compris
promis
juré sur tout ce que l'on possède même si ce sont de maigres univers comparés à ceux qu'on avait passé une vie à dévorer - on pouvait tout de même affirmer croix de bois croix de fer
si je mens je vais en enfer - caprice avait dit
je serai là miel
(à la sortie)
mais ces engagements c'est pour plus tard on est encore aujourd'hui toutes les années devant soi (avant de se faire géante rouge et causer des supernovas).

et comme pour prouver qu'on appliquait les serments dès maintenant - aucun espace-temps à l'abandon tu vois bien -
caprice est là
à l'instant présent
à la sortie des bâtiments et pas des grilles
pour commencer.
c'est pour qu'on foule tous les sentiers ensembles
ceux qui mèneront jusqu'à la forêt bleue - c'est un premier voyage il y en aura tant. et caprice se trouve des airs confiants
on a moins l'impression d'errer à partir du moment où tu apparais.
miel au centre des systèmes il étouffe un rire pour prévoir les airs dépités parce qu'on n'avait pas pu choisir de quoi draper les ciels -
la faute aux tenues pour le bal imposées.

fais pas la tête miel, même si ça vaut pas ce qu'on a acheté ça te va bien et puis on aura d'autres occasions de parader.

pour la peine on pourrait se pointer un de ces matins habillés de prestige rien que pour les cours. si tu oses il ose.
à tes cotés c'est tangible.
ce soir il voudrait
qu'on existe sans se soucier des œillades. c'est comme pour enfin s'atteler à réduire en cendre les idoles qui ont régné sur la petite misère qu'on était -
écrire des manifestes qui se passent d'ascendants (de ce qu'aurait pu penser le patriarche artificiel) on dira regardez-nous sans l'aide de qui que ce soit.

on se sent
(quasiment)
capable - miel tiens-lui la main
caprice ne sait pas si c'est pour toi ou pour lui
sûrement beaucoup des deux - au fur et à mesure que l'on s'approche des festivités il a le cœur battant qui craint autant qu'il s'impatiente des chaos
et il saisit du bout des doigts les tiens comme avant lorsqu'on était moins grand.
il voulait éviter d'y penser jusqu'au dernier moment mais toutes ces lumières c'est comme des appels de phare qui font se souvenir
que c'est immense et effrayant ce qu'on pressent.

je sais que t'attendais le bal pour parler de certaines choses miel mais on verra, attend - attend encore juste un peu ok ?
qu'on arrive

que je prenne un verre au moins.

on a tout le temps pour les précipices
eux-non plus ne vous quitteront jamais
et caprice
veut d'abord profiter d'avant la chute
on a besoin de tenir sur deux pieds si jamais tu demandes à danser, miel.

peur
non
c'est pas..
ce n'est pas ça c'est
plutôt des vertiges au bord des grands vides pourtant il faut s'y lancer c'est là que la fête bat son plein.
des macro aux microcosmes
caprice défait les regards de l'effervescence immense pour revenir à miel - si petite encore - où ça s'est voilé une seconde.

il faut que tu vois
comme tenir la main ça fait aller déjà mieux, on y retrouve des souffles plus sereins - caprice
n'a pas peur miel il espère que toi non plus il a envie de dire
c'est comme n'importe quel voyage astral.
lui et toi cote à cote ou bien à mille lieux il y aura toujours un fil d'argent indestructible pour relier et l'âme ne s'égarera jamais.
à l'échelle de l'univers un mètre ou une année-lumière c'est toujours trois fois rien.
caprice voudrait chasser les nuages et souffler qu'on ne s'est jamais senti autant en synchronicité mais
les éclaircies reviennent sans lui.

que tu l'entendes
bredouiller alors qu'on voudrait s'agripper à ton sourire.
je m'exprime mal - je voulais dire
je suis déjà heureux d'être là, le reste c'est superflu
ici avec toi c'est tout ce qui compte.
c'est vous contre le monde même si l'on se fait fusionnel avec la foule

et c'était parti.

la première valse à la naissance de la nuit c'est fendre tout ce qui entoure que de traverser en ligne droite comme on le fait - un pied devant l'autre et rien pour perturbée la lancée, miel c'est comme ça que ça devrait être
c'est comme ça
que c'est
lorsqu'on se tient la main
il faut vraiment que tu en sois aussi persuadée que lui
caprice resserre la prise des doigts à mesure que le cœur bat
plus fort
on en est
capables
invincibles
on sera toujours des enfants satellites capable de s'adapter à n'importe quelle harmonie des sphères.

tous ces visages inconnus rien que le tien qu'on identifie clairement c'est une anarchie multicolore on chancèle
rattrapé de justesse ça fait étouffer un rire.

miel tu vas trop vite

pas une once de reproche c'était euphorisant de se faire filants - caprice étouffe un rire et reprend les devants
rattrape et ouvre la marche.
c'était facile de se faufiler jusqu'au buffet.

attend ne me dis rien je sais.

connait par cœur tes couleurs
jusqu'à celle du gobelet qu'on pioche - il a lâché ta main le temps de tendre un verre de limonade
des manières comme celles qu'on avait pu avoir à la maison lorsqu'on est servi c'est toujours dans les yeux qu'on trinque sinon ça porte malheurs - tu as souris et il sourit aussi
ce soir pour la première fois on brillera dans le noir sans se faire voleur tu te rends compte ?

faudra qu'on danse, surtout si on tombe sur colline. pour qu'il oublie pas qu'à la maison c'était le seul qui marchait toujours sur les pieds.

ce soir c'est un bal de clôture mais entre les trois et les quatre temps caprice voudrait que l'on réalise l'existence des horizons immenses qui nous attendent - il y aura ce bal
et trois autres encore à passer à tes cotés
mais ce n'est pas un compte à rebours fais-lui confiance.
et c'était ponctué d'une risette espiègle.

enfin
à part si toi aussi il y a quelqu'un avec qui tu aurais bien aimé venir ce soir ?

il est loin l'âge où je disais Miel mets la pointe de tes pieds sur les miens et laisse toi porter, osciller à droite à gauche à droite à gauche, encore plus légère qu'aujourd'hui c'était facile de te faire danser comme ça.
désormais tu comptes les temps toute seule, ce sont des équilibres nouveaux et dans cet alignement là je redoute de faire des faux-pas - oh j'en fais sûrement des centaines, un deuxième déjà ce soir.
tu le dis si bien - volontairement aveugle et encore une fois tu te fais meilleure astronome
à conquérir les ciels tu relies les points, résous les équations pour moi - c'est toi la plus douée à ça Miel. tu dis que les deux astres se sont reconnus
Céleste
qui aime bien
Caprice
c'est amer comme ça fait plaisir, ces trajectoires laissent dans leur sillage des incendies volontairement coupables sur les joues car la réciproque effrayante me plaît. les paupières s'abaissent je ferme les yeux une seconde je fais que ça il le faut, ou je vais me mettre à me noyer dans la foule, en boucle, ce mécanisme, tu me connais.
aah - j'aurais dû m'en douter quand t'as dis "je m'occupe de tout". j'y crois pas - que dans mon dos tu mènes la danse. c'est super embarrassant.. mais c'est toi qui fait comme il faut.
au lever des iris elles échouent au sol, au milieu des pas de danse c'est là où je regarde c'est là où c'est imperturbable, un ensemble qui se tient tout seul et qui n'a besoin ni de la valse des autres ni des soleils de lampions pour s'éclairer, Caprice et Miel et puis le reste c'est en dehors. moi aussi j'aime cet infiniment petit, Miel, c'est le plus précieux à mes yeux malgré les vides immenses qui réclament de l'infini. pour ça que je m'applique à ce que rien n'en perturbe les quatre temps même si ça fait flancher de te répondre.

... c'est compliqué parce que c'était simple avant, de tout voir. on me disait quoi faire avec tous les détails et ça dysfonctionnait jamais. sauf qu'aujourd'hui je vois bien, à quel point j'ai aucune idée de comment on existe avec les autres. ta main dans la mienne je la serre un peu plus, il n'y a que comme ça qu'on parvient toujours à se frayer des chemins dans l'inconnu. c'est quand les autres rentrent en compte et bousculent tout ce synchronisme que c'est problématique. on a jamais su, et à la maison on nous l'a jamais appris, on en faisait juste quelque chose d'utile.
et le jour où ça n'aurait plus servi on serait retourné d'où l'on vient. à la moindre oscillation c'est certain. les premiers signes avec Colline, ça trompait pas.

j'ai la flippe de voir pour de bon que c'est irrattrapable ce que je suis si je le suis entièrement avec lui.

tu comprends, pas vrai ? si j'avais lu cette fameuse lettre, si j'en avais écris une moi aussi, on aurait sûrement choisi les mêmes mots.

j'ai peur de le dégoûter.

je n'aime pas, les tentatives d'exploration de mes univers. sur ça aussi j'ai envie de fermer les yeux, je préfère les nôtres Miel je les connais mieux, je préfèrerais passer toutes mes danses jusqu'à la dernière à vos cotés, à tes cotés
ne sois pas triste parce que je le pense vraiment - ce soir c'était avec toi
avec toi ou rien, pas d'entre-deux.

tu dois trouver ça stupide.

je trouve aussi.
aucun détours pour parvenir à cette conclusion.

toujours des ceintures d'astéroïdes tes mots - percutants contre lesquels on se heurte systématiquement,
ce sont les plus doués pour me décrocher des risettes, avec le regard voilé des cils tout à coup car c'est si franc que te regarder c'est beaucoup alors je baisse les yeux entre nous, le sourire désavoué
j'entends, Miel,
j'entends ce que tu me dis et comme toujours c'est si sincère que mon cœur en écho répond
tu as raison.

heureusement qu'ils sont comme ça, tes mots
heureusement qu'elle est comme ça, Miel
heureusement que tu es là
et que tu aimes Caprice tout entier
et quand tu dis que les autres nous aiment aussi
alors on peut se sentir capable d'éclipser les peut-être et les probablement qui viendraient troubler les
tu as raison.

je sais pas bien non plus pourquoi les autres nous aiment. ça doit être pour ça que je trouve ça complexe - ça me plaît autant que ça m'effraie, les grandes inconnues.

résolu d'aimer l'infini à l'infini
alors soit
si c'est aigre-doux plutôt qu'acide alors c'est que ce n'est pas si empoisonné que ça.

conclusion je suis souvent stupide - pas tout l'temps j'espère  
on aurait du commencer par là.

et répond pas "si, tout l'temps"..

et au milieu des quatre temps j'étouffe des rires au creux de deux d'entre eux, interrompt les pas le temps de garder rien que la main de Miel dans la mienne et guider
tourne sur elle-même une fois, deux fois, les volants de la robe comme les anneaux de Saturne
avant de revenir aux alignements originels - toi et moi face à face et on se tient l'un à l'autre, je te tiens Miel et comme ça on ne fera jamais de faux pas je suis sûr.

toi tu vois clair Miel, vraiment.
ça me sidère un peu des fois mais c'est rassurant.

mener la danse tu sais faire aussi, et ainsi les univers finiront toujours stables quoi qu'il arrive, même si ça sous-entend que j'y ai moins d'impact parce que tu grandis,
ça peut paraître effrayant ce soir mais c'est quelque chose de beau.
et au milieu des danseurs le monde tourne un peu vite, l'urgence d'abaisser les paupières mais je ne sais pas,
je crois que la danse et ta philosophie ça rend assez fort pour les garder ouverts un peu plus longtemps, plus que jamais.

tu seras mes yeux ce soir, ok ? quand il faudra trouver le chemin le plus court entre ici et le buffet à dévaliser par exemple.

et puis entre nous et le monde, quand on aura besoin,
il reste tant de valses Miel elle est à des années-lumières, la dernière
moi j'accueillerai tous les détails même les trop complexes
et toi tu verras clair au milieu des vagues
ainsi ce sera impossible de se noyer, ce soir plus que jamais j'en suis certain.