– Walking alongside of me when that shadow takes a step towards me Even the darkness feels bright

Ça fait quelques temps qu'il l'observe de loin – miel ; son prénom est bizarre et difficile à prononcer, il colle sur les lèvres avec insistance, une mouche engluée dans le creux d'une cuillère pleine de confiture. Elle a un petit visage et des cheveux blonds qui ont l'air très doux et très soyeux et sur lequel il a très envie de tirer. On dirait une petite poupée jamais sortie de sa boîte, avec ses grands yeux transparents et ses petites mains qui papillonnent. Ça l'énerve.

Alors aujourd'hui il lui court après quand il la voit dans le parc. Qu'elle soit ainsi là, joliment embrassée par les rayons du soleil, presque aérienne entre les feuilles – vraiment ça l'énerve.

« hé toi ! »

il lui a barré la route et maintenant qu'il lui a attrapé le bras, il ne sait pas quoi dire – et comme ce silence bizarre le rend fiévreux, il crie.

« pourquoi t'es là toute seule ? » il crie et il sourit méchamment, car il va enfin pouvoir la bousculer un peu, faire déraper toutes ces tâches lumineuses qui lui tombent sur les épaules depuis le couvert des arbres ; il veut juste la faire pleurer, observer à quoi ressemble les larmes des poupées – il s'imagine des petites diamants, des petites perles qui dévalent ses pommettes, nuées cristallines et tenues.

Alors il lui attrape les épaules et la secoue un peu, pas trop fort quand même – une fois, il a brisé un vase en porcelaine, avec la vierge marie peinte dessus, et on lui a donné cinquante coups de fouet. Miel il pense, est comme un vase en porcelaine.

« alors tu réponds pas ? T'as peur ? Tu vas pleurer ? Tu vas appeler tes frères pour te sauver ? »

Il attend ses perles, son trésor.