more i get through the gears
incapable of making alright decisions
and having bad ideas



y’a son cerveau qui freeze.
mais c’est pas étonnant,
le jus de sa boîte crânienne gelé dans sa contestation
(sa lubie d’enfant). gamin de seventeen.

y’a son cerveau qui freeze.
cette fois, parce qu’il s’est amusé à aspirer sa slush, vitesse grand v. c’est trop bon framboise bleue plus lime, ok. à l’arrêt de bus, les dents autour de la paille, anaël fait le pied de grue. le peu de pensées restantes se concentrent sur une chanson d'arctic monkeys dans ses oreilles. le temps de laisser partir le froid.

why'd you only call me when you're high?

depuis la rentrée, c’est son premier dimanche tranquille. sa première journée posée. faudrait qu'il songe à demander une étoile pour son exploit. avant de reprendre les hostilités, anaël en a profité pour acheter le porte-clé dont il rêve depuis le début de la semaine.

on n’a jamais dit que la vie de teenager était foncièrement palpitante.

quand il entend le bus approcher, il jette le restant de slush sur l’asphalte. elle s’étend comme le bleu des œuvres de klein. (admirez c’te culture, les profs. bref.)

il a le temps de foutre les deux pieds dans le véhicule que ce dernier démarre.
au passage, anaël effleure la jambe de quelqu’un.

sorry dude.

ou dudette. j’ai pas vu le sexe. anyway. sa main agrippe l’une des barres et dans le trajet du retour, anaël sort de sa poche le porte-clé en forme de grue. l’oiseau a les ailes déployées, une forme abstraite, proche des oiseaux de papier.

une forme à faire rêver.

anaël lui a répondu d’un pouce levé, sourire en coin. pendant quelques secondes, ses yeux s’évadent sur la chevelure du mec. des yeux de nuit sur la clarté blanche du jour. puis ses doigts s’amusent, distraits, à travers l’anneau du porte-clé. anaël le fait passer entre le majeur et l’index.

anaël fait passer la route entre le majeur et l’index.
la tête dodeline au rythme de la chanson, son pied doucement bat la mesure. quelques instants. s’arrête. reprend. le bus cahote parfois. anaël, entiché de la basse d’arctic monkeys est hors-temps. hors-monde.

et quand la caisse roulante s’arrête près des portes de l’académie, il reste à sa place, attend que tous sortent. au moment où le mec – à la clarté blanche du jour au-dessus de sa tête – se lève, anaël dit simplement :

have a nice day man.

il attend.
et puis il sort.
dans ses oreilles,
y’a arabella
depuis quelques secondes.

my days end best when this sunset gets itself
behind that little lady sitting on the passenger side