courir c'est exaltant, ça fait travailler ses muscles, lui fait dépenser l'énergie qu'il emmagasine toute la journée. sauf que là, tout de suite, il ne vit pas sa meilleure vie, loin de là même. bon, d'accord, dexter l'a cherché, avec l'une de ses énièmes stupidités de la semaine- oups pardon, journée. c'est un peu pour ça qu'il est en train de dévaler les couloirs comme si sa vie en dépendait (probablement en fait), à bifurquer dans le labyrinthe qu'il a fini par apprivoiser au fil des années — étouffant le rire qui menace de s'extirper de sa gorge ébréchée par un souffle court quand la voix de la personne à ses trousses lui parvient aux oreilles.

dex tourne la première porte qui tombe dans son champ de vision, constate avec dépit que ce sont les chiottes. mais bon, ça devrait faire l'affaire temporairement. c'est limite s'il ouvre pas la cabine à coup de pied dans sa précipitation, refermant celle-ci avec toute la délicatesse du monde (non), avant de se poser sur la toilette ; assis en tailleur pour qu'on ne remarque pas ses baskets. ok ok ok, cool, super. normalement, le personnel ne sait pas qu'il est ici, parfait. il est tellement concentré à calmer sa respiration, qu'il a pas fait attention à la personne d'à-côté. si bien que lorsque l'autre parle, il fait une micro crise cardiaque. crever sur le trône, ce serait pas une fin de merde quand même ? ah !

.....et ça doit me faire quelque chose, que tu sois pas capable de chier ? 'fin, c'est pas mon problème mec. qu'il marmonne, sourcils froncés — pas que son compagnon d'infortune (qui pourrait probablement l'asphyxier avec sa caisse monumentale) ait la chance de remarquer son air pincé. aiiiiight, pas de soucis. en fait si, il est en train de mourir tellement ça pue, sauf qu'il dit rien et se mord la langue. puis il parle encore et l'adolescent se dandine de gauche à droite, peu confortable dans sa position, mais légèrement pris de court. étonné que tu m'ai entendu par-dessus tout... il agite la main par réflexe, pour désigner l'endroit, avant de la laisser retomber sur ses cuisses. ouais. disons que j'essais de me faire oublier un peu, t'vois ?

il expire par la bouche, agite les doigts pour faire bouger l'air stagnant et chasser la puanteur de ses narines bien trop abusées en deux pauvres minutes. j'te demanderai pas ce que tu fais ici, c'est un peu évident. il ricane, de lui, de la situation.

c'est qu'il est vachement loquace, le mec. ça l'fait sourire, dexter. parce qu'on aime pas trop lui parler en temps normal, trop peur de se faire taper sur les doigts par proxy, parce qu'on veut pas toujours s'associer à lui. mais, probablement que lui aussi, s'il savait qui il était, ne lui aurait pas adressé la parole. ça jette une ombre sur son visage, le fait ramener ses jambes contre son torse, histoire de se faire plus petit dans l'espace déjà bien étroit.

à force, faut bien que j'en ai, de l'expérience. c'est dit avec une nonchalance, il en a plus rien à foutre après tout. la bulle a éclaté et la désillusion s'est installée ; y'a plus rien des éclats d'insouciance dans ses mirettes de gamin. mais la suite le fait rire, un peu, ça contraste avec son ricanement précédent. bah écoute, c'est gentil de te retenir comme ça pour moi. c'est bien la première fois qu'on a autant de considération pour sa personne, si c'est pas le summum de la tristesse, ça.

il hausse les épaules, lâchant un simple hm égal à ses questions. il sait pas s'ils vont revenir sur leurs pas en réalisant que le bruit de ses baskets s'est arrêté il y a bien longtemps. il devrait pas rester là à rien faire. enfin, à discuter avec- percy ? percy, donc. dex, qu'il répond, se décalant légèrement pour s'appuyer contre le mur de la cabine. c'est pas vraiment plus confortable, mais au moins, il peut se poser contre quelque chose le temps de cogiter. sauf que le silence est pas spécialement agréable, ça devient lourd bien rapidement et il se mord la lèvre inférieure.

t'en as souvent, des gens qui acceptent de se taper la discute comme ça, dans les toilettes ? 'fin, j'crois pas que ta méthode fonctionne toujours, sans vouloir te vexer. il est qui, lui, pour dire ça, alors qu'il a que la fureur aux lèvres et l'attitude d'un adolescent en pleine crise high sur les hormones qui viennent avec ? absolument personne. c'est peut-être pour ça qu'il se permet de l'ouvrir, dans toute son indélicatesse. au moins, t'as l'air sympa, ça doit faire gagner des points.