Les yeux encore fatigués, tu avais répondu aux sms de ta meilleure amie, toujours volontaire quand il s'agit de l'accueillir dans ta chambre, malgré qu'elle était moins confortable que la sienne. La couette remontée jusqu'à la poitrine, tu guettais les bruits de pas glissant sur le plancher du grenier.

Une fois qu'elle fut arrivée, tu lui fis signe du doigt de bien fermée à clé derrière elle. Tu ne voulais pas qu'on vous dérange ou encore moins qu'un sale garnement cafte auprès des professeurs sur l'infraction du règlement. Tu craignais plus pour les étoiles de Gabrielle que les tiennes.. tu n'avais rien à perdre toi.

Tes yeux s'écarquillent et Gabrielle installe un climat d'alerte. Tu t'étrangles et l'accueilles sous la couette.

— « Au fond du trou?! Mais qu'est-ce qu'il se passe Gab? »

Sincèrement inquiète, tu devinais tout de même facilement qu'elle devait faire allusion à un garçon. Entre la situation délicate avec Elior qui sortait maintenant avec Elyas (toi même tu avais un pincement secret au coeur en y pensant) et Robin dont elle ne déjouait toujours pas ses tentatives désespérés d'attirer son attention, elle n'était pas la plus à l'aise.

— « Une bêtise ?! Oh non Gabi t'as fait quoi encore... »

Tu tires une bouteille de thé glacé de sous ton lit, qu'un ami t'avait offert la veille. Vu que la chambre était mal isolée, elle avait refroidi dans la nuit. Tu lui tendis pour qu'elle se désaltère. A l'annonce de sa gaffe, tu étais toi même en train de boire à la bouteille, et tu manquas cruellement de t'étouffer. Toussant comme une dingue, t'avais même pas eu le temps de réagir qu'elle enchainait.

— « Mais non... Je vais pas te gronder. Je pense qu'on a passé ce stade dans notre relation... Mais attends, le délégué principal? Mais il te plait au moins ou c'était juste comme ça parce que tu avais besoin de te changer les idées? »

Tu tires le tiroir de ta table de chevet et sort un vieux paquet de bonbons (encore une fois offert... à croire que tu es entretenu par le lycée entier Eulalie) et lui tend afin qu'elle se serve. Le sucre allégeait la conscience.

— « Moi ce que je comprends pas, c'est pourquoi tu t'entoures de mecs que tu regrettes ensuite d'avoir fréquenté.. Et alors? Il est mignon? Pourquoi tu t'en veux, tu comptes pas lui reparler? »

Tu l'observes, sur la défensive, mais tu n'as aucune réaction désobligeante. Tu étais habituée à Gabrielle et à son tempérament. Tu savais que son impulsivité trahissait une faiblesse du coeur. Elle avait été fragilisée par tout ces derniers évènements et tu savais pertinemment que des bonbons ne suffiraient pas à la consoler.

— « Pourquoi dès que je pars du bar pour aller me coucher, tu vas te jeter dans ses bras ? J'avais demandé à Elior de te surveiller, je peux compter sur personne. »

Tu gonfles les joues et roule des yeux à sa précision qu'elle ne couchait pas avec les moches. Elle était difficile aussi... Mais ça réduisait de pas mal son champ de bêtises possibles.
Mais ça devenait intéressant, assez pour que tu t'adosses confortablement contre ton oreiller, lui même appuyé contre le mur. Grignotant de ces saletés sucrées, tu souriais comme le font les meilleures amies quand elles comprennent quelque chose.

— « Ouuuuh... Antipathique... Roi des cons... Prétentieux. Tout ton genre GabGab. Et puis alors.. quel dommage que tu n'aies pas son numéro ! C'est tout ce qui te retient pour aller lui parler n'est-ce pas ? JE VAIS LE TROUVER. »

Si SA vie était nulle, alors vous pouviez parler de la tienne... Au moins quelqu'un la regardait. Tu te sentais parfois anormale, de ne rien ressentir pour aucun des garçons qui te faisaient des avances. (Quand tu t'en rendais compte, c'est à dire presque jamais). Mais tu rougis soudainement quand elle te prend sur le fait. Qui t'avait offert ces bonbons ? Impulsive, tu réponds presque agressivement alors que tu t'empourprais.

— « Eh !! On parlait de toi et d'Ackerley !! »

Silence.

— « Ok ok, c'est Leonard. De Monaco. »  Tu avais ce petit accent bien anglais quand tu prononçais son nom complet. « Mais c'est rien, il est juste gentil, il me nourrit sans arrière pensée. »

La seule différence entre toi et Gabrielle c'était votre perception de l'amour. Si tu ne retournais pas vers un garçon, c'était parce que tu étais trop timide, pas dans le but de le faire mariner. Leonard non plus ne comprenait pas que tu ne cherchais pas à le manipuler ou à te faire désirer. Tu ne trouvais pas spécialement désirable. Si les relations toxiques existaient, tu étais persuadée que la volonté de tout calculer en était la cause.

— « Mais non promis je ne ferais rien... Laissons-le faire alors. Mais c'est dommage car si il te plait vraiment et que tu le laisses passer. Si tu ne fais rien, il ne va pas croire que tu n'es pas intéressée ? »

Tu voulais lui faire comprendre qu'on avait rien sans rien. Mais d'un autre côté tu voulais savoir s'il y avait vraiment quelque chose entre eux ou si Gabrielle s'enflammait par pur remords. Mais tu ne voulais pas non plus la blesser par tes mots, alors volontiers tu la laisses parler de Leonard, même si l'espoir amoureux que tu ressentais envers lui te mettait mal à l'aise.

— « Je ne sais pas... A vrai dire il m'a proposé mais je lui ai dis de me redemander quand ça sera le moment. » Tu rougis à en devenir pivoine. « A vrai dire je culpabilise un peu, d'habitude la dernière danse c'est notre moment à toutes les deux. »