de l'insouciance loin des horreurs felix
comme écœuré par les amertumes il a des envie de sucre et se mêle aux autres sans chercher à bousculer les âmes,
se fait oublier au milieu de la foule du festival.
et on avait hésité à se mêler à l'effervescence parce qu'on est épuisé. ça suffit les vagues et de s'écorcher dans les roulis - ça cicatrise encore là où l'on s'est cogné avec leonard puis olivia. les épaules les bras griffés et mordus et puis des hématomes gros comme des poings sur le plexus - on n'a plus la place
plus de place pour le marquer felix.
rien que de la place pour les douceurs
de celles qu'on découvre tout juste au bord d'un fleuve ou dans une forteresse faite de draps blancs
de celles qu'il va chercher en pointant le nez dehors parce que ça sent le sucre chaud. on n'a connu les fêtes foraines qu'à quelques occasions lorsqu'il n'avait pas encore pollué l'enfance et
c'était l'occasion d'avoir une excuse pour vérifier si c'était aussi bon que dans ses souvenirs, l'édulcorant des friandises volatiles comme du coton
et lorsque felix s'arrête au cœur des stands pour enfin plonger les dents dans les nuages roses d'une barbapapa il se rappelle
à quel point c'était bon le saccharose -
ça réconforte jusque sous les contusions.
felix se demande
pourquoi pourquoi
pourquoi on s'épuise à courir après l'horreur
alors qu'on est si bien là hors du temps à ne pas chercher à se faire peur. il ne sait même plus - il croit qu'il n'a jamais trop su pourquoi il bouscule alors que suivre le mouvement là tout de suite c'est si lancinant. pourquoi c'est pas comme ça tout le temps - sans problème apparent.
enfin
pas tout à fait.
SERGENT BIGBRAIN ON A UN PROBLÈME
crié dans des bouteilles jetée à la mer calme, felix regrette
cinq secondes (maximum) (c'est promis)
d'avoir décroché prêt du stand à confiserie -
(mais c'est que depuis qu'il t'a écrasé ton dessert sur le crâne il s'en veut robin, même si l'on est plus fâché il ne peut pas s'empêcher de rougir de honte quand on se croise)
le téléphone à l'oreille dont on a percé le tympan
l'autre main tient le bâtonnet de nuage sucré et debout là felix regarde au loin, loin au dessus de la masse d'élèves qui grouille au festival,
le visage froissé par de l'agacement feint il pousse de grand soupir
alors que même avec cinquante décibels de trop ça fait plaisir d'entendre cette voix.
tu fais chier tu fais chier quand tu prends ce ton-là tu m' é n e r v e s bro putain j'ai envie d't'étriper.
tellement ça lui donne des pulsions de vol au secours,
c'est impossible de dire non quand robin l'appelle comme un frère.
et puis
le problème est pas si terrible
vu qu'il porte le doux nom d'aglaé.
un temps de réflexion pour le style alors que dans l'esprit c'est déjà lu approuvé et signé en bas de page, des contrats infernaux qu'il approuverait pour eux.
en même temps connaissant aglaé vaut mieux pas que t'utilises la force pour lui faire passer la porte du stand si tu tiens à tes dents.
... c'est bien parce que t'as dis s'il-te-plaît.
et felix raccroche avant d'avoir envie de dire merci
parce que les friandises n'auraient pas pas suffit à adoucir les humeurs
mais vous voir tous les deux, si.
le pas tranquille pour rejoindre des territoires plus funestes
la maison hantée contraste tellement avec le reste
felix se demande si c'était une bonne idée de quitter les couleurs pour frissonner dans les ombres
mais en voyant les deux silhouettes qui l'y attendent il se dit qu'on ne risque rien.
bah alors on s'fait dessus on ose pas y aller sans moi ?
les lèvres à la cassonade qui se courbent en sourire moqueur
viennent planter un baiser sucré au coin de celles d'aglaé
avant que felix ne tende le reste de barbapapa à robin.
tiens bro j'en veux plus.
tu m'payes ma place ? j'ai claqué mes thunes dans les sucreries.
et ça valait presque le coup
ça manquait juste d'un peu d'acidulé de vous.