A force d'habitude, Blake s'était habituée à reconnaître ce qu'elle appelait les "lourdauds". Les élèves peut être pas ennuyants, certainement pas méchants, mais prônes à attirer l'attention ou à tenter de se faire des amis de façon un peu spéciales.
Les appeler ainsi était un peu méchant, sans aucun doute, mais bon, c'était une petite méchanceté personnelle n'est-ce pas? Enfin, avec les années, Izen s'était fait son petit radar anti gros bruyant. Et au moindre signe que quelque chose pouvait se passer, elle prenait l'autre trottoir, battait en retraite ou se glissait silencieusement hors du champ de vision de l'obstacle.
Encore une fois, rien de personnel. C'est juste qu'elle n'était pas construite pour supporter ce genre de situations. Tout ce qui la tirait hors de sa zone de confort sans le faire avec des pincettes était un peu too much après, et les gens un peu extravertis étaient sa kryptonite. Ou, de façon plus précise, son soleil rouge. Pas nécessairement létal en lui-même, mais ça lui enlevait un peu tout ses moyens et la rendait plus vulnérable à quelque chose qu'elle pourrait encaisser sans broncher sinon.
On peut lire William Blake et Superman, hein!
Du coup, vous vous demandez surtout "mais qu'est-ce qu'un lourdaud fait dans cette affaire, surtout quand mes yeux indiquent que le sujet de cette interaction est Lucky, qui n'en est pas vraiment une?". Et, je vous dis, me coupez pas (de un). Et de deux, c'est justement un cas de lourdaud qui nous amène ici.
Les couloirs du lycée avaient cette jeune demoiselle à lunettes, du genre un peu distraite. Elle écoutait de la musique sur son bluetooth, qui n'était même pas connecté (régalant les oreilles de tout le monde avec une sorte de vague rock incompréhensible) et dansait avec force, marmonnant les paroles de la chanson de façon un peu erronée. Pas trop remarquable au début, elle avait lentement augmentée le volume, se sentant sans doute plus confortable vu que le couloir qu'elle occupait n'avait pas tellement de monde.
Du coup, le introvert-sense de notre jeune amie avait échoué à détecter l'obstacle, et Blake s'était retrouvée à observer les mouvements de danse de notre amie inconnue depuis quelques minutes, se tenant toute droite depuis le petit escalier qui menait à l'étage, n'ayant pas encore passée la porte menant au centre du couloir. Elle était censée passer à gauche, et donc s'éloigner de la castafiore, mais Blake était un peu comme hypnotisée.
Il y'avait une sorte de grâce dans les mouvements, mais un peu pataude. Tel les pas d'un enfant encore très jeune ou ceux d'un individu qui vient à peine de dépasser son seuil de tolérance en alcool. Fonctionnel, mais avec le petit trébuchement ou bref vacillement évasif, à peine remarquable. Blake était, pour ainsi dire, fascinée, dessinant lentement sur son carnet tout en tentant de s'habituer à la musique et son volume grandissant.
Puis, rapidement, l'esprit embrumé de la silencieuse se dissipa, et tel la poète qu'elle était, deux révélations lui furent faites. Le problème étant qu'aucune n'était liée à la poésie. Le premier, c'était que son cours d'anglais était un peu proche, et que même avec de l'avance, elle ne voudrait pas arriver en retard (ça attire l'attention). Le second, c'est que la musique semblait toucher à sa fin, annonçant une fin prochaine de l'impromptue festivité du couloir.
En conséquence, il fallait se dépêcher!
Blake serra son carnet à sa poitrine, prit son élan et fonça, entrant dans le couloir avec la vitesse d'un cougar et baissant la tête pour cacher son visage, au cas où. Ce deuxième trait lui coûta... une sacrée surprise, quand elle entendit un bruit devant elle. Relevant très rapidement la tête, la jeune femme réalisa qu'un stylo, arme inhabituelle, fonçait droit vers elle.
Elle sentit son alice l'envelopper, mais ce fut une question de moins d'une seconde. Le stylo vint toucher son crâne, et fut promptement renvoyé en arrière, atterrissant au sol et sortant la danseuse de ses rêveries. Cette dernière se tourna en arrière, vit Blake, vit quelqu'un devant l'Alice et une expression d'horreur qui la ferait atterrir dans bien des posters de film d'horreur apparut sur son visage.
Quand à Blake, elle leva simplement la tête, se massant le front. Elle n'avait pas mal, mais c'était de l'habitude. Un signe qu'elle ne faisait pas totalement confiance à son alice pour la protéger. Son prof lui disait toujours qu'elle pouvait juste savoir quand ça avait marché, sans besoin des mains, mais la poète pensait que c'était... bizarre.
En levant la tête, Blake aperçut une professeur. Une qu'elle avait eu l'occasion de voir avant, et... ouh, disons que c'était loin d'être la situation idéale pour l'Izen. La petite introvertie qui rencontre la femme connue (en dépit de sa récente arrivée) pour son comportement... pas très axé sur le social dans l'Académie.
Blake ne savait pas pourquoi le fameux headshot, craint de tous, avait été lancé sur elle, mais il fallait se justifier.
Le stylo à fendu des airs avec grâce, mais ma peau reste dénuée de blessures, car tel fonctionne mon alice. En ce sens, il n'y a guère besoin de se soucier de ma participation au cours d'anglais. Je saurais y être, car j'y serais même si tempêtes et éclairs secouent cet ile de connaissance, même si la maladie s'était emparée de mon corps... madame Lucky.
Aujourd’hui encore, sa patience était mise à rude épreuve. En tant qu’ancienne militaire, la vétérante de la British Army avait dû faire preuve de résilience de nombreuses fois dans sa vie ainsi que dans sa carrière. Mais rien, non rien, n’était comparable aux envies de meurtre qu’elle ressentait parfois vis-à-vis des chiards de l’académie. Si elle avait pu, au lieu de leur lancer des stylos pour leur faire fermer leur gueule, elle y serait allée à coup de couteau. Mais elle avait toutefois suffisamment de retenue pour éviter ce genre de… pratiques.
Même pour une personne avec son sang-froid, l’envie était parfois plus que tentante. D’autant plus lorsque la personne qui la dérangeait n’était même pas dans sa classe. Pire encore, l’individu en question était dans le couloir. Professionnelle jusqu’au bout cependant, la dame s’était juré de ne pas sortir de sa classe pour tordre le cou de celle qui était responsable de tout ce tapage. Même si pendant toute la durée de son cours, de nombreuses fois elle s’était imaginé à lui fracasser le crâne contre le mur.
À défaut de laisser transparaitre quoique ce soit sur son visage, Lucky avait au moins le droit de se fabriquer des images dans sa tête. Et des idées, elle en avait plein sa besace. Concentrée, appliquée, l’enseignante finit par presque oublier la dissonance sonore qui battait son plein. Mais elle n’avait en aucun cas oublié… ce qu’elle allait faire après cette séance. Oh que non !
Et vint le moment où elle décréta que s’en était trop. Un stylo téléporté dans sa main, l’ancienne tireuse d’élite allait montrer une fois de plus à tout le monde, pourquoi l’on avait affublé de ce fameux surnom : « headshot ».
Elle sortit en trombe de la salle de cours, prit quelques courtes secondes pour bien ajuster sa cible. Et le coup partit. Le stylo fusa dans les airs, pendant que la vétérante affichait un air satisfait sur le visage… qui fut de courte durée. De nulle part jaillit une autre élève, déviant le projectile. Surprise, Lucky arqua un sourcil. Elle téléporta l’objet dans sa main et posa ses mains sur sa taille.
Frappée par la curiosité, elle attendit avec curiosité les explications de l’élément perturbateur, qui avait dévié le stylo de sa cible. Celle-ci s’exprima… et Dieu que ce fut long. Lucky aurait même pu s’endormir tellement c’était long. Et bien entendu, directe comme elle était, pas question de passer à côté d’une occasion de démontrer sa franchise légendaire, cette fois saupoudrée d’un « léger » sarcasme :
─ Mes phalanges vont-elles aussi fendre les airs pour aller taquiner ton épiderme blanchâtre avec la force d’un ouragan. Maintenant, pousse-toi miss, j’ai un compte à régler avec l’intermittente du spectacle.
Et cette fois, elle ne rata pas sa cible. Trois fois elle lança le projectile, trois fois celui-ci atteignit sa cible. Pour passer ses nerfs, il fallut au moins cela. Puis, son attention se reporta sur celle qui lui avait adressé la parole. Pour une petite mise au point :
─ Madame O’Connell. Lucky c’est pour les intimes. Toi t’en fais pas partie, mademoiselle. Pigé ?
Et peu importe le calme qu’elle avait lorsqu’elle prononça ces mots… Il était mal avisé, pour la brunette, d’être insolente ; si elle ne voulait pas se faire souffler dans les bronches bien entendu.
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Sujet: Headshot's stray shot (PV Lucky) 
