Il n’y a personne, et tu préfères ça Merlin. Personne pour attendre après un toi que tu ne seras jamais. Personne pour entrevoir ce moment ou tu es bien plus faible, qu’a l’accoutumé. Rituel mal assumé.
Rituel dont ta sœur n’est pas informé.

On vérifie jamais, d’habitude. On a pas envie de savoir. Parce qu’il n’y a jamais eu de contacte. Alors pourquoi ça changerait. Tout a été rayé ce jour là. Alors pourquoi , aujourd'hui, ça serait différent.  On vient vérifier pourtant, quelquefois. Sans l’assumer. Comme une envie du cœur, un contact, qui nous ferait autant de bien que de mal. On se dit qu’on fait ça pour Hestia. On se dit qu’on fait ça pour nous. La démarche est bien plus égoïste qu’il n’y paraît. Dissimulé, derrière cette démarche plus assuré que les jours passés. Le doute est pourtant toujours grand. L’espoir toujours fort. Malgré les dires. Ces souvenirs enterrés. Ces idées germées. On se dit qu’il faut mieux ne rien attendre.

Alors lorsqu’on s'adresse au guichet, on ne ressent pas grand chose quand on nous confirme le néant de ce lien. Ca fait pas mal, ca fait pas de peine. Assimilant un vide qui fait parti de nous, la surprise n’a pas sa place.
On abrite un sourire, un c’est pas grave. Aujourd’hui tu n’as pas l’impression de mentir lorsque dans ton esprit, ca semble se formuler.
C’est pas grave.
Ce n’est pas un mensonge.
Peut être que tu vas simplement mieux Merlin.

Plus de douleur. Comme si l’emprise de cette ombre étouffante, avait alors moins de poids. Il a fait des efforts qu’il n’aurait jamais osé faire. Il s’est plu, dans ces pulsions de corps, du coeur. C'est peut être pour ça, qu’il ne va pas si mal. Il n’a plus besoin d’attendre. Une réponse. Un droit. On lui a donner le droit d’exister. Avant qu’elle ne le fasse. Et même si on n’ose encore trop s’attribuer les mérites de cette quête. On sait qu’il existe. On sait qu’on commence à exister. Malgré les monstres, caché sous le lit. Grâce à Judas. Grâce à Ange. Phineas, Elliot. S’impliquer pèse encore. Alors on leur attribue le mérite. Ce sentiment nouveau. Celui de commencer à être quelqu’un, malgrés elle.

On a écrit alors qu’on ne l’a jamais fait, des banalités. On a osé un contact. Peut être parce qu’il est tant d'excuser. Aux autres. Surtout à sois même. Le cœur bat pourtant si fort, quand l'enveloppe s’enfonce. On sort de ses pensées, un peu brusquement lorsqu’on prononce des mots à notre égard.

La tête se lève.
Les traits changent.
On ne le remarque pas.

Tu l’as pourtant tant attendu ce moment Merlin. On ne voit rien de ce qui se passe, parce que ce regard. On ne l’a jamais vraiment posé sur nous. On commence tout juste à le poser sur les autres. Malhabile. Alors quand tu le complimentes, on est un peu surpris.

Il aurait voulu te dire, a quel point cette Alice lui pèse, a quel point il en a souffert. Mais ce n’est pas les mots qu’il a envie de prononcer. Parce que ça pèse moins, sur les épaules chétives, tombante, peut importe l’apparence.


« Merci … »

Il te livre un sourire qu'il a emprunté à Ange.

Il commence tout juste a se faire a l'idée qu'on puisse s'adresser a lui, pas a un autre. On reste un peu dérouté de tes yeux plongé dans les nôtres. Quand tu tends la main Eulalie, c'est la qu'on se rend vraiment compte, que quelque chose cloche. On était pourtant persuadé d'avoir prit ton corps, lorsqu'on avait formulé ce merci maladroit. Quand on tend la main a son tour, pour attraper la tienne Lalie. On tremble un peu. Il tremble un peu.

On bégaie. Un peu incertain.

« Me.. Merlin »

Pour la première fois. On a eut envie de prononcer Melen.
Et ce ton de voix qu’on n’arrive pas a comprendre.

On te parle, comme on a appris à le faire, récemment. Alors pourquoi tout semble sonné en décalé. Pourquoi la vision du monde ne semble pas s'accommoder à la tienne. On se raccroche à toutes ces petites choses en attente de réponses, alors qu’on ne trouve pas la nôtre. Perdu. Bien plus qu’a l’accoutumé.

« Je .. »

On veut entendre la voix. Essayer d’analyser. Le dysfonctionnement.

« J’suis désolé je comprend pas. »

On te regarde, les yeux river sur ces parties de ton corps, qui ne sont pas les mêmes. Comme pour en prendre l’apparence. Sans succès. Tu n’as rien de ce qu’il reflète Eulalie. Qu’est ce qui est entrain de se passer.

Il arrive pas a mettre des mots sur ce qui se passe Merlin. La main que tu attrapes est bien plus grande que la tienne. Plus osseuse aussi. Des mains de garçons. Qu’il connaît pas. Qu’il a jamais arborer, avant. Il en est sur. Il s’en serait souvenu. Alors elles sont a qui Eulalie ? Si c’est pas les tiennes. Si c’est celles de personnes qu’il ne connaisse. Alors, elles sont a qui. Il ferme les longs doigts sur les tiens. Il a soudain peur de lâcher. Eulalie, qu’est ce qui se passe ? Lâche pas, il est perdu. Lâche pas, il comprend plus.

« Non… non, c’est pas ça…. »

Il secoue la tête, enfant figé de sept ans. Tu sais Eulalie. Les lettres, c’est pas grave. Les lettres, on a fini par s’en moquer. Il ne l’attend plus elle. C’est pas ça Eulalie, mais on sait pas ce que s’est. Il arrive pas a te répondre, mots coincés dans la gorge. La tête remplie de mille questions. Quand tu l’entraînes à ta suite, comme pour fuir l'incompréhension qui a rempli tout l’espace, il se laisse porter. Incapable de choix. Il s’en remet a toi. Toi qu’il connait pas. Toi a qui il ne ressemble pas. Toi, simplement toi. Sans comprendre que tu es le déclencheur de cet état. Quand le ciel fait son apparition, les nuages dans sa tête eux, ne semblent pas être parti.

« Je t’ai parlé… Je devrais avoir ton apparence… Ça a toujours marché comme ça. »

Il se rapproche de toi,la main qui ne se raccroche pas à tout ce que tu représentes à cet instant, se resserrant sur un corps dont il essaie de comprendre les secrets, les yeux rivés dans les tiens à  la recherche de la vérité.

« Le visage que j’ai, tu le connais ? C’est quelqu’un que tu connais ? »

Est ce que tu l’as déjà vu quelque part Eulalie ? Il a besoin de savoir. Parce que ça monte en lui, comme une réponse qu’on a du mal à accepter, tant on se l’est interdit. Tant elle a semblait impossible, tant cette solution est morte pour lui, brûlé par le froissement de ces corps qu’on a écumé.

« Eulalie. Il faut, il faut vraiment que je vois à quoi je ressemble, là, maintenant. S'il te plait. »
Eulalie, aide le encore un peu.

Il cherche des yeux, un moyen de savoir.
Peut importe la façon. Peut importe la surface. Il a besoin d’un reflet. Lui qui a fuit les miroirs avec acharnement. L’emprise de sa main sur la tienne ne se relâche pas. Il veut pas que tu partes. Il veut pas que tu le laisses seul. Face à cet inconnu. On supplie presque, du regard. On prend peur quand le coeur s’emballe.

T’as beau ne pas finir ta phrase Eulalie. Ca suffit. Ca suffit pour rendre enfin audible les murmures se bousculant dans sa tête. Ces murmures si lointains, tenu à distance par la raison et la peur. La peur d'espérer.

Tu sais, quand on a entendu parler de cette maladie là. On a voulu faire parti des condamnés.

Chacun de tes mots, comme un pas de plus vers cette lueure, qu’on avait jusqu’alors enfermé.

Tu trembles Eulalie. Lui aussi.
Ca dur une fraction de seconde, une photo. Une toute petite fraction de seconde. Aussi petite que la confusion est grande. Ca semble pourtant infiniment long. Il en oublie de respirer Merlin. Quand l’instant se fige. Quand tu lui tant sa réponse. On ferme les yeux. Une seconde de plus. Est ce qu’on a droit de croire à ça ? Est ce qu’on a droit, à ça. A lui.

Les prunelles s’abaissent sur l'écran que l’on tient nerveusement. Précieusement.
On découvre.  

Les traits masculins, inconnu. Si familier. Les yeux en amandes de maman. Le nez marqué de papa. On se souvient. Les visages oubliés. On aperçoit, celui qu’on a toujours voulu rencontrer. Enfin. Après toutes ces années. Enfin. Se rencontrer.

Une seconde. Un silence. Tes paroles, echoes de sa révélation.
Une seconde. Pour réaliser que son monde est entrain de changer.
Une seconde. Il te rend le téléphone.
Une seconde. Et il attrape ton poignet dans un geste lent.
Une seconde. Et l’on t’attire contre nous, pour seul réponse.
Une seconde. Avant que les larmes ne se déversent.
Libérant tout le malheur d’un coeur.
Toutes les peines accumulés, depuis si longtemps.
Il pleure Merlin, se noyant dans tes cheveux. Il pleure, de ces larmes qui sont enfin les siennes.
Il a pas peur de l’image qu’il donne. Il a pas peur d'être faible. Il a pas peur d'être laid. Parce qu’il est enfin vrai, Merlin. Il existe, Melen.
On tremble encore.

Si tu savais comme il a attendu ce moment.

« Si j’suis malade, ça me va Eulalie. Ca m’va très bien. »

Il sait pas pourquoi il t’a prise dans ses bras. Il sait plus rien. Tout est si flou, dans les yeux embrumés. Il sait juste que le bonheur rempli à rabord, ce cœur qu’il a toujours cru vide.

« J’suis quelqu’un en entier. J’suis quelqu’un. Plus quelqu’un d’autre. Juste moi. »

Il a le droit. Lui qu'on avait rayé. Il a le droit d’être là. Le souffle dans la poitrine, n'a jamais semblait aussi chaud.

« Ravi de te rencontrer, pour de vrai, Eulalie. »

T’es la première qu’il voit Eulalie. La première personne qu’il prend dans ses bras. La première à le rencontrer. La première à le voir, si sincèrement heureux.

Il y a un rire qui s'échappe. Presque inaudibles. Un rire, qui semble marqué la fin d'une épreuve, un rire qui annonce le début de tout.

Je te regarde Eulalie. Et je te vois.
Tu me regardes et je suis moi.

C’est pas que le miroir Eulalie. C’est plus que ça. Il aimerait te dire, tout te raconter. Le poid posé sur ses épaules. La condamnation qu’on avait reçu ce jour là, tous les interdits que cela avait impliqué. Toutes ces choses volé en éclat. Grace a toi. Bien qu’on ne l’ai pas encore remarqué. Toi. Juste toi Eulalie.  Le libérant des souffrances accumulées. Ces cartons de questions et de doutes, qu’on a entassé, faute de savoir ou les installer. C’est plus que ça Eulalie. C’est plus que ça, et il a du mal Merlin, a se rendre compte en cet instant, tout ce que ca représente. On avait revé pourtant. De tout ce qu’on pourrait faire, ce fameux jour. Si lointain, idéalisé. Qu’il en était devenu légendaire, perdu dans les recoins d’une ame qu’on avait délaissé.

On ne croyait pas voir l’arrivée, de ce long chemin de pénitence

Ca va aller.
Oui Eulalie.
Tout va bien mieux maintenant.
Tu as démoli toutes les barrières.
Toutes celles qu’on avait bâtis.
Toutes celles qu’on essayait d’anéantir de nous même.
Sans sucés.
Tout est devenu ruines à tes cotés.
Des gravas, sur lequel reconstruire.
Faire des projets d’avenirs.

Tu te détaches, glisses tes mains sur son visage. Il ne te quitte pas des yeux. Incapable de comprendre ce que tu cherches à travers ce regard que tu lui portes. On voit seulement l'échange. On voit seulement que ça brille aussi, dans le tiens de regard.

Pourquoi tu pleures Eulalie. Il comprend pas.
Dans cet instant, on a l’impression de vivre quelque chose avec toi.
Peut être qu’on peut finir cette traversée ensemble Eulalie.
Peut être que toi aussi, faut que t’arrives a la fin de cette route. Peut être que toi aussi, t’as le droit d'arrêter de porter tout ce poids sur tes épaules.

On peut se tenir la main si tu veux. Parcourir les derniers pas qu’il nous reste. Ensemble.
Alors il pose une de ses mains sur une des tiennes, on laisse les doigts s’entrelacer quand ils retombent.

Il essuie tes joues brillantes de la main qu’il lui reste, alors que les siennes ne se sont pas arrêtés, malgré le sourire qu’il t’adresse.

Il découvre, que son rire peut être cristallin.
« On a pas l’air bête comme ça. »

Mais on a le droit de pleurer aujourd’hui, pleurer pour des choses qui ne font pas mal. Pleurer à grandes larmes, comme le font les enfants. Pleurer et vider le corps, de tout ce poids. On a qu'à se tenir la main, un peu plus longtemps, le temps que ca passe.

« Si c’est moi qui te fais pleurer tu sais, c’est pas grave si j’suis malade. Je préfère ça. »

Il a pas vu que toi aussi Eulalie, tu te déchargeais de souffrances dans ces larmes là. On a l’impression de partager la peine à deux. La sienne, la tienne. Pour qu’elle s’en aille plus vite. Se tenir la main pour ne pas perdre le nord.

La vie Eulalie, ça se joue a pas grand chose faut croire. La vie des fois, c’est juste croiser la bonne personne. Soit pas désolé, il veut pas que tu le sois. Parce que t’as pas a l’etre. T’es cette bonne personne. Celle qui bouscule la vie. Celle qui a les mains qui tremblent pourtant. Toi comme une piece manquante. Si c’est toi la maladie Eulalie. Alors ca le dérange pas. On veut bien que tu deviennes poison dans nos veines tant le sentiment actuelle que tu lui apportes est doux.  T’es une douce maladie Eulalie, de celle qui font palpiter le coeur.

Toi non plus t’as rien fait de mal Eulalie. Juste du bien.
T’as réparé les plaies du coeur au gros scotch.
C’est maladroit. Mais ca tiendra le coup.

Promis. Il la gâchera pas cette chance la. Promis Eulalie, il oubliera pas, le regard qu’il a posé sur le monde ce jour là. Ses yeux ouverts pour la première fois grâce à toi. Ses doigts serrés sur les tiens le guidant vers la sorti.

Tu as ouvert une porte Lalie. On ne veut pas la refermer.
On ne veut même pas en cet instant pensé au moment ou tu ne seras plus là. On veut pas s'encombrer de ça. On a seulement envie que ça dur un temps de plus. La douceur. Le bonheur.

On a envie de garder ce sourire que tu as dessiné sur nos joues le plus longtemps possible

« Non, sois pas désolé. »
Un temps
« Cool ton Alice, pouvoir annuler les pouvoirs comme ça, c’est fort. »

Tu reprends les premiers mots qu’elle t’a adressé aujourd’hui. Comme un retour d'ascenseur. Tu sais Eulalie, lui aussi il ne se moque pas. Lui aussi il est sincère, en empruntant tes mots.

« Tu veux bien rester un peu encore ? J’ai pas envie de m'arrêter de parler aujourd’hui. »

On se surprend un peu dans la proposition. Dans le ton plus sur de la voix. Peut etre que ça, c’est a ange qu’on l’a emprunté.
On ne sait pas trop ce qu’on veut faire. Ce qu’on espère. On veut simplement rester avec toi. Encore un peu. C’est pas questions de ton Alice. On ne sait pas exactement comment sont les termes du nouveaux contrats qui vient de s'établir. Mais on se doute des petites lignes. De l’implication des mots lorsque tu ne seras plus dans les parages. On veut juste continuer a parler encore un peu. A te parler encore un peu.
Il arrive pas, à simplement lâcher ta main.

« T’avais peut être prévu autre chose de ton après midi remarque…. Mais si tu as rien a faire, on peut se mettre au chaud, ou bien faire des Anges dans la neige. Ce que tu auras envie de faire. »

Juste laisser glisser le temps. Juste regarder le ciel. Redécouvrir le décor d’une nouvelle façon avec toi à ses côtés.

« Moi j’aimerais bien, profiter de ce froid encore un peu. »
De cette chaleur.

Il a le sourire qui se pose sur le mode, un sourire de gamin.

Il a envie de vivre Merlin. Envie de profiter de chaque instant. De penser à rien. De simplement vivre. Il veut sentir la morsure du froid. Être ébloui par la neige. Il veut sentir l’air dans les poumons comme un tout premier souffle. Il est heureux Eulalie lorsque tu annonces n’avoir rien a faire, il ne comprend pas pourquoi ça compte autant, d’un seul coup. Peut être parce que les premiers pas que qu’il fait, ses premiers pas en tant que Merlin. Ses premières avancés en tant que Melen, il veut les faire avec toi.

Il attrape ton bras, comme une évidence. Ca va devenir une habitude Eulalie, que tu l’emportes au loin.

« On est qu’au début ? T’es sur ? J’suis sur que c’est toi qui te trompes Eulalie. Ca se trouve l’hiver ça fini ce soir. Alors faut qu’on en profite. »

Tu te moques gentiment et il entre dans ton jeu. Comme si plus rien n’avait de sens.
Le temps, les jours, la météo. Il a le coeur léger Merlin. Une envie de rire de tout. Se découvrant une palette d’expression qu’il ne peut pas voir, mais qu’il ressent sur son visage. On sent les sourcils qui se froncent lorsque l’on te répond pour contester les quatres mois. On sent les lèvres étirés qui contredisent l’air désapprobateur. Merlin, comme l’enfant de huit ans qui n’a pas grandi correctement. Merlin de dix huit qui a envie de rattrapé tout le temps perdu.

Il a les yeux qui ne savent ou se poser tellement tout à l’air différent. Il te regarde pourtant de nouveau lorsque tu lâches son bras. Que tu t'éloignes un peu. Légèrement surpris. Comme si il avait loupé une information. Puis tu t’expliques. Et c’est son tour d'être un peu gêné Eulalie. Il a pas l’habitude Merlin, qu’on le regarde. Qu’on le regarde pour lui. Par instinct la main passe dans les cheveux. Il les sent bouclés. Il ne se fait pas à la longueur. Pourtant le geste est familier.

« Jamais. Jamais depuis onze ans. »

Pas un seul jour. Juste le souvenir d’une vieille photo dont les jours ont estompés les ressemblances. Il attrape son portefeuille dans sa poche arrière. Plein d'accessoires fantaisies qu’Hestia lui a offert. Il n’a jamais osé lui dire qu’il trouvait ça un peu kitch. Au fond, ils les aimaient bien, ces petits gestes là.

On te tend la photo usé. Le trésor qu'on gardait secret.

« Tiens, regarde…. C’est moi. »

Le seul souvenir. L’unique. Avant aujourd’hui.

« J’dois avoir pas mal changé. Ca doit pas être très ressemblant. C’est presque comme si il n’y avait jamais eut d’entre deux. Entre le Melen d’avant, et le Merlin d’aujourd’hui… C’est étrange un peu comme sentiment. »

Comme si il manquait tout un pan de vie.

Il comble les pas qui le sépare de toi. Quelques seconde. Se tient droit. Relève la tête puis l’abaisse.

« J’suis plus grand que toi. »

Doucement, il apprivoise. Doucement, on s’habitue. On remarques ses détails que l’on ne pouvait pas voir avant.

Puis il s'écarte de nouveau Merlin. Toujours cette main dans les cheveux. Le regard qui fuit un peu.

Elle dit “ tu “lorsqu’elle parle de ce corps sur la photo. Tu t’es toujours obstiné à dire que c'était toi, il y a pourtant une part de ton existence qui a fini par le considerer comme lui. Lui, ce corps là. Ce corps qu’on ne connaît plus. Cette personne qui a disparu. C’est nous. Ca ne l’est plus vraiment.

Elle fait les liaisons facilement Eulalie. Entre celui d’avant. Celui de maintenant. Comme si il y avait jamais eut de coupure.

Ca te fais du bien. C’est perturbant un peu aussi. D’avoir enfin un visage. On a déjà posé la question a Phineas. On s’est deja dit que ca se trouve, Ce corps tant attendu serait le plus laid de tous. On a rigolé de ça, parce que ca comptait pas vraiment de savoir a quoi il ressemblait. On voulait juste avoir le notre, enfin.

Quand tu dis qu’il est mignon. Lui. Merlin. On ne sait pas comment réagir.
Elle enchaîne et lui se sent un peu perdu.

« Si bien sur, j’y suis déjà aller. Mais quand on bloque mon Alice, je garde le dernier physique que j’avais. Comme une sorte de blocage, plus qu’une annulation. Je ne prend simplement plus de nouvelles apparence. »

Soit pas choqué Eulalie. Tu sais, on s'était presque fait. On avait même dernièrement, prit du plaisir, parfois, à se glisser dans la peau d’autres. Alors faut pas que ça te peine.

T’es pas si petite Eulalie. Dans ses yeux, pour tout ce que tu viens de faire, tu es bien grande.

« Oui, tout va bien. C’est plutôt chouette comme sentiment. T’as tout fait comme il faut. »

Pourtant son regard n’ose toujours pas vraiment se poser dans les tiens. Puis on voit le feuillage un peu plus loin quand enfin les yeux se fixent quelque part.

« Tu sais grimper aux arbres ? »

Lui il sait pas faire. Mais il a envie d’apprendre, maintenant. Il a envie de découvrir mille choses. Tout ce qu’on a pas vu. Tout ce qui a pu manquer, à ces années a tout s’interdir. On a un peu huit ans, et trop d’innocence dans les poches. Le coeur qui bat un peu trop vite. On peut se perdre Eulalie, de faire un peu ce qu’on veut. Aujourd’hui on a le droit. Grimper dans un arbre. C’est pas ce qui nous tuera. Lui il a l’impression, qu'aujourd'hui, il essaie juste un peu plus de vivre.

Il sait pas Merlin, comment il a fait. Peut être parce qu’en vrai, il a jamais vraiment vécu. Il y avait pas à se poser la question. C'était normal, d'être personne. Il n’y avait pas le droit. Toujours à attendre. Toujours à s’excuser, de tout, de rien. Même pour les personnes importantes. C’est récent, qu’il essaye, et tu viens de donner du sens. Tu viens de donner du sens, comme une récompense. Il a le droit, enfin. D'être quelqu’un. C’est comme dire qu’il a le droit, qu’il n’est pas si mauvais. Comme si quelqu’un avait enfin vu, les efforts.  Comme si on lui avait dit, souffle Merlin. Merlin, existe. Merlin tu es toi. Comme si il l’entendait vraiment, pour la premiere fois, ces paroles, qu’on lui avait pourtant dit, de nombreuse fois.

Tu serres les poings Lalie, faut pas. Tu sais, c’est pas grave. C’est plus grave.
Tu es une belle solution.
C’est peut être l’euphorie. Mais il trouve que c’est très bien comme ça.
Un premier souffle. Il est heureux de te l’accorder.

« Mais tu es là. Tu existes. Alors j’ai de la chance. »

Son sourire qui ne semble se décrocher. Il n’a pas envie de mettre du poids sur tes épaules. Il a juste envie de te dire merci, mais c’est trop embrouillé dans son esprit pour que les choses sortent de sa bouche comme il le souhaiterait. Alors ça sonne un peu simple. Un peu trop vrai. Il pense ce qu’il te dit Lalie. Il a de la chance. De la chance que tu sois là.

C’est peut être bête, mais a cet instant Merlin, il est simplement heureux.
C’est beaucoup grâce à toi.

T’es une jolie personne Lalie. Comme Phineas. Comme Elliot. Il en doute pas.

« Alors on va apprendre ensemble ! »

Il a envie de prendre ta main, de pousser toute la neige a vos pieds dans une danse improvisé. Il n’en fait rien, t’en a déjà trop fait Lalie. Alors il s’avance simplement jusqu'à l'arbre, espérant que tu sois à sa suite. Ton pourquoi pas, pour seul promesses.

Pose la main sur l'écorce. Jette un regard.

« J’ai toujours voulu savoir ! »

Seulement il y a le téléphone qui vibre dans la poche arrière. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il fini par y jeter un œil.

Il avait presque oublié Merlin dans toute cette agitation, qu'il devait les retrouver eux. Il ne pensait pas qu'il était si tard.
Ils risquent d’être un peu surpris.

« Je suis désolé, j'avais pas vu, qu'il était déjà cette heure là. J'ai promis d'aider a décorer avec Phineas et Elliot. On fera ça une prochaine fois Eulalie ! »

Dernier sourire avant de tourner les talons. Désolé de te laisser comme ça. Et surtout.
Merci.