dexter n'avait jamais eu le luxe de s'attacher quand il était gamin. après tout, quand on déménage aussi souvent, difficile de le faire. alors il s'était contenté de suivre sa mère sagement, silencieux et docile. parce qu'il redoute la main qui se serre sur son poignet, les gifles sèches sur sa joue, lorsqu'il accompagne le vent dans sa danse.
et ça a été comme ça pendant des années. être discrets, ne pas faire de vagues, éviter de parler à qui que ce soit. oui oui, qu'il disait en hochant la tête. il ne comprenait pas pourquoi ils cavalaient comme ça, mais il devait bien y avoir une raison, non ?
celle-ci s'est présentée en la forme d'une paire d'inconnus qui l'arrachent à sa mère alors qu'elle l'attend pourtant dans le petit appartement qu'ils avaient depuis peu. on lui a dit de ne pas s'inquiéter, qu'elle allait pouvoir le voir bientôt. ça n'a pas été le cas, mais ça, il ne le savait pas.
d'accord. alors dexter n'a rien dit, et les a suivis sans protester. il ne faut pas mettre les adultes en colère.
l'académie l'a mise mal à l'aise, trop grande, trop grouillante de monde ; contraste drastique avec tous les patelins qu'il a arpenté auparavant. mais on lui a assuré qu'il allait s'y plaire, que c'était pour les gens comme lui. il y a cru, du haut de ses neuf ans. s'il avait été à cette école plus tôt, peut-être qu'ils n'auraient pas eu à fuir ce qui les pourchassait.
oui, ça faisait du sens dans sa tête d'enfant.
ah ah ah, les choses ont bien changé depuis.
il a fini par réaliser que toute cette histoire clochait, qu'au final, ce à quoi sa mère et lui tentait d'échapper, c'était eux, et pour la première fois de sa courte vie, il avait décidé de ne plus faire ce qu'on lui disait. et ne l'a plus jamais fait depuis. il a fait le choix conscient de se rebeller, de se débattre malgré toutes les sanctions et les fois où on tire sur sa laisse. autant vivre pleinement et peu longtemps que de crever en esclave.