viens toi qui a des yeux maudits c'est fait pour nous cette nuit je crois que les étoiles nous ont attendu exprès pour se mettre à pleuvoir - filantes
on se ressemble et c'est plus que les regards Asmodée c'est aussi ce qu'il y a dedans,
ton amertume acérée la mienne est lancinante
depuis quelques temps j'oublie toujours quel jour
quelle nuit on est
après tout les heures les minutes les secondes c'est relatif mais là - là à attendre tout s'entrelace et l'on pourrait être aujourd'hui ou bien demain
mes sentiments
sont anesthésiés
à tout moment.

après l'acrimonie
décembre est fade.

mais toi Asmodée tu es sûrement lassé des saveurs acariâtre sur le palais - tu veux sûrement contraster
équilibrer les alchimies en y diluant rien qu'un peu de douceur
celle vaporeuse des soirs particuliers
tu rappelles
quelle nuit on est -

celle des astres égarés.

et j'arrive
presse le pas dans les escaliers les poumons réalisent qu'à rechigner, trouvant les sapidités ternes à en crever
au moins pour ce soir je veux voir -
alors que je l'aime j'ai boudé le ciel
ce soir, j'ai l'urgence de retrouvailles.

au premier pas sur le toit le cœur s'accélère - comme s'il savait qu'on était
enfin
chez soi.

silhouette familière - Asmodée de dos,
même sans visage je reconnais car on s'est dit rendez-vous tout la haut alors, doucement je m'avance
volatile, m'arrête derrière toi pour me pencher par dessus l'épaule, le détail saisit dès l'arrivée,
la fumée de cigarette qui s'élève
te surplombant je la saisis du bout des doigts
et la porte aux lèvres
plutôt que d'inspirer les bouffées d'air frais.

dans l'inspiration toxique j'ai l'impression de revivre,
dans l'expiration paisible j'esquisse un sourire
et je te vois.

je suis en retard - j'espère que ça a pas commencé sans moi.

pour dire désolé - je perds la notion du temps tu sais
mais j'ai compté, te contourner me prend deux secondes
et m'asseoir à coté de toi, les épaules voisines, à peine trois.
et le filtre entre les doigts je frissonne,
fume encore avant de te rendre ton poison
les yeux au ciel une fois que l'on s'est vu
lui aussi, enfin, je le vois.

si je suis le prince des étoiles toi t'es le roi des jolies phrases.

prodige des mots tu les manies si bien ce soir
forme de la prose qui fait monter le rouge aux joues - heureusement que c'est la pénombre et qu'on est les yeux dans les yeux avec les constellations, au moins c'est presque invisible
et le spectacle je le quitte un instant lorsque tu déposes le vêtement sur les genoux, l'œillade qui s'accoutume s'aiguise à percer le sombre pour discerner les détails, je passe les doigts sur les mailles de laine pour mieux identifier encore
esquisse un sourire en reconnaissant.

je les aime tous bien mais j'avoue celui là c'est mon favori.

aveugle un instant - le temps de passer la tête et puis les bras pour m'habiller du pull qui est à toi - c'est grand, jamais trop grand j'aime quand on flotte un peu dans les habits j'ai l'impression que c'est un abri, des étreintes qui retiennent tout les débordements qu'on est.
et couvert comme il faut désormais je frissonne, réflexe du corps qui se réchauffe petit à petit, en attendant de ne plus trembler je reviens déchiffrer les cartes du ciel.
tu demandes si ça mène à des paradis
je médite
suis les itinéraires hésitants.

là-haut...
oui je pense.
même si c'est loin il vaut mieux qu'elles restent là-bas - c'est pas ici qu'elles le seraient.

ici il fait trop froid - même si maintenant que tu es là un peu moins, et j'observe silencieusement
les astres qui passent, filants, ils viennent rendre des visites de courtoisie, toujours ponctuels c'est quelque chose auquel on peut se raccrocher au milieu des errances.
c'est beau
ça suffit à se sentir un peu moins satellite - mais pas tout à fait - presque
et pour rester un peu plus sur terre je trouve un autre repère
viens poser la tête sur l'épaule voisine, c'est proche et pas lointain, de se tenir à tes cotés Asmodée.

... Asmo
toi t'es heureux ici ?

je ne parle pas d'ici sur le toit où c'est tendre et volatile
je parle d'ici-bas - tout ce qui se trouve en dessous, les étages et puis l'atmosphère toute entière de l'académie
étouffante lorsqu'on n'est pas en hauteur - tu ne trouves pas ? j'inspire doucement l'air frais, c'est enfin pur.

j'ai l'impression que quel que soit l'étage tant que c'est pas dans le ciel c'est forcément malheureux.

pathétique - triste à en mourir à un moment où un autre mais ici ils nous maintiennent tellement bien en vie, jusque ce qu'il faut pour ne pas tout à fait perdre le goût des choses et même égaré on continue de tituber
chanceler jusqu'aux toits plusieurs soirs par an et particulièrement celui-ci
pour assister
aux pluies d'étoiles filantes.

pardon Asmodée peut-être que ma curiosité met face à de grands vides effrayants, viens, si tu sens que tu as besoin d'une prise je suis là et puis trop souvent à la dérive je crois que j'ai besoin que l'on me tienne aussi, qu'on m'étreigne pour interrompre les chutes libres perpétuelles. des bras rayons de soleil au beau milieu de la nuit ils entourent de chaleur et je m'y love, ramène les jambes et m'abandonne au creux du cœur en fusion où il fait meilleur - les étoiles viennent reprendre leur souffle à l'angle du cou je frissonne en sentant leurs inspirations contre ma peau.

Asmodée tu penses trop à l'horizon Asmodée tu le cherches désespérément, comme des hurlements en dedans qui espèrent que quelque chose n'importe quoi te réponde et quand on y pense il n'y a pas de sommets suffisamment haut pour voir bien loin au dessus des grilles alors
tu ne peux qu'imaginer
des images ternes, où tu aimerais pourtant si fort que ça brille.

tu sais pas Asmo', on sait pas tout ce qui attend dehors... tout ce que tu dis c'est possible j'en suis sûr.

tout ce qui se résume à vivre libre.
et elle est bien triste, l'harmonie des astres tout à coup - je les sens qui s'agrippent un peu plus. posent des questions vertigineuses et moi je rattrape comme je peux. doucement on passe le bout des doigts sur tes bras croisés autour de moi avant de les entourer à leur tour, et les mains rejoignent les tiennes pour s'entremêler pour dire que je suis là Asmodée
que c'est déjà toi le roi
du grenier et d'ici tout entier
la rumeur de la tête pleines de rêve je voudrais l'auréoler de toute la lumière que tu procures, t'en tisser des couronnes tellement tu en offres.
et dans le silence je serre, je serre, plus fort encore, les mains d'Asmodée entre les miennes.

... je sais pas.

on a quitté le ciel pour se sentir un peu plus sur Terre, là dans les étreintes on essaye, de rassembler les éparpillements de ne pas les laisser voyager trop loin, là où ça fait peur. forcément qu'au centre ça tremble un peu de se représenter des ensembles toujours teinté d'acariâtre. rarement je goûte aux rancœurs mais je sens bien qu'en dedans parfois les chaos s'agitent de ne pas trouver les réponses - celles que tu cherches aussi Asmodée.

ah, j'aimerais les avoir je t'assure, mais moi non plus
je n'ai rien connu d'autre que des cages. je crois que je ne me vois pas vivre en dehors, une fois celle de l'académie ouverte je m'en créerai d'autres. et recroquevillé contre toi les expirations désemparées résonnent au diapason.

même le vrai bonheur, je saurais pas te dire ce que c'est. l'extérieur, je pourrais t'en parler des heures. on y a passé des années avec mes frères et sœurs tu sais... c'était pas vraiment être libre la vie qu'on menait...

toujours des barreaux, et avant ça, on n'existait pas. des êtres trop misérables pour en avoir le droit.

l'air frais condense les soupirs et je baisse un peu plus les yeux, les ferme presque. écoute respirer et battre contre mon dos, la rumeur de la tête se penche doucement contre celle d'Asmodée.
il fait froid - pourtant
pourtant on ne l'a rarement aussi peu senti que maintenant.

mais tu vois là tout de suite ça fait moins flipper de penser à tout ça je trouve. je sais pas, je me dis, sur les toits on voyage, et les constellations y en a toujours à découvrir, puis j'aurai jamais fini d'apprendre des choses sur toi. alors rien qu'ici on est déjà un peu libres..

la voix rendue murmures presque, ils échouent entre nous tant je ne suis pas certain de quoi en faire. et je crois que ça peut être un remède à l'amertume mais pour ça il faut la ressentir un minimum. piquer le cœur pour ça meurt
de battre plus fort, alors
ne cesse jamais d'être insatiable Asmodée

sinon on n'aurait plus l'urgence de monter sur les toits pour tenter d'admirer toutes les étoiles.

drapé d'ombres, ce sont les linceuls les plus tendres je trouve, ce sont ceux qui enlacent le mieux, ici même les lueurs les plus faibles ou instables brillent comme il faut - ah, je ne me sens jamais de trop au creux de toi, Asmodée. les gens qui tremblent en te voyant j'ai du mal à les comprendre, frissonner à la limite, on peut, lorsque tes lèvres papillonnent à la naissance du cou et qu'au creux du mien tes souffles s'échouent. c'est si doux les rires qu'ils font frémir et forcément les étoiles se mettent à sourire aussi - le corps oscille et je me retiens de hausser l'épaule du coté où tu soupires. m'abandonne plutôt un peu plus, love le dos contre là où ton cœur bas et ainsi installé, si je lève les yeux assez haut, penche suffisamment la tête, comme les constellations je discernerai Asmodée ;
je te dévisage comme elles,
avec la même malice volatile.j'aime le roi du grenier tel qu'il est Asmodée alors laisse, ne te fatigue pas à dissimuler ses traits contrariés ils sont très bien où ils sont. je tends la main - l'autre tient toujours les tiennes - on vient effleurer ta joue et s'égarer jusqu'à la mâchoire, comme si l'on pouvait trouver le relief des masques derrière lesquels tu voudrais te cacher.
et tu demandes, si moi aussi
je fais semblant.
... je sais pas
les songes entrecoupés de battements de cils je réalise que les risettes ont eu du mal à faire surface ce soir encore, alors
oui peut-être
moi aussi, les masques.
en ce moment pas trop je crois...

sur les images d'Asmodée se superposent tout un tas d'autres instantanés, pensif je revois les détails trop précis, ceux qui font souhaiter d'être aveugle certains jours, je revois,
les expressions écœurées, les retrouvailles teintées d'amertume, la peine qui déforme les traits de ceux à qui on tient. Céleste qui tourne le dos, Jiwon qu'on retrouve en lambeaux, Teddy qui se coupe presque jusqu'aux os. et même ceux qui vont bien je trouve le moyen de perturber leurs accalmies, Blossom et Perceval qui disent qu'on s'aime, j'ai le sentiment de polluer leurs atmosphères en soufflant moi aussi.

c'est beaucoup à regarder, forcément que les prunelles se voilent et je cesse de lever les yeux au ciel, à toi Asmodée, je préfère baisser la tête et observer nos mains plutôt. je serre un peu plus fort.les bras ne sont pas assez grands pour maintenir en place et tout s'échappe.

et si l'on commence c'est sans fin, Asmodée, tout ça pourrait déborder à l'infini si on laisse aller alors je bloque les souffles quelques secondes, triture nerveusement les manches de ton haut,
arrête avant de trop froisser le tissus et inspire.les expirations changées en soupirs, elles sont chargées d'incertitudes mais je chasse, balaie tout ça dans l'air froid de la nuit et l'on s'est arrêté sur ça ira alors ce sera le cas. jette les mots au vide, car je ne veux pas
que cet instant avec toi m'échappe aussi, Asmodée.

pardon Asmodée ce soir c'est une pluie et non des pleurs c'est sensé être grandiose et pas misérable comme spectacle moi je voulais que les étoiles filantes restent dans le ciel et n'inondent pas mes joues mais, c'est qu'une fraction d'espace-temps brisé j'ai cru que tu t'en allais et en voyant que c'est pour mieux revenir ma vision se trouble - heureusement tu fermes les yeux même si le bout de tes doigts sur mon visage devine sûrement le début de cataclysme. les chaos je ravale, les paupières s'abaissent et j'écoute calme.

Asmo' tu dis les inconnues je ne sais pas les inconnues ça ne fait rien ça ne te fait pas peur et les arpèges de la voix sonnent si justes, elle apporte un peu d'équilibre aux univers chancelants. et le sourire, j'en saisis les détails au travers du rideau des cils et ça glisse des soleils au coin des lèvres qui se lèvent faibles et t'imitent. on est mal placé pour dire quoi que ce soit Asmo' tu sais moi aussi j'ai du mal à appréhender les grands ensembles. toujours je m'attache un macrocosme après l'autre jusqu'à aimer à l'infini la galaxie de ceux qui me font face. la tienne elle est si belle, accueillante au possible, et lorsque tu te tiens près comme ça les atmosphères, j'ai envie d'y retrouver des souffles mais ça ne veut pas, Asmo, je crois
que j'ai comme un trou noir dans le cœur qui dévore
qui n'en a jamais assez, ce n'est jamais assez,
il me hurle de te contredire, d'affirmer
que les ratés, j'ai plus le droit.

tu retiens avant la chute à l'infini, tiens mon visage au creux de tes paumes Asmo' tiens-moi, ici sur les toits tout va bien mais j'ai peur de tomber demain, et tu affirmes que si c'est pour vous - car c'est toujours pour vous -
alors on comprendra
alors on pardonnera
les mots offerts, je veux conserver précieusement,
laisse-moi les garder, Asmodée, tu veux bien ? qui sait quand c'est, jamais ?
ne me dis rien.

tes jambes qui m'entourent, les miennes de chaque coté de toi, j'ai ton pull qui m'étreint lui aussi et puis tes mains, tout ça je pourrais m'y abandonner pour de bon quitte à m'y éteindre au moins il ne m'y arrivera rien je le sens. et je ne sais pas, je ne sais pas comment
te dire merci Asmodée,
on rate tout le spectacle derrière toi et moi devant j'aimerais tellement t'offrir quelque chose d'un peu plus joli que des soucis de jours qui ne se sont pas (encore) produits, doucement, les yeux fermés pour de bon - les risettes trop vacillantes pour être vues, elles viennent s'échouer sur tes lèvres -
rien qu'un instant
volatile, satellite
quelques secondes à peine
le temps s'arrête

et puis repart.
au lever des yeux même si les tiens sont toujours plongés dans le noir je détaille là où sont sensé se trouver tes regards, Asmodéeon n'a jamais été parfaiton tente un sourire quand même.

l'ivresse des promesses qu'on vient boire à même la source claire de tous les mots, tous les souffles, à capturer et à garder précieusement, et ils viennent s'échouer tendres contre les plages du cou, font frissonner le sable blanc. la peau qui s'enflamme au contact des géantes rouges, dix milliards d'années pour pouvoir enfin assister à leurs lueurs et je les tiens enfin dans mes bras, te serre tout contre moi Asmodée et les sourires entremêlées aux baisers que tu abandonnes à la gorge font tressaillir, frémir toutes les étoiles - elles s'amusent des éclats de rire que tu provoques.

moi non plus -

te détester, jamais de la vie, et puis

moi aussi- je veux dire,
oui, les étoiles filantes...

c'est vrai ça, on avait oublié qu'il en pleuvait ce soir. c'est qu'on a chassé les ondées tristes à se faire des confidences et dans la tête et le cœur j'ai pleins d'éclaircies, j'en suis à me dire peu importe le jour ou la nuit tant qu'on est ici avec toi ce sont des accalmies qu'on aime. elles ont glissé des soleils paisibles au coin des paupières et puis sous la peau, sous les os même, ils brillent jusqu'au creux des entrailles. à peine dévoilés derrière les persiennes des cils entrouverts, on les lève au ciel. le ciel derrière toi, c'est dommage que tu ne le voies pas là tout de suite Asmodée,
les comètes ont sagement attendu notre arrivée mais maintenant qu'on tremble sans elles, elles ne se gênent pas pour cascader sur l'horizon. tranchent l'obscurité de lacérations éclairées, éblouissent presque à force d'avoir gardé les paupières closes - elles s'abaissent de nouveau au moment des soupirs.

même les yeux fermés j'en ai jamais vu d'aussi belles.

du mal à croire qu'on puisse refermer les doigts sur leurs cheveux d'ombres ce soir - Asmodée, laisse-moi mieux les admirer.

les entrelacs, on défait doucement celui des bras derrière ta nuque et puis celui de ce qui bat et respire, toujours au diapason malgré qu'on s'éloigne. tout le corps bascule sans que l'on dénoue les jambes qui t'entourent encore, et les épaules et puis le dos et la tête contre le sol froid, ça fait frissonner comparé à la surface de toi qui brûle à des  degrés Kelvin - un millier minimum pour la couleur de tes yeux. inspire, on les cherche, allongé là, et tes mains, on les saisit, expire fébrile.

...  regarde-moi Asmo'.

à dire tout haut ça fait rougir, resserrer la prise des doigts, craignant de faire tomber tout ça. et la tête s'incline car ce n'est pas souvent qu'on demande quoi que ce soit. même jamais, d'habitude, mais

ça fait pas peur, j'ai pas peur du tout tu sais. ils sont trop beaux tes yeux -
j'ai envie de les voir.

les yeux dans les yeux avec les étoiles
j'ai envie pour de bon.

le ciel vacille je vois bien comme la ligne d'horizon des regards se courbe tout à coup rattrapée par la gravité terrestre et si tout cela tombe trop vite et si ton cœur s'accélère trop Asmodée ça ressemblera aux effondrements engendrant les trous noirs. les astres rouges ont des lueurs tristes, je ne voulais pas, je ne veux pas qu'ils sombrent à se noyer dans la peine de ne pas pouvoir croiser d'autres étoiles. et je voudrais te dire que me tordre de douleur ça ne fait rien tu sais je ne t'en voudrais même pas alors il n'y aura pas à s'excuser de quoi que ce soit mais - toi tu t'en voudrais Asmodée, alors c'est non,
et tu en es désolé.

non- le sois pas, Asmo', je t'assure, c'est moi-

rattrape au vol, que ça ne sombre pas coupable de crimes jamais commis, tu vois, je n'ai rien. aussitôt me redresse pour revenir à ta hauteur, mes mains abandonnent les tiennes mais c'est pour effleurer tendre les avant-bras, monter doucement jusqu'aux épaules et puis jusqu'à toi - ton visage dont on s'empare du bout des doigts.

pardon c'était égoïste de te demander ça...

égocentré, plutôt qu'héliocentré à graviter autour d'Asmodée, les trajectoires rectifiées, j'ai envie de te dire moi aussi - moi aussi les silhouettes troubles, les contours toujours incertains et pourtant, ça n'empêche pas d'aimer infiniment. indéfiniment. pas besoin des yeux dans les yeux pour vérifier que tu es bien là, on le sent - on sent le cœur en fusion de mille couleurs sous la surface monochrome, la peau d'ivoire et les cheveux de plomb. je ne veux pas que ça s'éteigne - pardon

pardon...

encore une fois, encore un milliard je peux aussi - viens raviver les lueurs, les étincelles qu'on sent en dedans l'on se dit qu'en déposant des baisers à ton cou, tu sentiras peut-être qu'on n'a jamais douté du démon. qu'on est tout simplement extatique qu'il nous offre la bénédiction d'être là ce soir - les souffles comme des prières à ta mâchoire, se changent en murmures.

ne t'en fais pas... ce soir, n'y pense pas- tu peux, poser les yeux où tu veux, et c'est moi qui ferai attention avec les miens, je les garde clos même, si tu préfères.

entrecoupé à chaque fois qu'on vient brûler du bout des lèvres. et les bras viennent former des entrelacs autour de toi, contre ta nuque, et dans ton dos les jambes se croisent aussi c'était comme dire c'est ici qu'on est bien, tu entends ? le tempo fou sous les os, il n'y a que ça qui hurle, moi je soupire. tu sens ? c'est tout le contraire de souffrir -
elle est loin ce soir la douleur Asmodée.

ça ne fait rien Asmodée il y aura d'autres détails à capturer et à garder précieusement comme des fragments d'étoiles, ça ne fait rien je sais ce que c'est, les visages qu'on ne voit jamais je discerne tout sauf ça je reconnais tout si ce n'est vous, si ce n'est toi. et c'est vrai que les yeux dans les yeux ça permet de mieux vous observer, c'est regarder droit dans les astres pour identifier rien qu'à la couleur mais ça ne fait rien. depuis le temps j'ai d'autres moyens, quatre autres sens pour savoir qui c'est -
et c'est toi, Asmodée, Asmodée,

Asmodée-

qui vient capturer les souffles, le parfum de toi déjà à même les mailles du pull que je porte, partout désormais, et tes doigts à même la peau c'est la première fois qu'on sent d'aussi près, impossible d'oublier désormais - l'étreinte scellée par les bras nacrés, j'ai du mal à garder les yeux ouverts alors que tu m'as demandé de le faire, pardon.
tu dis qu'il ne faut pas s'excuser, on a le droit
d'oublier la parcimonie, d'exprimer les envies -
et elles ont beau avoir été sages tes prunelles, tapies dans les ombres j'ai l'impression qu'au travers le rideau de tes cils sombres elles ont brûlé quand même, façon rayon de soleil focalisé en un point, provoque des incendies où il a posé les mains. mon front contre le tien, au creux des expirations, tremblent les confidences.

... j'ai envie de toi.

en attendant les regards un jour peut-être.