Le ciel est immense au dessus de lui. Immense et infini. Les étoile s'y découpent nettement, pas un seul nuage ne vient les cacher. Petits points lumineux perdus dans l'espace sans fin. Liberté solitaire et absolue.

Dans ses bras, le pull de Caprice, le dernier qu'il lui reste. Il a complètement perdu son odeur et pourtant, le tissu sous ses doigts garde sa douceur. Asmo, les genoux contre le torse, se blottit contre le vêtement.

Il inspire, expire doucement. On est à l'aube de quelque chose de tragique, d'euphorique, de désespérant. Asmo ne dort plus, ne mange plus, ne vit plus. Il a trop subi, trop encaissé. Depuis le retour de la mission des dangereux, il n'est plus vraiment là. Une parrie de lui enfermée dehors, une autre rongée par la culpabilité. Ses blessures ont mis du temps à guérir mais les cicatrices sont toujours là. Aux creux de ses jambes, parmi les entrelacs d'encre, des points, des lignes couleur chair, derniers vestiges des pieux de verres qui l'ont transpercé.

Asmo a subi mais ça, tout le monde le sait. Et ils sont venus, tous, et ils l'ont rejoint. Alors, en secret, ça a commencé à gronder et à trembler. Demain, demain ça explosera, ça blessera des gens, ça en glorifiera d'autres. On réussira ou on mourra, c'est ainsi.

Mais Asmo ne peut oublier la demande suppliante de Caprice, il y a quelques mois. La promesse d'un au-revoir, une promesse qu'il avait repoussée. Peur de faillir, peur de chavirer, peur de renoncer ou de t'emporter.

Alors, on ne dira pas au revoir, on ne dira pas adieu. On s'aimera simplement à l'infini ce soir sous les étoiles. Le calme doux avant la tempête, la tendresse et l'amour profond avant l'apocalypse. Nous deux avant le chaos. Asmo a envoyé son message, il attend une réponse sans la regarder, le coeur qui bat lentement, comme anesthésié, à peine conscient de ce qui va se jouer.

La tête contre le pull, les yeux mi-clos, il attend les pas qui résonneront - il espère - sur le toit. Pour un adieu sans mot, un adieu dont tu ne sauras rien, pardon Caprice d'être si fou, d'être si lâche.

Pardon d'aimer l'idée folle d'une liberté irréelle plus que toi.