TTu aimais l’automne pour des raisons enfantines Dellen.

En te reveillant ce matin-là, tu t’étais rué comme tous les matins vers la fenêtre. Tu guettais la chute des feuilles orangées, balançées par affectueusement par le vent frais. Encore une fois, ce n’était pas le jour des grandes chutes, mais en avançant dans l’année, les couleurs chatoyantes se découvraient à toi, comme une reconnaissance d’être en vie. Petillante, tu étais allée manger en deux trois mouvements ce matin, trimballant ton cartable rouge jusqu’à la salle d’étude. En ce jour de repos, tu fis ce que tu préférais le plus en cette période.

La lettre au père Noël.

Beaucoup te prenait pour un bébé Dellen, mais tu en avais déduis  qu’ils étaient jaloux de toi. Tu n’avais peut-être pas de papa, une mère qui pleurait en te regardant, mais toi, tu connaissais le Père Noël. Il vivait même à l’Académie, caché sous la couverture du monsieur qui faisait le ménage. Alors que tu prenais ta plus belle écriture, tu te sentais fière de connaître le secret du vieil homme. Que pourrais-tu demander cette année. Tu hésitais entre une peluche poulpe à ta taille ou un requin. Tu tapais le bout de ton stylo lorsque tu réfléchissais Dellen. Tous deux avaient des avantages certains, mais tu finis par te laisser tenter par le requin. Tu demanderais le poulpe à l’Académie pour ton anniversaire. Confiante en ton choix, tu ajoutas un petit sticker de fleurs pour préciser l’importance de cette offrande. Tu finis ta lettre et la plaça dans l’enveloppe, en ajoutant quelques cheveux en guise de remerciement.

A voguer toute la nuit de Noël en traineau, les cheveux devaient s’abîmer.

Tu finis donc ta mâtiné à l’accueil de l’Académie. Tu n’avais pas encore croisé le Père Noël mais si tu passais par la poste, tu étais certaine qu’il le recevrait. Ce n’était qu’en rentrant dans la bâtisse qu’il apparut à toi, avec sa moustache neige.

« Papa Noël ! »

Tu ne lui laissas pas le temps de répondre que tu te ruas sur lui, l’entourant de tes bras comme ferait une petite fille à son grand-père. Tu étais très heureuse de le voir, cela se voyait à tes yeux pétillants.

«  J’ai pensé à toi toute la journée ! J’ai ma lettre mais comme j’ai été sage j’aurais mon cadeau hein ? Regarde ! »

Tu te séparas de lui et tu sortis la missive de ton sac, la tendant avec beaucoup trop d’impatience. Il n’y avait un seul cadeau que tu avais demandé cette année-là, tu avais arrêté de demander la Lune depuis les années.

Tu ne demanderais plus de pouvoir devenir adulte.


@Charles J. Clapton