La journée était d’un ennui si indescriptible que souvent les soirées s’enchaînaient d’insomnies si tu n’étais pas capable de faire vivre un tant soit peu l’essence même de ton existence. Telle était la façon dont fonctionnait ton cerveau à l’état actuel des choses. Les devoirs ou tout autre élément en lien avec les cours n’étaient que des faits insignifiants, rapidement oublié à l’instant même où tes pas entraient dans ta petite chambre de fortune. Des craquements de parquet qui rapidement s’efface lorsque tu t’y allonges. Nintendo switch en main, d’une rapidité à en faire jalouser les plus faibles. Let’s Go Pikachu n’était pas d’un très grand intérêt, mais le jeu avait au moins le mérite de te rebercer dans ton enfance, attendant patiemment l’arrivée d’épée et bouclier.

Or, acte à l’apparence bien insignifiant, Aries tu es bien incapable de rester là, statique de corps dont seuls les mouvements, notamment, étaient ceux de tes doigts. Non, il fallait que ta concentration dans ce reboot de première version était que la totalité de ton être se mouvait à chacune de tes pensées. De simplement mouvement, avancé ou bien roulade sur le côté. Les faits étaient qu’à longueur que le temps passait, plus la personne que tu étais s’aventurerait dans le couloir des greniers, abandonnant peu à peu ta chambré.

Alors allongée sur toute la largeur du couloir, seules tes jambes étaient capables d’un peu d’espace. Entrant dans ta chambre dont la porte était toujours ouverte afin d’avoir le meilleur positionnement possible. Quelques secondes sur le côté droit, puis sur la gauche. Bien indécise que tu étais là switch bien en main dont tes yeux n’arrivaient pas à se dérober de l’écran. Chacun de tes mouvements, aussi gracieux qu’un éléphant toi qui étais juste à la recherche de la meilleure position pour profiter de cet instant.

Ton lit te paraissait bien moins confortable et la lumière du couloir quasi-inexistant face à la nuit tombée rendait la situation encore plus immersive. Et tu tentas la position allongée sur le dos, espérant qu’elle serait la plus confortable. Mais le désastre de la vie, la fatigue de la journée et l’ennui. Tes bras qui crient à l’aide au bout d’une trentaine de minutes élevés dans les airs en possession du bien électronique. D’un bâillement sans le moindre sens ni fond, ton corps s’en vient à tourner une fois encore. En parfait opposé, le ventre écrasé sur le parquet du grenier. Un léger mouvement de chenille afin de permettre à tes jambes d’entrer plus encore dans ta chambré de sans étoile, afin que tes bras puissent s’allonger vers l’avant, console face à ta tête relevée.

Un silence palpable. La concentration était intense.


@eulalie a. murphy !! g fait un dessin j'ai oublié pour illustrer mes talents de paint & la position de aries www

Le temps aurait pu paraître si long pour une personne de l’extérieur, mais pourtant à tes yeux, seuls quelques misérables secondes s’étaient écroulées. Juste assez afin de pouvoir atteindre l’arène d’ondine tandis que tu avais eu le temps de prendre quelques détours pour capturer tous les pokémon possible en début de partie. Et cela, sans même prendre en compte le niveau, pour le moins élevé, de l’équipe qui t’accompagnais. C’était un amusement constant, parfois un léger sourire qui s’alliait à un faible rire à chaque combat fraîchement gagné. Cette ambiance qui aurait pu sembler pesante, un éclat sans fond et d’un brin inquiétant. Aries simplement consciente de cette puissance qui lui permet de oneshooter tous les pokémon adverses.

L’envie irrésistible de rouler, et cela, sans la moindre raison. Ton corps était totalement bloqué dans le couloir, seule deux opportunités qui se présentaient à toi ; soit il fallait te lever, soit tu devrais reculer. Deux éléments qui, en vérité, n’arrivent même pas à atteindre ton cerveau. Lui qui est bien trop concentré sur ces pixels bougeant. Alors ce n’est qu’une position statique, sans doute prête à bouger lorsque tu aurais atteint la ligue – rien que ça.

Alors c’est sans doute par manque d’intérêt pour autrui, que tu ne prends même pas la peine de lever ne serait-ce qu’un sourcil lorsque tu entends une porte s’ouvrir. Après tout, le couloir appartenait aux sans-étoile du lycée et il était courant que certains d’entre eux abandonne des heures d’études pour aller se dégourdir un peu dans la sociabilité. C’est aussi sans doute par manque total de bienveillance, que tu ne prends même pas la peine de te bouger d’un chouia face aux toussotements qui s’élèvent juste à tes côtés. La simple pression te permet toutefois de comprendre que quelqu’un souhaitait passer, mais l’envie n’était ici pas partagée.

Et malgré tout, la vie qui décider d’être bravée. Cette lourdeur très rapidement ressentit, sans doute en présence de tes intuitions. Celui qui t’indique un passage, que malgré l’attente presque inexistence de cette tousseuse, elle avait opté par l’idée de te passer par-dessus. Comme un vulgaire obstacle que l’on pouvait éviter. Mais tout comme l’était Ronflex, bloquant le passage qui liait la route 8 de la route 12, tu étais censée être infranchissable. Alors, ce n’est sans même crier gare, sans même t’exprimer d’un moindre mot que tu acceptes ton passage. Cela dans le seul but qu’une de tes mains abandonne ta switch, afin d’agripper cette cheville qui s’apprêtait à atteindre le sol, pensant avoir vaincu la créature.


@eulalie a. murphy

Étouffer un rire n’était jamais chose aisée lorsqu’on était allongée sur le ventre, centre même du mouvement qui accompagnait l’intonation. D’autant plus, qu’il n’était pas vraiment à ton habitude de casser ton rire si fort, mais bien souvent incontrôlable. Sans même lui avoir lancé un regard, compte tenu du léger vent et du bruit qui arrivaient jusqu’à tes oreilles, il ne faisait aucun doute que la demoiselle avait manqué de se manger le sol. Et qui plus est, par ta faute, même si en ton sens, elle l’avait tout de même un peu cherché en tentant de te traverser malgré ton manque de coopération.

Ta position au sol t’empêche d’hausser les épaules face à sa remarque. Comme si tu en avais même quelques choses à faire étant donné que cela avait plus ou moins été le but même du geste. En soit, son sort t’importais peu. Elle aurait pu se casser le nez ou se blesser à la tête par sa chute au sol, que ton comportement n’aurait été en rien différent. Le regard toujours concentré sur ton écran, telle une voix monocorde dénuée de toute existence.

« Waaah ma vie serait si extraordinaire si tu me pardonnais. Comment je vais faire pour survivre maintenant. »

Durant un instant, tes yeux avaient roulé d’ironie. Sans doute était l’un des seuls désavantages du grenier des sans-étoiles que tu pouvais nommer, la débilité de tes camarades de couloirs. Car oui, la tristesse de la chambre ne semblait pas vraiment prendre effet sur ta personne, bien que tu ne te permettrais pas de cracher sur un brin de luxe.

Une envie enfantine de taper de tes bras et jambes contre le sol, présence d’un caprice inutile. Ou bien d’un rire illustré. Mais le manque de place face à ta position t’empêcher pleinement d’exécuter ce genre de mouvement. Alors, ce n’est qu’un léger recul, celui qui s’allonge sur les cotes durant un cours instant avant de se rallonger, pour observer cette blonde qui était tombée en cherchant à te traverser. Elle n’avait rien de bien impressionnant, de quoi faire rire le plus trouillard des enfants.

« Pas besoin de quoi ? De quelqu’un qui passe comme si de rien était alors que le passage est bloqué ? »

Un long soupir qui vient s’échapper de ton être, ton visage toujours dissimulé par la position allongée qui s’exhibait dans la totalité de la longueur du couloir. Presque blessée, sans doute énervée. Les mots un peu francs, rapides. Comme si chacune des syllabes était guidée par un seul et unique désir, malgré qu’aucun regard ne soit donné pour cette demoiselle. Bien certaine que tu n’étais en rien en tort.


@eulalie a. murphy