Errer, c’était une belle activité. Déambuler les yeux dans les airs, jouer avec les dalles. Personne pour la contrôler, aucun compte à rendre.
Parfois, un peu de temps libre est agréable. Surtout avec ce qu’elle tolère au quotidien. Elle ne plaint pas loin de là, mais c’était quelque chose de particulièrement lourd. Alors, un peu de repos, même si ce n’était que deux heures dans l’après-midi d’un samedi calme, c’était franchement pas désagréable.
Eriu se sentait même plutôt bien. Cheveux brossés, rassemblés.
((Elle vaut pas un million de bucks, mais un peu moins))
Eriu avait fait des achats, inutiles. Mais c’étaient ses précieuses ridicules, des crèmes, des lotions, des robes qu’elle ne mettra que seule dans sa chambre. Pour jouer la princesse qu’elle n’est pas forcément. Mais ça vaut bien assez à ses yeux, pour accepter tout ça.
Noël était passé, l’ambiance était étrange. Comme si un ballon avait dégonflé. Tous ses gens n’étaient ni tristes, ni heureux, comme si ils baignaient dans les limbes d’un monde. Allaient ils attendre le prochain noel ? Ou pensaient-ils que la corvée était enfin finie ?
Attrapant son téléphone, elle pinça avec ses dents la paille de sa boisson, relisant nonchalamment les derniers messages, espérant retrouver une photo qui l’avait fait sourire. Elle n’eut que l’image hantante des sms avec Gwen.
Gwen
Gwen
Un poison qui roule dans sa gorge, une lutte acharnée contre le vide.
Gwen, quand on murmure son nom 3 fois devant un miroir
On finit aspiré dans l’abysses de son être.
Pourtant, well… Elle ne la détestait pas que, c’était étrange. Un mélange de gris et de noir, un peu de blanc jeté dans ce tumulte mental. Mais c’était clairement pas ce dont à quoi elle voulait penser.
Pas de Gwen, pas de maladie, pas d’angoisse. Toxique, comme une gangrène. Pourtant, elle continue à penser à elle. Eriu semblait un peu bloquée, prise dans ce turmoil qu’était ces existences contraintes. Jetant rapidement son téléphone dans le fond de son sac, elle ne voulait pas y penser.
Pas maintenant, pas aujourd’hui. Pas quand elle pouvait être autre chose qu’Eriu, la 3*. autre chose que ce qu’elle est.
Puis le destin eut un rire et le corps d’Eriu sentit un autre. Choc passager, choc profond. Assez pour la repousser. Trop affable, elle avait eu le réflexe d’attraper le bras de ce qu’elle venait de percuter.
-Excusez-moi…
Elle regarde, les yeux se croisent.
(les yeux se reconnaissent)
Pourquoi quand on nomme le démon, il apparaît ?
-Toi ?!
C’était Gwen. L’air surpris la rendait presque jolie, quand ses yeux n’étaient pas plein de haine, de colère et de rébellion. Presque était de trop. Mais, jamais
Eriu ne l’avouerait.
Bien décidée à rester polie, la poigne d’Eriu autour du bras dodue de Miasmegirl fut plus lèger avant qu’elle pousse un profond soupir. Assez pour secouer les moulins de Don Quichotte.
-Fais attention, tu aurais pu embrasser les dalles. Non pas que ça change de tes petits amis, mais..
Elle se mord la lèvre, oh non, c’était vraiment plus fort qu’elle. La guerre était donc déjà si vite lancée ?