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little murder ‡ miel
Colline Devray
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Colline Devray

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MessageSujet: little murder ‡ miel   little murder ‡ miel EmptySam 5 Oct - 1:47

Sur une fresque élevée, ses séquelles, elle sait ce qu'elle veut C'est quelque chose de presque élémentaire Après, est-ce qu'elle est mentalement prête? J'aimerais presque qu'elle m'enterre avant que le temps la prenne
quatre petites lettres pour les reflets dorés des cheveux
et puis c'est tout.

il y en avait probablement plus avant
(avant nous)
tout l'alphabet peut-être, pour former des sonnets entiers sur elle dont on n'entendra jamais les ritournelles
aujourd'hui elle était miel.

quatre lettres on en avait pourtant plus pour les autres mais c'est comme si l'on avait épuisé la poésie arrivé à la dernière
miel, miel devray, miel tout court
de peur que ça ne veuille briller de trop, c'est que rien qu'en existant simplement elle attire déjà les regards - contraste des blés et des iris azur tranchés au noir des cils.

quatre et pas cinq, et ça avait suffit à détourner l'attention, pour qu'on ne remarque pas les lueurs qui s'oxydent.
après tout tout le monde sait que le miel ça ne se gâte jamais, c'est du petit miracle cette matière là
malléable à souhait, nécessaire pour la saveur aigre-douce.

et à force de trop se passer des notes sucrées que c'est amer
amer et écœurant de constater qu'aujourd'hui manque de miel.
l'absence omniprésente, pesante sur le cœur ça tire sur ce qui rattache aux organes
et colline sent les battements lourds, gorgés de terreur.
il a trouvé les lettres manquantes, rendues folles par l'ignorance de ceux au plus près qui regardaient à coté ou bien derrière mais jamais tout à fait dans les yeux
il a trouvé
les lettres
de miel.

ce matin-là et pas un autre car il voulait innocemment qu'on aille prendre le petit-déjeuner tous ensembles comme avant - c'était tous les jours à la maison
deux-mille deux cents petits-déjeuners assis l'un en face de l'autre et ça lui manque parfois. elle lui manque - et pas que parfois. et il l'a sûrement laissée lui manquer un peu trop car
ce matin-là c'était vide derrière la porte de sa chambre.
il s'était demandé, depuis quand se levait-elle aussi tôt
et si elle dessinait toujours autant
il a cherché sur le bureau, les feuilles volantes les crayons et les pinceaux
et il a trouvé.

en boucle dans l'esprit il l'a froissé au fond de la poche du blouson comme si ça pouvait étouffer les phrases. colline a l'impression de l'avoir appris par cœur, prêt à réciter ce soir
cher colline
cher caprice

ça crisse comme si l'on serrait des grillons entre les doigts il voudrait que ça meurt

maintenant ou jamais.
tête blonde au cœur des marées, c'est la cohue à la sortie mais miel
elle est si calme ce n'est pas au bruit qu'il la trouvera
il cherche cherche cherche les reflets familiers, les traits qu'il trouve identiques
colline dit souvent qu'ils se ressemblent même si ça n'a rien de biologique
elle est sa sœur pour de vrai il est son frère et c'est comme ça
et il est là, incapable d'hésiter plus longtemps lorsqu'elle foule à peine le sol du couloir il passe devant,
devant les amis ou bien ceux qui l'embêtent qu'est-ce qu'il en sait - il se maudit
colline n'est même plus foutu de savoir qui sont les autres à tes yeux
on se confie si peu de choses.

et comme s'ils avaient des âges d'antan à nouveau il saisit la main de miel - plus petite que la sienne encore aujourd'hui ça le rassure - pour l'entraîner sans prévenir comme avant. comme lorsqu'on clamait pouvoir se passer de la chamaillerie des autres pour fouler des sentiers plus sereins
comme lorsqu'on avait marché dans des ruelles putrides à filer des nausées et que colline voulait qu'on prenne des boulevards avec plus de ciel pour qu'elle respire mieux.

et lorsqu'on atteint un détour de couloir
sans plus de cérémonie colline défait les doigts liées pour plonger les siens dans sa poche
en extirpe l'épistolaire froissé soufflant l'aveux d'un crime atroce.
le sien, le leur, à tous sauf elle
miel
ça date de quand ?
à la manière des effusions de sang dans les lieux macabres où il y a eu de l'horreur, l'encre donne des indices sur comment on a souffert
les phalanges de colline blanchissent dans les teintes du papier qu'il tient devant lui
et la prise tremble un peu.
depuis quand tu penses à ça - t'y penses encore ?
furieux, colline
furieusement inquiet le furieux vient d'abord rien que dans le mot.
tu l'as écris en attendant ?
des aveux avant le meurtre - celui de miel par miel -
et lui aussi ça le tue déjà
ça le tue
d'imaginer qu'il n'aurait pu connaître miel qu'en quatre lettres.
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MessageSujet: Re: little murder ‡ miel   little murder ‡ miel EmptySam 5 Oct - 8:30


little murder
miel & colline
Une forme de honte s'était insufflée au poison de ses veines, mais la lettre ne voulait pas quitter son bureau. Froissée, défroissée, jetée, récupérée, ignorée puis relue, Miel avait passé des nuits prostrée contre les murs et les jambes relevées comme pour se protéger du danger qui traverserait sa porte mais qui jamais n'arriva. Le danger c'était elle et ses mains qui tremblaient, ses jambes qui la feraient sauter de trop haut sans la retenir de partir une fois au sol. L'anxiété avait dessiné sous ses yeux fatigués des sillons impossibles à assumer, si bien qu'au matin elle les avait fait taire, étouffés à la poudre.

À affronter de trop près les murmures qui même s'ils ne la concernaient pas avaient toujours des allures de moqueries à son égard, elle avait courbé l'échine. Quand bien même personne ne lui voulait du mal elle portait, ce jour-là plus que les autres, comme un phare qui disait Je suis coupable punissez-moi. Alors munie de ses œillères appelées fatigue et mal-être elle n'avait rien vu d'autre que des frontières tracées à l'encre indélébile entre elle et les autres et c'était comme si elle flottait au-dessus de son corps, ou bien un peu à côté.

Sa petite main enserrée.
Le contact d'une peau familière l'avait faite revenir sur Terre où la douleur n'était finalement pas plus ou pas moins terrible que dans son flottement. Elle avait relevé des yeux curieux sur le visage de Colline qui déjà l'abandonnait, le regard parti de l'autre côté. Pourquoi il ne la regardait pas ?

La précipitation lui avait fait perdre le fil de tous les détails, comme la force avec laquelle il la prenait comme s'il avait peur qu'elle s'enfuie ou les morsures qui semblaient prendre ses mâchoires amères, le tremblement qui avait saccagé son image du grand. Puis comme une sentence qui lui aurait été infligée si fort que ses oreilles s'étaient mises à siffler, la lettre tomba devant ses yeux.

Miel était devenue livide et son figement fut immédiat. Paralysée, elle avait regardé le papier puis Colline et cherché quelque part entre ses lèvres et ses yeux s'il était en colère. Bien sûr qu'il était en colère, elle avait songé à l'abandonner. À les abandonner.

« Non. »

Sa voix trahissait sa culpabilité, qui rongeait un peu la clarté de ses pensées. Elle n'avait pas assez dormi pour lui dire que tout allait bien, et puis ce n'était pas son genre de mentir. Elle aurait aimé, mais elle était toujours incapable de fuir. Foutue constitution.

« Je n'allais rien faire, si c'est ça qui t'inquiète. Et je ne voulais pas que tu lises. »

Elle savait de quoi ça avait l'air, et peut-être qu'il avait raison d'y croire ; elle aussi elle y avait cru, si fort que tous ses instincts l'avaient figée dans un coin de sa chambre pour l'empêcher, que sa volonté enfouie avait serré tous ses muscles et réveillé toutes ses colères endormies pour que jamais sa vie ne s'achève. Mais Miel savait qu'elle ne l'aurait pas fait.

Elle avait levé sa main malhabile pour attraper la lettre et la garder avec elle.

« J'avais pas l'intention de vous blesser. »

Elle secoua la tête, dans un mouvement dont tout le calme n'avait su faire taire sa nervosité.

« Et je ne voulais pas qu'on ait cette discussion. »

Parce que quoiqu'il en dise, son regard la fustigeait de sentiments qu'elle ne voulait pas porter et peu importait la tendresse qui l'habitait elle ne pansait aucune de ses plaies ouvertes et désormais découvertes.

Colline Devray
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MessageSujet: Re: little murder ‡ miel   little murder ‡ miel EmptyMer 9 Oct - 7:02

Sur une fresque élevée, ses séquelles, elle sait ce qu'elle veut C'est quelque chose de presque élémentaire Après, est-ce qu'elle est mentalement prête? J'aimerais presque qu'elle m'enterre avant que le temps la prenne
mensonge
les tranchées sombres sous les yeux murmurent tout le contraire des mots de miel et colline se noie sous le liquoreux des phrases confiées. affamé des répliques sucrées du reflet doré il était prêt à boire toutes les paroles - récoltées trop tôt dans les alvéoles ce n'est que de l'amertume trop claire.
et le "si tu t'inquiètes" qui refuse de croire en l'existence d'un colline frénétiquement soucieux le souffle
pire que les non-dits.
c'est comme le chasser pour de bon de la place aux cotés de miel et la lettre ce n'était rien, comparé au cœur.
l'enfance passée à regarder grandir en guettant les premiers mots
colline entend miel parler pour la première fois presque et c'est assourdissant de douleur.
discordance dans les violons du cœur, miel lui reprend les aveux et il n'a plus rien d'elle.
c'est acide dans les joues et lourd d'absence
ça froisse le visage de colline.

si tu ne voulais pas que je lise, si tu ne voulais pas qu'on en parle toi et moi alors pourquoi tu t'es donné la peine de marquer mon nom ? si ça ne me concerne pas-

c'est si concentré que ça dissout les mots
parce que miel à vif sous ses yeux si écorchée qu'on ne peut même pas prendre dans les bras pour rassembler les morceaux lui file du haut-le-cœur d'être si inutile
il faut tourner la tête une seconde pour retrouver du souffle tant il s'est vu à vouloir plonger sous la terre après elle
si l'on creuse une tombe c'est sûr qu'il veut qu'on la referme sur lui aussi ça ne vaut pas le coup de livrer des batailles amputées.

tu penses que ça ne me concerne pas. tu penses vraiment que j'en ai rien à foutre. enfin, qu'est-ce que j'en sais de ce que tu penses ? tu ne dis rien tu préfères écrire des lettres pour le vide.

écrire des lettres pour que ça dorme au fond de la corbeille avec les dessins et toutes les couleurs de miel.
il ne sait pas, il ne sait plus par où commencer pour restaurer la toile
les petites respirations affolées au fil des années pour combler les vides ont oxydé le vernis et il manque les pigments nécessaires
colline ne sait plus comment être un frère.

ce soir-là où était-il ? et toutes les autres fois peut-être. ce serait encore pire de ne pas se souvenir
mais non ça ne vient pas. et la colère contre soi monte et ronge comme quelque chose de malingre qui en a assez de s'en prendre aux os.
et c'est de l'impatience qui pousse au précipice
pousse colline à se planter devant miel occulte la peur du vide
il préfère
il préfère le vide à rien est-ce qu'elle se rend compte ? comme il est furieux de se surprendre à avoir peur qu'elle l'abandonne, elle.
parce que ça signifie qu'il pensait le nous immuable et acquis alors que non
non il faut se battre
ça ne suffit pas que papa est marqué devray par dessus le soi. pour que être certain que miel ne s'en aille jamais il est prêt à la laisser penser ce qu'elle veut de loin.

vas-y miel il suffit que tu me dises, et on oublie. moi j'efface, et tu ressors de la salle de classe sans que je sois là à t'attendre à la sortie. si t'es si sûre de toi sans papa et sans nous !

c'est dit la voix qui tente tant d'être sûre d'elle que c'en est froid au possible, la flamme emprisonnée dans la glace de colline
pour que ça ne donne plus jamais envie d'être désolée.
c'est dit avec la voix qui déterre des promesses dont on pensait ne jamais inhumer les restes lugubres.

si tu veux je le fais
suffit que tu me dises ce que tu penses pour une fois.


si tu veux il disparaît, vu qu'il a l'air d'avoir si bien commencé
et colline fera semblant d'oublier, se débarrassera de la lettre que tu gardes près de toi sans jamais livrer les mots ni à caprice ni à teddy
et sinon
sinon il faudra que tu lui dises - que tu reformules avec des mots d'aujourd'hui ce que c'est d'être miel
qu'il puisse savoir comment être colline avec elle.
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MessageSujet: Re: little murder ‡ miel   little murder ‡ miel EmptyMer 9 Oct - 14:17


little murder
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A regarder dans ses yeux elle s'était sentie écrasée sous un poids ; ce n'était ni la culpabilité ni la honte parce que c'était plus fort et ça la pointait pas tant du doigt. Il y avait des souffrances qu'elle pouvait embrasser de ses iris pleins d'un ciel sans orages mais celles-là qui pleuraient presque au bord des paupières de Colline lui faisaient trop mal elle-même pour qu'elle les prenne sans peine.

Elle ne voulait pas lui dire "C'est vrai, je veux mourir" parfois, souvent, parce que ça viendrait avec un "Mais je ne le ferai pas" auquel Colline ne croirait qu'à moitié parce qu'il y avait eu la phrase avant. Mais elle était prise en otage et il fallait lui donner des mots parce que les regards n'étaient plus suffisants. Ou le regard justement trahissait ce que les mots auraient pu étouffer encore, si elle avait été assez habile ; mais Miel était incapable de ce genre de théâtre.

Colline se trompait. Les lèvres de Miel avaient saigné de ne pas savoir comment lui dire : si elle avait écrit leurs noms tout en haut de la lettre pour leur dire adieu, elle ne serait plus là. En vérité, elle avait écrit leurs noms pour se persuader de ne jamais le faire. Et s'ils n'avaient pas été là, peut-être qu'elle non plus elle n'aurait plus été, et quelque part elle songea qu'elle leur avait encore fait porter le poids de sa petite vie, et qu'ils ne le savaient même pas. Ses deux mains fragiles tremblaient un peu et ouvraient le papier devant ses yeux qui avaient de la misère à définir les courbes qui y dansaient. Qu'est-ce qu'elle leur avait offert, Miel, sinon des larmes et de la colère ? Qu'est-ce qu'elle leur avait apporté ?

Elle aurait abdiqué, crevé sous le poids de mots qu'elle leur attribuait sans qu'ils les aient jamais prononcé. Elle avait l'impression de les entendre lors de ses nuits agitées, ils lui disaient toujours qu'elle était chiante et puis un tas d'autres qualificatifs sans gloire.

« C'est moi qui ne dis rien ? Colline, c'est moi qui ne dis jamais rien ? »

Miel était trop fragile et déjà elle pleurait. Elle ne pouvait pas endurer tous les mots qu'il prononçait sans libérer les hoquets qui lui prenaient la gorge. Elle se sentait trop bête, trop ridicule, elle avait encore l'air d'une enfant et ça la rendait folle que son allure toute entière criait qu'elle souffrait. Elle n'avait pas envie de ça, elle avait envie qu'il la regarde, pour une fois, pas comme la gamine trop sensible ou la pauvre petite Miel.  Putain !

« Et à quel moment vous alliez m'expliquer pourquoi vous vous disputez sans arrêt, avec Caprice ? A quel moment vous alliez arrêter de vouloir m'écarter de toute vérité ? »

Elle avait lâché la lettre qui avait rejoint le sol et ses deux mains s'en étaient allées pousser le corps de Colline, comme si ça pouvait le faire réagir, lui faire voir qu'elle était là, qu'elle existait, qu'elle respirait et qu'elle avait besoin qu'on la voit.

« C'est pas moi qui ai des crimes à avouer, Colline, moi j'écris parce que ça me fait du bien, d'accord ? J'écris parce que quand j'y crois, j'ai l'impression de le vivre très très fort à l'intérieur de moi. De l'avoir vécu virtuellement, ça rend l'action réelle dérisoire. Je n'ai plus besoin d'expérimenter cette mort pour de vrai, parce que c'est comme si je l'avais vécue, au moment d'achever la lettre, d'accord ? »

Elle avait insisté, répété, d'une voix pleine de colère mais surtout de pleurs :

« D'accord ?! »

Elle poussait, encore et encore, mais ses doigts s'étaient attachés à son haut ; elle ne voulait pas le laisser partir, elle ne voulait pas qu'il tourne le dos à ses yeux qui se noyaient sous les torrents libérés des tempêtes qui la saignaient. Et de sa prise elle l'avait tiré tout près d'elle ; par sa taille qui la surplombait elle avait baissé la tête, comme bercée par une sécurité qu'elle l'avait obligé à lui procurer. Sa voix était devenue plus douce.

« Oui, c'est vrai. Parfois. Souvent. Je veux mourir. »

Elle avait fini par le dire, et ça avait serré ses mâchoires.

« Mais te... vous.. faire porter ce poids en plus, c'est encore plus dur, que de rien vous dire du tout. »

Elle avait secoué la tête, et une de ses petites mains était allée chercher le contact de la sienne, et l'avait serrée serrée serrée.

« Ne retourne pas en arrière, s'il te plaît. Je ne veux plus que tu me fasses fermer les yeux, Colline. Je veux vivre la même vie que vous, je veux être utile, et pas juste Miel pour qui tu consumes ta vie à chaque peine que tu peux lui éviter. »

Elle était incapable de le regarder en prononçant ces mots-là. Elle s'était affaissée, contre lui.

« C'est comme si c'est moi qui te tuais. »

Et Miel ne pouvait pas continuer à vivre en assassinant lentement son frère.

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MessageSujet: Re: little murder ‡ miel   little murder ‡ miel EmptySam 12 Oct - 7:38

Sur une fresque élevée, ses séquelles, elle sait ce qu'elle veut C'est quelque chose de presque élémentaire Après, est-ce qu'elle est mentalement prête? J'aimerais presque qu'elle m'enterre avant que le temps la prenne
dans les marécages des non-dits c'est les plus lourds tombés au fond qui jaillissent lorsqu'on distille. la bêtise de vouloir lester les petits meurtres c'est tout ce que l'on a trouvé à force d'assister impuissant à l'hécatombe des enfances - les carcasses macabres de teddy, caprice et colline pour exemple, c'est triste à mourrir de les voir se débattre malgré les nécroses. c'est commis en série ces assassinats alors colline s'est dit -
colline s'est dit qu'en maquillant on pourrait avoir l'air suffisamment en vie. détourner miel de l'immondice pour qu'elle avance plutôt vers ce qui brille.

sauf que dans tous les lacs où ça dort l'eau finit toujours par recracher les macchabées
et qu'il est atroce ce moment - celui où l'on reconnait un visage familier sur un des cadavres à la surface.
et l'on avait tenté de se dresser bien droit pour faire face aux vagues grandes comme dix fois miel
une dernière fois de peur qu'elle passe.
mais qu'est-ce que ça peut te faire
qu'est-ce que ça peut te faire ce qu'on se dit caprice et moi tu t'en fous miel tu dois t'en contre-foutre putain fais ta vie !

vis enfin
qu'est-ce que
t'attends.

peut-être qu'on renaisse enfin tout ensemble.
à désespérer qu'on l'épargnerait elle aussi on a défendu corps et âme
fait de grands gestes dans le vide
c'est encore plus tragique
les homicides involontaires.
les bras ballants, lorsque colline constate
qu'on a tranché miel quand même.
miel qui ne fait plus confiance aux bras tendus se réfugie dans ceux du funeste - ils sont toujours grands ouverts ceux-là. elle repousse les siens repousse
encore et encore et encore colline qui garde de chaque coté du corps les mains lâches à qui on a apprit à créer tant de misères - rien d'autre que ça ce n'est même pas capable d'écrire d'aussi jolies lettres que miel en face de soi. colline ne sait pas comment oser dire avec des mots comme miel d'où ça déferle.
elle a apprit sans lui
et ça le consterne
que tout ça soit brouillé dans de la houle malheureuse parce qu'on a fait comme si le mauvais temps n'existait pas.

colline déteste les orages
mais celui-là - celui-là
lorsqu'il l'accueille enfin au creux des bras il est d'accord pour que ça le balaye. tant que c'est pur et furieux comme force de la nature, tant que c'est miel. alors d'accord.
...d'accord. d'accord.
soufflé au milieu de la tempête on l'a tiré dans l'ouragan et dans l'œil au  cœur du dément c'est calme, c'est elle. miel qui avoue l'envie de crime à répétition, découragée par l'idée de commettre un fratricide. c'est trop tard pour revenir en arrière - il ne faut pas s'en faire -
on a tous les deux du sang sur les mains. peut-être pour ça qu'elles se sont inconsciemment rejoint.
c'est promis tu vois ? y a rien d'effacé on est toujours là même si-
même si ça me fait chier que tu penses ces mots là au point de les écrire pour de bon. c'est pour ça que je m'énerve. j'te jure miel ça me rend dingue de me dire que - même toi t'en arrives à penser ça.

une main dans la sienne et l'autre accepte toutes les mauvaises pensées, vient cueillir les blés dans les cheveux de miel. ça faisait des lustres qu'on n'avait pas serré l'autre dans ses bras et lorsque colline pose le menton sur le dessus de la tête il constate encore qu'elle a grandi
et il couvre même si ça fait peur
pour reprendre aux portes de la mort
la petite sœur qu'on avait craint de perdre pour de bon.
excuse-moi, je croyais. je pensais que c'était possible de te tenir un peu en dehors -
papa il bouffait tellement les gens, miel.

et aujourd'hui caprice et lui réalisent qu'on a jamais trop su pourquoi, ils se livrent des guerres furieuses à (se) débattre dans l'inconnu effrayant.

on n'est même plus sûr que c'était par amour, miel, tu comprends.
c'est pensé fort à défaut d'avoir les mots
parce que colline ne comprend plus, lui
ne comprend plus tout ça et toi avec.
excuse-moi.
de te faire vivre la même vie que lui.
BY MITZI

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MessageSujet: Re: little murder ‡ miel   little murder ‡ miel EmptyDim 20 Oct - 16:12


little murder
miel & colline
Qu'est-ce qui nous est arrivé, Colline ? Quand je regarde derrière je ne vois aucune tempête et pourtant j'ai toujours l'impression qu'on a été brisé. Je suis pas sûre de comprendre quand tu parles de Papa. Il bouffait les gens, mais nous aussi on les bouffait ces gens, pas vrai ? Alors de quoi tu parles ? De quoi tu parles, Colline ? J'ai le sentiment que des mots restent figés au bord de tes lèvres et même quand j'essaie de les attraper ils ne prennent aucune forme, ça ne veut pas coïncider avec mes pensées.

Je m'accroche à toi comme on s'accroche à une bouée, et je déteste faire ça. Mais pour une fois laisse-moi croire que je ne suis pas un poids dans tes bras, j'ai vraiment besoin de fermer les yeux, au moins un peu. J'ai enfoui mon visage et j'espère que tu ne le regarderas pas, il y a des rivières qui se sont dessinées sous mes yeux et je ne veux pas que tu les vois. Je me sens bête parce qu'aucun mot ne veut glisser de moi, ça reste coincé dans mes sanglots, mes hoquets maladroits qui ont fait taire la rage.

Alors quand l'orage est passé, que la tempête qui n'a ni nom ni image avait fini de déferler, j'ai commencé à respirer, comme si c'était la première fois, sans que mes mains ne lâchent ton dos.

« Je sais pas comment vivre, Colline. J'ai pas appris. »

Je secoue la tête parce que ça a l'air d'aveux ce que je vais te dire. M'éloigner de vous et rien témoigner des cataclysmes qui me dévoraient, c'était une erreur. Mais j'ai un peu d'orgueil et c'est dur pour moi d'admettre que je me suis trompée.

Parce que je me suis pas vraiment trompée, Colline. J'avais raison de faire ça à ce moment-là, parce que ça faisait partie de ma réalité à moi. Mais j'ai plus envie, je veux que ça change, c'est difficile à dire.

« J'ai besoin d'aide. »

J'y arriverai pas toute seule.
A combattre mes démons.

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MessageSujet: Re: little murder ‡ miel   little murder ‡ miel EmptyVen 13 Déc - 18:45

Sur une fresque élevée, ses séquelles, elle sait ce qu'elle veut C'est quelque chose de presque élémentaire Après, est-ce qu'elle est mentalement prête? J'aimerais presque qu'elle m'enterre avant que le temps la prenne
cherche des prises après avoir frôlé la noyade
Miel s'agrippe et Colline rattrape
au vol.
comme si accueillir au creux des bras le visage - de l'orage sur les ciels des yeux - pouvait suffire à épancher tous les nuages qui la tourmente,
même si c'est avouer qu'on a fauté.
fermé les yeux sur le chancelant, à un moment ou un autre,
parce qu'on a grandi persuadé que ça filera toujours droit
(il fallait)
(il faut encore).
rester campé sur les deux pieds et tenir Miel contre lui les doigts à l'ombre des cheveux jusqu'à ce qu'il finisse de pleuvoir. qu'elle garde les paupières closes contre lui - il vaut mieux - on en a assez dit.
et jamais de la vie ça deviendra un poids de prendre un peu pour lui ce qui pèse sur les épaules de Miel, c'était tellement évident que comme tout un tas de choses on a oublié de le dire,
de lui rappeler comment on respire.
c'est pas grave Miel,
on nous a jamais rien appris.

à part nourrir l'égo fait de grands vides et exacerber tout le dysfonctionnel au service d'une pseudo-bonne cause. injustement convaincu que c'était juste et absolu.
juste pour aujourd'hui, Colline se risque d'admettre,
se garde d'omettre ces vérités - il en étouffe d'autres dont il préfère se passer.
c'est jamais, qu'il cesse de commettre les mêmes erreurs.
encore et encore et encore Colline dysfonctionne.
à la maison on était né pour réécrire sans jamais graver quoi que ce soit
mais pas cette fois, Miel
c'est une histoire sur laquelle il refuse de repasser, c'est bien la seule pour qui Colline se damne qu'elle finisse bien.
alors le visage au creux des blés il assure que ça existe
et qu'on en prendra soin sans tricher.
t'es pas toute seule, t'es plus toute seule Miel,
cache plus les lettres au fond des tiroirs s'te plaît
que tu les hurles ou que tu les pleures les mots viens me les dire, pour t'aider
j'ai besoin d'toi aussi.

à défaut d'avoir appris on improvisera ensemble.
BY MITZI

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MessageSujet: Re: little murder ‡ miel   little murder ‡ miel EmptyMer 11 Mar - 21:03


little murder
miel & colline
Je me suis réfugiée contre toi, j'ai cherché le réconfort de tes bras. J'ai supposé que là, contre toi, sans que tu n'attendes rien de moi, était l'endroit où je pouvais abandonner mon poids. Et j'ai fermé les yeux, Colline, je t'ai laissé porter pour moi, cette fois. Pas de manière silencieuse et détournée comme j'avais l'habitude de tous vous faire porter, mais juste comme on tend un sac de courses le temps du trajet jusqu'à la maison.

Je t'ai laissé porter le temps de me reposer.
Je crois avoir pleuré. Je crois avoir hoqueté un sanglot.
Ce n'est pas du repos, ça, Colline, c'est plus fort. C'est quelque chose qui se libère, et crois-moi je n'y serais pas arrivée si tu n'avais pas trouvé la lettre.

J'ai les mains qui s'accrochent à ton haut, j'ai la nuque qui se tend, le corps qui se recroqueville. Et ça fait du bien, sais-tu ? De s'effondrer où je peux être en sécurité. De pouvoir traverser ça et que tu me voies ; de pouvoir traverser la tempête sans avoir peur qu'elle m'emporte, m'assassine.

Et quand la tempête fut passée, que les larmes s'étaient arrêtées, que le cœur s'était apaisé, j'ai murmuré rien que pour toi, le seul mot qui osa s'aventurer hors de moi.

« Merci. »

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