
Délicatement, elle a déposé son visage contre ton épaule et elle a fermé les yeux elle aussi. Faith s’est imprégné de cet instant, comme s’il pouvait durer une éternité. Comme si vous pouviez continuer de tournoyer sur ce même rythme pendant des siècles durant, à l’instar des étoiles qui brilles à des années lumières d’ici.
Elle écoute ta voix, mais ne bouge pas.
Elle écoute ta voix, comme si c’était les paroles de cette musique douce et silencieuse sur laquelle vous vous mouvez.

▬ Moi aussi je suis heureuse que tu sois venus et... d'être là.

Parce qu’il y a quelque chose de rassurant dans tes bras Caprice.
Là, ce n’était pas que ce soir.
Là, c’était toutes ces fois avec toi.
Les minutes s’égrainent.
Le temps est une notion d’infini, relativement complexe et pourtant, il y a une certaine redondance dans sa courbe, une répétition, comme les choses qui n’ont pas de fin : cela tourne en boucle.
Faith n’a pas la moindre idée du temps qu’il s’est écoulé, si le jour est sur le point de se lever ou si la lune est encore haute.
Elle a la sensation qu’elle pourrait encore tourner et tourner, sans jamais s’en lasser.
Elle grave l’instant.

▬ Merci, merci pour ce moment d’éternité.

Un murmure échappé au creux de ton oreille.
Un murmure soufflé les yeux toujours clos.
Mais peut-être qu’il faudrait rentrer ?

promesses silencieuses de rotations sempiternelles Faith on tournera tournera tournera, on décrira des courbes dévouées malgré les trajectoires déviées c'est soufflé, au creux des nuits comme à l'apogée des jours
toujours
après tout
tu le savais ? que même dans l'espace, où l'on n'entend aucune musique résonner, il existe indéfiniment des symphonies ? l'univers théoriquement régi selon des rapports numériques harmonieux
formerait des intervalles musicaux parfaits -
c'est la mélodie des sphères et tant que tu es là on l'entendra - ah
quand tu dis merci j'ai moins de regrets d'être sorti cette nuit mais des regrets quand même.

tu dis merci, j'ai tout fait trop tard ce soir Faith, vraiment j'ai tout manqué, tout raté.

oh fais-moi taire, que ces dissonances là ne couvrent pas les arpèges de notre insouciance, fais-moi taire et éteins les murmures dont je voudrais me délester, déchire les images qui se pressent sous les paupières - je comprends pas
je comprends pas comment je peux être infiniment heureux et malheureux à la fois d'être là.
j'aurai voulu arriver plus tôt

même danser avec toi, ça aurait pu se passer autrement.

sous d'autres étoiles, à grande lumière
mais sous les lanternes qui éclairent pudiquement les sentiers c'est bien aussi
toi et moi c'est toujours un peu dans l'ombre sous des éclairages particulier de toute façon
tes lueurs et celles des écrans elles ne brûlent pas - heureusement qu'elles sont là
que tu es là.
je voudrais que ça dure Faith que ça ne s'arrête jamais, qu'on ne cesse jamais de danser je t'assure si seulement ça pouvait ça m'irait tellement
plutôt que de retourner sur la lancée titubante d'avant toi.

merci, j'ai pas envie que ça s'arrête.

demain
demain et les jours d'après je ne sais pas je ne suis pas sûr que ça ira aussi bien que maintenant,
des éclipses de sourire en prévision sur les calendriers lunaires.
mais maintenant, et puis plus loin dans les espaces-temps
Faith, l'étreinte qui s'atténue je la défais à contre-cœur et mes mains s'échouent sur les tiennes lorsque ça cesse de tourner pour revenir sur terre en douceur
et l'on a jamais gravité aussi proche l'un de l'autre alors tant que tu es à ma portée j'en profite
chasse les regards tristes en les voilant des paupières et déposer mes lèvres une seconde sur ton front
cet astre plus petit on y glisse des prières qu'il n'arrivera rien à ses rayons.

la prochaine fois, l'année prochaine, j'en sais rien encore peut-être qu'on t'offrira une vraie dernière danse bien plus belle que celle-ci,
j'espère, j'espère vraiment.
mais on dansera ensemble, si tu le veux, tout ce que tu veux tu sais tu peux me le demander,
c'est promis Faith.

depuis que tu as passé les grilles pour briller timidement dans la même cage dorée je me le suis juré
(tu me fais penser à une étoile aux lueurs sœurs dont je veux faire disparaître les peurs)
c'est un semblant de dernière danse qu'on s'est offert mais la symbolique,
se passant de la moindre valse,
la symbolique elle est bien là avec toi.

l'heure bleue ★ et la nuit,
il se passe des choses que le jour ne comprend pas.


Ses yeux roulent à tes mots Caprice.
Elle ne comprend, ou du moins, pas vraiment.
Et elle te laisse continuer.
Encore un instant.

▬ Je n’aurais pas voulu que cela soit différent.

Faith est le genre de personne a considérer que l’instant présent a quelque chose de merveilleux, malgré que l’ont puisse regretter le déroulement de certain événements. Elle pense que tout arrive d’une certaine façon pour de bonnes raisons.
Elle n’a aucune attache pour les si.
Ainsi, même si elle se forçait à s’imaginer danser avec toi au milieu de tout les autres sur la piste de danse, elle serait incapable de croire que ça serait mieux qu’ici et maintenant.
Un sourire s’étire sur ses lèvres.

▬ Moi non plus.

Faith aussi voudrait que jamais cela ne cesse.
Elle avait la sensation qu’elle aurait pu rester ainsi une éternité durant, mais il faut parfois se résoudre à l’idée que des instants s’arrêtent.
Qu’ils ont une fin programmée.
Ses yeux s’ouvrent à nouveau.
Doucement elle serre tes mains dans les siennes.
Et son regard croise le tiens.
Elle sourit à nouveau, tout en retenant discrètement sa respiration quand tu t’approches d’elle Caprice. Ses paupières retombent quelque secondes, accueillants solennellement ce baiser de ta part. Faith t’écoute et elle voudrait laisser échapper un rire.
De ses prunelles azurs elle t’observe.

▬ La prochaine fois, j’espère que tu pourras danser avec la personne que tu aimes.

Ne la crois pas dupe Caprice.
Elle n’y connaît peut-être pas grand-chose, mais lire dans le fond de ton regard, ça elle sait le faire et elle la voit ta peine.
Comme un écho de la sienne.
Avec délicatesse, elle enlace ses doigts à une de tes mains et lâche l’autre. Il semblait être l’heure de se remettre à marcher sur le sentier.
Plusieurs secondes s’écoulèrent.

▬ J’y réfléchie, mais je ne saurais pas quoi te demander Caprice. Savoir ce que l’on souhaite, c’est primordial avant de demander et… je ne sais pas.

Elle savait qu’il n’y avait aucun immédiat.
Et pourtant, elle ne se sentait pas légitime de te demander quelque chose Caprice, aussi insignifiant que cela puisse être.
Faith n’est pas de ceux qui veulent.
Elle est de ceux qui espèrent.
Maladivement.
Pourtant, un énième sourire s’étira sur ses lèvres, dévoilant sa rangée de dents supérieures, alors que son regard cherchait le tiens.

▬ Toi aussi tu peux me demander tout ce que tu veux Caprice.

Un « je serais toujours là pour toi » resta étrangement coincé dans sa gorge, mais Faith ne t’en montra rien.
Aussi sincère puisse-t-elle être.

serre ma main comme pour sceller les agencements, au fil des pas confirme nos trajectoires, comme ça
et pas autrement.
le spatio-temporel immuable on ne veut pas croire à la théorie des multivers ce soir Faith le notre est unique et tu as raison,
c'est très bien comme ça.

et puis la prochaine fois on espère
comme des milliards d'êtres avant nous on soufflera des prières aux ciels, persuadé qu'au fond si les lueurs des étoiles chancellent jusqu'à nous c'est pour faire voyager tous les vœux tapis dans le cœur en écho à leurs appels.
la prochaine fois on verra, les doigts entrelacés (je tiens plus fort pour dire merci) on on avance pour s'y rendre c'est ça qui compte.
connaître les destinations, c'est pas bien utile
alors ça ne fait rien si toi non plus tu ne sais pas encore.

quand tu sauras tu me diras, même si ça te semble immense, ou pas grand chose. mais y a rien qui presse, on a le temps.

les infinis sous-entendus, comme toi on a du mal à dire "toujours" car il y en a une multitude, rien que dans une minute, divise et obtient soixante secondes, cent centièmes,
et des lendemains ça se compte en milliers,
de quoi avoir le vertige
à se demander quand ce qu'on espère se réalisera.
ça viendra Faith,
ça se lit dans tes sourires que c'est des points d'interrogation qui ponctuent tes pensées, ils se languissent d'affirmation,
tu questionnes mes envies,
en te dévisageant c'est évident.

j'espère pas - je veux que tu danses avec la personne que tu aimes la prochaine fois.

prononcé comme un caprice, j'ai lancé mon premier vœux,
c'est dilué dans un souffle rieur, la destination imminente, avant la fin du voyage je n'ai plus envie de regretter des silences.
alors j'en fais un deuxième

et garde Saturne à l'oreille, comme ça c'est promis je te retrouverai toujours dans la foule.

je dis toujours même si c'est effrayant, ce soir je sens qu'il est temps, pour être serein à l'idée de prendre tout celui que l'on voudra les jours suivants.
pour qu'à la fin des sentiers ça ne soit jamais tout à fait des "au revoir", Faith je lâche ta main mais le fil d'argent qui relie toi et moi peut voyager des années-lumières ça ne cédera jamais aux pluies de météores - à l'échelle des galaxies les chagrins c'est rien.
et lorsqu'on se dit bonne nuit Faith je le pense, c'est sincère,
serein car ce soir elles sont plus proches que jamais
les aurores.