Silence et zénitude. Relaxation et sérénité. Seul le bruit de sa respiration rythme le bruit de sa chambre. Il parvient même à faire abstraction des sons qui proviennent de l’extérieur de sa chambre, ceux de la vie quotidienne des élèves de l’académie. A cet instant, ces personnes n’existent plus. Il est seul dans son monde et rien n’a véritablement d’importance à part son souffle et les muscles de son corps.  

Son corps s’étend, se détend, se tord et s’élance. Avec les années, il est devenu un véritable élastique ambulant. Le yoga, le tai-chi, et les arts martiaux qui lui arrivent de pratiquer ont fini par lui donner un corps flexible à l’envie. Pas de bras bodybuildés, pas d’abdos en bétons. Juste des muscles secs qui ne cèdent jamais, comme le roseau face au vent.

Ce sont les rares moments où il a l’impression que le temps est suspendu, que son avenir ne semble plus aussi sombre, que sa vie est tout ce qu’il y a de plus simple, qu’il ne se sent plus en colère contre tout et tout le monde. Peut-être qu’il devrait consacrer son futur à faire ça. Mais il est assez conscient pour savoir que ça ne suffirait pas à le satisfaire, que cet état de bien-être n’est qu’éphémère.

Il suffit d’un rien pour tout briser. D’un grain de sable pour tout enrailler. D’un battement d’aile de papillon.

Et c’est en plein « Eka Pada Rajakapotasana », ou de son joli nom la « posture du roi des pigeons » (ce qui envoi beaucoup moins du rêve dit comme ça), que tout fini prématurément par prendre fin. Mais il dit rien, il grogne simplement entre ses dents faisant mine d’ignorer ce qu’il vient de se passer. Bien inutile. Car on frappe de plus belle à sa chambre.

Bordel de cul. Qui peut donc venir le déranger et insister comme ça comme un vieux con ? Ca y est. Voilà. Le calme a laissé place à la tempête. Et il meurt d’envie d’éclater la tronche de la personne qui toque ainsi à sa porte, de lui éclater les dents contre le bitume. Qu’importe la raison, on le dérange pas pendant son yoga. Même en cas d’alerte nucléaire. Quitte à mourir d’ailleurs, il préfère que ce soit dans la position du pigeon.

« Va chier merde, j’suis pas là ! »

C’est tout ce qu’il trouve à répondre. Il veut simplement être tranquille et passer à la chandelle.
       

Halloween

Une voix masculine qui ne lui dit absolument rien lui parvient depuis l’autre côté de la porte. Et Klaus s’étale par terre en soupirant bruyamment. Adieu pigeon et chandelle, la séance est finie, fermez les rideaux, y a plus rien à voir. Il clôt un instant les yeux puis inspire calmement avant de se redresser. Dévisager la porte ne fera pas fuir l’intrus. Et compte-tenu de sa réponse, celui-ci ne semble pas le moins du monde déstabilisé par le peu d’amabilité de Klaus. Bien au contraire. Et il doit bien l’admettre, ça titille sa curiosité. Il a besoin de mettre un visage sur cet emmerdeur qui ne se démonte pas. Et qui en plus a besoin de lui.

Oh comme c’est flatteur. Son alice est loin d’être la plus utile de l’académie, mais elle attise quelques convoitises. La facilité d’un tatouage sans douleur, pas cher et sans avoir la permission de sortir des murs de cette prison. Quoique question prix… Klaus a pris la foutue habitude de faire payer cher ses services. Faut dire qu’il est souvent fauché alors il arrondit ses fins de mois comme il peut.

« Ton prix est le mien ». Ca le fait sourire. Diablement sourire. Et il se lève d’un bond pour ouvrir brusquement la porte de sa chambre. S’appuyant sur le chambranle, bras croisés, il dévisage l’inconnu.

« Mon prix est très cher. »

Son visage lui dit vaguement quelque chose. Il l’a déjà croisé c’est certain mais jamais il ne lui a adressé un mot. Il n’arrive même pas à mettre un nom sur cette chevelure blanche.

« T’es sûr que t’es capable de suivre gamin ? »

Ca y est, il vient de se décider. Non pas qu’il se soit décidé si oui ou non il lui fera bénéficier de son incroyable pouvoir… mais plutôt décider sur la façon de procéder : il va faire du mieux qu’il peut pour l’emmerder. Voir jusqu’où ce petit merdeux est capable d’aller.

Alors ses yeux l’examinent de bas en haut, un regard lourd avant de s’arrêter à nouveau sur son visage et de soupirer.

« J’vois ni rabbit, ni diamant, ni quoique ce soit qui puisse m'intéresser… Et en plus tu m'déranges. Repasse quand tu seras plus convaincant. »

Et il tourne les talons, claquant la porte au nez du sale gosse sans demander son reste. Ca le fait ricaner, c’est toujours aussi jouissif d’envoyer chier quelqu’un. Maintenant il se demande juste si l’autre va se laisser faire et retourner dans ses pénates, ou s’il va continuer à l’emmerder pour un foutu tatouage.
       

Halloween

Derrière la porte, c’est un silence qui s’installe. Pas de protestation ni contestation. Et Klaus se contente d’hausser les épaules. Bah, tant pis si ce merdeux n’a pas les moyens de son ambition. Et il n’aura qu’à recourir à la bonne vieille méthode du tatouage dans un salon. C’est dommage, le brun aurait aimé au moins découvrir ce que l’autre souhaitait se faire tatouer. Mais ce n’est pas suffisant pour le convaincre de faire une bonne action et de faire dans la charité. Son alice se mérite, et c’est pas à lui de définir comment.

Et Klaus étire son corps de tout son long avant de pousser un profond soupir. Pas la peine de reprendre sa séance, son corps a déjà eu le temps de se refroidir et il n’a pas le courage de s’échauffer à nouveau. Il se contente de simples étirements des plus basiques avant de se baisser et de ranger son tapis.

Par la fenêtre, il jette un coup d’œil distrait. La majorité des étudiants est en train de rentrer calmement dans leurs chambres. Certains trainent encore, discutent les uns avec les autres, se marrent avant de se séparer. Encore une nouvelle soirée morose qui se profile. Dans un mince espoir, Klaus regarde l’écran de son téléphone. Malheureusement, personne ne lui a envoyé un message pour lui proposer un plan foireux et éviter qu’il ne s’emmerde comme un rat mort dans sa chambre. Fais chier…

Alors il grogne dans sa barbe et se décide à choper une serviette ainsi que des vêtements propres. Autant en profiter pour aller maintenant à la douche avant que celle-ci ne soit envahie par une multitude de petits cons en tout genre. Et même s’il est loin d’être allé au bout de sa séance, il a suffisamment fait d’efforts pour avoir besoin de rafraichir sa peau sous l’eau.

Et il ouvre brusquement sa porte. Pour tomber nez-à-nez avec le type de tout à l’heure. Ce qui le prend un peu de court et le fait bêtement sursauter. Merde, il s’attendait pas à ce que quelqu’un soit là à squatter sur la pas de sa porte ! Et si ce quelqu’un fait, qui plus est, 5 mètres de hauteur, normal qu’il se retrouve à réagir comme une demoiselle effarouchée…

« Bordel de cul !! Mais… qu’est-ce que tu fous encore là toi ?! »
       

Halloween

Ses yeux s’agrandissent. Et si cela était humainement possible, probablement qu’on y aurait vu des étoiles. Parce que ce tient l’autre dans la main, ça le fait rêver. Et il a dû mal à y croire d’ailleurs. Il y connait rien d’ailleurs en caillou mais celui qu’il tient dans la main, il brille de mille feux et il se voit déjà en train d’acheter une île avec. Sûrement qu’il se plante totalement mais Klaus n’est pas vraiment l’incarnation de l’intelligence, il se contente simplement de s’imaginer une vie sous les palmiers. Et puis les rabbits… Tous ces rabbits ! Olalalah, Klaus en aurait soudainement très chaud. Et finalement, ce petit con, il devrait peut-être le prend un peu plus au sérieux.

Alors il lui agrippe le bras et le fait rentrer brutalement dans sa chambre. Il claque soigneusement la porte derrière lui et se retourne vers sa nouvelle source de profit. C’est lui maintenant qui ne veut plus qu’il s’en aille. Maintenant qu’il est là, il y reste. Jusqu’à ce qu’il se décide en avoir fini avec lui.

« Vas-y, elle est où là l’embrouille ? »

Et sans lui demander son avis, il laisse tomber sa serviette par terre pour pouvoir attraper cette petite chose brillante. De plus près, c’est encore plus beau. C’est encore moins réel. Ca se trouve, c’est tout simplement du toc et l’autre est royalement en train de se foutre sa gueule.

« Et t’es qui d’ailleurs ?! »

Comment a-t-il su pour Klaus alors que lui-même ne connait pas son nom ? C’est déséquilibré, le p’tit con a plus d’infos que lui et il a l’impression de marcher en terrain miné. Et Klaus a beau réfléchir, il arrive pas à voir plus loin que le bout de son nez. Est-ce sincèrement qu’une vulgaire histoire de tatouages ?!

Et le brun lui montre son lit d’un signe de tête.

« J’t’en prie, installe toi, j’en ai marre de me désarticuler pour pouvoir te regarder. Sérieux t’as été bourré aux hormones pour être si grand putain ?! »

Klaus, lui, il bouge pas. Il s’adosse simplement à la porte de sa chambre pour l’observer de loin. Et potentiellement lui barrer le chemin s’il change d’avis. Hors de question de le laisser partir sans avoir récupéré quelques billets. Et être certain qu’il y a pas d’emmerdes dans cette histoire.
       

Halloween

Perceval. Mort de rire, c’est pas un chevalier de la table ronde ça ?! Klaus se retient de pas éclater de rire. Le pauvre, il l’a pas choisi son prénom. Et puis Percy après tout, c’est pas si dégueu. Les goûts et les couleurs hein… ! Mais franchement, il vaut mieux éviter qu’il se foute de sa gueule sur ce détail, au risque sinon de dire adieu aux cocotiers.

« Des histoires… tiens donc ! J’aimerais bien les entendre ! »

Il ricane. Parce qu’au fond, il sait déjà ce qui circule plus ou moins à son propos. Sa réputation est loin d’être lisse et il est encore plus loin de n’avoir que des amis. Toutefois, ses tatouages sont toujours réussis, tout du moins quand il le décide et qu’il met du sien. Avec les années, il frôle la perfection dans la maitrise de son alice, c’est peut-être même là la seule chose qu’il fait bien…

« Et tu m’as l’air un peu trop confiant avec ta gueule d’ange. » Et surtout, il se méfie. Les pires, ce sont eux, ceux à l’air angélique et innocent, mais qui finalement, sont les plus malins et les plus vicieux « T’es les fils caché d’un prince à la con ? ou c’est ton alice qui te permet de rouler sur l’or ? »

Klaus décide finalement de s’approcher à nouveau du fameux Percy. Inquisiteur, il le fixe du regard, sachant pertinemment qu’il n’y décèlera probablement rien mais au moins… il donne le change. Il lui rebalance le caillou. Il l’a assez regardé pour le moment. Et puis finalement, il préfère les rabbits. Plus facile à utiliser. Plus facile à écouler.

« "Je paye juste après pour être certain" » Il répète sur un ton aiguë avant de rouler des yeux « Mec, c’est pas toi qui fixe les règles ici. » Il se laisse tomber mollement sur le lit à ses côtés avant de tendre la main vers lui. « Allez, montre moi les croquis et ensuite on parlera argent. »

Plusieurs tatouages. Plusieurs séances. C’est prometteur. Un peu risqué aussi, il se doit d’avoir une véritable confiance dans cet énergumène. Si Klaus se fait encore griller avec son business pas tout à fait réglo, il risque encore de passer un sale moment…

« Et rassure moi, t’es majeur ? »

Ouai, c’est paraît con. Mais tatouer les mineurs, il préfère éviter. Un véritable tatoueur ne l’accepterait pas, alors, par acquis de conscience, il n’accorde ce privilège qu’à de très rares exceptions.
       

Halloween

Oh ma foi. Perceval a retenu le plus important. Le plus capital. C'est déjà un bon point pour sa personne, et il ne pourra pas prétendre ne pas savoir : Klaus ne répond qu'à l'appel de l'argent. Tout du moins, lorsque cela est possible. Et là, l'occasion s'y prête parfaitement puisque ce type est un inconnu et qu'il a l'air d'avoir suffisamment de ressources pour faire fleurir son compte en banque. Le brun espère vraiment avoir décroché le jackpot. Mais à vrai dire, du chemin reste encore à faire.

Son regard lorgne alors sur les croquis qu'il prend délicatement entre ses doigts. C'est qu'il sait dessiner le bougre. Et en effet, vu tous les motifs et les endroits qu'il souhaite se faire tatouer...cela demandera nécessairement du temps et de s'y reprendre à plusieurs fois. Son alice ne lui permettra pas de faire tout cela en one shot.

« C'est... travaillé. »

Ses yeux se plissent un peu pour regarder les moindres détails. Des roses, des étoiles, des symboles qui ne lui disent pas grand chose... Ca pourrait presque avoir l'air fouilli, mais il y a quelque chose derrière tous ces dessins. Un message. Une symbolique. Il ne sait pas très bien. Mais à force de tatouer, il a appris à déceler plus que ce qu'un regard nu est capable de voir.

« Ca fait longtemps que tu y as réfléchi ou tu t'es décidé sur un coup de tête ? »

Son visage se redresse vers lui. Il a besoin de savoir. Ca ne l'aidera en rien à faire ses tatouages mais la curiosité est un vilain défaut qui s'immisce dans multitude de personnalités de nos jours.

« Vu les dessins et la taille de tes futurs tatouages, ce sera pas donné. Et je peux pas me permettre de ne pas avoir une certaine...garantie. Je commencerais par celui surl'épaule, que tu te décides ensuite si tu veux continuer sur ton bras. J'veux la moitié du prix pour ce tatouage là avant. Le reste après. Et ensuite, on avisera pour la suite. »

Pas d'entourloupe. Pas d'arnaque. Ce type, il le connaît ni d'Eve, ni d'Adam. Et Klaus n'est peut-être pas le plus malin des deux mais en matière de business, il ne fait pas dans la pitié.

« Si ça te va, si tu y as bien réfléchi, alors on a un marché. Et on peut même commencer aujourd'hui. »

Un sourire s'étire sur le coin de ses lèvres. Aucune idée si Perceval va accepter mais le challenge est intéressant. Et s'il lui met à l'envers, Klaus est bien décidé à lui tatouer la pire horreur possible sur son épaule, sur son bras, sur son dos, sur tout son putain de corps s'il le faut.
       

Halloween

Le deal est conclu. Même si la négociation s’était bien mal engagée, les deux ont finalement réussi à trouver un terrain d’entente. Mais Klaus n’est pas totalement confiant pour autant. Il ne sait rien de Perceval, et il craint presque que l’argent ne s’évapore une fois qu’il quittera sa chambre. Pourtant, les rabbits sont bien réels. En tout cas, ceux qu’il vient de lui balancer le sont. Et il les compte consciencieusement. Avec ça, plus le reste à venir, il sera tranquille pour un moment. Alors ça lui tire un sourire satisfait. Si tout se passe véritablement sans accroche ni emmerde, il lui faudra convaincre Perceval de se tatouer le corps entier…

« Par contre j’te préviens, si tu cherches à m’arnaquer… »

Il laisse la menace planer alors qu’il le fixe du regard. Au moins, il saura à quoi s’en tenir le chevalier.

Klaus se relève alors. Autant remettre son précieux bien en lieu sûr. Dans son armoire. Caché sous une pile de vêtements. Voilà. Il changera probablement de cachette plus tard mais pour le moment, ça conviendra.

« Reste assis sur le lit, c’est très bien comme ça. »

Il se rassoit et reprend les croquis entre ses doigts. Son regard passe des dessins à son épaule, puis à son visage étrangement souriant. Et Klaus grimace. Putain il joue à quoi avec sa gueule d’ange là ?! Il lui prépare un mauvais coup c’est ça ?

« Pourquoi tu souris comme ça abruti ? Et ouai, enlève ton machin là, c’est mieux que je vois ce que j’fais nan ? »

Il est débile ou il en fait exprès ? C’est vraiment compliqué de voir clair dans son jeu. Et finalement, c’est Klaus qui a l’impression d’être l’abruti de service, ce qui est de toute façon généralement le cas. Mais là, pour une fois, il aimerait bien garder le contrôle de la situation et ne pas passer pour le dernier des crétins.

« Et tourne toi. Faut que tu me montres où tu voudrais qu’il soit exactement, et sur quelle surface il s’étale. J’peux toujours modifier après mais autant essayer de bien faire du premier coup. »

C’est qu’il tient à faire bon usage de son alice. Et rentabiliser au maximum ses profits. En plus de ça, il tient à faire les choses bien… il l’avoue certainement beaucoup moins, mais ses tatouages, ce sont finalement les seules choses dont il est à peu près fier.
       

Halloween

Son regard suit les doigts dansant sur la peau blanche. Chaque détail s'imprime dans son iris. Et son imagination commence à peindre le tatouage de son esprit. Il n'est jamais aussi concentré et sérieux que lorsqu'il s'apprête à faire naître une nouvelle œuvre. Klaus comme on ne le voit jamais. Une autre personne qui disparaît aussitôt son dessein accompli.

Et il ne dit, laisse Perceval parler. Lui expliquer. Sans l'interrompre. Les yeux rivés sur son corps encore vierge. Avant qu'ils ne se relèvent enfin pour lui répondre.

« A part foutre des paillettes, j'peux tout faire. »

Ce serait pourtant sympa des paillettes. Il s'imaginerait bien en balancer sur les tatouages de certains. Mais il ne peut se contenter que de noirs et blancs, de couleurs, et de teintes phosphorescentes... De celles qui brillent dans la nuit. Et il reçoit beaucoup de requêtes en ce sens à la veille de soirées où l'on veut briller, se faire remarquer dans le noir. Les prix flambent, ses exigences aussi.

« J'vais d'abord te faire ça en noir, et après tu réfléchiras aux couleurs. On parlera du prix ensuite. »

Sourire entendu. Il chouchouterait presque son nouveau client. Sa poule aux œufs d'or. Mais à vrai dire, couleur ou pas couleur, ça lui demande pas véritablement plus d'efforts. Mais il sait que ça demande souvent plusieurs ajustements, pour satisfaire aux exigences de toutes ces princesses tatouées insatisfaites.

« C'est parti ? »

Et ses doigts se posent à à leur tour sur sa peau, sur son omoplate. Visualisant les motifs, les lignes, et les détails d'un dessin qui va prendre vie. Un tatouage éternel pour marquer à jamais. Sauf si Klaus en décide autrement et ne retire ce privilège. Telle un épée de Damoclès qui subsiste au dessus de la tête de chacun qui croise son chemin.
       

Halloween

Klaus ne peut réprimer un sourire. Des demandes étranges... ça oui, il en a eu. A croire que le tatouage permet de débrider n'importe quel esprit, comme si cet art n'avait aucune limite. Ou seulement la limite offerte par le corps humain. Mais ça ne veut pas dire pour autant que l'écossais en soit parfaitement ravi. Il se garderait bien de devoir gérer les désirs les plus absurdes qu'il soit.

« Une partie du corps incongrue ? Mais à quoi tu penses dis moi ? »

Il s'en amuse. Au moins, Perceval a le mérite de ne pas être d'un ennui mortel et de faire l'effort de la conversation. En plus d'en avoir plein les poches, le garçon semble avoir d'autres qualités.

« T'imagines même pas ce qui peut passer dans la tête de certaines personnes. Et t'imagines pas non plus le nombre de tatouages qu'il y a cachés ici... »

Ca le fait d'autant plus sourire de se remémorer certaines de ses œuvre gravées sur des peaux bien dissimulées. Parfois sur des personnes dont on ne soupçonnerait même pas qu'elles puissent avoir envie d'un tatouage. C'est un privilège comme un autre de connaître ces secrets et bizarrement, Klaus respecte cette intimité gardée.

« Mais ça veut pas dire que je serais d'accord pour te tatouer le cul. »

Et ses doigts finissent à cet instant de dessiner sur sa peau. Il les retire doucement, observant l'encre noir qui s'est imprimée grâce à lui. Puis son regard se reporte sur le visage de Percy, prêt à y déceler un quelconque mécontentement. Mécontentement qu'il risquerait de mal prendre mais il se doit tout de même d'essayer d'écouter son client.

« Vas-y dis moi ce que t'en penses et si j'dois modifier quelque chose. »
       

Halloween

Perceval et sa franchise à toute épreuve. Ce garçon n'a vraiment pas la langue dans sa poche. Heureusement, Klaus en a vu d'autres et il n'a rien d'une vierge effarouchée. Mais pour une première rencontre, ça a quelque chose de presque déroutant. Il risque certainement pas d'oublier cette séance de si tôt, ça c'est certain.

« Garde ton cul et toutes tes autres parties, j'vais me passer de les voir. T'iras te faire payer un café ailleurs. »

Et sûrement qu'il n'aura aucun problème à trouver quelqu'un pour le faire. Klaus a comme l'impression que Pereval est bien loin de faire partie de la catégorie « enfant sage » et que ce serait bien moins surprenant de trouver chez lui quelques tatouages bien placés... Mais l'écossais n'est pas certain d'être celui qui voudra les lui offrir. A moins que le prix ne lui donne le tournis et ne le fasse céder.

« Le sens du détail hein... »

L'oeil avisé du géant ne laissera donc passer aucun défaut, aussi léger soit-il. Et Klaus s'exécute sans râler. Parce qu'il n'a pas tort, l'ombre manque légèrement de présence. Et ses doigts repassent sur l'endroit demandé. Prêts désormais à passer à la seconde étape.

« Pressé hein ? »

Un sourcil narquois se hausse. C'est amusant de le voir se montrer impatient et Klaus aurait presque envie d'en jouer. De le faire attendre plus que prévu. Ce serait relativement simple que de lui dire que son alice est arrivé à épuisement pour la journée. Mais ce serait aussi prendre le risque de vexer Percy et de voir s'envoler sa nouvelle poule aux œufs d'or.

« Va falloir me guider pour les couleurs. J'peux tenter des trucs mais si jamais ça te plaît pas, c'est possible que j'puisse pas modifier ensuite. Mes doigts magiques sont pas inépuisables. »

Il fait secouer son instrument de travail sous ses yeux avant de reporter son attention sur son œuvre. Doucement, il fait glisser son index le long du tatouage sur les différents motifs sombres.

« J'aurais bien vu un dégradé dans les tons rouges ici. Et une pointe de bleu dans certains détails, genre là et là. »
       

Halloween

Du bleu. Genre bleu-violet. Sombre. Ok. Au fond, Klaus comprend. Il n’est pas toujours aisé de décrire avec facilité une couleur qu’on imagine pourtant avec précision dans son esprit. Alors il se contente de fixer le tatouage, de réfléchir un peu, de visualiser ce que différents coloris pourraient donner. Et il relève son regard vers Percy.

« C’est vrai que le bleu rendrait bien avec tes cheveux et tes yeux. Mais comme tu dis, on va rester dans le sombre… »

Parce que le garçon n’a rien d’une licorne aux allures multicolores. Bien au contraire. Il a bien quelques traits angéliques mais c’est pour mieux cacher son caractère taquin et espiègle. En atteste ce nouveau clin d’œil et ces derniers mots qui pourraient prêter à confusion. Klaus roule des yeux en soupirant, un poil amusé tout de même par l’insolence de ce jeune homme.

« Il t’arrivera des problèmes un jour. Enfin… tu dois aimer ça les problèmes en fait. »

Et fini de plaisanter, il se concentre à nouveau sur la tâche qui l’attend. Ses doigts déposent lentement des pointes de bleu, ici et là. Du plus foncé. De plus clair. Des dégradés plus ou moins contrastés qui font ressortir les roses. Et qui donnent une allure encore plus imposante à la pièce qui orne désormais son bras. Sur quelques rares détails, il glisse une teinte plus rougeâtre afin de donner un relief plus intéressant aux motifs. Puis il s’arrête. Se recule. Oui voilà, comme ça, c’est suffisant.

« Et bah voilà, j’espère que ça te plaît comme ça ! »

Sa main vient claquer brutalement ce bras désormais tatoué. Avec lui au moins, pas de douleur. Et pas de soin à entreprendre pour bichonner cette petite œuvre d’art.

« Passe moi le reste du paquet maintenant. »

Hé oui, Klaus est peut-être un abruti, mais il n’oublie pas pour autant le plus important. Avec ça, il sera tranquille pour les semaines à venir. Et dans sa grande bonté, il est même prêt à se rendre le plus rapidement disponible pour la suite des tatouages.

« Reviens dans quelques jours pour la suite. Mais maintenant dégage, j’ai besoin de me reposer, ton tatouage et ton cul en chaleur m’ont achevé ! »
       

Halloween