❝ stray dog and mister jailer. ft. Placide (end)

Encore une fois, tes humeurs s'obstinaient à tourner sans toi.

Tu fixais tes mains qui avaient enfin cessé de trembler. Tu avais un goût de sang dans la bouche et le plus étrange, c'est que tu n'étais même pas certaine qu'il s'agisse du tien. La douleur dans ton épaule était lancinante et tu notas mentalement qu'une clé de bras est toujours efficace. Cette tentative de t'arrêter avait au moins eu le mérite de te ralentir. Mais sous la colère, tu devenais insensible à la douleur et tu t'étais débattue si rageusement que ça devenait aussi dangereux pour toi que pour celui qui tentait de maintenir au sol. Moins de quinze secondes plus tard, tu t'étais retournée sur le dos, envoyant un coup de pied violent dans l'estomac de ton adversaire. Ce-dernier en tomba sur les fesses, le souffle coupé. Tu ne lui laissas même pas le temps de reprendre son souffle avant d'abattre sur son visage un remarquable direct du droit. Alors que son ami, celui à l'origine de l'altercation, revenait sur le devant de la scène, tu étais parvenue à attraper une chaise que tu lui projetas dessus et qu'il évita de justesse. Complètement abasourdi par ce déchaînement de violence, il en resta pantois et immobile. Bien mal lui en prît car il ne tarda pas à céder sous tes coups. Dans un état second, tu aurais pu continuer des heures durant avant qu'on t'arrête enfin.

Bien entendu, tu redescendis aussi vite que tu étais montée au créneau. Tandis qu'on dispersait les élèves ayant assisté au spectacle, effarés et consternés, Collins t'attrapa sans tarder et t'ordonna de te rendre à l’hôpital par tes propres moyens. Par la suite, tu étais priée de trouver Voltchenkov pour lui rendre des comptes. Celui-ci était déjà au courant de ton coup d'éclat et ça allait sans conteste faire très mal. Cependant, étant ton professeur réfèrent depuis déjà dix ans, ce processus était presque devenu routinier. Le cas Hastings était désespéré, c'était de notoriété publique.

Avalant trois comprimés coup sur coup, tu remercias l'infirmière pour les antalgiques et les soins prodigués. Dix minutes plus tard, tu quittais le bâtiment d'une blancheur immaculée, direction le quartier des dangereux, en claudiquant aussi dignement que possible. Il y avait de fortes chances pour que tu y reviennes très vite.

Sur le chemin, on t'évita encore plus consciencieusement que d'habitude. La rumeur d'une nouvelle crise s'était déjà répandue comme une traînée de poudre et la méfiance était de rigueur : sait on jamais, tu pouvais encore mordre. Tu esquissas un sourire à cette pensée, ce qui renforça l'impression de folie animale qui émanait de toi selon tous ceux qui te croisaient.

Tu frappas deux coups à la porte avant de t'annoncer. Tu l'ouvris alors, restant sur le seuil, attendant son autorisation. Il avait toujours été à cheval sur la bienséance alors que lui-même était loin d'être aimable. Son regard froid se posa sur toi et il te détailla avec un mépris équivoque. Même assis, il restait très imposant et tu comprenais pourquoi il pouvait être craint par sa seule présence. Collins aussi faisait cet effet là, mais dans une moindre mesure. Étrangement, c'était de ces deux enseignants implacables dont tu étais la plus proche. Ça avait des bons côtés comme de très mauvais.

« Bonjour Monsieur. »

Le fauve en toi avait beau rester aux aguets, il sentait très bien que ton professeur principal n'était pas aussi facile à abattre que tous les autres. Il était le maître et toi l'élève. Jusqu'à ce que vienne la discorde.

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Deux coups contre la porte et avant que la poignée ne se tourne il ordonne simplement.

« Entre, Pandora. »

Il t'attendait. Il t'attend toujours de la même façon, posé devant la fenêtre de la grande pièce à observer on ne sait trop quoi sans daigner te regarder. Aujourd'hui le ciel est bleu et Placide devine sans mal le chant des oiseaux à l'extérieur sans se demander si ce n'est pas plutôt sa rage qui gronde trop fort à ses oreilles car ces oiseaux il les entend perpétuellement chanter, de jour comme de nuit dans les silences comme dans le bruit. Ce n'est pas gênant, cet orage il a apprit à le dompter depuis bien longtemps maintenant.

Cessant la contemplation de ses chimères invisibles après un silence pesant, Placide se détourne du bleu du ciel pour s'avancer dans ta direction. La chaise roule pour que dans un mouvement souple il puisse s'asseoir et croiser ses bras sur le bois du bureau. À ta politesse il ne répond rien, se contente de laisser glisser ses iris océans sur ta silhouette. Il te détaille froidement, comme toujours, et dans son analyse du jour se dit que tu t'en tires plutôt bien. On ne dirait pas que tu étais si mal il y a à peine une heure.
Et pourtant.

« Tu m'expliques ? »

La voix gronde de mécontentement tandis qu'il attend, patient, de savoir qu'elle explication tu avais à lui fournir cette fois-ci.

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Rien qu'au travers de son attitude, tu déterminas qu'il était en grande forme. C'était comme se retrouver face à un glacier, à l'intérieur duquel grondait dangereusement un volcan sur le point d'exploser. Tu fis un pas en terrain miné, ravalant une remarque spirituelle qu'il t'aurait fait regretter avec douleur. Placide Voltchenkov était le seul à exercer sur toi pareille autorité. Même Collins devait subir quelques fois ton insolence à laquelle il répondait avec un regard significatif, du genre 'passe ton chemin gamine'. Avec ton professeur principal, il valait mieux éviter les traits d'esprit. Ce qui était fort dommage car tu en avais beaucoup en tête.

Malheureusement pour toi, tu ne pus retenir un haussement d'épaule à sa question. En toute honnêteté, tu ne comprenais pas pourquoi il te la posait encore. Que pouvais tu dire à part que tu avais fait une nouvelle crise s'étant soldée par une bagarre et des ecchymoses proportionnelles à la violence que tu avais déchaînée ? Pas grand chose en fait. Tu aimerais bien qu'on t'épargne pour une fois les grands discours sur la maîtrise de soi et les ravages de la colère. Tu connaissais le sujet par cœur, sûrement mieux que personne d'ailleurs. Tout le monde avait beau connaître l'étiquette TEI collée sur ton front, la définition de ton trouble tombait toujours aux oubliettes. Ils parlaient de perte de sang-froid alors que dans le contexte des missions de la classe dangereuse, tu étais loin d'en manquer. C'était agaçant de s'adresser à des murs et de s'y heurter quasi en permanence. Voltchenkov était différent mais tes coups d'éclats l'irritaient profondément.

« Je me suis battue. Avec deux crétins que j'ai bien abîmés. J'ai cassé une chaise aussi, peut-être un nez. Je me suis prise quelques coups mais je suis toujours opérationnelle. »

Un silence puis : « Je vous présente mes excuses à vous et à Monsieur Collins pour les problèmes que je vous cause. »

Tu avais envie d'ajouter 'encore' et 'vous finissez par me connaître à force' mais tu préféras garder les lèvres closes. Inutile de tenter le diable.
Cela avait beau sonner comme une récitation apprise par cœur, c'était sincère. C'était toujours quelque chose d'être l'élève à problèmes dans une classe spécialisée dans les élèves à problèmes justement.

Toujours droite comme i, tu attendais que la foudre s'abatte sur toi.

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Je me suis battue. Oh il imagine bien que tu te sois battue, sinon vous feriez bien autre chose de plus instructif que de vous regarder dans le blanc des yeux. Pourtant Placide est là à t'écouter et il ne retient pas le faible soupir qui s'échappe lorsque tu mentionnes le nez cassé -c'est qu'il est presque étonné que tu n'ais pu leur casser que ça. Il n'en dit rien, n'étant là ni pour te féliciter ni pour t'encourager. Je me suis prise quelques coups mais je suis toujours opérationnelle.

Ce qu'il aimerait c'est pouvoir comprendre quelque chose de tout bonnement incompréhensible à qui ne le vit pas. Parce qu'il sait ce que tu vaux, malgré tes TEI. Il sait aussi que ce n'est pas une raison ni une excuse pour faire n'importe quoi, et que tu l'assumes sans rechigner face à lui aujourd'hui lui enlève déjà une grosse épine du pied.

« C'est bien beau de t'excuser, seulement ça ne sert à rien si tu recommences. »

C'est dit durement parce qu'il sait que tu recommenceras. Tu n'y peux rien et lui non plus, tes problèmes ne sont pas quelque chose qu'il peut contrôler aussi facilement. Ça touche à ta santé et il n'est pas médecin.

« Tu réalises réellement les problèmes que tu causes, Pandora ? Et je ne parle pas que de moi. Je parle de toute la classe dangereuse. »

Placide parle au nom de tous, au nom d'une réputation à laquelle il tient un minimum malgré tout et qui finit toujours entachée à un moment ou un autre. Que ce soit par toi ou par d'autres, tout finit toujours dans une situation délicate.

Tu es une élève exemplaire dans bien des domaines.
Seulement tu n'es pas assez parfaite, et c'est pour ça que ça l'agace.

« Tu nous mets tous dans l'embarras. »

Et ça c'est inacceptable.

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Voltchenkov ne désarme jamais. Il te connaît assez pour savoir que tu ne t'appartiens pas toujours. Mais il tient à ce que certaines règles soient respectées. La classe dangereuse, c'est son travail. Les élèves guerriers, son domaine de prédilection. On ne lui tient pas tête, en tout cas jamais longtemps. Il n'est jamais aussi exigeant qu'avec ses propres ouailles. Il ne fait pas dans la demi-mesure ; il attend de vous le meilleur, une forme de perfection que tu seras toujours incapable de remplir. Ackerley peut-être – il en serait même comblé – mais c'est Crawley qui a sa préférence quand on sait où regarder. Pour autant, ce-dernier rechigne aussi à la tâche ; lui aussi a sa propre conception de la justice et elle est différente de celle de son mentor. Tu es dans le même cas qu'Elyas – dans une certaine mesure – mais ton attachement à Voltchenkov ne va que dans un sens.

C'est d'ailleurs étrange de ressentir de l'affection pour un adulte qui sanctionne plus qu'il ne félicite. Il ne fait preuve d'aucune pédagogie et en attend beaucoup trop pour en recevoir en conséquence. Tu n'es pas certaine qu'il se souvienne de ton nom dans dix ans. Mais c'est un fait que tu acceptes avec désinvolture, tu n'attends aucun retour de sa part. La partie de toi qui apprécie cet enseignant si peu consensuel, c'est l'enfant qui a grandi en regardant son dos. Sa force, son implacabilité, sa constance, sa sévérité et sa loyauté, sont des qualités qu'on ne peut en aucun cas lui retirer.

« Écoutez monsieur V...»

Tu réalises trop tard que tu as employé à haute voix le surnom que tu utilises quotidiennement pour parler de lui, sauf justement quand il est là. Tu décides de continuer sur ta lancée sans perdre contenance ; il sauterait dessus sans sourciller. Lui aussi est un carnassier, il ne laisse pas passer la moindre faiblesse.

« La classe dangereuse a déjà une réputation désastreuse. C'est ça qui fait que personne ne cherche à s'en approcher. »

Il ne peut nier cette vérité, quelque ce soit l'image qu'il a des rouges. Vous êtes certes des soldats, mais loin d'être au point émotionnellement parlant. Vous débordez de sentiments trop contenus, même pour les plus froids d'entre vous.

« Je renforce juste l'idée générale en étant ce que je suis. »

Tu plantes tes yeux orageux sur lui, sans aucune trace d'insolence.

« Ma spécialité à moi, c'est le carnage. Mais ne craignez rien, on ne me juge pas assez saine d'esprit pour faire autre chose que d'exprimer mon instabilité. Mes éclats éveillent l'intérêt mais sont bien vite dissous dans la soupe sucrée-salée de la vie au sein de l'académie : les cérémonies des princesses fleurs, les altercations entre les nova et les autres, les histoires sentimentales, les nouveaux menus de la cantine, la dernière fête, les militaires dans l'école, les rumeurs, les prochains examens, le festival sportif à venir et j'en passe et des meilleurs. »

C'était certes un brin provocateur mais pas moins vrai. Avec tout ça, la douleur dans ton épaule recommençait à te lancer.

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« Écoutez monsieur V... »

Le regard qui tique au surnom donné, Placide comprend bien que ce n'est pas volontaire mais ce n'est pas pour autant qu'il apprécie. Cependant il ne dira rien pour l'instant, vous aviez plus urgent à régler.

Il te connaît, Pandora, il sait comment tu fonctionnes, comment tout le monde dans cette classe fonctionne. Ce qui l'emmerde, outre l'évidence flagrante que tu lâches sans sourciller et qui lui fait froncer les sourcils, c'est que tout le monde semble oublier l'essence même de cette classe. Ce quelle est censée être et quelle n'est pas. Une classe d'élèves effrayants, à la limite, mais pas fauteur de trouble. Une classe où vous ne devriez avoir en tête que les missions à effectuer, loin des amours et des disputes d'enfants. Il sait que ce n'est pas possible c'est bien pour ça qu'il fait avec, cependant Placide n'est pas un homme patient et les contreparties qu'il exige en échange de cette pseudo vie d'adolescent que vous désirez tous, toi, tu ne les respectes pas. Et en plus tu trouves à redire.

« Tu te cherches des excuses, Pandora et le regard se fait plus perçant, presque féroce. Tu m'as habitué à mieux qu'à ce genre de scène pitoyable. »

Placide n'aime pas les faibles, c'est bien connu.
Placide n'aime ni grand monde ni grand chose en vérité, mais les faibles sont en pôle position.

« Malgré tout ce que tu sembles croire, et j'imagine que tu n'es pas la seule, vous avez une réputation à tenir. »

Il se lève, les mains à plat sur le bureau, sans te quitter des yeux.

« Toi plus que d'autres, avec tes 3 étoiles et ta place au sein de la section NOVA. »

Un silence, très bref avant qu'il ne reprenne.

« Et puis tu crois sérieusement que passer pour une bande de sauvages incapables de se maîtriser va empêcher indéfiniment tes camarades de s'approcher ? Me fait pas rire ! »

Et la voix gronde plus fort, les mains claquent le bois, parce qu'en plus de te rabaisser avec une excuse aussi grotesque, tu cautionnes la honte que tu compiles à toutes les autres -celles de tes camarades, les tiennes aussi probablement.

« Je ne gère pas des animaux. Pandora tu es douée de pensée, alors sers-t-en correctement. »

Car malgré le ton qui redescend il a une furieuse envie de t'étriper.

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Ça ne loupa pas. Il en fallait toujours peu pour libérer la bête.
C'était une chose d'admirer son implacabilité, c'en était une autre de la subir.
Son courroux frappait toujours juste et quand il faisait des reproches, il provoquait volontairement la vexation ou la blessure.
Tu voudrais lui rétorquer qu'on a la classe qu'on mérite mais une fois encore, tu t'abstiens, peu désireuse de te faire mordre le bras après qu'il t'ait déchiqueté la main.

Il n'est pas idiot, au fond il sait que tu n'as que faire des étoiles et de la section nova. Il dit lui-même connaître très bien chaque élève de sa classe. Pourtant, il met sur le tapis ce qui a le moins d'importance pour toi. Peut-être se fait-il vieux ? Peut-être aimerait-il que tu t'en préoccupes plus ? Comment savoir ? La seule chose que désire Monsieur V et qui est de notoriété publique, c'est la perfection. Là encore, vous échouiez tous lamentablement, n'en déplaise à Ackerley en personne.

Alors qu'il se lève, s'impatiente et te fait la leçon, tu te demandes s'il réalise ce qu'il te dit. Il te reproche de te comporter comme un animal sauvage en te priant d'utiliser ton intelligence. Depuis quand les soldats pensent par eux-mêmes ? Les rouges n'existent-ils pas seulement pour être utiles en réalisant des missions dont on leur expliquent même pas la portée véritable ? C'est vouloir tout et son contraire.

Tu t'accordes un dernier affront avant que tombe la sanction.

« Croyez moi Monsieur, je pense. Je pense et je constate que les failles sont nombreuses. »

Tu n'exprimes pas clairement ta pensée ; il pourrait aussi bien s'agir de lui, de toi, de l'académie, de la classe danger ou de l'ensemble du système. Peu importe, après tout. C'est probablement lui qui a cessé de réfléchir de lui-même depuis qu'il occupe ce poste de professeur principal.
Ça n'a rien de facile d'être en désaccord total avec un adulte qu'on respecte et de ne jamais pouvoir lui dire. On ne discute pas avec Monsieur V, on obéit c'est tout.

Plus sagement, tu reprends la parole :

« Je tacherais de faire plus attention désormais, je vous prie de m'excuser. »

Tu te fais conciliante pour que passe plus rapidement la tempête. Cependant, tu as pertinemment conscience qu'il n'est pas dupe. Mais tu souhaiterais en finir ; ton épaule te fait un mal de chien.

« J'ai un trop plein d'énergie à évacuer je suppose. J'attendrais la prochaine mission pour...m'exprimer alors. »

N'existe t-il personne, qui avant tout autre chose, serait avant tout disposé à être un bon être humain tout court ?
Pas ici en tout cas.

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S'il avait pu faire tomber l'orage à cet instant, sache que tu aurais été foudroyée de plein fouet, Pandora. La colère de son regard n'a que rarement semblé aussi menaçante, lui aussi souhaiterait en terminer au plus vite -avant de perdre ce contrôle qu'il te demande de garder.

- Évidemment quelles sont nombreuses. merci d'énoncer l'évidence. Tu crois que je suis aveugle Pandora ? C'est bien pour ça que je te demande de ne pas en créer plus.

Qu'il t'ordonne la voix grondante de tout arrêter maintenant, avant de créer une situation aux conséquences irréversibles. Tiens toi droite et fière et cesse de croire qu'il ne veut que votre mal à tous. Placide n'a pas besoin de machines à son service, ce n'est pas ça qu'il te demande d'être, du moins pas tout à fait.

Si tu n'es pas capable de comprendre ces nuances si fébriles, toi qui semble si bien remarquer les failles qui vous entoure, alors il ne peut rien pour toi. Pourtant il ne veut pas encore abandonner -c'est qu'il y a encore quelque chose à faire de toi. Pas vrai ? Il en est certain.

- Tu n'attendras pas la prochaine mission pour évacuer toute cette énergie ne t'en fais pas. d'autant qu'il n'en avait reçu aucune pour l'instant. Déjà tu vas commencer par faire le service du soir à la cantine pendant une semaine. Pour prouver ta bonne foi.

Officialiser ta rédemption auprès de l'académie. Faire bonne figure tout en sachant que ce n'est pas ça qui te fera réellement progresser. C'est parce qu'il en a conscience qu'il prend un léger temps de pause avant de finalement continuer.

- Ensuite... Deux heures d'entraînement supplémentaire tous les jours après le dîner pendant deux semaines. J'y veillerai.

Et tu sais au fond de toi ce que signifie tout ça. Ça veut dire qu'il va te préparer le plus épuisant des programmes et qu'il va faire en sorte de te pousser à bout physiquement. Mentalement aussi. Il va t'assassiner, en quelques sorte, pour se défouler.

Ça te fera grandir un peu.

- 21 heures demain soir sur le terrain d'entraînement. Tu peux disposer maintenant.

@pandora o. hastings ❖ avril

L’homme en face de toi est inflexible. Ses convictions sont inébranlables et jamais il ne déviera de l’objectif qu’il s’est fixé. Tu lui envierais presque sa foi, sa confiance. Il ne jure que par Collins, ses fonctions de professeur et la classe dangereuse. Il ne s’attarde jamais sur le reste, sur tout ce qui existe à côtés des trois piliers qui font sa vie. Il n’en devient que plus impressionnant encore dans son aveuglement volontaire. Placide Voltchenkov suit sa voie et ne désarmera jamais. Et s’il y a bien une chose que tu souhaites apprendre de lui, c’est bien cela.

De nouveau, il te foudroie du regard et souligne ton manque de jugement avec condescendance. Vos visions des choses sont peut-être différentes mais toutes aussi radicales. Il est aussi buté que toi et lui non plus, n’a pas pour habitude de céder. Tu constates que c’est une forme d’arrogance que vous avez en commun : celle de vous savoir plus perspicace et plus dangereux que les autres. Tu te demandes si lui aussi dissimule un fond de désespoir. Mais ce n’est pas ton rôle de voir au-delà de la carapace, de l’armure. Ce n’est pas à ses côtés que tu dois te tenir mais derrière lui, son dos comme point de repère.

Lorsque la punition tombe, tu ne peux t’empêcher de renifler de dédain. Travailler à la cantine te déplait fortement, encore plus au service. Quant à la suite de la sanction, tu en es fatiguée d’avance. Tu te doutes qu’il compte bien te broyer et dans les règles de l’art. Ce qu’il appelle entraînement sera assurément des séances de tortures organisées aux détails prêts. La douleur à ton épaule te paraît alors insignifiante.

Pour autant, tu te satisfais de la situation. En effet, même si tu es peu désireuse de le montrer, pratiquer avec Monsieur V est une chance incroyable. Tu vas probablement déguster, souffrir, prier des dieux hypothétiques, fulminer et le regretter, il n’en reste pas moins que ces sessions d’entraînement s’annoncent épiques. Douloureuses certes, mais diablement utiles. En outre, la perspective de pouvoir te vanter de cours particuliers avec Voltchenkov auprès de la groupie Ackerley t’enchante considérablement.

Tu réfrènes difficilement ton sourire ; écoper d’une punition n’est pas censé te réjouir ou éveiller ton enthousiasme. Encore moins quand cette dernière est donnée par le terrible professeur de la classe danger.

« J’y serais Monsieur. » Bien entendu, ton insolence naturelle ne manque pas de faire un retour triomphal. « J’essaierais de ne pas vous mener la vie trop dure. »

Tu t’enfuis sans demander ton reste et avant qu’il puisse t’accabler plus sévèrement. Tu allais assurément payer ta dernière remarque. Il devait être au comble de l’agacement.

Ce n’est qu’une fois sortie du bâtiment que tu réalisas que tu allais surement devoir porter une charlotte à la cantine. Ton visage se décomposa alors.
Voltchenkov avait encore eu le dernier mot. Comme toujours.

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