Guérison

Fight for honor

Infirmerie @Amara Da Vinci

Guenièvre avait été très occupée ce jour-là. Beaucoup d’inconscients (on ne se demandera pas qui est leur professeur principal), quelques personnes simplement malades, d’autres encore cherchant à avoir un lit pour louper les cours au grand damne de l’infirmière… Tous étaient passés par son infirmerie. Et la journée était loin d’être finie. Un surveillant l’avait prise à part, l’air ennuyé. Une élève blessée, une élève qui s’était battue, une petite Amara. Guenièvre avait du travail.

Alors elle entra dans la pièce isolée où se trouvait son bureau et sourit doucement à Amara. Aucun mot ne franchissait ses lèvres, juste ce sourire écarlate. Elle se présenta d’un geste vers le nom à son bureau : Guenièvre Bradwyr, prit son carnet et y nota rapidement quelques mots.

« Tu peux m’appeler Mademoiselle Bradwyr. Tu veux un thé pour te réconforter? »

En attendant une réponse, l’infirmière commença à l'ausculter de ses mains fraîches. Délicatement, elle passa au peigne l’élève avant de pouvoir enfin s’occuper de ces vilaines plaies.

Vint le moment fatidique où les sanglantes plaies disparaissaient. Les chairs se joignaient, lentement, sûrement, le temps semblait reculer sur ces peaux guéries, si tout ce sang ne restait pas.

Une gaze à la main, Guenièvre vint éloigner le souvenir du corps blessé. Le sang fut rincé, la blessure fut enfoui dans les tréfonds de l’âme, le corps, déjà, oubliait. Et Guenièvre ne pouvait qu’en être heureuse. Mais elle était encore contrariée. Son visage se tordit dans une moue alors qu’elle prenait la main encore ronde d’enfance d’Amara. Elle tendait à nouveau le carnet biscornu.

«  Pourquoi t’es-tu battue ? C’est dangereux, tu aurais pu être bien plus blessée... »

La bouilloire était chaude, l’eau attendait pour devenir la douce boisson qui noierait leur bouche entre chaque mot.

 

Guérison

Fight for honor

Infirmerie @Amara Da Vinci

La méfiance inondait la pièce, Guenièvre le sentait. Animal sauvage, Amara était tendue, si lointaine malgré sa proximité. Et l’infirmière n’aime pas ce rapport. Si elle ne guérit que les plaies, il est important pour elle de sentir ses patients bienheureux, elle qui n’était que compassion. Alors elle leva ses mains de la peau blessée et eut un sourire maternel alors qu’elle tentait de réchauffer ses mains. Il n’y avait point de malveillance dans son regard, juste de la tendresse, de la douceur et des mots silencieux qui disaient qu’elle était désolée d’avoir ces mains si froides et cette bouche si muette qui peinait à la réconforter.

Vite, la blessure se fermait, elles disparaissaient toutes. Et Guenièvre écoutait. Elle écoutait chaque mot d’Amara sans aucun jugement et vint prendre une de ses mains entre les siennes, douce mère de l’académie. Elle ne pouvait dire un mot et vite, elle écrivit sur son portable.

« Ce n’est pas gentil de s’être moqué, oui. Mais tu devrais faire attention à toi, je ne voudrais pas que tu sois plus blessée. Et la violence ne mêne à rien de bon, ça fait juste mal tu sais... »

Des paroles qui pouvaient vexer. Mais des mots que le douce infirmière pensait. La violence ne mènerait qu’à plus de maux, qu’à des griffures plus grandes et une haine plus vorace. Une main pâle frôle la joue, un sourire fin aux lèvres. Puis l’infirmière s’éloigna doucement pour revenir avec une assiette de petits gâteaux, l’air de proposer tendrement un goûter à l’élève sauvage.

 « Prenons le goûter ensemble alors »

Guenièvre tente d’apaiser, lentement, doucement, cette petite sauvage assise dans son bureau. Parce que la douce dame ne fait pas la guerre, elle aime chaque élève, chaque patient avec bonté et douceur, dans la tendresse qui l’animait.

Guérison

Fight for honor

Infirmerie @Amara Da Vinci

Que dire ? Il n’y avait rien à faire lorsque la fougue régnait. Tout ce que Guenièvre pouvait faire, c’était faire de son mieux pour soigner. Elle écouta l’élève, soupira légèrement et doucement, pour ne pas effrayer ce petit loup, sa main vint caresser les cheveux sombres.
Quelques mots tapés sur le portable, rapidement. une voix mécanique en sort, moyen moderne que l’infirmière avait du mal à maîtriser encore.

 « Je comprends mais quand même, parles en aux surveillants si on t’embête. »

Le changement d’attitude fut fulgurant lorsque la nourriture fut abordée, arrachant un grand sourire à l’infirmière s’apprêtant déjà à aller chercher les cookies dans son bureau. Quoi de mieux que quelques douceurs pour apaiser les maux ?
Mais déjà l’élève s’agitait, attendrissant l’infirmière de sa prévenance. L’amitié, toujours, et c’est si mignon pour l’ancienne élève qui avait connu les attentes, les rendez vous et les moments de plaisir dans la grande Académie avec ses rares amis.

Guenièvre observait l’élève sans rien dire, un léger sourire aux lèvres. Et durant son occupation, elle s’empressa d’aller chercher des cookies et un verre d’eau pour sa patiente. Alors qu’une question jaillissait à nouveau, amusée et souriante, Guenièvre tendit l’assiette à l’adolescente pour seule réponse.

Guérison

Fight for honor

Infirmerie @Amara Da Vinci

Oh quelle adolescente têtue. Guenièvre n'arriverait pas à la faire changer d'avis. Mais tant qu'Amara se contentait de se défendre, elle ne pouvait rien lui reprocher. Après tout, la vie n'était malheureusement pas toujours douce.

Alors elle soupira et hocha la tête avant d'encore faire résonner la voix mécanique.

"Bon, seulement pour te défendre alors.. Mais fais attention à toi, c'est tout ce que je te demande."

Quelle surprise, une allergie ! Guenièvre ne s'y attendait pas mais un grand sourire courba ses lèvres alors qu'elle disparaissait à nouveau dans son bureau. Elle avait toujours d'autres biscuits, au cas où. Alors bientôt, l'assiette fut remplacée par une assiette pleine de cookies à la cannelle et aux noisettes, tout droit sortis du four de l'infirmière, durant la nuit. A nouveau la voix s'éleva.

Est-ce que tu aimes la cannelle et les noisettes du coup ? Je les sors moins souvent parce que les élèves préfèrent le chocolat en principe.. Du coup tu peux avoir toute l'assiette si tu veux. Il faut bien ça pour remonter le moral, non ?

L'infirmière se contenta de prendre un cookie, accompagnant Amara dans son goûter, un léger sourire aux lèvres. Elle voulait qu'Amara cesse d'être craintive. Ici, elle pouvait être sans crainte et peut-être qu'un jour, l'infirmière réussirait à lui faire comprendre que cette violence n'allait pas tout résoudre.

Guérison

Fight for honor

Infirmerie @Amara Da Vinci

Guenièvre sourit, un peu faiblement, un peu tristement. La vie ne peut pas vouloir si peu quand on est si jeunes et pourtant, à l'Académie, c'est fréquemment le cas. Alors l'infirmière fait tout ce qui est en son pouvoir pour offrir un peu de bonté, un peu de douceur dans leur coeur fragile.
Amara, c'est une enfant qui a prit trop de coups dans la vie pour en comprendre l'anormalité. Et ça brise le coeur de Guenièvre.

Elle appose une caresse aux cheveux sombres, sourit encore alors qu'elle dévore les cookies, heureuse qu'ils lui plaisent. Le regard reste triste, trop triste de voir une adolescente devoir aller à l'infirmerie pour être bien nourrie. Alors elle lui sourit encore, lui fait un clin d'oeil et encore se sert de son portable pour lui parler.

"Evite de te blesser, d'accord ? Si tu veux, tu peux passer prendre des cookies quand tu veux.. Ca te va ?"

De la douceur, encore un peu de douceur. Guenièvre s'acharne à être cette douceur, à dévouer sa vie à être une ancre pour ces enfants abandonnés à l'Académie. Et Amara, elle l'aime bien, comme beaucoup d'élèves, elle qui est toute rustre et pourtant si mignonne.