Une fois le passage ouvert, il était grand temps de faire la guerre, remettre les choses au clair. La prudence ne dominait plus, seule la colère désirait imposer la misère. Aloïse suivit sa complice un sourire au coin des lèvres et se frotta les mains. Elle craqua l’extrémité de ses dernières, échauffant son corps. Puis elle les secoua jouant au sportif se préparant à battre son record. Son regard était entre celui d’une gargouille et d’un diablotin. Il dégageait quelque chose de froid, effrayant, tout en partageant un côté malicieux et malin. D’un air espiègle, taquin, et agitant le bout de ses doigts de manière machinale, elle plaça 4 fils. Ces derniers allaient être utilisés comme outil pour se déplacer.

« Par quoi commence-t-on ?... Un message sur le mur ou engluer le gymnase de mes toiles ? »

Elle commença à placer d’autres fils lui permettant de prendre de la hauteur pour mettre en place le piège ultime, la future œuvre d’art, la sublime. Une magnificence mise en place par les élèves les plus grandioses. La créature qu’elles allaient crée allaient prendre dans cette entité qu’est le gymnase la plus belle des poses. Demain, en intérieur les sports allaient être impraticables.

« Fais attention à ne pas t’y coller, ou de ne pas laisser un objet collé. Je n’ai pas envie de les dévorer, tu sais…»

Ajouta-t-elle en laissant un sous-entendu en suspens. L’araignée savait glisser les mots, bien qu’il y eût souvent quiproquo.

Se hissant peu à peu en même temps que son œuvre, Aloïse jetait encore ses fils, En équilibre sur la soie factice, elle dégainait encore quelques toiles, d’un simple battement de cil. Elle souriait face au rire gras et sale de son amie. Jamais elle n’aurait pensé à être à cette heure ici. Les chances de se faire attraper sont bien trop élevées, cependant, elle se sent en sécurité. Du haut des sommets, elle se dressait comme une des siennes, comme sur une fonde pour se jeter sur sa proie. Elle continuait à dessiner ses traces blanchâtres, comme les marques d’un grand piège à rats. Parfois, elle posait son regard sur Nova qui allait commencer son travail terrestre, afin de mettre un peu plus de piment dans cette fête qui n’avait rien de funeste.

- Bien sûr… Elles sont là pour ça.

Sa voie raisonnait, elle n’avait pas à lever le ton. Ses quelques murmures suffisaient à défaire ce silence. Nova cassa ce dernier une seconde fois pour mieux organiser cette manigance.

- C’est ok ! Je finis mes quelques toiles pour faire une forme agréable à l’œil et je te rejoins en bas pour t’aider.

Aloïse continua de dresser son monument. Fils après fils, ils formaient peu à peu une forme radioconcentrique. Une forme similaire au réseaux urbains dans les villes, brique après brique. Une ville, un réseau, une toile qui possède ce type de forme car ses quartiers, ses zones, ses aires s’organisent en cercles concentriques, du centre vers l’extérieur du système. Aloïse était une rare personne a s’intéresser à ce type d’information, ce type d’organisation, ces étranges phénomènes. Les formes que l’on trouve dans la nature finissent toujours par être similaires à celles humaines. Elle aimait, l’araignée, s’intéresser à des sujets qui sortent de l’ordinaires, des petites miettes oubliées que l’on parsème.

Le temps passa jusqu’à ce que tendue comme étendard le piège se dresse de haut en bas. Il séparait le gymnase en deux entités, en deux débarras. Précise, consciencieuse du moindre détail, elle y ajouta quelques finitions puis descendit avec souplesse et agilité. Elle s’éloigna de sa croute, une toile d’araignée énorme, soignée, C’était le travail de la plus grande tisseuse de l’académie, mais demain, rien ne justifiera sa présence ici.  

- J’ai terminé ! Regarde mon œuvre !

L’admiration dans ses yeux verts et ambrés, comme une fleur délicate avait éclose.

- T’as besoin d’aide pour quoi maintenant ?

La brune se tourna vers Nova. Son air toujours calme toujours posé. Elle n'avait même pas l'air de posséder une once de colère, d'être énervée. Peut-être était-ce juste un sentiment de contentement qui l'envahissait. Après tout, elle n'avait jamais pu faire une oeuvre aussi grande, c'était un moyen pour elle de se tester. Et bien qu'elle voyait ses quelques erreurs, perfectionniste, elle était pour plus ou moins satisfaite de son rendu. Rares étaient les fois où envers elle, Aloïse était aussi détendue... Lâcher prise, était une chose qu'elle n'arrivait à faire dans les moments les plus intimes ou inattendus. La physicienne n'avait plus à penser, à prévoir, à songer. Seules ses mains et ses yeux avaient travaillés.