Pas précipités, mains dans les poches de ton sweat et l'air circonspect, tu te dirigeais vers le troisième étages, montant les marches en te questionnant sur la signification de son message - en vérité, il était assez clair, mais l'idée trop incongrue ne te venait pas directement à l'esprit.
Arrivé devant sa porte, tu ne perds pas de temps pour l'ouvrir et faire face, de ce fait, à une vision qui t'arrache un sentiment de surprise - allongé de tout son long sur son lit, Elyas avait la bénédiction de la petite présence d'un lapin qui tentait, tant bien que mal, de monter sur sa tête ; mais à ton arrivée, celui-ci s'était empressé de se cacher contre le corps de son propriétaire, le cachant à ta vue.
— Un lapin ?! et tu t'exclames peut-être un peu trop fort, sans pour autant bouger d'un centimètre, soudainement fébrile - tu adorais les animaux et tout particulièrement ceux de compagnies, mais tu n'avais jamais eu la chance d'en côtoyer dans le plaisir de l'intimité.
— Merde… je l'ai fais flipper… bafouilles-tu un peu dépité ; et, bêtement, tu restais-là, trop inquiet de ne pas savoir comment te comporter - poussant sur la pointe de tes pieds pour espérer discrètement, l'observer.
Elyas avait rapidement abandonné son téléphone, le regard figé sur la petite boule blanche qui s'étendait de tout son long, ses deux pattes en avant pour tenter de grimper l'insurmontable montagne qu'il devait représenter. Cela faisait une heure à peine qu'elle était entrée dans sa chambre, et voilà qu'il ne la quittait plus des yeux ; jamais.
« Oh c'est qui la plus belle ? Oui c'est- »
La porte s'ouvrit sur Elior et il tourna la tête vers lui, Elyas, comme si il venait d'être pris en flagrant délit. Un sursaut prit le petit corps duveteux qui était parti se réfugier contre le pull de son nouveau papa et la voix de Elyas qui habituellement parlait fort, était beaucoup plus douce cette fois.
« Une lapine !! »
Il se releva un peu pour s'asseoir, et passa deux doigts dans son pelage, avant de quitter le lit, avançant vers Elior. Rapidement ses bras étaient venus l'emprisonner et il déposa un baiser sur ses lèvres, bref mais plein de tendresse.
« Bonjour, toi »
Il se plaça alors à côté de lui, gardant une main dans le dos de Elior, ses doigts dessinant des formes abstraites au travers du tissu de son haut.
« Elle n'a pas encore de nom et elle est arrivée il y a une heure. Je suis allée la chercher à la ferme. »
Il parlait très bas.
« Ça fait trois mois que les lapins ont mis bas, à la ferme, et ils ont bien voulu que j'en adopte un !! »
Il se mit à quatre pattes devant le lit et posa son visage sur le draps. La lapine, son museau tout émoustillé, s'était approché, curieuse mais pas tout à fait rassurée.
« Je dois encore aller lui chercher quelques trucs à l'animalerie mais l'essentiel est là. J'ai bien cru que je pourrais pas te garder la surprise, ça fait déjà trois jours que j'installe tout. »
Il tourna la tête vers Elior. Il était déjà complètement gaga, et son regard brillait de mille joies.
Sourire resplendissant au baiser, tu l'écoutes attentivement t'expliquer la raison de sa présence ici, sans réussir à la lâcher des yeux pour autant - elle semblait si minuscule que tu pensais être persuadé qu'elle tiendrait dans l'une de tes mains ; et l'idée même attendrit ton cœur plus que de raison.
Tu contemples ensuite son nouveau papa et le surnom à quelque chose de comique à la vue d'Elyas ; d'autant plus quand celui-ci vint se tourner vers toi avec une joie singulière et particulière qui t'empêcha même de rire à ses dépends face à son comportement - il était attendrissant et tu voulais lui laisser la joie de s'extasier, si cela te permettait de voir cette chose, au fond de ses yeux, que tu n'avais pas vu depuis des années : l'innocence brute de l'adolescence.
— Franchement, je saurai pas dire lequel de vous deux est le plus mignon, dans cette pièce, actuellement. ris-tu brièvement avant de t'approcher lentement vers lui, te collant à ses côtés mais gardant une distance plus raisonnable pour ne pas effrayer la pauvre lapine qui n'avait rien demandée.
— Pour une surprise, s'en est une ! Elle est tellement mignonne... je serai presque jaloux, elle, elle pourra rester ici, la nuit. boudes-tu légèrement, laissant ta main s'agripper au tissu de son haut dans le bas de son dos - ta jumelle ayant l'irrépressible envie de se redresser à son tour pour pouvoir profiter de la douceur de son poil - au lapin, pas à Elyas, hein, merci bien.
Elyas était tout à coup devenu fragile. Son regard accaparé par la boule de poils avait pris des airs absents qui lui ressemblaient peu. Des aveux s'étaient battus sur ses lèvres mais aucun d'eux n'avait franchi le seuil, il était resté muet, figé par la douleur - et il ne savait plus s'il s'agissait de blessures physiques ou si les coups avaient atteint son moral.
Il aurait aimé lui dire, lui avouer que des doutes le prenaient, le tiraillaient. Elyas n'était plus très sûr de vouloir l'étoile qu'il touchait du bout des doigts. Elyas ne voulait plus de son objectif si il lui fallait sacrifier Elior pour l'atteindre.
Si tu continues dans cette voie, jamais tu ne les reverras. Ressaisis-toi. Ressaisis-toi.
Ça avait été marqué en lettres bleues et rouges sur sa peau : l'amour, l'euphorie, le bonheur ; ils n'avaient pas leur place sur le chemin qu'il avait choisi.
« Hein ? »
Il s'était réveillé d'un coup dans ses idées trop noires, et avait ri, nerveux.
« Un prénom, oui, euh. »
Il posa sa joue contre le matelas, et regardait, attendri et la mine plombée, la bouille de la lapine se rapprocher. Il se sentait si lourd et démuni, si lourd et fatigué, si lourd et impuissant, si lourd d'un poids trop aggravant, si lourd d'un poids pourtant invisible et qu'aucun mots ne voulait définir, si lourd, si lourd...
Morceaux des cieux braqués sur sa chevelure au visage inatteignable, tu te surprends de la nouvelle atmosphère causée par son absence de réponse immédiate et, tout étonné que tu étais, tu te demande où est partie l'exaltation des rencontres, de la nouvelle et de la douceur dont il était maintenant l'obligé - et cela si vite, que ça te déconcerte.
Elyas était un blindé qui était difficile de percer, mais il faut croire qu'en ta présence, il avait une justesse des sentiments qui te coupait toujours le souffle - et puis, tu le connaissais aussi énormément : ses secrets, il en avait et ça t'étais déjà suffisant pour avoir juste l'imagination suffisante pour son accablement.
Tu le couves du regard, un instant, un instant dont lui-même n'aura jamais conscience ; et il y a dans tes prunelles, une tendresse et une mélancolie familière - vous étiez moins proches, physiquement, depuis une semaine et tu te doutais que son moral était une des multiples raisons qui en étaient la cause.
Et tu ne relèves pas, tu ne relèves pas parce que s'il n'en vient pas à parler, c'est qu'il n'était pas prêt ou n'en avait tout simplement pas envie ; cependant, cela soulignait qu'il était à bout, cela faisait déjà beaucoup en seulement quelques semaines qu'il te présentait une fragilité non pas de l'être, mais du coeur.
En dépit de tout ça, tu vins te coller tout contre lui, posant l'une de tes mains sur le matelas pour déposer ta joue contre ton coude, posant tes yeux sur la lapine nouvellement nommée, tout en laissant sa jumelle plonger dans sa chevelure pour en apprécier la texture ; et tu espères, par cette proximité, lui montrer subtilement que tu étais toujours à ses côtés.
— Alors, bonjour Plume. Moi, c'est Elior, tu as intérêt à prendre soin de mon copain quand j'ai le dos tourné, promis ?
quand moi j'en suis bien incapable mais tu ne le dis pas
Un sourire avait chanté tendrement au creux de ses lèvres. Les confessions attendraient plus tard - jamais, pensait-il. Il avait laissé un peu de son poids tomber contre Elior, sans quitter Plume nouvellement nommée des yeux, et sa voix s'était relevée dans la douceur un peu triste du moment.
« En fait... »
Il laissa sa tête tomber contre l'épaule de Elior, et ferma les yeux. Monsieur avait été étrangement fier, ce matin. Ça allait arriver, Elyas le savait, il le voyait gronder depuis des jours sur la ligne d'horizon ; il n'avait plus qu'à faire un pas et l'objectif d'un lustre s'achèverait.
« Je vais peut-être bientôt m'absenter. Et pendant ce temps j'aurais aimé que ce soit toi, Elior, qui t'occupe d'elle. »
Il pencha la tête - tout en la gardant contre son épaule - afin de regarder enfin Elior, et dans ses yeux les aveux avaient terminé de s'étouffer.
« Le directeur veut me voir dans une heure. »
Il n'avait qu'à refermer la main pour l'obtenir. Cette étoile maudite après laquelle il avait couru tant d'années. Alors pourquoi avait-il envie de faire marche arrière ? Elyas avait peur. Il avait peur.
À la recherche de réponse, tu sondes ses prunelles, sans y trouver satisfaction et tu sembles un instant déboussolé par tout ce que cela supposait ; tu ne savais pas si tu voyais juste sur ce qu'il te sous-entendait, mais si cela était le cas, tu n'aurais jamais pu appréhender l'émotion qui te prenait à cet instant précis.
Le tumulte qui s'élevait dans ton être n'était qu'un mélange nébuleux de contradictions et de paradoxes : il y avait évidemment la fierté, la fierté pour lui d'être si proche de ce but qui était devenu, bien malgré toi, le tien - il y avait l'appréhension, l'exaltation, l'excitation que cela lui promettait, d'apercevoir enfin une finalité au calvaire que vous subissez… et tu te surpris à te faire la réflexion, que ces sentiments se portaient tous pour lui et vers lui.
Parce que toi, toi, Elior, tu es simplement effrayé par la simple perspective imaginée - tu es mort de peur : et si tout cela n'aboutissait à rien ? Et si Elyas se détournait de toi ? Et s'il perdait son but, que feriez-vous ensuite ? Faudra-t-il continuer, tenir le rythme pendant encore trois ans ? Et si en étant major tu le perdais ? Et si malgré tous ses efforts il en était déçu ? Et s'il oubliait de vivre, pour lui, pour toi, comme il était déjà si proche de le faire ? Et si on l'utilisait plus que de raison ? Et si ses parents le faisaient souffrir ? Sept ans, c'est long. Et toi Elior, qu'adviendras-tu ? Aurais-tu toujours la même place à ses côtés ? Que ferais-tu après ? Vivrais-tu jusqu'à la fin de ta scolarité ? Tu t'étais depuis peu fixé les trois étoiles, pour simple but d'être plus proche de lui, mais s'il devenait major, cela devenait caduc et pire, est-ce que la troisième étoile te promettait réellement de l'aider ? Alors qu'il devenait inatteignable ? Alors oui, Elior, tu es mort de peur.
Mais tu es fort, Elior et si tu veux lui permettre de l'être un peu moins, tu dois rester fort - tu lui offres un sourire ou plutôt, une esquisse, pleine de tendresse et de mélancolie, lui signifiant que tu avais compris - et tu sentais ta cage thoracique battre si fort qu'il était impressionnant de te voir si imperturbable.
— Je vois… je m'occuperai d'elle, c'est promis. Et… et tu ne sais pas trop quoi dire, un peu pris de court par tes pensées.
Tu te rendais compte à quel point tu te trouvais égoïste.
— … je suis là, s'il y a besoin. besoin de quoi tu n'en sais rien, mais besoin de lui dire, s'en est certain Je vais souhaiter que tout se passe pour le mieux. souffles-tu soudainement, le sourire qui ne s'efface jamais, comme si tout cela était plus simple à accepter.
Elyas aurait aimé partager ses doutes, ses craintes, ses angoisses. Il aurait aimé lui confier ses plaies et brûlures ; les laisser disparaître sous ses baisers qui avaient le goût du bonheur. Il aurait aimé s'abandonner à lui mais il se sentait comme interdit. Aucun mot ne voulait franchir ses lèvres, tout ça se débattait au bord de lui, prêt à traverser la frontière du dire.
« Elior il y a quelque chose... »
Puis plus rien, le vide, la paralysie, tout se décomposa dans son esprit tout à coup mort. Sa réalité avait disjoncté pour n'être plus qu'un nuage confus de rien.
Une impulsion se rappela à lui, à sa main qui tout à coup se hissa à la nuque de Elior. Aussi rude pouvait être sa fuite, il était incapable de fermer les yeux sur une chose au moins ; il sentait son cœur transpercer sa poitrine, ses lèvres frémir, son souffle brûler, son regard crever sous le poids du sien et son âme toute entière vacillait entre tout là-haut et juste en bas où le corps s'y donnait à cœur joie.
A le regarder ainsi - ce devait être interdit d'être aussi beau - il songea que s'il avait ça, il se fichait bien d'avoir le reste. L'étoile, les privilèges, la chambre, les doutes, les craintes, l'avenir ; au diable ces démons tant que Elior y survivait. La pensée eu la grâce de l'apaiser un peu.
Et sans s'encombrer d'aucune décence, Elyas avait poussé de son poids le corps de Elior pour que son dos embrasse le sol. La lapine, curieuse, s'était approchée du bord du lit, et s'y était confortée. Le regard fiévreux de Elyas avait dévoré tout son corps, ici à sa merci, et y avait déjà dessiné dans ses songes le parcours de son amour.
Ses deux mains des deux côtés de sa tête, les genoux contre la moquette, il était resté ainsi à le déshabiller des yeux pendant de longues secondes qui lui semblèrent être figées dans le temps. Puis un rictus s'amusa au bord de ses lèvres, pris d'une bouffée de joie et de tendresse à l'idée que rien rien n'était important finalement.
« T'es vraiment très beau. »
Un rire dans la gorge.
« Avec tes joues roses, comme ça, on pourrait se croire dans une fanfiction d'une otaku à lunettes. »
Il allait se faire assassiner tout bientôt, il le sentait.
Elior il y a quelque chose... dont la phrase ne se terminera jamais et dont ta curiosité et ton inquiétude ne pourront être comblées aujourd'hui. Là, au dessus de toi, tu en oublierais presque toutes tes pensées, comme s'il n'y avait que lui, toujours lui et sans rien de plus que lui - et le reste, le monde, l'endroit et même l'univers, n'avaient pas la moindre incidence - importance - sur ce moment-là.
Malgré votre tendance commune à instaurer ce genre d'atmosphère étouffante pour tout autre personne que vous de façon aléatoire, tu en étais toujours surpris - et le regard qu'il te lançait suffisait à enflammer tes sens et ton corps à une vitesse vertigineuse. Pourtant, tu n'en étais plus gêné, au contraire, tu en redemandait et, plus surprenant soit-il, tu en étais plus couramment l'initiateur ; ou alors, vous battiez-vous tout deux pour la première place du plus entreprenant des deux.
Il prend soudainement la parole, te sortant de force de ta transe à l'esprit bien moins chaste qu'il ne l'est décrit - et malheureux soit-il de se jouer brusquement de toi, alors que tes prunelles s'écarquillent et que ta peau se colore d'autant plus à la vue de son sourire horripilant.
— Vas t'faire foutre ! t'insurges-tu - peut-être n'étais-ce pas la meilleure des formulations à cet instant ; et tu lui assène une frappe à la tête avant de poser tes deux paumes sur son torse pour te libérer de son emprise, te relevant immédiatement à sa suite pour vous retrouver si proche que la distance n'avait de présence entre vous.
— J'vais essayer de t'goumer tu vas voir, p't'être que la fanfiction manque d'action et qu'elle, comme moi, trouve qu'il est temps de te remettre à ta place. et tes mains, n'ayant quitter leur place, pousse encore, jusqu'à inversé les positions, si ce n'est dans l'autre sens.
La fermeté avec laquelle Elior l'avait retourné lui fit d'abord arquer un sourcil, et puis comme si ça avait réveillé son corps entier, il sentit son cœur pomper, son sang ne faire qu'un tour, le creux de ses reins chauffer. Au bord de ses lèvres entre-ouvertes son souffle était devenu brûlant d'un désir ardent, qui enflammait jusqu'au fond de ses yeux qui continuaient de le déshabiller. Ses mains avides avaient pris possession de la peau sous son haut, et un sourire écorcha le creux de ses joues chaudes lorsqu'il rompit le baiser.
« Si ma place se trouve être entre toi et le sol... »
Une de ses mains avait fait son chemin jusqu'à la nuque de Elior où ses doigts se refermèrent en une prise sauvage dans sa chevelure. Il l'avait forcé à se rapprocher de lui plus encore et avait glissé ses lèvres sur sa joue puis sur sa nuque où il s'était arrêté.
« Alors j'ai hâte que tu me remettes à ma place. »
Mais puisque Elyas aimait jouer et qu'un instant d'inattention lui était toujours favorable, il monta rapidement sa main sur la hanche de Elior, et d'une rotation de son propre corps, le retourna pour échanger leurs places - encore.
La main à sa nuque avait glissé pour soutenir son visage, et Elyas était reparti à la conquête de ses lèvres dans une fièvre fébrile qui prenait son corps tout entier.
Et Plume, très bien installée, avait doucement fermé ses petits yeux, embaumée de la chaleur et des amours ambiantes.
Plaisir soupiré comme dans la vaine tentative de souffler sur le feu qui vous habitait ; papillonnements des paupières, les doigts avides, la respiration qui s'effiloche et le palpitant qui, difficilement, s'accroche - tu répliques à ses baisers par d'autres baisers, ses caresses par d'autres caresses, ses morsures par d'autres morsures, ses griffures par d'autres griffures et la tête, tourne, tourne, à mesure que tes reins s'échauffent sous la canicule que produit cet amour.
Sans se laisser devancer, ton genoux gauche vint à se redresser et l'une de tes mains vicieusement accrochées à son pantalon, vint à son tour, te permettre avec l'aide du poids de ta jambe, inverser les positions - et, taquin, tu lui pris les poignets pour l'épingler au sol, ce sourire si particulier que personne d'autre au monde ne connaissait, peint sur tes lèvres, dans une espièglerie loin de l'innocence qu'on aimait te faire référence.
— Ta place est au sol, Elyas, comme quand je te fais mordre la poussière. Tout le monde te croit au dessus de tout, mais la vérité est là : tu es en dessous de mon cul ! et puis tu ris, tu ris du ridicule de la phrase - te redressant à califourchon pour le délaisser de l'étau de tes doigts - mais trop brièvement, trop affamé dans l'envie d'être rassasié ; de cette envie folle de te l'approprier.
Alors, alors tu l'observes, un instant, un instant assez long pour avoir le temps de le contempler de sous tes cils dans un regard équivoque ; et, ce sourire toujours si singulier aux coins des lèvres, tu t'approches jusqu'à son cou, sans le lâcher des yeux - et ta langue, tes dents, ton souffle, firent la rencontre de sa peau.
— Tu m'appartiens. murmures-tu derrière le vermeille que laisse délicieusement tes lèvres, alors que, impérieux, tes dix doigts vinrent se balader sous ses vêtements, déjà bien trop entreprenant - mais sans précipitation, comme si le besoin, tout aussi dévorant soit-il, avait besoin d'inscrire dans le temps ce genre de moment important.
Et tu te sentais si bien, si heureux, si épanouie, soudainement, que plus rien, plus rien n'avait la moindre importance - alors, tu le dis, tu le dis : il t'appartient.
Chaque souffle qu'il lui arrachait sembla étouffer un peu plus au bord de ses lèvres, chaque trace qu'il laissait contre sa peau réveilla des instincts qui prirent ses muscles, firent se planter ses ongles dans son dos. La brûlure dans son cou fit s'éveiller tous ses sens, et Elyas eut l'impression de ressentir enfin son corps comme s'il ne lui avait pas appartenu jusque là. Parti s'enivrer du parfum de ses lèvres et de ses cheveux, la tête lui tourna plus que d'usage et d'une impulsion, une seule, il se leva sur ses jambes et plaqua, d'une brutalité presque animale, le dos de Elior contre le mur le plus proche, pressant ses hanches contre les siennes pour le garder au-dessus du sol. Maintenu ainsi le temps de quelques baisers à peine, il avait fini par le jeter sur le lit, arrachant un sursaut à Plume qui avait détalé jusque sous sa table de nuit.
Il s'était penché sur lui, avait grimpé à sa suite et une main s'emparant de son visage, il avait repris place au-dessus. Une jambe s'était glissée entre les siennes et son regard n'avait cessé de le détailler, comme avide des détails, de ses souffles à ses battements de cils. Sa voix s'était levée, lourde de fièvre, dans un souffle court qui lui brûlait les lèvres.
« Vu d'ici, je dirais plutôt que c'est toi, Elior... »
Son sourire et les quelques lueurs tendres qui s'étaient réveillées dans ses yeux se chargèrent d'achever sa phrase en silence, et glissant ses mains sous son haut pour le lui retirer, il s'était courbé contre lui, aimant son corps tout entier de ses hanches à son cou, de ses épaules à ses doigts, de ses chevilles à ses cuisses qu'il ramenait toujours contre lui, comme si aucune proximité, aussi étroite soit-elle, n'était suffisante pour le rassasier.
Un rire au creux de tes soupirs, tu ne répliques rien pour une réponse si évidente qui n'avait pas besoin d'être formulée - et tout ton corps va à la recherche du sien, de son contact, de sa peau, de sa chaleur ; le déshabillant à ton tour, pour le simple bonheur de le sentir tout entier.
Et l'amour que vous partagez te fait trembler.
***
Joue posée contre son torse, l'index qui caresse distraitement d'un va et vient sa peau, tu laisses divaguer ton regard sur ta propre action et sur la petite Plume qui s'accaparait elle aussi la poitrine d'Elyas - tu n'osais que très peu la toucher, pour ne pas excessivement la stresser et tu voulais qu'elle s'habitue un maximum à lui.
Contraint par son futur rendez-vous, vous vous êtiez octroyés la perdition sans perdre de temps - mais dans ton cas, Elior, peut-être avais-tu l'envie de ne pas te déloger de son lit en ce samedi après midi.
— Faudra que tu m'expliques comment prendre soin d'elle… dis-tu lascivement - retrouvant difficilement tes esprits - avant de relever le regard pour essayer d'attraper la couleur de ses prunelles.
— ... Je t'aime, Elyas. fis-tu subitement, peut-être un peu trop sérieusement, avant de rire, faisant trembler tes épaules tout contre lui.
— T'es le mec le plus chiant de la Terre, mais je t'aime.
Son regard s'était endormi derrière ses paupières, pendant plusieurs longues secondes, avant de se relever avec flemme pour n'observer que l'air ; le rien. Une main distraite traçait des cercles irréguliers sur l'épaule de Elior et allait parfois se loger dans ses cheveux ou sur sa nuque. Il avait hoché la tête dans un mouvement alourdi d'amour, et avait posé ses yeux sur lui lorsqu'il l'apostropha.
« Oui, je t'expliquerai.. »
Un maigre sourire se dessina au creux de ses joues, et tout à coup, dans le silence, la voix de Elior le traversa en un frisson tendre qui le fit s'enfoncer un peu plus dans ses draps.
Ah. Il ne le se lasserait jamais de cette sensation.
Son bras se resserra contre lui, la main à l'arrière de sa tête, et il profita un instant de le sentir tout contre sa peau. Sa poitrine se souleva dans un souffle salvateur et chaque sensation qui le parcourait semblait autant le tuer que lui rendre vie.
« Je t'aime. »
Son sourire s'était planté là et ne s'était plus déraciné. Il aurait pu rester là une éternité, à baigner dans cette sensation de plénitude, de tendresse et d'amour, de chaleur sans jamais étouffer.
Son autre bras l'avait entouré ensuite, et il le garda précieusement au creux de lui. Plume avait enfoui sa tête entre ses pattes, et s'était laissée, elle aussi, complètement aller à la flemme générale, son petit corps chaud au creux d'eux deux.
« Je t'aime plus que tout. »
Il avait fermé les yeux. Et dans cet espace, cet instant, Elyas abandonna tout le reste, en songeant que rien n'était important. Il était heureux.
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Sujet: (end) (nc-16) présence féminine – elyas † elior 
Elyas avait rapidement abandonné son téléphone, le regard figé sur la petite boule blanche qui s'étendait de tout son long, ses deux pattes en avant pour tenter de grimper l'insurmontable montagne qu'il devait représenter. Cela faisait une heure à peine qu'elle était entrée dans sa chambre, et voilà qu'il ne la quittait plus des yeux ; jamais. 
