ça va finir par être sa marque. frapper aux portes à coup de chanson. descendre du ciel pour rencontrer une étoile. tout au fond de la terre, premier étage des dortoirs. ok, c’est pas si profond. juste loin question distance quand on oublie qu'il faut traverser lycée et collège pour discuter avec les gosses. adolescents, pardon.

et appuyé contre le mur, anaël navigue sur son cellphone. regarde les derniers memes de twitter. poing contre une porte ; une chambre ciblée d’avance on remercie le devray qui l’a guidé. pour son troisième concert dans les couloirs, anaël frappe au rythme de what makes you beautiful et ça fait

toc you
toc don’t
toc know
toc oh
toc oh

il ne s’attend pas à ce qu’elle réponde. enfin pas dès le début de la chanson. alors anaël tranquille – pour un drogué fou hm – tape aussi du pied. le couvre-feu est à partir de vingt-et-une heure ; parfait, il a trois heures d’attente et faut lui donner cette qualité,

anaël est très patient.

assez pour terminer la chanson contre la porte. puis ça stoppe le geste. sinon miel n’ouvrira jamais. main dans la poche de son pantalon, continue de naviguer sur son écran. attend. attend.

le silence.
et puis

ça a le corps tout près, paré à toute réaction. même à se faire couiller.

à sa voix, anaël lève la tête de son cellphone, lève un sourcil aussi.

ouais sorry j’me souv’nais plus très bien d’l’air, qu’est-ce tu veux ?

pince les lèvres, hausse les épaules. la fatalité de ne pas être un fan fini, écouter one direction en boucle jusqu’à en être gavé. puis pointe miel de l’index, soucieux.

et fais gaffe avec le suicide, faut bien faire le nœud. tu veux j’t’aide ?

humour noir anaël. ferme l’écran de son appareil, le glisse dans la poche arrière de son pantalon. puis comme la porte est ouverte, se place devant elle ; et avant de s’inviter, précise

j’connais pas trop vos bails, mais t’as l’choix parmi les autres devray. secret confidentiel, fais ton enquête.

il incline la tête, gentleman exagéré ; dit merci de l’invitation madame puis précède miel dans sa propre chambre. se plante au milieu, se retourne, mains sur les hanches. la froideur du ton, la noirceur des yeux qui ne l’ont pas fait fuir, anaël face aux enfants, aux adolescents et aux adultes sans prendre en compte l’écart. ne modèle pas sa présence selon l’exigence. alors dans une chambre de collège, la grande perche qu’il est s’explique. faut dire qu’elle n’a toujours pas hurler au meurtre. pas de couteau non plus.

ok. c’pas compliqué, si t’y mets du tien pour quinze secondes. ton alice t’permet de créer des objets, right ? comment tu l’as découvert ? comment tu sais qu’le bijou qu’tu fabriques ce s’ra pas un bijou banal ?

et dans l’urgence de vouloir de l’aide, la soluce du jeu, anaël oublie l’essentiel. la contextualisation de sa présence dans tout ça.

j’avais capté, t’inquiète.

à voir ta tronche, on se doute, la gratuité elle a visité un autre berceau.
il faut reconnaître aussi un peu d’espoir, à l’idée qu’au grenier on ait de quoi troquer. pas sûr la mdma elle ait envie d’essayer. lui aussi, miel, se fout d’être en galère. la suite des choses, anaël s’en fout. pour le moment, bras croisés à fixer le plafond. c’est déjà un pas plus gros que ce qu’il s’imaginait, se trouver dans ta chambre et pas dans le couloir jusqu’à vingt-et-une heure.

de ta vie on ne sait rien. ni de celle de colline, seulement qu’avec felix on a pris le plaisir de l’accueillir avec railleries. puis un jour avec fraternité. peut-être s’il avait quelques pièces de votre histoire, de la tienne, anaël saurait mieux quoi te proposer en échange. un truc tellement inventif, tu y aurais gagné ton jackpot personnel. mais comme les grades, on va laisser la créativité de côté. on te connaît absolument pas, miel. sauf pour l’alice – de la même façon qu’on déballe nom, prénom, date de naissance. que des faits.

on va faire avec les moyens du bord. avec la qualité du bord qu’un diy saurait facilement dépasser, n’est-ce pas.

swiss army man. ton aide contre un des films qui m’a l’plus marqué. t’as pas précisé la valeur d’la chose. mais

et le corps attiré vers la porte. comme ça on sera plus près du couloir quand ça se fera rembarrer.

guess ma valeur est pas très grande anyway.

culture pas aussi crédible que celle des étoiles. sans doute. sous le dôme, les déclassés au-dessus des têtes performantes, parce qu'on n'a pas l'habitude de marcher les yeux levés. surtout quand il faut étudier ses cours pour mériter sa place. alors qui daignerait accorder de la légitimité à l'invisible.

demi-tour et on s’installe au bureau vite fait.
agile mouvement de jambes pour s’asseoir en silence, bras croisés, pincer les lèvres, lâcher alright, no talking puis garder les yeux rivés sur miel.

et
vraiment
anaël

l’écoute. pas de conneries, pas de malice. un visage rare, des traits quasi inconnus dans l’attention portée aux paroles et aux gestes. il apprend vite, anaël. il comprend vite. quand son esprit le veut. cesser de se saboter, user de son potentiel. captivé par les mouvements de ses mains, la naissance qui se passe entre ses doigts.

le dos se courbe, penché au-dessus des genoux. l’index le long de la lèvre inférieure. on réfléchit. faut trouver une manière pour que ça s’articule, à la sortie des lèvres.

ce sont des cadeaux. pour chacun, donc, tu désires donner à une personne spécifique. ce que la personne va feel, ce sera ton ressenti par rapport à elle or something else ?

pointe les mains de miel, le trésor qui s’y cache.

guess it doesn’t work si quelqu’un d’autre, que celle désignée pour le gift, le prend. ça matcherait pas avec les intentions genre ?

fronce les sourcils, une jambe qui bouge. l’alice de miel crée des bijoux avec effets. ce qu’il vit, au contraire, semble annuler ceux-ci.

annuler n’est peut-être pas le bon mot. rejeter. nier. la fois avec yingyue, on aurait dit qu’anaël avait été protégé. la fois où gwendoline a voulu le rendre malade. protégé. elles maîtrisent mieux leur alice que lui, on s’est questionné. on a fait des tests avant de venir te voir.

ma shit, elle fonctionne peut-être un peu comme ton alice. mais c’weird, ‘cauz la first time c’est arrivé, j’pensais pas à la personne.

j'voulais juste qu'on me protège contre l'ennui du cours.

many times on a voulu me harm avec des alices. (écarte les bras, hausse les épaules) legit si on cherche à m'bolosser, i get it. mais le plot twist c'est qu'il y a des fois où bah l'alice il avait pas l'air de fonctionner.

anaël se recule sur la chaise, cherche dans ses poches quelques secondes, puis extirpe trois petits objets. ils ont l'air terni, abîmé par le temps.

j'ai snap out au troisième. j'croyais c'des trucs que j'faisais because j'm'emmerdais. mais le second-là

une bille de bois montée sur un bâton, ficelles jaunes en guise de cheveux ; faut se divertir au grenier parfois. le bois semble grugé par la pourriture.

ça m'avait fait penser à une pote. like, façon vaudou, j'sais pas. j'veux lui en parler, j'la croise, on s'provoque, she attacked, nothing. ok weird, 'cauz normalement son alice me rend malade. mais ça va. sauf le soir quand j'vide mes poches, le truc est deg like that.

fait la moue.

maybe j'fais des liens où y'en a pas aussi. mais trois fois y s'passe rien et trois fois j'ai des shits faits main dans mes poches. des shits qui s'décomposent ??