froisser les draps pour déformer l'espace-temps ici les secondes s'étirent se font minutes et elles sont loin les heures pleines
le continuum est dicté par les souffles et ceux de caprice sont calmes désormais
sursis dans la bruine
1000 grues au tournant.

il ne sait pas depuis quand il apprécie être dans les bras blancs
ceux de coton après les siens - c'est la chemise de Perceval qu'il a sur le dos par dessus un short de la même étoffe - le corps mordu de nuit épouse le matelas. ce qu'il le reste du répit il ne sait pas, ce qu'on fera demain il ne sait pas
que c'est plaisant d'errer dans l'incertain et de répondre au monde - ah, je ne sais pas je ne sais pas
et il rabat les cils sur le regard infini qui inspire toute la quiétude chargeant l'air
n'entend que le froissement du lit habité et du papier plié
il a un oiseau commencé au creux de la main posée sur le buste mais caprice ne sait pas
ne sait pas ce qu'on fait après avoir rabattu en croix.

les étendues de plumes frémissent lorsque caprice sent qu'on dérange la torpeur immobile pour vivre à nouveau sur les couvertures
et ce n'est que lorsqu'il sent une pression familière sur la peau nue que les paupières se lèvent.

caprice
si tu savais
(quel vœux faire)
ce serait quoi ?
il ne sait pas
qu'à mille grues on a le droit de vouloir.

prunelles en apesanteur, égarées sur le plafond
s'abaissent pour rejoindre là d'où venait la voix
accrochent une seconde les mèches décolorées - c'est toujours là que caprice le regarde en premier - font des détours le long des joues
jusqu'à heurter les éclats des yeux bleu glacier de percy qui tranchent la fièvre tranquille
c'est là qu'il est.
c'est ça qui est bien quand on est ici rien qu'avec lui
l'abondance ne submerge jamais on peut appréhender l'autre en entier.

un vœux ? pour quoi faire ?

la voix un peu éreintée la faute à la soirée
et caprice réfléchit dans les lagons, songe silencieusement quelques secondes avant de tiquer sur un détail
un épis blond qui lui tombe sur le front -
un vœux... peut-être voir un peu moins un peu mieux. des fois ouvrir les yeux ça me gave.
il tend la main qui ne tient pas l'origami pour chasser les cheveux ébouriffés de percy
avant de lui tendre l'oiseau qu'il n'a pas terminé.
tiens, je sais plus comment on fait après. pourquoi tu demandes ? toi t'en as des vœux à faire ?

il est loin le temps où les côtes saillaient sous la peau - caprice a beau être difficile (du genre picky) à avoir les poignets fins il pensait avoir grandi - pourtant
pourtant il se sent volatile lorsqu'on l'attire contre soi il se rappelle qu'il est frêle parfois
à force de s'accroître à la dérive on évalue mal les distances il faut croire.
et si les sourcils se froncent une seconde c'est qu'il essaye de se convaincre que c'est percy qui est trop grand.
trop grand mais ça ne fait rien
tu seras mieux ici
la porcelaine au creux de l'ivoire c'est plein de vie et il se sent comme auprès d'un bon feu, laisse percy et la carrure l'entourer il a le droit
il aime bien.
caprice qui n'est serein qu'en prison - il y a des geôles qu'il choisit avec soin et celle-ci il la chérit
s'abandonne à poser le dos contre le buste de percy dans un souffle défait de soucis.

c'est vrai qu'on est pas mal là.

et il bat les éventails des cils tandis qu'on intime de créer à l'aveuglette, dessine un fragment de sourire au coin des lèvres il a du mal à croire qu'on lui conseille de fermer les yeux - c'est si rare. si c'est raté ce sera ta faute. c'est gentiment résolu
et caprice accepte de passer quelques minutes dans le noir.

étrange - les prunelles n'engloutissent pas le monde pour une fois mais il y a autant de détails dans les ombres. les mains de percy sur les mains de caprice sur le papier qui froisse et plie. ça prend forme à l'abri des regards comme tous les mondes ça tient du petit miracle. les souffles au diapason et percy qui s'applique c'est nouveau - enfin, percy est toujours soigneux avec lui, caprice reconnait souvent des lueurs attentives quand on est tous les deux - mais ce sérieux là il ne connaissait pas.
on s'apprend vraiment mieux la nuit.

ça y est ?

de la joliesse d'origami dans les paumes
quand on rouvre les yeux c'est réussi

...

et l'heure de faire un vœux.
alors que j'en ai fait une sur mille et encore - à moitié ? je suis pas sûr que t'aies fait un bon deal ce soir percy.
répliqué avec une risette fugitive, caprice avait tourné la tête pour voir en biais du coté où l'on avait murmuré et il observe une seconde le garçon comme si ça l'aidait à réfléchir

... on partage le vœux alors, faut que t'en fasse un aussi.

avant de s'installer un peu mieux contre là où ça respire, la tête qui repose dans le creux de l'épaule de percy il lève l'origami au dessus de lui,
détaille comment c'est fait pour s'en rappeler à vie.

caprice souhaite sans un bruit qu'elles ne finissent jamais ces galaxies insouciantes. qu'on ne viendra pas l'arracher d'ici non plus pour retourner dans des trous noirs qu'il dévorent tout.

et les mains retombent contre soi une fois qu'on a espéré, le regard qui reste encore un peu là-haut au dessus d'eux,
avant qu'il ne lève un peu plus les yeux pour tenter de décrocher les étoiles des ciels de percy,
le visage penché c'est encore plus difficile de dénicher les œillades mais caprice s'en amuse.

t'as souhaité quoi ? qu'y est pas cours demain pour passer la journée au lit ?

ce serait bien aussi.

ça veut bâillonner les regards trop bruyants
c'est pour s'épargner le diapason avec la cacophonie du monde - c'était le premier vœux
et puis on avait voulu rester indéfiniment dans la nuit
jusqu'à ce que percy fasse des petits tours de magie qui exaucent les souhaits du cœur.

là sous les yeux ça fleurit on n'avait pourtant pas ouvert les fenêtres pour laisser entrer le ciel - et c'est comme si l'invisible avait tendu des draps sidéraux au plafond pour embellir les frontières et faire oublier les limites
des constellations de mille petites grues rien que pour veiller sur caprice.

et c'est immense tout à coup sans basculer dans l'effrayant c'est presque toute la voie lactée à sa portée. de l'infiniment petit à l'image de l'infiniment grand caprice a de l'exaltation tout à coup
s'est redressé pour détailler plus près tend le bras presque comme pour saisir.
percy dit
c'est en attendant de voir moins
à ses paupières se pressent alors
des pluies de météores

on n'avait jamais peint les murs de sa chambre avant ça c'était toujours blanc sur blanc les premiers jours et puis criard à dorures pour des sommeils lourds d'opulence - on n'avait jamais offert un chez soi à caprice en pensant à lui
percy c'était le premier
à vraiment le voir avant d'offrir
pour être le plus certain possible que ça va plaire.

parce qu'on le croit capable de déceler la beauté
malgré toute une existence à déterrer des trésors obscènes.

caprice réalise qu'il n'a jamais été aussi peu sûr
que tout ce qu'il y a eu avant ait bien existé
qu'on regardait comme il faut l'enfant qu'il a été
est-ce qu'on aime pour de bon
lorsqu'on oublie les anniversaires ?

assis en tailleur au milieu du lit il réalise qu'il est loin de percy et que les lagons des iris débordent
croit sentir des poussières cosmiques quelque part au niveau des joues -
- il a toujours du mal à situer les pléiades sur son visage comme sur celui des autres,
effleure d'abord le menton avant de trouver la source
qu'il se hâte d'assécher avec le revers des manches.

ah-
ne l'enlève pas ça me plaît - ça me plaît vraiment alors ne l'enlève pas.

et tout le corps se recroqueville pour cacher les œillades maudites
caprice le dos voûté s'attelle à corriger à l'aveuglette
passe encore et encore le coton sur les pommettes
il ne sait déjà pas à quoi il ressemble les airs flegmes alors s'il laisse des fantômes hanter les traits ce ne sera vraiment pas présentable il pense.

laisse
laisse comme ça. moi ça me va comme cadeau même pour l'anniversaire tout court ça me va.
et puis - et puis ça mettra toutes les chances de notre coté pour les vœux c'est bien comme ça.

la confusion des mots le temps de s'occuper de celle de l'esprit
il n'a aucune idée de ce que demain vous réserve percy et ça a beau voyager vite et sans lui caprice
a encore moins envie de partir désormais.

ça vacille à peine c'est déjà trop
et si l'on ramène les bras contre soi c'est pour contenir les systèmes instables
remettre comme on peut les mécanismes spatiaux à leur place
la faute au cœur qui se fait céleste à la dérive ça heurte la ceinture des côtes. on dit viens là mais caprice fait non de la tête car ça ne lui va pas de se faire éclipse tout à coup il maudit les ombres qui passent devant les étoiles
tente d'articuler que ce n'est rien
c'est si furtif ces phénomènes
ça se produit tous les trois ans pour les plus chanceux et ça ne dure jamais bien longtemps - quelques minutes si l'on est là au bon moment.
ça n'existe que s'il y a des témoins.
un instant de flottement
et l'on referme les bras
pour raccommoder par dessus les vides béants.

quand percy vient enlacer doucement ça entoure les ravins passés sous silence et tout à coup caprice a l'impression que ça hurle à l'intérieur -
ça rend le manque si réel lorsqu'on le souligne d'une étreinte. caprice voudrait étouffer fort, se tapir au point que tout ce chagrin d'antan s'effondre sur soi-même pour disparaître
mais ça ne veut pas ça ne veut pas
après l'origine les univers c'est en expansion
et il se maudit, se méprise de penser aux inconnus à ce moment précis
avec percy il ne devrait pas, songer à ce qu'il y a avant ou après l'académie
ça ne doit pas les atteindre ici sous les galaxies
scuse-moi
scuse-moi c'est vraiment rien - ça m'arrive jamais ça s'est fait sans moi tu y crois ça ?
murmuré entre deux souffles affolés cherchant des tempos plus tranquilles à suivre,
au creux des bras de percy
caprice se laisse exister tout entier

finit par défaire les liens sur soi-même pour les passer autour du buste de percy. c'est grand ce corps là on en fait à peine le tour complet pour joindre les mains derrière. l'épaule et puis tout le corps qui abandonne et se love contre le garçon
comme ça caprice peut poser la tempe contre le métronome du cœur et s'y mettre au diapason
il abat les paupières croyant couper les torrents ce n'est pas faute d'essayer surtout quand on entend qu'on promet que ça ira ça ira
inspire expire inspire expire caprice
affamé d'harmonie
retrouve des airs paisibles au fur et à mesure qu'on lui fredonne des mélodies.
...
rumeur vaporeuse de la voix, forme des trouées là où le ciel s'était chargé, prouve qu'on n'est pas seul sous la pluie
et ça fait miroiter du beau temps.

oh y a jamais rien de constant percy, tout change tout le temps quand on regarde bien, si tu savais.

caprice y croit caprice y croit
veut bien se faire aveugle même s'il faut, pour avoir foi.
les bras blancs et là-haut les eaux noires, délavent la grise mine de caprice et c'est paisible ce qui souffle sur le visage pour assécher la dernière rosée sur les cils.

mais ça va, à toi je fais confiance. je voudrais pas que t'aies plié mille grues pour rien.

c'est juste épuisant de vivre en luttant contre les vertiges
oui voilà c'est ça, rien que de la fatigue
que l'on avoue dans un soupir.

c'est vraiment rien percy tu vois c'est passé.
je suis juste claqué.

et on craint moins le lendemain et la peur qu'il arrache d'aujourd'hui
parce que peindre le plafond de la chambre à caprice le fait se sentir un peu plus chez lui
la nuit avec percy.

rarissime
d'assister à la naissance d'une étoile - de l'agglomérat de petites myriades jetées au néant qui s'embrasent tout à coup -
c'est ce que voit caprice lorsqu'il se risque à lever les yeux pour vérifier qu'on a encore le ciel au dessus de soi, vérifier si percy est encore là même s'il sent la chaleur irradier tout son être sous la surface du tissus
il faut regarder pour que ça existe pour de bon.
la belle abstraction des traits du visage qu'on ne reconnaît jamais du premier coup d'œil, des inconnues insondables surplombent caprice
et les iris y accourent pour relier des constellations familières
retrouvent latitude et longitude des détails
la peau ivoire piquée de grains de beauté de part en part un sur la pommette et l'autre presque à la mâchoire cheveux d'hiver et sourcils noirs et toujours ces tracés qui creusent au coin des lèvres lorsque ça sourit ou ça s'inquiète
les petites importances qui font que ce n'est pas qu'un chaos
mais bien perceval.

les grues ce n'était pas pour rien
on n'a pas lancé des vœux au vide.
et il y a du nouveau dans l'azur du garçon - caprice croit voir
au moment où percy affirme qu'on peut se faire éternel ce sont des phosphorescences nouvelles qui passent dans les yeux
c'est fugitif et fuyant comme les comètes on se demande toujours si l'on a bien vu une fois que c'est passé.
dans ces moments-là on peut faire des vœux aussi, pas vrai ?
ça fait déjà deux ce soir percy
on n'avait jamais tendu de si jolis fils d'arianne pour lui
jamais fait tant de promesses à caprice qui ne fait qu'errer à l'infini.

au moins les chemins vers lui il connait par cœur, se blottir contre le corps c'est presque à l'instinct
qu'il laisse faire et suit, tout son être qui épouse la présence de l'autre il se blottit lorsqu'on s'allonge et occulte le visage contre le creux de l'épaule quelques secondes pour s'imprégner des fragrances - inspirer doucement les rayons, cette étoile là sent le beau parfum les étreintes et la lessive des draps.
il y a des frémissements sous les os, qui sont prêts à faire tout ce que l'on veut contre un sourire
caprice ne comprend pas trop mais ça le fait aller mieux - vraiment.
alors après y avoir volé des souffles il se redresse, prend appui sur les avant-bras posés sur le torse de percy pour surplomber
regarde de nouveau dans les yeux malgré les mèches folles qui tentent de masquer les prunelles impudiques. et les lèvres pleines obtempèrent
offrent une risette volatile - c'est éthéré c'est si caprice.

comme ça, ça va ?

avant que de l'émoi imprévu ne provoque un souffle rieur.

nan c'était pas terrible je le sens bien.

il ne peut pas être sûr, il ne se reconnaît jamais dans les miroirs. les cils balaient les iris un instant et puis caprice se redresse un peu plus, vient poser le front contre celui de percy l'air de songer à l'immédiat plutôt que l'après. quelques secondes de réflexion car on lui a demandé ce qu'il voulait. qu'est-ce qu'il veut caprice, qui dévisage si rarement comme là.

je sais pas. embrasse-moi juste un peu, après je t'embête plus.

les œillades éclipsées après le vœux formulé, et caprice vient saisir au creux du cou pour cueillir timidement, se fait tendre parce qu'il réalise qu'il a oublié de dire merci pour le ciel offert par percy qui les surveille là-haut au dessus d'eux. c'est vrai ce qu'il a dit ça lui a fait tellement plaisir - ça se voit maintenant ça se sent ? le sourire ce n'était pas trop ça
mais lorsqu'il éloigne finalement son visage et rouvre les yeux caprice espère qu'on le croit.

ça va vraiment mieux percy. merci d'être là.

malgré ce qu'il se murmure dans les couloirs
malgré ce qu'on lit dans les regards
des autres
caprice s'en occupe si peu à vivre de façon si insolente
que ça fait peur des fois
et pourtant tu es là.

perceval
prêt à se montrer effronté face aux lois de l'attraction, tord le cou à ses principes quantiques pour mettre du baume au cœur de caprice
déjoue la courbe des lèvres qui s'ornent d'une risette espiègle lorsqu'il l'entend menacer gentiment - c'est rare ces trajectoires de sourire chez caprice ça n'arrive presque jamais
rien que la nuit tombée.

tu dis ça. t'es jamais un bad guy pour de bon percy, je le vois bien.

c'est évident sous les yeux de caprice, que la douceur est un autre genre de supernova qui étincelle tout autant. et ça l'amuse, d'user un peu de la vision trop aiguisée pour déjouer les mots audacieux de percy.
et les lueurs du visage ont beau voyager à la vitesse de la lumière dans les iris de caprice il  décèle tout de même un décalage
avant le rictus narquois il y avait de drôles d'éclats dans les yeux de percy - caprice a cru voir.
surplombant le garçon son regard passe d'un iris à l'autre
comme lorsqu'on bondit entre les morceaux de ciel pour retrouver les points perdus dans l'obscurité - à trop regarder l'éther ça arrive parfois. mais non ça reste tapi dans l'ombre.
et c'est chassé par les rayons de demain
le soleil qui se lèvera - on ira vagabonder en ville en attendant les nuits suivantes. percy le dit comme si c'était écrit dans les étoiles et caprice  incline la tête en élevant légèrement le menton
fait fi des prédictions.

pourquoi pas. on ira en cours quand même avant. ça non plus c'était pas une suggestion.

et toujours les temps relatifs avec percy, le paradoxe des incertains assurés, c'est de l'errance rassurante tant c'est sincère. ça manque de faire ressurgir des sourires qui pourraient s'échouer jusqu'au creux des paupières alors caprice les rabat pudiquement un instant, détourne le port de tête et baisse des œillades mi-closes qui s'égarent dans les draps blancs.
c'est ma faute, à te demander d'être constant.
quémander des baisers innocents alors qu'on ne l'est plus depuis longtemps. les reproches dilués dans un soupir dont le lascif chasse la moindre trace de vrais remords - c'est faussement coupable
et caprice se redresse sans désaveu aucun, l'appui des mains sur les épaules de percy pour pouvoir s'installer un peu mieux,
surplombe le garçon à califourchon et lui rend le regard
et tout le reste.

tu m'as accordé tellement de vœux ce soir, t'as bien le droit d'en faire deux percy.

tant qu'on est à l'abri sous les galaxies de la chambre de caprice
on peut en faire autant qu'on veut.