Le cœur en apnée, le vertige s'invitait au bord du gouffre. Juno-Bianca, la gorge serrée, en entendant que Jason était de retour, avait freiné un sanglot au fond de sa poitrine douloureuse. Ses mains s'étaient resserrées sur son téléphone dont elle avait guetté l'écran toute la matinée. Le fracas de son palpitant l'avait éloignée de tout figement et il n'y eut aucun temps d'adaptation entre "Jason est à l'hôpital" et son pas pressé qui claquait dans les couloirs, ses jambes interminables engloutissant frénétiquement la distance qui la séparait encore de lui.

Elle avait ignoré tous ceux sur son chemin qui l'avaient abordée, bousculé l'un ou l'autre qui avait entravé son passage et sans ménagement, presque obsédée, elle était arrivée telle une tempête dans la chambre où il était alité.

« JASON »

Sa voix était peinte d'inquiétudes et de colères tout ça qui avait eu le temps de macérer depuis le début de la matinée. Le soleil était déjà haut dans le ciel cependant, et il n'avait fait naître aucune lumière dans les yeux de Juno-Bianca. Elle avait ignoré tout le personnel médical, s'était précipitée à son chevet, se pencha sur lui.

Elle resta muette, pendant plusieurs longues secondes, pendue à l'angoisse qui monta tout à coup. Il était mal en point, et le voir souffrir - imaginer l'avoir perdu ; et s'en vouloir de lui en avoir tenu rigueur - avait eu l'effet immédiat de lui faire mal, à elle aussi. Le choc était intense, et elle avait le souffle court.

« Qu'est-ce qu- »

Mais Juno-Bianca n'était pas idiote, et elle savait qu'on ne posait pas de questions. Elle serra les mâchoires, glissa sa main dans celle de Jason, doucement de peur de lui faire plus mal qu'il n'avait déjà, et rétracta un nouveau sanglot en pinçant des lèvres.

« Je suis tellement désolée. »

D'avoir douté.