vous apercevrez sa tête dans une petite vignette parmi d’autres vignettes. si vous cliquez vous la verrez servir des œufs crus enduits de chocolat à Jake, Alma et Nancy, et rire à en faire trembler le plafond quand ils croquent dedans et la pourchassent à travers la salle de cours.

vous la verrez en trend topic, sous la forme de dizaines d’extraits vidéo montés coupés un peu différemment, où elle clashe un Jasmin une Faith un Owen elle ne sait plus. de toute façon ils ont tous douze ans la morve au nez et rien à faire sur les réseaux sociaux.

vous la croiserez en traversant le dortoir, sa porte est entrouverte on peut la voir assise devant son portable et des hamburgers frites pour huit personnes. elle, s’adonnant à son activité favorite à savoir manger, parler à personne et au monde entier à la fois.

irene traîne à sa cheville cette croyance viscérale qu’elle mourrait si personne ne la regardait. c’est une enfant qui se repère dans le monde par les réactions des gens autour d’elle, et rien ne l’irrite plus que les apathiques, les indécis et les stoïques. elle se nourrit des souffles coupés, des soupirs, des rires et des cris d’indignation qu’elle provoque ; mais n’en retire pourtant pas un plaisir si intense que ça. non, c’était une question de survie, et les vibrations de son portable les irene qu’elle entend les coups à l’ego ou au corps qu’elle prend sont autant de battements qui font circuler son sang.

mais aujourd’hui était le jour le plus emmerdant de sa vie. la pluie en cascade dehors disperse les foules et elle se trouvait au beau milieu de cette plage horaire horrible où absolument personne n’est en ligne ni ne répond. ses fils d’actualités étaient incroyablement lisses, sans nœuds aucun. elle se raccroche à cette idée que l’ennui n’est que le creux de la vague, l’élan nécessaire et insupportable qui précède le chaos. elle était une puce à l’affût du prochain animal sur qui elle sautera. car irene est un être marchant au stimuli, un rhizome qui se branche à tout ce qui vit et qui en suce l’attention avec ce bruit atroce de paille qui a bientôt fini sa boisson.

et dans ce rien, cette après-midi comme une femme enceinte au ventre creux une pensée assassine s’abat et l’étrangle. c’était sa dernière année ici, et pendu au plafond elle imagine comme un compte à rebours avant le grand départ. en voyant les chiffres rouges les diodes des centièmes de secondes qui s’affolent c’est comme si le sol se dérobait sous elle. bientôt elle disparaîtrait d’ici. sans plaque gravée sertis aux murs de l’école, à peine quelques arbres à l’écorce abîmée de cœurs qu’elle et ses anciennes amours ont taillé au couteau.

que restera t-il d’elle en ces lieux ? qui se souviendra de son nom ? car au fond, irene n’a jamais vraiment réussi à comprendre la différence entre être reconnue dans la rue et compter aux yeux des autres ; tout son être contribue au premier et se languit du dernier. elle a l’intime qui enfle en elle comme un ballon d’eau qui grandit en permanence, remplit ses entrailles et manque d’éclater à chaque instant par tous ses orifices. la nuit, elle rêve que personne ne la connaît et que le monde tourne sans elle, et cette pensée la comprime comme un démon assis sur ses poumons.

alors elle allume sa lampe de chevet, déverrouille son téléphone et parcourt, inlassablement, les commentaires laissés sur ses publications, compte les j’aime les retweets les pouces bleus et les images de rêves d’antan, où elle était quelqu’un. la lumière de l’écran est une veilleuse qui chasse les cauchemars.

elle s’endort sur ces preuves numériques, celles qui disent qu’à un moment précis de son existence quelqu’un l’a appréciée, enviée, reluquée, pistée, haï de tout son être.



demain elle existera encore plus fort.

irene est une tête brûlée elle préfère épuiser ses batteries le plus vite possible plutôt que de l’économiser dans les pyjama parties c’est la meuf relou qui s’endort en première et ronfle bien fort au collège elle traversait la cour en sortant son meilleur naruto run ne lui parlez pas de catch elle a tenu un skyblog sur hulk hogan jadis est plutôt souple mais ça c’est grâce aux german suplex quand dans la cour de récré y a des nouveaux mots à la mode elle dit que c’est elle qui les a lancés préfère les salves de messages courts à la chaîne plutôt qu’un seul et long message aime trop les buffets à volonté entre en rage primaire quand elle apprend qu’elle n’a pas eu la meilleure note au dernier contrôle aime trop les CHIPS bien ondulées MMMMMMM les croquer la bouche ouverte !!!! verser les dernières miettes bien salées dans sa GROSSE BOUCHE !!!!! était persuadée qu’elle pouvait devenir une super saiyan en poussant assez fort résout tous ses ennuis interpersonnels par l’art subtil et délicat du clash en live sur Insta joue de la batterie car c'est l'instrument le plus bruyant qu'elle connaisse s'est faite virer du club de tennis parce qu'elle passait plus de temps à crier qu'à taper la balle mange 8 fruits et légumes par jour pour dépasser tous les boloss qui se limitent à 5 son clip préféré est wrecking ball de miley cyrus est obsédée par son ratio abonnements / abonnés vire systématiquement de son île les villageois pas sportifs

• le père d'irene est le leader mondial des équipementiers céramique et émail (en gros ils font des chiottes des lavabos et des baignoires)
• la mère d'irene est présentatrice de journal tv
• ils ont jamais eu le temps pour l'élever donc ils l'ont balancée à l'académie à grands coups de watidollars en se disant qu'elle rentrera en parlant un anglais parfait et avec un carnet d'adresses bien fourni
• ça tourne mal

encore lexin on en peut plus de lui
thomas law dans un univers parallèle
ça prend pour visage des oc + chu wong

j'ai fait une fiche avec de grosses lettres pcq marre de vos rp qui se lisent à la loupe là
tchiip

rdv sur l'octogone à 21h