et lui qui s'est promis de vivre la vie comme une ode à l'intenté, mettant un point d'honneur à ne rien regretter - il a si mal et il est en colère. ça boue en lui d'une frustration immense, il a envie de hurler mais sa mâchoire tuméfiée le lance encore - il a des bleus et même qu'ils lui ont dû utiliser un peu de leur alice pour réparer ses côtes servies en xylophone par un effréné.

alors il y a une tristesse un peu grise, une amertume tangente qui vient troubler l'équilibre de son adolescence - des traumatismes pas à la tête mais dans la tête - là où c'est bien plus dur de les soigner.
il doit retrouver ses appuis, regrouper ses forces, il se rappelle de tout mais se rend compte qu'il ne suffit pas de la mémoire - mais aussi de la saveur du vivant.
peut-être que pour cela - cela vaut le coup d'être méchant. et puis ce n'est pas comme si pepo semblait s'en rendre compte les quelques fois où il a fait mine de s'intéresser à ce qu'il écrit, non quelques railleries malvenues qu'il n'a même pas relevé - alors ce n'est pas si grave. tout va bien, il ne va pas dépasser la limite

n'est-ce pas..?

(même lui peine à y croire)

et pour ainsi dire il s'assied face à lui sans vraiment lui demander son avis à la table de deux qu'occupe pepo au foyer - ils sont couvés par le bruit des adolescents qui craignent un peu le froid et qui veulent se réconforter dans la chaleur d'un lien à l'abri. quand reviendra le printemps les amours flirteront sous les rayons du soleil.
leonard couvre pepo d'une oeillade un rien mauvaise et se force de sourire un peu. salut toi. tu me racontes quoi de beau ? toi qui n'as pas des ecchymoses sur la peau. leonard s'appuie tranquillement contre sa paume pour maintenir sa tête. ça avance comment - avec les autres là ? dis-moi tout que ma misère me semble un rien moins risible.

leonard est en colère. et pepo la colère, leonard est sûr qu'il ne l'a pas vraiment notée dans son carnet - ou peut-être que si mais sous le prisme des autres, jamais sous le sien.
alors leonard veut lui demander, qu'est-ce qui te met en colère pepo ? quand est-ce que naissent les couleurs comme une symphonie en douleur majeure le long de tes joues et de tes bras ? et c'est vrai que leonard a des ecchymoses le long des joues et puis il te montrerait bien son torse aussi, où c'est violet un peu dégueulasse comme le sont tous les bleus, mais ils ne sont pas en pleine intimité - et puis pepo tu ne comprendrais pas, car tu ne comprends pas vraiment la colère...

leonard reste souriant et le flot l'agace car c'est trop simple de parler ainsi, se cacher derrière les faits, la vérité générale en personnalité ; quand est-ce que tu ressens pleinement pepo, quand est-ce que tu gifleras les autres avec ton trop plein d'émotions ?rien ne sert de mettre des mots, parfois il y a d'autres manières qu'on ne trouve pas des carnets mais autre part, dans des endroits que l'on ne soupçonne pas d'ailleurs et c'est ça que leonard est bien, c'est pour ça qu'il aime ses bleus - c'est pour ça que ce n'est pas simplement du sang mais plus encore.

mes bleus ont rien à voir avec ma question. si un peu, mais encore une fois ce n'est pas vraiment les bleus mais tout ce qu'il y a autour. tu t'es jamais rendu compte que le monde entier se foutait de ta gueule ? tu l'as jamais noté dans ton carnet ça, hein ? car ils sont tous méchants et haïssent la simplicité d'aimer sans se questionner.