remember that time ‡ ezra

Invité

Once I was seven years old My mama told me go Make yourself some friends or you'll be lonely Once i was seven years old It was a big big world But we though we were bigger Pushing each other to the limits we were learning quicker

C'est la fin de journée, celle qui se couche pour ne laisser place qu'à l'obscurité ; à laquelle il ne peut pas échapper ; mais qu'il essaye de pallier, de sa veilleuse barman un peu vintage. Son regard vairon perdu sur cette lanterne, jouant avec un stylo de son pouce et de son index, Morgan griffonne quelque paroles, par-ci par-là. Il n'est pas grand parolier, il n'est pas quelqu'un de véritablement doué, mais poser les mots l'a toujours soulagé. C'est comme écrire dans un journal qu'il garde caché ; évacuer pour ne plus être oppressé. Son casque sur les oreilles, il pense à Daphné, à ses rencontres qu'il a fait qui n'ont été que bénéfique ; retraçant sa vie depuis son arrivée. Il en a fait des conneries - il en a blessé des gens - il en subit les sévices. Si les marques ne sont plus visibles, Morgan se remémore les blessures indélébiles qui ont marquées son esprit. Inspirant longuement, une main posée sur le coeur, le jeune homme se redresse sur son lit, position en tailleur pour travailler sur sa respiration. De l'eau a coulé sous les ponts, mais l'angoisse est toujours présente ; son hypersensibilité ne lui laisse aucun répit, aucune once de réconfort. Il est condamné à culpabiliser, à n'être que la victime de son anxiété.

Il y a le visage de nombreux de ses amis qui lui reviennent en mémoire, ceux qu'il a évincé en arborant un faciès des plus détaché ((si seulement ils savaient tous, aujourd'hui, à quel point son coeur est morcelé…)) Les regrets ont leur place et malgré toute la bonne volonté du monde, Morgan n'arrive pas à faire face. Il se sait bloqué dans le passé, incapable d'aller de l'avant, de se pardonner. Et il aimerait, que d'une certaine façon, on lui caresse le dos, qu'on lui dise avec un sourire aux lèvres, qu'il n'y a plus de raisons de s'en vouloir. Mais le mal est fait. Et lui qui reste en arrière, n'ose approcher personne ; préfère se frayer à l'indifférence plutôt qu'a un refus catégorique qui le foutrait au sol. Une musique zen dans les oreilles, sonate douce et apaisante, le jeune homme tente de caler sa respiration sur les notes de piano ; de réapprendre à inspirer, de calmer le riff de guitare qu'est désormais son coeur effréné. Il lui faudra plusieurs minutes pour que la sérénité ne lui revienne ; son dos rencontrant avec douceur, le coussin remonté sur les montants de son lit. Les paupières lourdes, la fatigue pointant le bout de son nez, le jeune homme dépose son bouquin sur le bas de son visage, laissant la quiétude le gagner.

((Pour mieux se noyer.))

Le cauchemar apparaît toujours sans crier gare, faciès d'une mère qui sourit, pour finir par ruisseler de larmes. Une haine véhémente à son égard qui le fait sursauter sur son lit ; paralysé par ce spectacle qui le poursuit depuis ses sept ans. ((Lui qui ment en disant qu'il ne s'en rappelle pas vraiment…)) Son front posé dans le creux de ses mains, fiévreux et à l'agonie, il cherche dans sa mémoire Morgan, un point tangible, quelque chose qui le fait se raccrocher, qui le fait tenir. Et il n'y a qu'une personne qui lui vient en mémoire lors d'un tel moment, un sourire charmant qui le soutien depuis tant d'années, qui est toujours présent - qui ne l'a jamais laissé tomber. Tremblant, il n'ose pas Morgan, attraper son téléphone, il n'ose pas composer ce numéro, ni même écrire un message - parce qu'il en a assez d'être aussi faible, d'être aussi pitoyable. Il aimerait faire parti de ces gens qui ne se soucient de rien, qui sont capable de sourire envers et contre tout, de ne pas subir leurs émotions. Il aimerait tellement Morgan, être comme tout ces gens, qui n'ont pas la tragédie ancré dans le sang.

Mais voilà que des coups retentissent à la porte, incapable de se lever, les jambes encore tremblantes ; il ne peut que prononcer du mieux qu'il le peut, l'approbation à gorge déployée. « C'est... C'est ouvert ? Qui est-ce ? » Tout est sans dessus dessous, en désordre ; c'est le bordel dans son coeur, dans sa tête, dans la norme.

kaspbarks

Invité

Il n’y a dans ton entrée rien d’apparent à une quelconque intimité. La porte a claquée derrière ta silhouette étouffée, tu t’es invité dans la pièce, a évité les objets étalés. C’est comme si les lieux t’appartenaient, que ta simple présence avait pour but de te l’approprier. Il y a de la lourdeur dans l’air refoulé par ton passage éclair, tes aspects sont belluaires, tes traits électrifiés.
Un regard est jeté en direction du lit inoccupé, tu vérifies que votre nombre n’excédera pas le second, que vous serez seuls, que ce moment sera privé. Loin des yeux, des ouïes colporteuses, des bouches aguicheuses. De tout ce monde affreux.
L’acidité au coin des lèvres, tu t’assois sur le rebord du lit, souffle un instant. De quoi te purifier, diluer tout ce que tu as accumulé. Recracher sans pour autant vomir sur l’intéressé toute la négativité rare qui peut parfois te caractériser.
Et soudain c’est une éclaircie.
Tes commissures s’étirent, elles satinent ton sourire, découvrent légèrement tes canines. Ta pupille sombre s’adoucie, laisse place à son reflet interloqué. Et tandis que la transformation s’opère naturellement sous des yeux ébahis, tu viens glisser ta main à côté de la sienne.
Tu retires son crayon d’une délicatesse extrême, c’est une douce prédation que tu opères. Ferme, sans agressivité.
Tu n’es pas venu ic pour aboyer, ni être l’inconsolable inconsolé.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Ta nuque s’est détendue, elle fait pencher légèrement ta tête, laissant place à un visage curieux. À des yeux invitants à la discussion, à la consolation. Et puis un nouveau sourire vient s’opérer, celui-fi se fait davantage moqueur et amusé.
« Je t’ai surpris ? Tu remarqueras que j’ai eu la politesse de frapper…! »
Ta main lasse vient retirer ton bonnet, tu ébouriffes tes cheveux comme si de rien n’était. Le garçon qui était devant la porte et celui qui vient de rentrer sont deux espères à différencier sous peine de danger.
Tu remues ta carcasse sur les draps, restant à la distance que tu as définie. Tes yeux font le tour sans jamais s’arrêter un instant sur le carnet ou les feuilles griffonnées. Elles font parties d’un monde qui n’est pas le tiens, elles sont des parcelles de jardin secret que tu ne te permettrais de déchirer.
« Il fait moche aujourd’hui. T’as bien fait de rester ici. J’aurais dû faire pareil plutôt que d’essayer de sortir. Tout est tombé à l’eau. » Et dans un haussement d’épaule, tu te laisses tomber, viens te vautrer dans cet espace imbibé d’un parfum que tu ne connais que trop bien.
Ça titille ton nez et voilà que tes sens sont abandonnés.
Il y a un instant de silence.
Tu es comme un macchabée sur le lit défait.
Seul ton visage satisfait trahie tes pensées.

« Ça me rappel une après-midi. Y a cinq ans. »

Ça cogite sous tes paupières closes derrières lesquelles les couleurs psychédéliques défilent. Tes lèvres s’entrouvrent, une inspiration détend tes muscles.

Invité

Once I was seven years old My mama told me go Make yourself some friends or you'll be lonely Once i was seven years old It was a big big world But we though we were bigger Pushing each other to the limits we were learning quicker

Il y a des êtres qui, une fois arrivé dans une vie, la chamboule, la retourne, et plus jamais ne l'a quitte. Son regard toujours sur son cahier, Morgan à des soupçons sur celui qui vient de frapper ; et quand t'as silhouette passe l'entrebâillement de la porte, ses yeux vairons viennent instinctivement se poser sur toi ; Ezra. Son cœur tambourine dans sa poitrine, bondissant à chacun de tes pas vers lui ; il s'accélère, ne lui laissant aucun répit ; les mains deviennent moites, l'étau se resserre et aucun mot ne sort. T'es un soleil, tu luis où que tu ailles, tu fais rayonner le bonheur, des sourires naissent alors qu'avec Morgan, ils se fanent, ils se meurent. Et le voilà, encore une fois, qui se flagelle en pensée, ce qui le fait instinctivement quitter ton regard, pour se terrer sur les lignes qu'il a griffonné sur son carnet. Quand tes doigts passent sur les siens avec une lenteur qui semble calculée pour ne pas le brusquer, Morgan s'arrête de respirer ; c'est comme si ses sens venaient de se braquer, d'être mis sur pause. Ta main le quitte et le voilà qui se réveille, qui attrape ton index du bout des doigts, ne souhaitant pas que cette chaleur l'abandonne de nouveau ((même si c'est lui, qui autrefois, avait mis les barrières.)) « Je… J'écrivais un peu. Des trucs. Sans queux ni tête… » Tu ne sais pas Ezra, à quel point, tu le perturbes, à quel point, il se sent un peu gauche quand il est avec toi ; ce n'est pourtant pas son genre d'être si peu sûr de lui ((en fait si, c'est totalement ça Morgan, un être totalement perdu, aux abois.))

Ton sourire moqueur vient lui arracher une moue boudeuse, qui ne reste pas bien longtemps sur ses lippes humides et décharnées ; les rongeant à cause du stress qui finira par le bouffer. « J'suis surpris oui… Je m'attendais pas à te voir… Et encore moins à c'que tu fasses preuve de politesse, comme quoi, les gens changent. » Rire aux éclats à sa propre vacherie ? Depuis combien de temps cela ne lui était pas arrivé ? Morgan se détend à tes côtés, t'es ce genre de baume artificiel qu'on met pour se rassurer, pour que la blessure ne fasse pas mal ; t'es ce rayon de lumière qui brille dans l'obscurité, à la façon d'un vers luisant pour qui l'on éprouve une fascination mordante. Il ne peut s'empêcher Morgan, de te regarder, d'analyser tes gestes, de s'en imprégner, y'a quelque chose chez toi, qui le prive d'oxygène - dès que t'es là, il est en manque d'air ((capturé.)) Sa main a désormais lâché la tienne alors que tu te tiens à une distance qu'il n'apprécie guère ; c'est comme avoir une couverture à porter de main, mais ne pas oser s'emmitoufler dedans de peur qu'on ne soit prit pour un frileux ; préférant la laisser à quelqu'un qui en aura le plus besoin. Soupirant légèrement, Morgan se positionne avec un peu plus d'aise sur son lit, rapprochant ses genoux à son menton, le regard perdu sur les murs de sa chambre. Oui Ezra, il fait moche aujourd'hui, mais le mauvais temps ressemble à Morgan ; lui aussi est gris, un peu comme la pluie, l'air morose et un peu fébrile, il n'est pas de très bonne compagnie.

Le silence règne, son regard se perd désormais sur le désordre qu'est devenue sa couette sous le poids de vos deux corps ; son cœur furibond le colle un peu plus à chaque élancés dans le fin fond de son matelas ; il s'en voudrait presque d'exister dans ces moments-là. Un haussement d'épaule de ta part vient lui faire rater un battement, alors que tu t'effondres dans sa couche et ses yeux ne t'ont pas quitté, il ne peut plus te lâcher. Et quand tu viens Ezra, évoquer ce souvenir d'il y a cinq ans, un fin sourire naît sur les lippes du jeune homme, qui instinctivement, vient déposer sa main sur le sommet de ton crâne, y glissant ses doigts aux travers de tes cheveux avant de s'allonger dans le sens contraire ; son visage à côté du tien. « C'est vrai. Il y avait de l'orage ce jour-là… Et on était dans la même position que maintenant ; mais j'étais effrayé ahaha. » Les yeux se ferment, sa main retrouve une nouvelle fois ta chaleur dans une nouvelle caresse ; détendu, mais également inquiet, son anxiété continue finalement, de le ronger. « Tu t'en rappelles ? De cette journée ? »

Est-ce que, comme moi Ezra
Ce souvenir est ancré dans ta mémoire ?

Et les paupières restent désormais closes, les souvenirs pour nouveaux comparses.

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