J'ai écrit sur des bouts de papier déchiré les phrases répétées d'une rencontre. J'ai essayé de les dire devant un miroir comme Colline disait de faire mais rien n'y a fait je me suis toujours sentie bête peu importe comment ma voix les prononçait. J'ai secoué la tête j'ai essayé de toutes mes forces mais peu importe que je dise "Bonjour" ou "Salut" j'ai toujours l'air idiote et tu es toujours muet.

J'ai froissé les bouts de papier je les ai plongés dans mes poches. Je suis allée prendre l'air, Caprice dit que c'est en marchant et en faisant respirer la tête qu'on trouve les meilleures idées, les meilleures inspirations sont spontanées.

Mais l'air il en manque, il fait trop chaud même dans les parcs où les arbres protègent du soleil. Marcher me peine, je n'ai pas envie de faire le tour dix fois de ces allées je les connais par coeur. A force d'être enfermés dans l'enceinte d'une académie trop petite on les connait tous, tous les recoins et tous les chemins.

J'ai manqué de m'étouffer quand je t'ai vu assis sur un banc. Noël dirait que je devrais saisir l'opportunité. Caprice dirait sûrement de faire comme je sens. Mais je ne sens rien à part l'angoisse terrible, je sors les papiers de ma poche mais aucun d'eux ne m'aide vraiment. Alors je prends mon courage à deux mains. Je le laisse glisser un peu entre mes doigts en m'approchant de toi. Je te fais face et le silence a déjà duré dix secondes de trop.

Je panique.

« Qu'est-ce que tu regardes bouffon ? »

Je te jure que j'ai pas écrit ça sur mes papiers froissés dans mes poches.